Le commencement de l année en Limousin au XIIe siècle. - article ; n°1 ; vol.151, pg 161-169
10 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le commencement de l'année en Limousin au XIIe siècle. - article ; n°1 ; vol.151, pg 161-169

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
10 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1993 - Volume 151 - Numéro 1 - Pages 161-169
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 31
Langue Français

Extrait

Dom Jean Becquet
Le commencement de l'année en Limousin au XIIe siècle.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1993, tome 151, livraison 1. pp. 161-169.
Citer ce document / Cite this document :
Becquet Jean. Le commencement de l'année en Limousin au XIIe siècle. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1993, tome
151, livraison 1. pp. 161-169.
doi : 10.3406/bec.1993.450680
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1993_num_151_1_450680LE COMMENCEMENT DE L'ANNEE EN LIMOUSIN
AU XIIe SIÈCLE
par
Dom Jean BECQUET
On sait que, dans l'empire carolingien, le culte des grandes églises comportait
la lecture quotidienne du martyrologe qui commençait la veille de Noël, soit
quelques jours seulement avant le début de l'année romaine le 1er janvier1. Ces
deux dates furent à l'origine de deux styles du changement du millésime, le style
de Noël et celui de la Circoncision. Les autres styles, Annonciation et Pâques, se
répandirent du XIIe au XIVe siècle, avec des modalités souvent difficiles à élucider,
jusqu'à ce que le royaume de France adoptât le style de la Circoncision après un
édit royal de 1564, appliqué non sans quelque réticence. Arthur Giry a fait, dans
son manuel aujourd'hui quasi centenaire, une revue de l'état des connaissances
quant à la diffusion des différents styles dans les provinces françaises, en s'appuyant
sur la bibliographie existante2. Il est redevable, pour son information sur l'Angou-
mois, d'un travail de Gustave Babinet de Rencogne et, pour le Limousin, d'une
étude de Louis Guibert3, dont un nouvel examen des sources, archivistiques et his-
toriographiques, liturgiques et hagiographiques, permet de revoir et préciser les
conclusions.
Babinet, archiviste de la Charente, avait montré, textes inédits à l'appui, qu'en
Angoumois l'année commençait à l'Annonciation (25 mars) au XIIIe siècle, tandis
que la chose est attestée en Poitou dès le XIIe siècle. Utilisant ce travail, Louis
Guibert avait mis à profit l'indication précise d'une chronique de Saint-Martial4,
1. J. Becquet, Les saints dans le culte en Limousin au Moyen Age, dans Bulletin de la
Société archéologique et historique du Limousin, t. 119, 1991, p. 26-59, aux p. 29-30.
2. A. Giry, Manuel de diplomatique, Paris, 1894, p. 103-123.
3. G. Babinet de Rencogne, Du commencement de l'année en Angoumois au Moyen
Age et dans les temps modernes, dans Bulletin de la Société archéologique et historique
de la Charente, 4e série, t. 5, 1867, p. 21-45. L. Guibert, Des formules de date et de
l'époque du commencement de l'année en Limousin, dans Bulletin de la Société des lettres,
sciences et arts de la Corrèze, t. 7, 1886, p. 158-211 ; Le commencement de Vannée en Limousin,
dans Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, t. 39, 1890, p. 658-659.
4. Chroniques de Saint-Martial de Limoges, éd. Henri Duplès- Agier, Paris, 1874 {Société
de l'histoire de France), p. 130 et 140.
BIBL. ÉC. CHARTES. 1993. 1 11
Bibliothèque de l'École des chartes, t. 151, 1993. JEAN BECQUET 162
signalant l'abandon du style de Pâques pour celui de l'Annonciation par décision
du garde du sceau royal en Limousin datée de 1301. Peu après Guibert et peu
avant Giry, l'abbé Lecler publiait les statuts synodaux de l'évêque de Limoges qui
adoptait la même mesure en 1310 5.
Louis Guibert émet l'hypothèse que l'abandon du style de Noël eut lieu en Limousin
au cours du XIIIe siècle, peut-être autour de 1240 à en juger par certains change
ments de formules, mais il n'en a pas trouvé de preuve certaine; il suggère aussi,
par analogie avec l'Angoumois, que le style de l'Annonciation a dû concurrencer
le style de Pâques avant de le supplanter officiellement au début du XIVe siècle.
Malgré sa grande connaissance des documents limousins, l'auteur ne dit rien de
