Le château-fort et son environnement religieux (XIIe - XIVe siècle). Phase 4 - article ; n°1 ; vol.20, pg 59-81
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Revue archéologique de Picardie. Numéro spécial - Année 2002 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 59-81
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Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Monsieur Philippe Racinet
IV. Le château-fort et son environnement religieux (XIIe - XIVe
siècle). Phase 4
In: Revue archéologique de Picardie. Numéro spécial 20, 2002. pp. 59-81.
Citer ce document / Cite this document :
Racinet Philippe. IV. Le château-fort et son environnement religieux (XIIe - XIVe siècle). Phase 4. In: Revue archéologique de
Picardie. Numéro spécial 20, 2002. pp. 59-81.
doi : 10.3406/pica.2002.2680
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pica_1272-6117_2002_hos_20_1_2680archéologique de Picardie N° spécial 20 - 2002 Revue
PHASE 4
LE CHÂTEAU-FORT ET SON ENVIRONNEMENT RELIGIEUX
XIIe-XIVe SIÈCLE
1. L'ÉMERGENCE D'UNE PUISSANCE POLITIQUE leur complicité avec les bourgeois. En 1114, l'entente
entre le père et le fils se rompit: tandis qu'une grave
La mainmise sur Amiens par Enguerran de Boves s'est blessure à la jambe handicapait Thomas et l'immobilis
effectuée dans des conditions fort obscures. Elle est ait dans son château de Marie en Thiérache,
certainement liée à la mort de Raoul, comte d'Amiens- Enguerran se retira du conflit. Mais Adam choisit alors
Valois-Vexin et à la retraite de son fils Simon, dit de de poursuivre la lutte pour son propre compte et pour
Crépy (70), en 1077. L'éclatement de la principauté est celui de Thomas, si bien que les affrontements conti
alors immédiat et définitif. Le titre comtal d'Amiens nuèrent à Amiens entre les chevaliers retranchés dans
est finalement recueilli non sans opposition par le sire la tour, les turrenses, et le reste de la population.
de Boves, un des principaux Grands du pays. Les évêques du royaume, réunis à Beauvais en
décembre 1114, prirent des sanctions sévères à
La commune d'Amiens apparaît dans le courant de l'encontre de Thomas de Marie pour ses crimes et ses
1113 et s'explique par des circonstances sûrement pillages. L'action à mener contre lui fut assimilée à une
très contraignantes. Les bourgeois étaient vraisem croisade et conduite par le roi à partir de mars 1115.
blablement inquiets de la façon dont Enguerran Réfugié à Marie, Thomas demanda la paix au roi.
exerçait la fonction comtale depuis que la posses En avril, Louis VI gagna Amiens pour mettre à la
sion de celle-ci ne lui était plus contestée. Sa victoire raison le châtelain Adam. Après un assaut désas
avait entraîné l'aggravation des réquisitions et de treux, le roi entreprit le siège du Castillon qui fut
la fiscalité. L'évêque avait également intérêt à pris en 1117. Thomas de Marie fut dépossédé du
contrer toute action comtale afin de maintenir sa dominium de cette cité, qu'il revendiquait du fait
propre prééminence. Quant au roi, son intervention d'Enguerran, son père, alors sans doute déjà mort.
directe dans les affaires internes de la ville traduit Mais il gardait quatre châteaux majeurs: Marie, La
une attitude nouvelle qui, par ailleurs, s'inscrit Fère, Coucy, tous les trois dans l'Aisne, et Boves. Le
dans une politique d'ensemble : depuis son avène comté d'Amiens revint aux Vermandois, alliés de la
ment en 1108, Louis VI accorde systématiquement Flandre.
sa garantie aux communes qui se forment.
Le comte Enguerran, directement menacé dans ses À la mort de Thomas en 1133, son cadet, Robert, obtint
intérêts, ne se contenta pas de refuser de reconnaître Boves. En 1146, il prit le titre de comte d'Amiens après
la commune; il recourut aux armes contre ses son mariage avec la petite-fille d'Adèle de
adhérents. Le châtelain Adam le soutint et mit à sa Vermandois. Mais ses excès contre les biens d'Église le
disposition la tour du Castillon dont il avait la garde. firent exiler du royaume et le comté d'Amiens lui fut
Avec lui, la grande majorité des milites Ambianenses enlevé au profit de la maison de Vermandois.
se dressa contre la nouvelle association.
