Le Livre des révélations de Marie Robine († 1399). Étude et édition - article ; n°1 ; vol.98, pg 229-264
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes - Année 1986 - Volume 98 - Numéro 1 - Pages 229-264
Matthew Tobin, Le «Livre des révélations » de Marie Robine (f 1399). Étude et édition, p. 229-264. Le manuscrit 520 de Tours contient l'unique exemplaire répertorié de l'œuvre de la visionnaire Marie Robine, originaire du Béarn et morte au cimetière Saint-Michel d'Avignon en 1399. Son Livre des révélations, dont nous présentons ici l'édition latine, se répartit en 12 courts chapitres, chacun relatant une vision céleste. Malgré le caractère quelque peu merveilleux de son récit, elle ne manque pas de mettre en cause les institutions religieuses et politiques de la chrétienté de l'époque du Schisme. Le message prophétique de cet auteur méconnu (ou plutôt oratoire, car elle n'écrivait pas elle-même), pauvre de naissance, recluse et pénitente de choix, incarne la voix des humbles. Devenue assez célèbre en tant que voyante, Marie Robine sut tirer profit de l'autorité que lui procurait cette position pour dénoncer l'injustice qu'elle voyait enracinée dans la société de son temps.
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 66
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Matthew Tobin
Le Livre des révélations de Marie Robine († 1399). Étude et
édition
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 98, N°1. 1986. pp. 229-264.
Résumé
Matthew Tobin, Le «Livre des révélations » de Marie Robine († 1399). Étude et édition, p. 229-264.
Le manuscrit 520 de Tours contient l'unique exemplaire répertorié de l'œuvre de la visionnaire Marie Robine, originaire du Béarn
et morte au cimetière Saint-Michel d'Avignon en 1399. Son Livre des révélations, dont nous présentons ici l'édition latine, se
répartit en 12 courts chapitres, chacun relatant une vision céleste. Malgré le caractère quelque peu merveilleux de son récit, elle
ne manque pas de mettre en cause les institutions religieuses et politiques de la chrétienté de l'époque du Schisme. Le message
prophétique de cet auteur méconnu (ou plutôt oratoire, car elle n'écrivait pas elle-même), pauvre de naissance, recluse et
pénitente de choix, incarne la voix des humbles. Devenue assez célèbre en tant que voyante, Marie Robine sut tirer profit de
l'autorité que lui procurait cette position pour dénoncer l'injustice qu'elle voyait enracinée dans la société de son temps.
Citer ce document / Cite this document :
Tobin Matthew. Le Livre des révélations de Marie Robine († 1399). Étude et édition. In: Mélanges de l'Ecole française de Rome.
Moyen-Age, Temps modernes T. 98, N°1. 1986. pp. 229-264.
doi : 10.3406/mefr.1986.2857
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1986_num_98_1_2857MATTHEW TOBIN
LE «LIVRE DES RÉVÉLATIONS»
DE MARIE ROBINE (f 1399)
ÉTUDE ET ÉDITION
Sans vouloir spéculer sur la façon dont les sociétés s'ouvrent à l'i
nfluence de personnages inspirés, il est indéniable qu'à certains moments
de l'histoire les paroles d'individus se réclamant d'une autorité spirituelle
suprême trouvent de plus amples auditoires et un plus grand écho qu'à
d'autres. Il a été démontré notamment que l'époque du Grand Schisme
fut un de ces moments forts de l'inspiration, surtout en ce sens que bon
nombre de prophètes et d'illuminés surent alors trouver d'attentives oreil
les dans les milieux dirigeants. On connaît l'exemple de sainte Catherine
de Sienne et celui de saint Vincent Ferrier pendant le Schisme, mais aussi
le rôle de sainte Brigitte de Suède dans les années qui le précèdent; et il
est enfin impossible de passer sous silence l'expérience si marquante de
Jeanne d'Arc quelques années après la fin du Schisme. Ces exemples
fournissent la preuve convaincante du pouvoir potentiel de la parole ins
pirée à l'époque, mais il est à noter qu'il s'agit de personnes canonisées,
qui ont connu une grande notoriété de leur vivant et dont la renommée a
survécu, à un degré plus ou moins fort selon les cas, jusqu'à nos jours.
Nous aurions tort de nous limiter à ces seuls cas célèbres, car des prophèt
es et des inspirés moins connus ont aussi marqué les événements de cette
fin du XIVe siècle et du début du XVe.
Le petit Livre des Révélations que nous présentons ici est l'œuvre
d'une femme visionnaire qui a prophétisé pendant le Schisme et qui a
failli, en effet, être complètement oubliée. Elle s'appelle Marie Robine;
elle gagne le surnom de Marie d'Avignon «la Gasque» quand elle s'installe
en Avignon, car elle est originaire d'Héchac, petit hameau situé à trois
kilomètres de Madiran, actuellement dans les Hautes-Pyrénées1. C'est une
1 « Cuidam mulieri vocate Marie Robine, loci de Essach, Auxitanensis diocesis »
(BN Latin 1467, fol. 52 r°). Cette localité porte aujourd'hui le nom d'Héchac et fait
partie de la commune de Soublecause, dans le département des Hautes-Pyrénées.