spécial sur le XIIe siècle, comme l'a bien remarqué un des derniers éditeurs des
cartulaires de la région 6 : il eût fallu, pour cela, trouver des actes ou événements
du siècle datés à la fois du jour de la semaine, du jour du mois et du millésime
employé alors entre Noël et l'Annonciation ou Pâques. Le cas est des plus rares,
mais les publications n'ont pas manqué depuis l'article de Guibert.
Dès le temps de Louis Guibert, les archivistes de la Haute-Vienne et de la Creuse,
Alfred Leroux et Auguste Bosvieux, s'étaient attachés à publier tous les actes limou
sins antérieurs à 1200 et bien d'autres du XIIIe siècle. Leurs datations admettaient
l'abandon du style de Noël dès 1100, sans pouvoir justifier une préférence
pour celui de l'Annonciation ou celui de Pâques. Un acte original de l'évêque de
Limoges Eustorge 7 est délivré un 1 7 février 1 1 08 pendant la première année du
règne de Louis VI, dont le père Philippe Ier était mort à la fin de juillet 1108 selon
la datation romaine redevenue la nôtre. À la fin du XIIIe siècle, un autre acte 8 est
délivré par les consuls de Noblat le 6 septembre 1294 et vidimé dans un original
du garde du sceau royal à la date du 21 mars de la même année, alors que Pâques
tombe le 3 avril en 1295. Forts de telles constatations, les deux confrères
pourvurent d'une transposition en « nouveau style » tous les actes des premiers
mois d'une année des XIIe et XIIIe siècles9, allant même jusqu'à le faire, sans doute
5. Abbé A. Lecler, Anciens statuts du diocèse de Limoges, dans Bulletin de la Société archéo
logique et historique du Limousin, t. 40, 1893, p. 122-163, aux p. 136-137 (où il faut lire
quondam et amputari) : cf. L. Guibert, Le commencement..., p. 658-659.
6. Louis Grillon, Le cartulaire de Dalon, Bordeaux, mémoire de maîtrise 1962 (conservé
en microfilm aux Archives départementales de la Haute- Vienne), introduction.
7. A. Leroux et A. Bosvieux, Chartes, chroniques et mémoriaux... de la Marche et du Limous
in, TuUe, 1886, n° XX, p. 25-26.
8. Ibid., n°XCIX, p. 109-110.
9. Ainsi pour l'année 1100 (1101 n. st.) : A. Leroux, Emile Molinier et Antoine Thomas,
Documents historiques bas-latins, provençaux et français concernant la Marche et le Limousin,
t. I, Limoges, 1883, n° V, p. 124-126 (original). MÉLANGES 163
par distraction, pour quelques actes de décembre qui n'en demandaient pas tant 10.
Bosvieux poussa même ce zèle jusqu'à la fin du XIe siècle dans une édition
hagiographique en 1863 n.
En fait, ni Maximin Deloche dans son édition du cartulaire de Beaulieu, ni
Jacques de Font-Réaulx pour celui de la cathédrale de Limoges, ni les éditeurs
récents des inscriptions latines médiévales ne montrèrent ces scrupules 12, et l'on
peut toujours se demander dans quelles conditions le style de Noël fut abandonné
en Limousin au XIIe siècle. Au reste, une étude récente sur le mariage de
Louis VI montre que la question peut se poser en France comme en Aquitaine 13.
Les cartulaires. — Les cartulaires limousins, maintenant tous édités, sinon impri
més, devraient être d'un grand secours pour répondre à la question; ils sont
un peu décevants. Ainsi le cartulaire de Vigeois, encore conservé en original
du XIIe siècle, a éliminé tous les millésimes, sauf cinq sur près de 350 actes reco
piés 14; les cartulaires de Tulle, Uzerche et surtout Bénévent sont souvent faits de
notices abrégeant les actes dans des copies d'époque moderne où les fautes ne
manquent pas. À Uzerche15, le samedi avant les Rameaux de 1072 est donné
comme la veille des calendes de mars : il faut lire « calendes d'avril », car Pâques
est le 8 avril en 1072, et le 17 avril en 1071 ; un acte est daté de mars 1073, au
temps de l'évêque Itier mort le 9 juillet suivant, alors qu'un copiste date ailleurs
sa mort de 1072. À Tulle16, on voit l'année 1106 commencer le lendemain de
Noël 1105; à l'Epiphanie et en mars 1108 (Pâques le 5 avril), le roi indiqué est
10. A. Leroux et A. Bosvieux, Chartes, chroniques..., n0*5 LXXV, LXXXII, LXXXVII, mais
rien au n° Cil (1297), ni dans A. Leroux, E. Molinier et A. Thomas, Documents histo
riques..., n° XXVIII et n° L (tous deux de 1196).
11. A. Bosvieux, « Vita beati Gaufredi » [vie de Geoffroy du Chalard], dans Mémoires de
la Soci

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents