Le nationalisme vietnamien au début du XXe siècle : son expression à travers une curieuse lettre au roi d Angleterre - article ; n°2 ; vol.65, pg 421-430
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Le nationalisme vietnamien au début du XXe siècle : son expression à travers une curieuse lettre au roi d'Angleterre - article ; n°2 ; vol.65, pg 421-430

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1978 - Volume 65 - Numéro 2 - Pages 421-430
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 59
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Thë Anh Nguyên
X. Le nationalisme vietnamien au début du XXe siècle : son
expression à travers une curieuse lettre au roi d'Angleterre
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 65 N°2, 1978. pp. 421-430.
Citer ce document / Cite this document :
Nguyên Thë Anh. X. Le nationalisme vietnamien au début du XXe siècle : son expression à travers une curieuse lettre au roi
d'Angleterre. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 65 N°2, 1978. pp. 421-430.
doi : 10.3406/befeo.1978.3913
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1978_num_65_2_3913LE NATIONALISME VIETNAMIEN
AU DÉBUT DU XXe SIÈCLE :
SON EXPRESSION
A TRAVERS UNE CURIEUSE LETTRE
AU ROI D'ANGLETERRE*
PAR
NGUYEN THE ANH
Les archives du Public Record Office à Londres ont conservé une
longue lettre manuscrite en caractères chinois (F.O. 371, vol. 456,
dossier 32186) ; nous allons tenter d'en présenter ci-dessous une traduction
littérale :
« [Représentant] la population des différentes provinces du Vietnam,
Nguyën Song So*n soumet cette pétition à Sa Majesté le Roi, Ses Ministres
et Conseils à Londres, Angleterre.
« Plus de quatre mille ans se sont écoulés depuis la fondation de
la nation vietnamienne jusqu'à présent. En l'année Dinh-Ty.1, la
dixième année de Ty-Birc (nom de règne du souverain vietnamien),
la France et l'Espagne envoyèrent une puissante flotte à iBà-Nâng,
dans la province vietnamienne du Quâng-Nam, pour faire trois demandes :
premièrement, propager leur religion; deuxièmement, établir des
relations; et troisièmement, ouvrir un port de commerce à Trà-Scm.
Ignorant l'art de la diplomatie, les mandarins du gouvernement vie
tnamien opposèrent une ferme résistance à leurs exigences et organisèrent
la défense avec de faibles forces armées. Deux ans plus tard, ces deux
nations [étrangères] dirigèrent la lutte sur la province de Gia-IMnh
et envoyèrent de nouveau des documents pour demander l'établissement
d'une place de commerce. [Notre] gouvernement s'opposa avec opiniâ
treté [à leurs réclamations]. [Alors que] les deux nations attaquaient
pour la seconde fois la Chine, elles laissèrent [sur place] une petite
(*) Texte remanié d'une communication présentée à la 7e Conférence de l'Association
Internationale des Historiens de l'Asie, tenue à Bangkok du 22 au 26 août 1977.
(1) 1858. NGUYEN THE ANH 422
force pour tenir tête à l'armée vietnamienne. Dans la quatorzième
année [de Ty-Bírc], elles lancèrent une contre-offensive en assiégeant
la citadelle de Gia-Binh. Elles proposèrent ensuite la paix, en posant
comme conditions la cession à la France des trois provinces de Gia-Binh,
Blnh-Binh1 et Binh-TirôTig, et le paiement à l'Espagne d'une indemnité
de guerre d'un million de taëls d'argent. Le souverain en ce temps
étant médiocre et ses hommes stupides, le gouvernement, incapable
de lutter soit avec les arguments, soit avec les armes, envoya des
ambassadeurs pour concéder l'amputation territoriale. Plus tard,
profitant de cette faiblesse, les Français s'emparèrent du contrôle
politique et économique des six provinces [de la Cochinchine]. Dans la
vingt-cinquième année de Ту-Búrc (Nhâm-Thân)2, parce qu'ils n'obtin
rent pas satisfaction pour leur prétention à un accès direct à la province
chinoise du Yunnan, ils lâchèrent leurs troupes sur les provinces du
Tonkin. Ils proposèrent ensuite un nouveau traité et [en même temps]
cherchèrent à obtenir de la Chine qu'elle fît semblant d'abandonner
au Vietnam sa suzeraineté sur l'Annam et le Tonkin, et à établir un
Résident Supérieur français à la capitale et des Résidents à Hanoi et
Haiphong. Après la signature du traité, ils relâchèrent le Tonkin.
