Le coton polynésien : un mythe tenace - article ; n°79 ; vol.40, pg 165-182
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Journal de la Société des océanistes - Année 1984 - Volume 40 - Numéro 79 - Pages 165-182
Toutes les productions agricoles furent essayées au xixe siècle en Polynésie française. Aujourd'hui bien oubliée la production du coton représente jusqu'à 40 % de toutes les exportations de la colonie. L'article retrace les différentes étapes de cette culture entre l'époque de la Guerre de Sécession américaine et l'ultime tentative de la Société Cotonnière en 1909. Pendant deux décennies, de 1865 à 1885, le coton joua un rôle considérable en intégrant la production locale à l'économie mondiale. Par la suite, sa culture déclina, complétée ou remplacée par celle du cocotier et de la vanille. Hormis le problème foncier et les difficultés d'obtenir la main-d'œuvre nécessaire, c'est l'absence d'une véritable classe de planteurs qui explique l'échec final de cette production malgré les efforts obstinés de l'Administration coloniale.
In the 19th century, all the agricultural productions were tested in French Polynesia. Today, the cotton production, well forgotten, represents at least 40 % of the whole colony's exportations. The paper describes the different stages of this cultivation, between the American Secession War and the ultimate attempt of the Société Cotonnière in 1909. During two decades, from 1865 to 1885, cotton played a major part by including the local production to the world economy. Then, the cultivation's falling off was complemented or replaced by the coconut palms and vanilla. Apart from the land problems and the difficulties of getting the necessary labour, the final failure is explained by the lack of a genuine planters class in spite of the Colonial Administration's determinate exertions.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre-Yves Toullelan
Le coton polynésien : un mythe tenace
In: Journal de la Société des océanistes. N°79, Tome 40, 1984. pp. 165-182.
Résumé
Toutes les productions agricoles furent essayées au xixe siècle en Polynésie française. Aujourd'hui bien oubliée la production du
coton représente jusqu'à 40 % de toutes les exportations de la colonie. L'article retrace les différentes étapes de cette culture
entre l'époque de la Guerre de Sécession américaine et l'ultime tentative de la Société Cotonnière en 1909. Pendant deux
décennies, de 1865 à 1885, le coton joua un rôle considérable en intégrant la production locale à l'économie mondiale. Par la
suite, sa culture déclina, complétée ou remplacée par celle du cocotier et de la vanille. Hormis le problème foncier et les
difficultés d'obtenir la main-d'œuvre nécessaire, c'est l'absence d'une véritable classe de planteurs qui explique l'échec final de
cette production malgré les efforts obstinés de l'Administration coloniale.
Abstract
In the 19th century, all the agricultural productions were tested in French Polynesia. Today, the cotton production, well forgotten,
represents at least 40 % of the whole colony's exportations. The paper describes the different stages of this cultivation, between
the American Secession War and the ultimate attempt of the Société Cotonnière in 1909. During two decades, from 1865 to
1885, cotton played a major part by including the local production to the world economy. Then, the cultivation's falling off was
complemented or replaced by the coconut palms and vanilla. Apart from the land problems and the difficulties of getting the
necessary labour, the final failure is explained by the lack of a genuine planters class in spite of the Colonial Administration's
determinate exertions.
Citer ce document / Cite this document :
Toullelan Pierre-Yves. Le coton polynésien : un mythe tenace. In: Journal de la Société des océanistes. N°79, Tome 40, 1984.
pp. 165-182.
doi : 10.3406/jso.1984.2545
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1984_num_40_79_2545Le coton polynésien : un mythe tenace
par
Pierre- Yves TOULLELAN
La Polynésie française a vu son secteur Il n'y a pas cependant de politique nouv
elle : toutes ces productions furent tentées agricole fortement réduit en part relative dans
son économie, tout au long de ces vingt der dans les Établissements Français d'Océanie
(E.F.O.), dans la seconde moitié du xixe siènières années, et ce de façon continue.
Cette situation n'est pas sans danger. cle.
Divers rapports ont estimé que l'agriculture Nous avons pu calculer qu'à cette époque,
polynésienne devait être en mesure de mieux les exportations agricoles, auxquelles il con
répondre aux besoins et aux priorités du Ter vient d'ajouter celles de nacre, couvraient à
ritoire : « II s'agit d'un impératif stratégique, elles seules 80 % environ des importations et
et pas seulement d'une évolution souhaitable. que, ce qui était alors une colonie, vivait au
Il y va de l'équilibre du Territoire » *. rythme et en fonction de ses productions 2.