Le redoutable Thomas de Marie (71), fils aîné À la mort de Raoul (72), comte de Vermandois et
d'Enguerran, s'engagea dans la lutte aux côtés de son d'Amiens, ses provinces passèrent aux mains de sa
père. Avec sa troupe, il se mit à ravager les possessions sœur Elisabeth mariée au comte de Flandre,
rurales de l'évêque et des chanoines pour les punir de Philippe d'Alsace, ce qui accrut très nettement la
puissance territoriale de ce dernier. La succession
du comté d'Amiens fut ouverte par la mort d'Elisa
beth de Vermandois en 1182 et entraîna un grave (70) - P. Feuchère, « Une tentative manquée de concentrat
ion territoriale entre Somme et Seine: la principauté litige entre son époux, Philippe d'Alsace, et sa
d'Amiens-Valois au XIe siècle », Le Moyen Âge, 40, 1954, sœur, Aliénor, mariée au comte de Beaumont. Le
p. 1-37. L'ensemble territorial sans homogénéité rassemblé roi, inquiet de l'accroissement de la puissance du
par les princes d'Amiens-Valois vacille une première fois comte de Flandre, prit parti pour Aliénor. lorsque disparaît, en février 1074, le plus brillant représent En 1185, Philippe Auguste décida de porter son action ant de la lignée, le comte Raoul IV. Les voisins se précipi sur l'Amiénois. Son but était de s'emparer de la ville, tent à la curée mais le jeune comte Simon, fils de Raoul,
où il pensait pouvoir bénéficier de l'appui des leur tient tête et maintient l'édifice jusqu'à sa retraite dans
bourgeois, mais il comprit qu'il devait faire tomber un monastère trois ans plus tard. P. Desportes, « Les ori
gines de la commune d'Amiens », Aspects de la Picardie au
Moyen Âge, Amiens, 1995, p. 11.
(71) - Le portrait brossé par Guibert de Nogent est cer
(72) - Probablement vers 1167. tainement exagéré.
59 site castrai et prioral de Boves du Xe au XVIIe siècle Le
auparavant les châteaux qui rentouraient et dont le armée (76). Le récit du siège se termine là.
Guillaume le Breton ne reviendra pas sur le sort principal était Boves. En effet, Robert de Boves, de
retour d'exil, avait rendu hommage au comte de des assiégés et de leur chef.
Flandre, en renonçant à toute prétention sur le comté La séquence suivante relate l'affrontement du roi et
d'Amiens. du comte. Philippe d'Alsace a rassemblé ses forces
qui risquent d'encercler l'armée royale. L'intensité
D'assez nombreuses chroniques relatent plus ou dramatique et le suspense sont marqués par
moins longuement le siège de Boves de 1185 : les Gesta l'emploi du style direct avec deux monologues
Philippi Augusti de Rigord mort en 1207 (73), le insérés dans un cadre chronologique cohérent et
Philippidos de Guillaume le Breton décédé en 1226 (74) logique: le comte arrive, interpelle le roi puis
et La branche des royaux lignages de Guillaume Guiart installe son camp, le roi s'énerve mais les Grands
datée du début XIVe siècle (75). Le texte le plus riche, l'engagent à la prudence car la nuit tombe, ce qui
celui de la Philippide, est divisé en quatre sections qui est mis à profit par le comte pour éloigner ses
s'ordonnent selon un ordre chronologique assez troupes; ce dernier envoie ensuite des émissaires
auprès des Grands pour demander une trêve qu'il rigoureux.
obtient, et l'auteur termine en évoquant la reddition,
Le chroniqueur présente le contexte historique, le lieu les négociations, la paix, la dispersion des armées et
de l'événement décrit sous un aspect redoutable, qui les conséquences des négociations.
renforce le mérite et le courage du roi, puis les acteurs: L'épilogue miraculeux est évoqué par Guillaume le
le roi, le comte de Flandre et le seigneur de Boves. Breton et par Rigord. Le miracle est présenté de la
Le récit du siège, long et détaillé, est entrecoupé même manière: là où l'armée royale a campé, les
de considérations morales ou de commentaires blés ont repoussé et les récoltes n'ont jamais été
techniques. L'attaque des palissades extérieures et aussi abondantes; au contraire, là où les troupes de
leur destruction permettent aux soldats du roi de se Flandre stationnèrent, les blés n'ont jamais refleuri,
retrouver en haut de la contrescarpe des fossés. Les et même aucune verdure n'a réapparu pendant un
an selon Rigord. Ce dernier donne d'utiles renseassiégeants comblent les fossés qui sont traversés et
les sapeurs attaquent les fondation

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