Le gisement paléolithique inférieur de La Pointe de Saint-Colomban, Carnac (Morbihan) - article ; n°1 ; vol.28, pg 7-36

Robert Lecloirec, Jean-Laurent Monnier

Description

Gallia préhistoire - Année 1985 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 7-36
30 pages

Informations

• Publié par: GALLIA0
• Publié le: 01 janvier 1985
• Nombre de lectures: 53
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 6 Mo

Extrait

Jean-Laurent Monnier
R. Le Cloirec
Le gisement paléolithique inférieur de La Pointe de Saint-
Colomban, Carnac (Morbihan)
In: Gallia préhistoire. Tome 28 fascicule 1, 1985. pp. 7-36.
Citer ce document / Cite this document :
Monnier Jean-Laurent, Le Cloirec R. Le gisement paléolithique inférieur de La Pointe de Saint-Colomban, Carnac (Morbihan).
In: Gallia préhistoire. Tome 28 fascicule 1, 1985. pp. 7-36.
doi : 10.3406/galip.1985.2221
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galip_0016-4127_1985_num_28_1_2221LE GISEMENT PALÉOLITHIQUE INFÉRIEUR
DE LA POINTE DE SAINT-COLOMBAN À CARNAC (MORBIHAN)
par Jean-Laurent MONNIER et Robert LE GLOIREG
rocheux éloignés d'une quarantaine de mètres. Le I. INTRODUCTION.
fond de cette dépression est garni par des limons à
Le gisement de La Pointe de Saint-Golomban blocailles que l'érosion marine a entaillés, formant
fut trouvé par R. Le Cloirec dans le courant de une falaise haute de 3 m environ. Celle-ci tend
l'année 1978 (Monnier et Le Gloirec, 1979). Vers la à reculer rapidement car cette zone est très exposée
même époque, la présence d'outils paléolithiques fut lors des tempêtes. Le haut de la plage actuelle est
signalée dans ce secteur par S. Pincemin (Rollando, constitué par de gros galets et présente une forte
1979). pente. Tout comme le premier gisement (Sicard,
Une vingtaine d'années s'était écoulée depuis 1957), le site de La Pointe de Saint-Golomban est
la découverte du premier site de ce type à Garnac, à abrité des vents du secteur nord-est par un mamelon
l'extrémité nord-ouest de la plage de Saint-Golomban culminant à 12 m. Le substrat géologique correspond
(Sicard, 1957). La pièce essentielle récoltée dans au granite tardimigmatique.
la falaise était un biface taillé sur galet, à larges
enlèvements, sans retouches secondaires, qui fut III. LA FOUILLE. rapproché de l'Acheuléen ancien. Le sud du Morbihan
s'est révélé par ailleurs assez riche en objets du Les premiers indices concernant l'industrie lithique
Paléolithique inférieur, souvent rencontrés isolément, étaient apparus à la base de la falaise. A la suite de
ou du moins sans contexte archéologique parfait sondages et d'une étude préliminaire du site, et
ement défini (Rollando, 1971 ; Monnier, 1980). devant les risques d'érosion touchant les niveaux
archéologiques, la décision fut prise d'entreprendre
une fouille des zones les plus menacées, c'est-à-dire en IL LE SITE.
haut de plage, au pied de la falaise. Deux campagnes
La Pointe de Saint-Golomban est à l'extrémité sud de fouille (sauvetages programmés) furent menées du
19 au 28 octobre 1981 et du 15 au 24 mars 1982. de la plage (carte I.G.N. 1/25 000e, feuille d'Auray ;
coordonnées Lambert II, zone centrale : x = 191,42; Le gisement étant situé sous le niveau des plus
hautes mers (fig. 1), il fallut choisir des périodes y = 299,14). Elle est à environ 750 m au sud du
premier gisement. La presqu'île de Saint-Colomban de mortes eaux. L'abondance des blocs et des
galets accumulés par les tempêtes au pied de la est une plate-forme assez basse, environ 5-6 m
N.G.F., parsemée de mamelons peu élevés (altitude falaise nécessita des travaux de déblaiement, réalisés
comprise entre 8 et 14 m). Dans tout ce secteur, en partie à l'aide d'une pelle mécanique, sous la
les labours montrent la présence d'une grande conduite de R. Le Gloirec. Cette opération dut être
quantité de galets marins jusqu'à une altitude renouvelée après les tempêtes de l'hiver 1981-1982.
d'une dizaine de mètres (N.G.F.). De nombreux outils lithiques libérés et dispersés
Le gisement se trouve dans une petite crique par la mer furent recueillis à cette occasion.
s'ouvrant au sud-ouest entre deux pointements Un quadrillage a été implanté ; son axe principal est
Gallia Préhistoire, Tome 28, 1985, 1, p. 7-36. JEAN-LAURENT MONNIER ET ROBERT LE GLOIREG
