La télévision vécue - article ; n°1 ; vol.3, pg 48-63
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Description

Communications - Année 1964 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 48-63
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges Friedmann
La télévision vécue
In: Communications, 3, 1964. pp. 48-63.
Citer ce document / Cite this document :
Friedmann Georges. La télévision vécue. In: Communications, 3, 1964. pp. 48-63.
doi : 10.3406/comm.1964.996
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1964_num_3_1_996Georges Friedmann
La télévision vécue
Les recherches consacrées aux communications de masse et particu
lièrement à la télévision abordent-elles une nouvelle phase ? Au cours
•d'une histoire, vieille de trente ans et déjà caractérisée par plusieurs
étapes, leur trait commun avait été de se porter avant tout sur les effets 1 :
«qu'est-ce que les communications de masse font à ceux qui les reçoivent
(thèmes de la violence, du crime, de la sexualité, de l'évasion, de la pas
sivité, des opinions politiques, des choix de produits commerciaux, etc...}.
Paraphrasant un mot de Wilbur Schramm 2, on serait tenté de discerner,
depuis quelques années, la préoccupation croissante de ce que les indi
vidus récepteurs « font » des communications de masse : c'est-à-dire com
ment ils les perçoivent, les sentent, les vivent, à quels rôles, fonctions
et besoins elles correspondent. Cette expérience vécue est différente,
certes, selon les âges, les sexes, les catégories et milieux socio-profession
nels et doit être saisie dans ces contextes. Parallèlement, les communic
ations de masse peuvent mieux, dans cette perspective, être étudiées
en tant que langage, se prêter à une analyse des codes, à une typologie
des usagers prolongée par la construction de modèles. Ainsi, à la limite,
se trouveraient, nullement confondues mais progressivement rapprochées
par des vocations complémentaires les prospections sociologiques des
contenus, des mobiles, des attitudes et les méthodes de l'analyse struc
turale.
S'agissant de la télévision, cette conversion de l'étude des effets vers
celle des fonctions est encore peu sensible dans l'ouvrage solide et déjà
•classique, à juste titre, de Hilde Himmelweit 3. Elle l'est déjà bien davan-
1. L'ouvrage de J. J. Klappeh, The Effects of Mass Communication, Glencoe, Free
Press, 1960, dont nous avons rendu compte dans Communications I, et la copieuse
bibliographie il est assorti sont caractéristiques de ces premières étapes.
2. Wilbur Schramm, Jack Lyle, Edwin B. Parker, Television in the lives of our
•children, Stanford University Press, 1961, p. 169 : « II est clair que, pour comprendre
l'impact et l'effet de la télévision sur les enfants, nous devons d'abord écarter le con
cept non réaliste de ce que la télévision a fait aux enfants » et lui substituer le
cept de ce que les enfants font de la télévision. »
3. Hilde T. Himmelweit, A. N. Oppenheim, Pamela Pince, Television and the
48 télévision vécue La
tage dans ceux de Wilbur Schramm et de Gary Steiner 1. Schramm, bien
qu'il considère encore sous l'angle traditionnel les effets de la télévision
sur les enfants, aux États-Unis, met en garde dès son introduction contre
les dangers de ce terme : « En un sens, le mot « effet » est trompeur parce
qu'il suggère que la télévision « fait quelque chose » aux enfants. Sa con
notation est que la est l'agissant, — l'enfant, l'objet sur lequel
elle agit. Les enfants apparaissent comme relativement inertes, la télé
vision, comme relativement active [...] Rien n'est plus éloigné des faits.
Ce sont les enfants qui, en réalité, sont les plus actifs dans cette rela
tion. Ce sont eux qui se servent de la télévision, bien plus que la télé
vision ne se sert d'eux 2. » L'ambition de l'équipe Schramm a donc été
de déceler les conditions dans lesquelles un enfant est amené à faire tel
ou tel choix, en particulier les proportions variables d'éléments (fantasy),
correspondant aux besoins d'imagination, de rêve, d'émotion, de grati
fication immédiate et ceux (reality) correspondant à des gratifications
différées, à des besoins d'information, de connaissance du monde réel
et de ses problèmes. L'enfant est tout entier mis en jeu, d'un point de
vue psychologique, culturel, social, dans sa relation avec le message
télévisé. C'est seulement sur ces bases, et en s'abstenant de tout pré
jugé esthétique ou moral, que l'on peut ensuite rechercher, non les
« effets » du message, mais les conditions dans lesquelles son choix peut
entraîner pour l'enfant des résultats favorables à la socialisation et au
bien-être psychique 3.
