Le  Directoire avait-il une politique religieuse ? - article ; n°1 ; vol.283, pg 79-92
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Annales historiques de la Révolution française - Année 1990 - Volume 283 - Numéro 1 - Pages 79-92
Jean-René Suratteau, Did the « Directoire » have religious policy ?
An established scholar of the period, the author reopens the case concerning the religious policy of the Revolution after Thermidor and investigates the first separation of Church and State and the attitude thanks to which tented to alternate repression and a certain toleration encouraging a renewal of Catholic religious practice. He follows the misadventures of a constitutional church, restored with difficulty and marginalized, describes the rather unsuccessful attempt at setting up a civic religion and concludes that the Directoire hardly had any clear policy and even less a stedfast one ; it was doubtless impossible to establish a coherent policy within such a short period.
Jean-René Suratteau : Le Directoire avait-il une politique religieuse ?
Spécialiste de la période, l'auteur rouvre le dossier de la politique religieuse de la Révolution après Thermidor : s'interrogeant sur la première séparation de l'Église et de l'État, sur les fluctuations d'une attitude qui fait alterner répression et tolérance favorisant la reprise du culte catholique. Il suit les avatars d'une église constitutionnelle difficilement reconstituée et marginalisée, évoque la tentative peu couronnée de succès de mise en place d'une religion civique, pour conclure que le Directoire n'eut pas de politique nette, et encore moins suivie : sans doute n'était-il guère possible qu'une politique religieuse cohérente pût être menée à bien dans un espace de temps si court.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-René Suratteau
Le Directoire avait-il une politique religieuse ?
In: Annales historiques de la Révolution française. N°283, 1990. pp. 79-92.
Abstract
Jean-René Suratteau, Did the « Directoire » have religious policy ?
An established scholar of the period, the author reopens the case concerning the religious policy of the Revolution after
Thermidor and investigates the first separation of Church and State and the attitude thanks to which tented to alternate
repression and a certain toleration encouraging a renewal of Catholic religious practice. He follows the misadventures of a
constitutional church, restored with difficulty and marginalized, describes the rather unsuccessful attempt at setting up a civic
religion and concludes that the Directoire hardly had any clear policy and even less a stedfast one ; it was doubtless impossible
to establish a coherent policy within such a short period.
Résumé
Jean-René Suratteau : Le Directoire avait-il une politique religieuse ?
Spécialiste de la période, l'auteur rouvre le dossier de la politique religieuse de la Révolution après Thermidor : s'interrogeant sur
la première séparation de l'Église et de l'État, sur les fluctuations d'une attitude qui fait alterner répression et tolérance favorisant
la reprise du culte catholique. Il suit les avatars d'une église constitutionnelle difficilement reconstituée et marginalisée, évoque la
tentative peu couronnée de succès de mise en place d'une religion civique, pour conclure que le Directoire n'eut pas de politique
nette, et encore moins suivie : sans doute n'était-il guère possible qu'une politique religieuse cohérente pût être menée à bien
dans un espace de temps si court.
Citer ce document / Cite this document :
Suratteau Jean-René. Le Directoire avait-il une politique religieuse ?. In: Annales historiques de la Révolution française. N°283,
1990. pp. 79-92.
doi : 10.3406/ahrf.1990.1413
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1990_num_283_1_1413LE DIRECTOIRE
AVAIT-IL UNE POLITIQUE RELIGIEUSE?
Moins de deux mois après le 9 thermidor, un peu plus de trois mois
après la fête de l'Être suprême, la Convention vote, le deuxième jour des
sans-culottides de l'an II (18 septembre 1794), une loi supprimant le budget
des cultes. «La République ne reconnaît plus ni ne salarie plus aucun
culte.» C'est ce que les historiens du XXe siècle ont appelé «la première
séparation de l'Église et de l'État». Le 3 ventôse an III (21 février 1795),
une autre loi compléta cette œuvre : elle proclama la neutralité religieuse
de la République.
Il faut remarquer que la chute des Robespierristes n'avait d'abord été
suivie que par l'élimination des partisans de l'Incorruptible ; parmi ceux qui
dominaient alors se trouvaient des terroristes avérés : le rapporteur de la loi
du 18 septembre était Cambon, l'un des deux Montagnards visés nommém
ent par Robespierre dans son discours du 8 thermidor (l'autre était
Fouché) mais un de ceux qui seront mis en accusation, arrêtés et exclus au
plus fort de la réaction au printemps suivant. D'autre part, l'élimination des
Robespierristes déistes plus ou moins disciples de Rousseau laissait les
mains libres aux rationalistes les plus radicaux, pour beaucoup athées, qui
avaient condamné le culte de l'Être suprême. Quant au rapporteur de la loi
du 3 ventôse, Boissy d'Anglas, Thermidorien de droite, c'était un protestant
convaincu, auteur présumé avant 1789 d'un violent pamphlet anticatholi
que, Le Magistrat-prêtre ; dans les attendus de la loi, il qualifia la religion
dominante de «servile par nature, auxiliaire du despotisme par essence,
abrutissante pour l'espèce humaine ».