Les dirigeants sont bien conscients que On remarquera que l'une des principales
l'activité agricole demeure un axe essentiel du cultures de cette période, le coton, est
développement de ce pays, et ont, par consé aujourd'hui totalement abandonnée. Si l'on
quent, choisi diverses opérations pour relan se souvient encore de l'épopée cotonnière
cer ce domaine économique, y compris les tahitienne, peu de gens savent que le coton
productions vivrières en progrès depuis 1970. représenta jusqu'à 40 % des exportations
Le poids des productions agricoles tropical totales, et que, jusqu'en 1885, l'économie de
es est considérable. Aujourd'hui encore, la la colonie reposa tout entière sur cette pro
cocoteraie représente 25 °ïo de la valeur de la duction.
production agricole totale. La régénération de Une telle réussite ne fut pas sans laisser des
la cocoteraie, entreprise avec vigueur après les traces profondes : cette période fut souvent
cyclones de 1983, devrait encore améliorer ce assimilée à un âge d'or que beaucoup tentè
chiffre. Parallèlement, les cultures d'ananas rent de faire revivre.
se développent, suite à l'ouverture de l'usine Contrairement à ce que l'on imagine bien
de transformation de Moorea. souvent, l'expérience cotonnière ne se résuma
La vanille est elle-même très fortement pas en Polynésie à l'existence éphémère d'une
encouragée. Actuellement, le prix à la product grande plantation, Atimaono, créée avec des
ion est de 900 CFP le kg. Les statistiques capitaux étrangers, mais résulta d'une politi
officielles ont fixé pour les années 1990 la que cohérente de l'administration coloniale et
production totale à 150 tonnes. Quand on sait fut le fait, dans les années 70 et 80, de petites
que ce chiffre est aujourd'hui de 13,4 tonnes, plantations européennes et indigènes.
on aura une idée de l'ambition du projet. Les succès de ces exploitations laissèrent
Les récentes mesures instituant une barrière des marques si fortes que jusqu'en 1914, -les
douanière interdisant certaines importations gouverneurs n'eurent de cesse de relancer
de café, ont également permis d'intensifier ce cette culture. Ils furent en cela aidés par le
type de culture. très actif président du Comité de l'Océanie
1. P. Blanchard, « Vers une politique d'aménagement du Territoire réaliste et ambitieuse pour la P.F. », nov.
1983, Papeete.
2. P. Y. Toullelan, « La mise en valeur des E.F.O. de 1870 à 1914 », B.S.E.O., sept. 1981, n° 216, p. 885-915. 166 SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES
française, Froment-Guieysse, qui devait fon dier à cette situation que le commandant
der dans les années 1900, la très importante commissaire Bruat lança l'expérience des
« Société cotonnière des E.F.O. ». colons militaires. Cette opération se solda par
Ce sont ces différentes étapes de la culture un échec 4. Il fut douloureusement ressenti
cotonnière en Polynésie française que nous par l'administration coloniale qui commençait
voudrions présenter ici, en commençant par à prendre forme, et qui, en ce début des
rappeler brièvement le contexte politique et années 50, ne voyait guère comment rentabili
économique. ser cette petite île de Tahiti, au demeurant
fort coûteuse. La situation ne devait pas évo
luer avant 1860.
Cette année-là, les Européens ne semblent Situation politique et économique dans les
pas disposer de plus de 200 hectares, selon années 1860.
Kergaradec. L'enquête de 1863 donne à peine
le chiffre de 80 authentiques plantations, dont
La découverte de l'île de Tahiti par Wallis plus de la moitié dans le district de Pare. Si
en 1767 ne marque pas le début d'une intru le café, le cacao, la vanille (introduite en
sion massive d'Européens dans le petit 1848) et surtout la canne à sucre sont culti
royaume des Pomare. Une longue phase de vés, la priorité, même dans les exploitations
européennes, reste l'alimentation et donc des contacts s'établit, jusqu'en 1842, date de
l'instauration du Protectorat de la France sur cultures vivrières polynésiennes, d'autant qu'il
Tahiti et de l'annexion des îles Marquises. faut alimenter la ville de Papeete dont l'essor
Cette période fut tour à tour celle des cir- régulier se poursuit.
cumnavigateurs, des déserteurs et enfin des Ces chiffres, qui révèlent une situation
missionnaires, protestants avec l'arrivée des d'échec, ne doivent pas laisser croire que
pasteurs de la « London Missionary l'administration coloniale demeurait inactive.
Déjà la loi du 1er octobre 1844, qui autorSociety », en 1797, puis catholiques, avec
ise la location de terre par les Tahitiens à des l'établissement des pères à Mangareva, en
Européens, montre que sur le plan juridique, 1834.
Ces Européens, même si leurs motivations la bataille est engagée contre le système fon
différaient, introduisirent toutes sortes d'espè cier coutumier 5.
ces végétales 3. Il est vrai que la flore sponta Le but recherché est de rendre accessibles
née n'offrait, dans les îles

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