MEFRM - 98 - 1986 - 1, p. 229-264. 230 MATTHEW TOBIN
femme illettrée, de milieu humble. C'est ce point justement qui fait l'origi
nalité et l'intérêt de son œuvre, car si elle nous donne un aperçu précieux
sur l'attitude des simples gens à l'égard du Schisme proprement dit, elle
nous renseigne aussi sur les croyances populaires et sur la façon dont la
majorité des chrétiens percevaient le monde de tous les jours et le monde,
inaccessible et parfois incompréhensible, des puissants.
Les douze épisodes visionnaires qui constituent le Livre des Révéla
tions de Marie Robine sont conservés dans le manuscrit 520 de la bibli
othèque municipale de Tours. Celui-ci est un gros recueil de textes prophét
iques, provenant de la bibliothèque de l'abbaye de Marmoutier, et est
peut-être le produit d'un atelier de copistes de cette même abbaye. Qu'il
s'agisse des bénédictins de Marmoutier ou d'autres compilateurs, leur but
en créant cette imposante anthologie (elle contient en effet 229 folios,
dont deux perdus, sans compter les quelques textes rajoutés sur les feuil
les de garde) est clair : ils tenaient à faire le point sur l'histoire du pro-
phétisme chrétien post-biblique, à créer en quelque sorte une encyclopéd
ie prophétique. Les auteurs que côtoie Marie Robine dans ce recueil sont
par conséquent nombreux et représentent les époques et les tendances les
plus diverses. Ce que Marjorie Reeves a appelé «la bande prophétique»
médiévale, à quelques exceptions près, s'y trouve : les Sibylles, Merlin, le
pseudo-Joachim de Flore, sainte Hildegarde et sainte Brigitte. Il y a aussi
des textes de Jean de Roquetaillade, des prophéties attribuées à Arnaud
de Villeneuve et une lettre de saint Vincent Ferrier adressée au concile de
Constance.
Compagnie plutôt distinguée que celle-là, mais en cherchant plus loin
nous trouvons des écrits prophétiques d'auteurs très obscurs, voire iné
dits2. Le Livre de Marie Robine, qui occupe les folios 115 à 128, juste
après le long chapitre regroupant divers fragments des écrits de sainte
Hildegarde, figurait parmi ces passages inconnus quand le manuscrit 520
fut signalé au siècle dernier par Jules Quicherat3. Fort heureusement
pour nous, l'historien Noël Valois s'est intéressé également aux problèmes
N. Valois, Jeanne d'Arc et la prophétie de Marie Robine, dans Mélanges P. Fabre,
1902, p. 453.
2 Parmi les passages peu ou pas connus, nous pouvons citer une « Epistola Per
sei heremite ad Jonatham israelitam» au folio 16, et le texte qui occupe les folios
128 à 134, dont l'incipit est le suivant: «Copia revelationis facte fratri Johanni de
Acre, monacho Sancti Laurentii Rome. . . anno Domini 1402. . .».
3 J. Quicherat, Aperçus nouveaux sur l'histoire de Jeanne d'Arc, Paris, 1850,
p. 73. «LIVRE DES RÉVÉLATIONS» DE MARIE ROBINE 231 LE
posés par cette découverte dans un article de 1902 intitulé Jeanne d'Arc et
la prophétie de Marie Robine*.
Comme le titre de son article l'indique, la prophétie de Marie Robine
n'était pour lui qu'un aspect d'un problème plus large. Il voulait savoir
d'où venait l'étrange prédiction citée en faveur de Jeanne d'Arc par Jean
Érault au moment des interrogatoires de Poitiers en 1429. Selon la dépos
ition faite par l'avocat Jean Barbin, 27 ans plus tard pendant le procès
de réhabilitation, Érault aurait parlé de la prophétie d'une certaine « Mar
ie d'Avignon». D'après lui, elle était venue trouver Charles VI pour lui
raconter une vision dans laquelle elle avait vu une quantité d'armes. Elle
avait eu peur d'être obligée de les porter elle-même, mais il lui fut dit
qu'elles ne lui étaient pas destinées, mais à une pucelle qui viendrait
après elle. Si on peut croire le témoignage tardif de Jean Barbin, cette
prophétie de «Marie d'Avignon» aurait contribué à convaincre Jean
Érault, docteur en théologie et un des examinateurs de Poitiers, du bien-
fondé de la mission de Jeanne d'Arc5.
C'est donc un fait divers dans l'histoire de Jeanne d'Arc qui a poussé
N. Valois à chercher à savoir qui fut cette Marie d'Avignon. C'est à partir
de documents fort divers qu'il arrive à reconstituer sa biographie, ou du
moins celle de la période avignonnaise de sa vie. Avan

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