1 Vue générale de la fouille au pied de la falaise de head, sous la menace
de la marée montante.
2 Le quadrillage implanté en haut de l'estran.
sensiblement parallèle à la falaise et orienté N 28G W La troisième couche archéologique (couche 3) n'a
été rencontrée que dans la moitié nord de- la zone (fig. 2). Le niveau de référence (N.R.F.), matérialisé
sur la paroi rocheuse, est à 8,50 m (N.G.F.) et à fouillée. Elle correspond au remplissage d'un couloir
environ 0,55 m au-dessus du niveau des plus hautes d'érosion orienté nord-est/sud-ouest.
mers de vives eaux (P. H. M.). Une surface totale de Dans les couches 3 et 4, la répartition du matériel
57 m? a été fouillée. La plupart des objets lithiques lithique n'exprime guère que les effets de la solifluxion
ont été repérés selon trois coordonnées. ou du ruissellement (Monnier, 1983, fig. 10 à 13).
Ces dépôts de pente ont été canalisés par une L'industrie lithique est localisée dans trois couches
dépression naturelle existant entre les affleurements distinctes (couches 3, 4 et 6). Ces niveaux ont été
du granite. L'industrie y est évidemment en position raccordés à la stratigraphie générale du gisement
remaniée, comme le confirment l'examen des plans (cf. IV).
de répartition et l'étude typologique. Les objets
Le gisement occupe une dépression entre les récoltés en couche 6 sont moins nombreux, toutefois
affleurements granitiques (fig. 6). Le fond de cette les groupements observés sont certainement plus
dépression est tapissé par les éléments d'une plage significatifs (fig. 7, 8). On observe quatre concent
ancienne (couche 7), formés d'énormes galets enfouis rations : l'une correspond à l'anfractuosité entre les
dans un sable durci. Ce sable est stérile au point de affleurements granitiques dans les carrés M14-M15,
vue archéologique. Sa partie supérieure, remaniée et N14-N15 ; une autre est nettement en rapport avec
friable (couche 6), correspond à la couche archéo une « structure » grossièrement ovalaire, formée de
logique la plus ancienne. La couche 6 recouvre blocs anguleux, située dans les carrés J16-J17
vraisemblablement le premier niveau d'occupation (fig. 3, 6). A noter que chaque concentration com
humaine de La Pointe de Saint-Colomban, jalonné prend un percuteur associé à des nucleus et à quelques par des blocs anguleux (fig. 4, 5). outils. On rencontre au moins une encoche dans
La seconde couche archéologique est la couche 4. chacune des concentrations ; deux d'entre elles
Elle a une répartition assez large, quoique érodée comprennent un outil sur galet ; l'une semble
et se termine en biseau dans la partie nord-ouest regrouper des denticulés, tandis qu'une autre associe
du gisement (Monnier, 1983, fig. 8). les seuls racloirs trouvés dans cette couche. PALÉOLITHIQUE INFÉRIEUR DE LA POINTE DE SAINT-GOLOMBAN
4 La coupe à la base de la falaise de head. Le lit
de blocs anguleux se trouve entre les couches 6 et
7 (comparer avec la fig. 9).
3 « Structure » formée de blocs anguleux dans les carrés J16-J17.
I
5 Détail de la vue précédente montrant les gros galets de la plage ancienne. 10 JEAN-LAURENT MONNIER ET ROBERT LE GLOIREG
6 Plan général de la fouille au niveau de la plage ancienne (base de la couche 7). Présence d'une structure pouvant résulter d'un
aménagement anthropique en J16-J17 (base de la couche 6). Le gisement se situe entre des rochers et plates-formes granitiques.
13
• * * * *
* A
18
_ . 1
19 . 2
A 3
20 1M
• 21
7 Répartition des objets lithiques en couche 6. Nature des matériaux taillés : 1, silex ; 2, quartz ; 3, grès et quartzite. 1
INFÉRIEUR DE LA POINTE DE SAINT-GOLOMBAN 11 PALÉOLITHIQUE
G H J K L M N 0 P
A A O o
0 . ■ " -n
■ .: ■ ■ ■
0 ■
18 • 1
■ > 2
■ 0 o 19 o 3 ■
A 4
20 0 5 1M
D 6
21 . 7
8 Répartition des objets lithiques en couche 6. Nature des outils retouchés : 1, percuteur ; 2, nucleus ; 3, chopper ou chopping-tool;
4, racloir ou raclette ; 5, encoche ; 6, couteau à dos naturel ; 7, denticulé.
IV. STRATIGRAPHIE ET SÉDIMENTOLOGIE. sont très largement dominantes (fig. 10) : sable
grossier, 87,46 % ; sable fin, 7,00 %. Les taux de
a) Description. limon et d'argile sont faibles, respectivement 1,12 et
4,42 % (fig. 15). Il s'agit d'un sédiment assez bi