Dix ans plus tard, des troupes françaises furent de nouveau expédiées
pour attaquer les provinces et régions de l'Annam et du Tonkin, qui
devinrent toutes des champs de bataille. Sous le règne du roi mineur
Hiêp-Hoà (en l'an Qui-Mùi)3, les Français contraignirent le souverain
vietnamien à accepter un traité de vingt quatre articles, dont le premier
stipulait que le Vietnam demandait la protection de la France et que
son gouvernement ne pourrait pas signer de son propre gré ses ordres.
Ayant obtenu cela, la France envoya derechef des troupes pour s'emparer
de la province chinoise de Fouchow. Au cours de la négociation
[subséquente] du traité de Tientsin, les Français exigèrent que les
Chinois reconnussent formellement le protectorat de la France sur le
Vietnam tout entier. Dans l'année At-Dâu4, sous le règne du roi Hàm-
Nghi, les Français, voyant manœuvrer les troupes « Phân-Nghïa »5,
dépêchèrent une fois de plus d'importantes forces navales et terrestres
pour assiéger la capitale (en Annam). Le roi Hàm-Nghi s'enfuit mais
fut pris et emmené comme prisonnier à Paris, la capitale de la France
(il a été transféré en Algérie où il se trouve maintenant). Les Français
restituèrent la capitale [aux Vietnamiens], choisirent un membre
incompétent de la famille des Nguyën (nom de la famille royale) pour
lui faire porter le titre de roi, nommèrent de vils mandarins pour leur
faire recevoir les ordres, et les forcèrent à leur reconnaître la cession du
Tonkin. Dès lors, le contrôle des six provinces de la Cochinchine et de
tout le territoire du Tonkin passait absolument aux mains des Français.
Les partis politiques d'alors, incapables de résister à leur puissance,
(1) Confusion sans doute avec Biên-Hoà.
(2) 1874.
(3) 1884. Hiêp-Hoà avait pourtant atteint alors la quarantaine !
(4) 1885.
(5) Troupes spéciales, levées par le Ministre de la Guerre Tôn-thât Thuyêt en 1884. NATIONALISME VIETNAMIEN AU DÉBUT DU XXe SIÈCLE 423 LE
furent soit exterminés, soit forcés à se réfugier à l'étranger. Faisant
comme si sous leurs yeux les Vietnamiens n'existaient pas, les Français
établirent toutes sortes d'impôts, de taxes et de droits frappant les
gens, les rizières, les terres, les maisons, les marchandises, les passes
frontalières, les ports maritimes, les arbres des forêts, les minerais
des montagnes, les marchés, les véhicules, les bateaux, le sel, l'alcool,
l'opium, les vers à soie, les animaux. Comparé au temps de Ty-Bu-c,
le poids des contributions était cent mille fois plus lourd. Aujourd'hui,
tous les droits et tous les avantages sont aux mains des Français.
Auparavant, sous le faux prétexte de relations commerciales, ils avaient
signé des traités trompeurs afin de faciliter leurs mauvaises actions;
depuis, sous le couvert de protéger la faible nation du Vietnam, ils
sucent en réalité le sang et la moelle du peuple vietnamien. Dans la
situation mondiale actuelle, les diverses puissances qui contrôlent
les pays des cinq continents, traitent les peuples des colonies comme
des frères, tout en développant et augmentant chaque jour l'esprit
des gens, leur agriculture et leur commerce, leur nombre et leur fortune;
les Français, quant à eux, en protégeant le Vietnam, traitent le peuple
vietnamien comme des cochons et des volailles, avec le couteau et la
planche à découper d'un côté, et la hache et le chaudron de l'autre.
Comme les impôts personnels et fonciers sont excessifs (chaque inscrit
doit payer annuellement de trois à sept, huit piastres; chaque arpent
de rizière, d'une à deux piastres et cinquante cents;
de terre, de deux à vingt-cinq piastres; chaque habitation, de six à
sept, huit, neuf, dix piastres; chaque catégorie étant imposée selon
l'état de richesse ou de destitution [de chacun]), le peuple vietnamien
ne souhaite nullement d'engendrer de nombreux fils ou d'agrandir
leurs champs et leurs maisons. Sous le ciel et sur la terre, nulle action
ni nulle chose n'échappe aux taxations et aux prohibitions; par consé
quent, les Vietnamiens ne souhaitent pas de s'éloigner de leur famille.
« Au village de Ngoc-Blnh dans la province de Thái-Binh, il y avait
un jeune homme nommé Nguyën Van CEm. [Quoiqu'il eût seulement
sept ans, ses relations n'ignoraient ri

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