La « Voie de fait » et l alliance franco-milanaise (1386-1395) [premier article]. - article ; n°1 ; vol.53, pg 213-253
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La « Voie de fait » et l'alliance franco-milanaise (1386-1395) [premier article]. - article ; n°1 ; vol.53, pg 213-253

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1892 - Volume 53 - Numéro 1 - Pages 213-253
41 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1892
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Eugène Jarry
La « Voie de fait » et l'alliance franco-milanaise (1386-1395)
[premier article].
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1892, tome 53. pp. 213-253.
Citer ce document / Cite this document :
Jarry Eugène. La « Voie de fait » et l'alliance franco-milanaise (1386-1395) [premier article]. In: Bibliothèque de l'école des
chartes. 1892, tome 53. pp. 213-253.
doi : 10.3406/bec.1892.447695
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1892_num_53_1_447695t. о)лЪ
LA « VOIE DE FAIT »
ET
L'ALLIANCE FRANCO-MILANAISE
(1386-1395). :,
Après la déposition d'Urbain VI par la presque unanimité du
Sacré-Collège, Charles Y, pour s'éclairer d'un avis impartial sur
la légitimité de cette déposition, ne pouvait plus consulter qu'une
autorité religieuse : le clergé du royaume. Une première assemb
lée, qui s'ouvrit le 11 septembre 1378, décida d'observer la
réserve la plus absolue; puis, Clément VII élu, l'assemblée de
Vincennes se prononça, le 16 novembre, pour le nouveau pape.
Il se peut que l'opinion du roi ait été arrêtée dès le mois de sep
tembre1; la décision du clergé vint la sanctionner, et, en tout
cas, la bonne foi de Charles V paraît hors de doute. A son lit de
mort2, il protesta de sa fidélité au pape d'Avignon, et son fils
hérita de sa foi et de son zèle : les efforts de ce dernier pour
mettre fin au schisme par ce qu'on appelait alors la voie de fait,
c'est-à-dire parles armes, en sont pour nous la preuve. Les docu
ments apportés ici nous paraissent éclairer d'un jour nouveau ces
projets, qui occupèrent la cour de France durant plusieurs années,
et méritaient, semble-t-il, d'être moins négligés par l'histoire.
Une des thèses préférées des écrivains qui ont pris parti pour
Urbain VI consiste à soutenir que Charles V, en se ralliant à
Clément VII, pensait avant tout à maintenir le Saint-Siège à
1. N. Valois, le Rôle de Charles V au début du grand schisme, dans Y Ann
uaire-Bulletin de la Société de l'histoire de France, t. XXIV, p. 235.
2. Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. XXI,
2e partie, p. 279-284.
4892 45 LA « VOTE DE FAIT » 1\h
Avignon, presque sous sa dépendance : Charles VI aurait suivi
la même politique. Or, dans la question du schisme, après dix
années de tâtonnements, la cour de France adopta successive
ment la voie de fait, qui devait conduire Clément VII à Rome,
et la voie de cession, qui aboutir à un résultat semblable
en rétablissant l'unité : toutes deux soustrayant le pape à l'i
française' Dans le premier cas, il est vrai, on devait étanfluence
blir, au nord de Rome, dans les terres de l'Eglise, un prince de la
maison de France. Mais n'était-ce pas une condition de durée
pour le succès une fois remporté, et pouvait-on reprocher au roi
de favoriser partout les intérêts de son royaume? Purger le patr
imoine des tyranneaux qui l'infestaient et demeurer comme la
sentinelle avancée du Saint-Siège paraissait digne d'un prince du
sang, qui pourrait, dans cette œuvre, donner la main au roi de
Naples, Français comme lui, et, tout en servant le pape, com
battre l'influence allemande, déjà déclinante dans la péninsule.
