Le moine Shunjô (1166-1227) : sa jeunesse et son voyage en Chine - article ; n°1 ; vol.88, pg 161-189
31 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Le moine Shunjô (1166-1227) : sa jeunesse et son voyage en Chine - article ; n°1 ; vol.88, pg 161-189

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
31 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 2001 - Volume 88 - Numéro 1 - Pages 161-189
29 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Charlotte Von Verschuer
Le moine Shunjô (1166-1227) : sa jeunesse et son voyage en
Chine
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 88, 2001. pp. 161-189.
Citer ce document / Cite this document :
Von Verschuer Charlotte. Le moine Shunjô (1166-1227) : sa jeunesse et son voyage en Chine. In: Bulletin de l'Ecole française
d'Extrême-Orient. Tome 88, 2001. pp. 161-189.
doi : 10.3406/befeo.2001.3512
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_2001_num_88_1_3512Abstract
Charlotte von Verschuer
The Japanese monk Shunjô (1166-1227): his youth and his sojourn in China
The biography of the Japanese monk Shunjô (1166-1227), Sennyûji-Fukaki-hôshiden (1244), provides
us with precious informations about social and religious life in Japan and China around the year 1200, a
time of political change in both countries. This article contains a translation of the first half of this
biography, which gives an account of the youth of Shunjô in Kyushu and of his stay in China from 1199
to 1211. The text offers a picture of the state of Buddhism in Kyûshû, far away from the Heian capital's
main currents, and describes some religious practices there, including a dream-vision and the exorcism
of Fudô Myôô. In China, Shunjô spent time in several monasteries of the Zhejiang province and in the
imperial capital. Thus for China too, by way of recounting Shunjô's personal relations with his Chinese
confrères and his involvement in exorcism rituals, the biography offers an account of local practices in
the monasteries. The text can be considered as a document of religious ethnography.
Résumé
Charlotte von Verschuer
Le moine Shunjō (1166-1227) : sa jeunesse et son voyage en Chine
La biographie du moine japonais Shunjō (1166-1227), Sennyūji-Fukaki-hōshiden (1244), est un
témoignage précieux de la vie sociale et religieuse du Japon et de la Chine autour de Tannée 1200,
époque de mutation dans les deux pays. Cet article propose la traduction de la première moitié de la
biographie, qui relate la jeunesse de Shunjō à Kyūshū et son séjour en Chine de 1199 à 1211. Le texte
donne une image de l'état du bouddhisme à Kyūshū, à l'écart des courants de la capitale de Heian, et
décrit certaines pratiques religieuses dont une vision en rêve et l'exorcisme du Roi de Science. En
Chine, Shunjō fréquente les milieux des monastères du Zhejiang et de la cour impériale. Ici aussi, le
texte témoigne des pratiques des monastères, à travers les relations personnelles de Shunjō avec ses
confrères chinois et son engagement dans les rites exorcistes. On peut considérer le texte ici traduit
comme un document d'ethnographie religieuse.Le moine Shunjô (1166-1227) :
sa jeunesse et son voyage en Chine
Charlotte von VERSCHUER*
Introduction
Le moine japonais Shunjô jf ifb séjourna en Chine de 1199 à 1211, époque charnière
de l'histoire japonaise pendant laquelle le pouvoir politique passa de l'égide de la cour
impériale de Heian à l'influence grandissante de l'administration shogunale de Kamakura.
Shunjô est né dans la période de la montée des guerriers, parmi lesquels Taira no
Kiyomori (1118-1181), ministre des Affaires suprêmes à la cour de Heian en 1167, et il
assista à la lutte pour le pouvoir qui opposa la cour impériale et les forces militaires dans
la deuxième moitié du XIIe siècle. Ces luttes ont amené la fondation du gouvernement
militaire à Kamakura en 1180 et la victoire finale de celui-ci lors des révoltes de l'ère
Jôkyû, en 1221. La Chine connut, elle aussi, des perturbations politiques à la même
époque, notamment au moment du séjour de Shunjô dans la capitale chinoise de Lin'anfu
(Hangzhou). La cour impériale des Song fut alors confrontée aux invasions des Nuzhen,
maîtres de l'empire des Jin. Leurs attaques furent suivies de l'avancée des Mongols, qui
devaient prendre l'ancienne capitale de Kaifeng en 1214 et, plus tard, occuper toute la
Chine, en 1279. Shunjô a donc vécu à une époque de grands bouleversements politiques.
Sa vie est retracée dans la « Biographie du maître Fukaki du Sennyûji » {Sennyûji-Fukaki-
hôshiden Щ. Ш # ^ oj Ш fë № Ы), écrite en 1244. Ce texte nous a semblé digne d'une
traduction en raison de sa fiabilité et de l'intérêt du récit1.
D'origine modeste, Shunjô est né de père inconnu, à Higo (Kumamoto), dans l'île de
Kyûshû, dans le sud du Japon. Il étudie les doctrines des écoles du Tendai et du Shingon
sous les maîtres de plusieurs temples de la région, avant de recevoir l'ordination au temple
Kanzeonji, à Chikuzen (Fukuoka). Irrité par le déclin de la discipline dans les milieux
monastiques de sa région, il part à la recherche de l'enseignement de la discipline monacale
* Directeur d'études EPHE.
1 . Il n'existe pas encore de traduction annotée de cette biographie, mais plusieurs études de la vie et
de l'œuvre de Shunjô, dont les suivantes seront citées par la suite : Ishida Mitsuyuki 5 H |ž (éd.),
Kamakura-bukkyô seiritsu no kenkyû, Shunjô risshi, Kyoto : Hôzôkan 1972 ; comprenant les articles
suivants : Fujita Shunkyô Ш Ш fë Ш, « Shunjô-risshi no denki », Ôyama Kôjun -fc [i| £ W, « Mikkyô to
Shunjô-risshi », Satô Tetsuei tlf ^,« shôrai no Tendai-bunken », Andô Toshio SSf
Щ, « to Chô-Sô Tendai » ; voir aussi Atsuta Ko Ш Ш fc, « Kaizan Shunjô-risshi to sono
jidai », dans Akamatsu Toshihide Ш ¥è Ш Ш (éd.), Sennyûji-shi Honbun-hen, Hôzôkan 1984. Je remercie
Anne Bouchy, Kuo Liying, Frédéric Girard et Fujiyoshi Masumi pour leurs précieux renseignements.
Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient, 88 (2001), p. 161-189. 62 Charlotte von Verschuer 1
(Ritsu), à Heian (Kyoto) et à Nara. Cependant, Shunjô est déçu par ses maîtres japonais et
décide de poursuivre ses études en Chine.
Shunjô quitte le Japon en 1199, à l'âge de trente-quatre ans, accompagné de deux
disciples, et passe douze ans en Chine, dans la région du Zhejiang. Il fait d'abord un
pèlerinage au mont Tiantai. Il étudie ensuite le Zen au mont Jingshan, près de la capitale
de Lin'anfu, puis la discipline monacale au temple Jingfusi dans la région de Siming
(Ningbo). Trois ans plus tard, Shunjô retourne au mont Tiantai et se consacre à l'étude des
doctrines du Tendai. À partir de 1203, Shunjô est disciple de Beifeng Zongyin (11 44-
1213), autorité du Tendai à Xiuzhou (Jiaxingfu). Shunjô s'intéresse aussi à l'école du
Jôdo, à la calligraphie et à l'écriture du sanskrit. À partir de 1208, le moine séjourne à la
capitale de Lin'anfu, où il côtoie des intellectuels de la cour impériale. L'école
philosophique de Zhuxi (1133-1200) est alors rétablie parmi les confucianistes chinois,
après avoir été condamnée comme hérétique du vivant de Zhuxi. La biographie de Shunjô
relate ses relations avec les personnes des divers milieux religieux, administratifs et
culturels. Elle raconte aussi les activités du moine, telles que ses célébrations de rites
exorcistes curatifs auprès des habitants de Xiuzhou. La biographie nous informe, en effet,
sur certains usages de la vie en Chine des Song. Shunjô retourne au Japon en 1211, après
avoir assimilé un savoir dans la pensée du Ritsu, du Tendai, du Zen, du Jôdo et du
Confucianisme.
À son retour au Japon, Shunjô s'installe à la capitale de Heian. Il dispense, au temple
Sennyûji, l'enseignement des divers courants de pensée qu'il a assimilés en Chine. Grâce
au soutien des ex-empereurs Gotoba-in (r. 1183-1198, mort en 1239) et Gotakakura-in
(alias Morisada-shinnô, 1179-1223), ainsi que d'autres personnalités de la cour de Heian,
Shunjô entreprend d'importants travaux de restauration du temple Sennyûji, qui lui
valurent la renommée de fondateur du Sennyûji. Le moine confère aussi les règles de la
discipline aux personnages suprêmes de Kamakura, dont Hôjô Masako (1157-1225) et
Hôjô Yasutoki (1183-1242). Il meurt au Sennyûji en 1227 et est doté de titres posthumes
par la cour de Kyoto en 1411, en 1526, en 1726. Il reçoit enfin de l'empereur Meiji le titre
de Getsurin-daishi Я Щ jz №.
Shunjô est resté dans la mémoire de l'histoire pour son ouverture d'esprit, qui associe
différentes orientations bou

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents