Le Père Apollinaire, prêtre calédonien - article ; n°25 ; vol.25, pg 189-199
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1969 - Volume 25 - Numéro 25 - Pages 189-199
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 158
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Maurice-H. Lenormand
Nicolas Gauthier
Jean Guiart
Monseigneur Martin
Patrick O'Reilly
Le Père Apollinaire, prêtre calédonien
In: Journal de la Société des océanistes. Tome 25, 1969. pp. 189-199.
Citer ce document / Cite this document :
Lenormand Maurice-H., Gauthier Nicolas, Guiart Jean, Martin , O'Reilly Patrick. Le Père Apollinaire, prêtre calédonien. In:
Journal de la Société des océanistes. Tome 25, 1969. pp. 189-199.
doi : 10.3406/jso.1969.2258
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1969_num_25_25_2258Père Apollinaire Le
prêtre calédonien
J'avoue avoir mal, très mal connu le Père Apollinaire.
Je le voyais parfois apparaître chez moi, très discrètement et comme sur la pointe
des pieds. Il venait m'emprunter des livres, s'informer d'une documentation, me
demander quelque léger service... Une ombre, un fantôme, plutôt qu'un prêtre ami.
Au cours de ces rencontres jamais je ne suis parvenu à le mettre en confiance. Silen
cieux, réservé, réticent, il refusait toujours de s'engager, de prendre position, de s'ou
vrir. Il participa rarement aux séances de notre Société. Je ne me souviens pas l'avoir
vu assister à l'un de nos dîners. Il ne se sentait pas à l'aise avec moi. Il aurait fallu
mettre le calendrier dans l'affaire; prendre son temps; se voir; se revoir; se revoir
encore... à la mélanésienne. Or, nous vivions l'un et l'autre, à la parisienne, isolés
par la moitié d'une capitale inhumaine. Notre dernière rencontre dans un hôpital
parisien fut encore bien décevante pour moi. Il faisait beau. Il était levé. J'essayais
de l'entraîner dehors, sur un banc, dans le jardin de Bichat. Il préféra me voir demeurer
à ses côtés, à l'extrémité d'une salle de 30 malades, dans la ruelle de son lit, situation
et lieu assez peu propice aux confidences.
J'appris avec peine son décès prématuré. Et ai alors tenté un effort pour essayer
de connaître, mort, celui qui, vivant s'était toujours montré pour moi insaisissable.
Une fin d'après-midi de novembre 1967 il m'a été donné de réunir deux des amis
du Père Apollinaire. Le calédonien Maurice Lenormand, l'ancien député de la Grande
Terre, et le Père Nicolas Gauthier, qui si longtemps, au 108 de la rue de Vaugirard,
anima Missions des Iles, un des points de chute du Père Apollinaire dans ses péré
grinations à travers la capitale.
Les notes qui suivent représentent la photographie parlée de nos trois ou quatre
demies-heures de conversation. J'ai essayé en questionnant ces témoins, en rassemblant
leurs souvenirs épars et en les confrontant, de fixer les étapes principales de l'existence
du Père Apollinaire et de tracer une esquisse de sa personnalité.
Un peu plus tard, le texte de cet entretien fut présenté à notre vice-président, le
Professeur Jean Guiart, qui lui aussi avait été plusieurs fois en relations avec le
Père. Il a bien voulu joindre son appréciation personnelle à ces souvenirs. Et
Mgr Martin, lui aussi, se laissa interviewer. La physionomie du Père Apollinaire
en sort mieux éclairée, plus vive et plus nette.