Par ailleurs, la conjoncture imposait une mesure générale. Le
29 pluviôse (17 février 1795), la pacification de La Jaunaye avait accordé
aux réfractaires la liberté religieuse dans l'ouest insurgé; il n'était pas
possible de refuser aux autres Français une liberté accordée aux rebelles,
Vendéens ou Chouans, une liberté du culte qui, en théorie d'ailleurs avait
toujours subsisté. Mais la loi prescrivait que les cérémonies resteraient
entièrement privées, dans des édifices privés, célébrées par des personnes
privées. Ce que voulaient les Thermidoriens, anciens terroristes ou anciens
Annales Historiques de la Révolution Française — 1991 — N° 1 JEAN-RENÉ SURATTEAU 80
Girondins ou hommes de la Plaine, c'était faire disparaître la religion en
tant que liée à l'État et mettre fin au régime de la Constitution civile du
clergé qui avait justement pour but d'intégrer la religion à l'État. Un motif
d'économie ne fut pas non plus étranger au vote de ces lois. Quoi qu'il en
soit, elles tournaient une page de l'histoire religieuse de la Révolution.
**
Elles abandonnaient à leur sort les prêtres constitutionnels, les
« jureurs », dont la plupart n'avaient plus guère de paroissiens. Beaucoup de
ces prêtres qui avaient pu subsister jusque là durent trouver d'autres
emplois, instituteurs, fonctionnaires, employés dans diverses administrat
ions. Mais la rigueur des lois ne s'atténua pas, ou fort peu, à l'égard des
non-jureurs, ceux qui avaient refusé tout ou partie des serments exigés de
1791 à 1794. Mais, il y avait la loi et la façon de l'appliquer. De ventôse à
messidor an III (mars à juin 1795), la réaction politique s'accompagna
d'une application de moins en moins stricte des mesures contre les
réfractaires. La Convention tenta d'abord de mettre sur pied une sorte de
culte civique qui ne rappelât pas celui de l'Être suprême. Marie-Joseph
Chénier fut chargé le 1er nivôse (21 décembre 1794) d'organiser un cycle de
fêtes républicaines, projet qui n'eut pas de suite. Les ex-constitutionnels, à
leur tête le plus célèbre d'entre eux, Grégoire, essayèrent de réorganiser Église. Ce même 1er nivôse, il s'écria à la Convention : « La liberté des
cultes existe chez les Turcs mais pas en France, le peuple y est privé d'un
droit dont on jouit dans les États despotiques, même dans les Régences du
Maroc et d'Alger » et il conclut de façon brutale mais perspicace : « Si vous
étiez de bonne foi, vous avoueriez que votre intention manifestée à
l'évidence est de détruire le catholicisme. » Ces propos furent reproduits par
divers journaux et furent soutenus par plusieurs écrits : Opinions sur les
fêtes décadaires de Durand-Maillane, Du fanatisme et des cultes de Baudin
des Ardennes. Si on assista à un certain réveil du culte jusque là
constitutionnel, le renouveau du culte condamné par les lois fut bien plus
spectaculaire. Selon la loi du 3 ventôse, les églises non aliénées devaient
être réservées aux «fêtes républicaines». Les ex-constitutionnels se
regroupèrent et leurs chefs formèrent les «évêques réunis». Ils louèrent
plusieurs anciennes églises et autres édifices. L'un d'eux, Desbois, fonda les
Annales de la religion et la Librairie chrétienne. Cette tentative de
résurrection se heurta au petit nombre des évêques — une trentaine — et
des prêtres — quelques centaines dans doute.
La reprise du culte «romain» fut bien plus marquée. Des prêtres
revenus d'exil ou sortis de leurs retraites réapparurent, et même quatre
évêques. A Paris, M. Emery, l'ancien Supérieur des Sulpiciens, inaugura
une pratique libérale pour ramener l'unité de l'Église, aidé par l'instituteur
des sourds-muets, l'abbé Sicard, par l'abbé Jauffret, futur évêque RELIGIEUSE DU DIRECTOIRE 81 POLITIQUE
concordataire, et par l'abbé Boulogne qui créa les Annales catholiques.
Faute d'églises, les insermentés disposaient d'oratoires privés et de locaux
prêtés par des fidèles aisés. «On fait la queue à la messe comme à la
porte des boulangers » nota un journal.
La Convention compléta alors sa politique à double face. Le 1 1 prairial
an III (30 mai 1795), elle vota un décret qui faisait la part du feu. «Les
citoyens des communes de la République peuvent recevoir le libre usage
des édifi

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