Avant le schisme même, Charles V avait tenté, à plusieurs
reprises, de faire succéder à l'influence incontestable qu'exerçait
la France en Italie une intervention active de la politique fran
çaise. Il avait choisi son second fils, le futur duc d'Orléans,
pour en être le représentant. En effet, lorsqu'on traite, en
1374, du mariage de ce jeune prince avec la fille du roi de Hong
rie, la possession de la Provence n'est pas le seul appât qui
décide la cour de France à conclure ; Charles V y voit encore
l'avantage d'installer sur le trône de Naples une dynastie plus
récemment détachée de la race royale. Grégoire XI, il est vrai,
tenta de faire échouer ce projet, hostile à Jeanne de Naples,
en poussant le duc d'Anjou à conquérir la Lombardie sur les
Visconti, alors en guerre avec le Saint-Siège ; par là aussi, pen
sant à rentrer dans Rome, il espérait se créer un chaud défenseur
dans le nord de l'Italie, comme il allait s'en faire un de la reine
Jeanne de Naples, par la déclaration du 1er septembre 13761;
mais le pape, toujours en faveur de Jeanne, avait posé comme
condition que le prince jurerait de n'accorder ni aide ni passage à
1. E. Jarry, la Vie politique de Louis de France, duc d'Orléans, Paris,
A. Picard, 1889, in-8°, p. 8, 14. — Les difficultés de> l'histoire diplomatique
autorisent à reprendre le récit de négociations déjà exposées. Les nouveaux
documents que nous apportons et, parfois aussi, les nouvelles interprétations
que nous donnerons à des pièces déjà employées feront excuser ces redites. et l'alliance feaîvco-milanaise. 2Í5
tout personnage, quel qu'il fût, ayant pour objectif d'attaquer le
royaume de Naples . Ces négociations eurent lieu en août 1375*. Or,
cinq mois auparavant, le 19 mars, le duc d'Anjou, désigné pour
la régence en cas de mort du roi, avait prêté le serment accou
tumé et promis d'assister son neveu dans la conquête de la Sicile
et de la Provence avec autant de zèle que s'il s'agissait de son
intérêt propre2. Le frère du roi ne pouvait donc s'entendre avec
le pape : la clause était contraire au serment prêté. Le résultat
fut l'abandon définitif du projet. Il est à remarquer que les sphères
d'action respectives du duc d'Anjou et du futur duc d'Orléans
eussent été l'opposé de ce qu'elles devinrent par les événements
ultérieurs : ce fut le second qui joua un rôle en Lombardie, et le
premier qui eut Naples. Mais déjà se développe l'idée qui hant
era, durant près de deux siècles, la cour de France : la conquête
de l'Italie, à la fois par le nord et par le sud.
En 1379, une autre tentative, basée cette fois sur les condi
tions nouvelles que le schisme a faites à l'Italie, montre une trans
formation des projets. Clément VII, pour garder un pied dans la
péninsule, comme s'il prévoyait la défaite irrémédiable, inféode
au duc d'Anjou, sous le nom de royaume d'Adria, les terres de
l'Église situées au nord de Rome, sur les bords de l'Adriatique3;
mais cette tentative reste à Г état de projet comme les précédentes.
Bientôt, la situation est renversée. Tandis qu'on perd l'espoir
d'installer le jeune frère de Charles VI sur le trône de Naples, le
duc d'Anjou se trouve tout à coup l'héritier de cette couronne,
grâce aux divisions du schisme et aux brusques maladresses d'Ur
bain VI. Lorsque, fort de l'alliance de Milan et de la Savoie,
Louis d'Anjou part à la conquête du royaume, on sent que la
question religieuse va prendre une tournure décisive, s'il réussit4.
1. Mémoire du 29 août 1375. — Nous devons à notre confrère et ami M. A.
Walckenaër la communication de ce curieux document, tiré du manuscrit latin
17196.
2. Voici cet article du serment : « Item, que pour le faict du mariage de
mons. Louis, mon nepveu, de la conqueste de Cicile et de Provence, je ayderay
à parfaire en bonne foy, ainsi comme je vouldrois faire pour moy-mesme, sans
y mectre empeschement ou destourbier, par moy ou par aultres, en aucune
manière, ne souffrir y estre mis. » Dom Vaissette, Histoire du Languedoc
(réédit.), t. X, col. 1510.
3. P. Durrieu, le Royaume d'Adria, p. 12.
4. P. la Prise d'Arezzo (Bibliothèque de l'École des chartes, 1880,
p. 163-164). LA « VOIE DE FAIT » 2Í6
Charles VI lui accorde des subsides pour combattre « l'intrus »
de Rome, autant que pour délivrer Jeanne prisonnière1. Personne
ne doute du caractère de l'expédition, et l'attaque qu'il dirige
contre Forli, en traversant les terres de l'Eglise2, paraît un aver
tissement de l'emploi qu'il fera de sa puissance, si Naples est
reconquise. A l'origine, d'ailleurs, en octobre 1381, il s'enga
geait, non seulement à secourir Jeanne, mais à « promouvoir le
faict de l'Eglise par f

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