L'opposition entre fantasy et reality, l'usage qui en est fait, les notions
de gratification immédiate ou différée sont directement inspirés de la
distinction freudienne entre Principe de Plaisir et Principe de Réalité.
Nous retrouverons ces interprétations psychanalytiques dans d'autres
études. Il est significatif que Schramm et ses co-équipiers aient tenu
à s'adjoindre la collaboration d'un psychiatre, L. Z. Freedman, dont
l'apport se situe bien dans leur perspective. Avant de pouvoir prédire
les réactions d'un enfant à la télévision, il faut savoir à qui et à quoi
il réagit. Avec qui (par exemple) s'identifie-t-il, le « héros » ou le « vilain » ?
Le substitut d'expérience qu'il vit, est-ce la « violence » du gangster ou
la « vertu » du policier ? Réagit-il affectivement à la coloration globale
du récit traduit en images ou cognitivement à son inévitable déroule
ment vers le triomphe du bien ? Et le psychiatre, à son tour, pose la
question qui pour lui résume toutes les autres : A quelles fonctions répond,
pour cet enfant, l'acte de regarder la télévision ? 4.
Child, Oxford University Press, 1958. La 3e partie, « The child audience », en étudiant
ehez les enfants anglais le goût et l'attrait du petit écran (pp. 141-168), nous aide
à comprendre l'expérience de la télévision telle qu'ils la vivent.
1. Gary Steiner, The People look at television, New York, Knopf, 1963.
2. Schramm, p. 1.
3.pp. 63-74.
4. L. Z. Freedman, « Daydream in a vacuum tube. A psychiatrist's comment on
the effects of television », in : Schramm, p. 191.
49 Georges- Friedmann
Ce* déplacement de l'angle sous lequel' les chercheurs abordent la télé
vision est particulièrement sensible, dans l'ouvrage de^ Ira Glick et Sid
ney Levy, Living with Télévision 1y fruit d'un travail collectif consacré
aux spectateurs de: la télévision américaine et h celle-ci seulement à tra
vers- les réactions de ceux-là. Quel est le rôle psychologique de la télé
vision pour1 le spectateur, comment utilise-t-il ce moyen, dans quelles
relation particulière est-il avec lui: ? La recherche s'écarte ici, délibér
ément et radicalement (parfois; même non sans quelque agressivité à
l'égard d; autres- orientations) des grands: « effets » sociaux de la télévi
sion : enfance, famille, délinquence, etc.* Elle s'interdit de juger si telle;
émission est a meilleure » pour la société que telle autre. Son objectif
final est, de savoir ce qui est communiqué, par les divers programmes,,
qui est tenté de les regarder, pour quelles raisons, suivies de- quelles
réactions.
L'origine des enquêtes,, la personnalité de; leurs* inspirateurs et co
llaborateurs expliquent certains traits- de l'ouvrage qui en est résulté.. Il
est fondé sur une série d'études, menées pour le compte d'une- impor
tante Agence de publicité,- Campbell. Ewald,. qui « patronne » des pr
ogrammes télévisés, à large audience usantr dans la présentation publicit
aire, d'une gamme variée de moyens. Préoccupée de connaître les réac
tions des spectateurs, à ces programmes, elle a étendu son champ de
prospection aux émissions non publicitaires et s'est, adressée à un orga
nisme privé de recherches, doté d'un personnel (psychologues, sociologues,
économistes) de formation universitaire^ Social Research Inc. L'équipe
nombreuse qui a mené ces. enquêtes2 a bénéficié des conseils de deux,
sociologues réputés^ Burleigh B. Gardnerj Directeur exécutif du S.R.I.
et de W.

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