P. O'R. SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES 190
L'HOMME
" Ce prêtre calédonien était originaire de Moindu ; de la tribu de Moméa. Moméa
est situé entre Moindu et Bourail et rattaché à Moindu. Toute la tribu est catho
lique, du reste ; je pense qu'elle a été évangélisée depuis très longtemps. C'est une
tribu calédonienne qui a fourni pas mal d'intellectuels. Les gens possèdent à fond
le français. Ils constituent pour le pays une espèce d'élite. On peut dire que la
proportion de Calédoniens instruits est plus forte à Moindu qu'ailleurs. La famille
Ataba, et la famille du Père Apollinaire figurent parmi les plus notables. Ses
cousins sont des gens très brillants, intelligents, sachant raisonner, tout à fait
au niveau des Européens locaux du point de vue intellectuel."
Il fait ses études au séminaire de Païta. « Je l'ai connu à Paris, comme je cher
chais à rencontrer tous les jeunes Calédoniens autochtones que, au début, quand
on commença à les envoyer, je contactais pour voir où ils en étaient, ce qu'ils fa
isaient. C'était vers 1959-1960. Il avait été envoyé en France pour prendre sa
licence en théologie. Il y réussit du premier coup. Alors que beaucoup de Français
marquent parfois quelques échecs. Il suivait les cours au Séminaire des Carmes,
à l'Institut Catholique de Paris.
« Au début il était logé à la maison Saint Jean, rue Cassette. Puis il prit un log
ement chez le curé de Clichy, du côté de la Fourche, dans le 18e, vers le square
de Clignancourt et la mairie du 18e. Il semble avoir été faire du ministère paroiss
ial dans ce secteur et y avoir trouvé des amis. C'est après sa licence qu'il demande
à l'évêque Martin de prolonger son séjour à Paris pour y poursuivre des études de
sociologie et d'économie aux Hautes-Études ou à la Sorbonne, plus vraisemblable
ment aux Hautes-Études avec M. Desroche... L'évêque vous le dirait. C'est un
garçon très brillant. J'ai eu des relations avec Apollinaire au début de Missions
des îles, quand on demanda aux missionnaires de nous envoyer des articles. Nous
avons eu des envois de Païta. Le séminaire nous offre des poésies signées Apolli
naire. Ses vers assez bien tournés, des petits poèmes, et je crois bien que nous en
avons publiés quelques-uns. Il y traitait de son pays, son île. On retrouverait dans
les dossiers d'alors, s'ils ont été conservés, des poésies d'Apollinaire — des poèmes
d'Apollinaire ! — Savait-il qui était Guillaume Apollinaire ? — Je ne saurais vous
le dire. »
Son caractère :
« C'est un homme très fantaisiste. Il avait beaucoup de mal à se plier à un règl
ement de vie. Je suis allé le voir plusieurs fois à la maison Saint Jean. Presque
toujours, il mettait du temps à répondre ; il passait son temps sur son lit, à rêver
ou à lire. Il travaillait d'une manière assez libre. Mais d'une manière plus enri
chissante que beaucoup d'autres qui s'accrochent plus méthodiquement, d'une
manière plus scolaire et livresque, mais qui s'enrichissent moins personnellement » —
« Nous dirions qu'il prenait des positions de relaxe pour penser davantage. Il s'im
posait une recherche. Cherchait à se situer en tant que catholique, en tant que
prêtre, en tant que Mélanésien. Il voulait affronter tous ces problèmes et cherchait
à y voir clair en lui. »
Ses amis à Paris :
« Je ne connais pas ses relations au séminaire. Il aimait la solitude, penser seul.
Cherchait-il à « voir du monde » ? Je ne le pense pas. « Je l'ai emmené en Palestine, LE PÈRE APOLLINAIRE, PRETRE CALEDONIEN 191
avec le premier pèlerinage de Missions des îles en Terre Sainte, en août 1962 ; il
avait obtenu pour cela l'autorisation de son évêque. Une allocation du territoire facilité les choses. Nous avons visité la Grèce, Athènes, Rhodes, Chypre. Il
a beaucoup apprécié l'Acropole, Athènes, la civilisation grecque. A Chypre il va
à Nicosie et est impressionné par Makarios. De retour à bord le soir, il était enthou
siasmé par la personnalité de Makarios, le patriarche, chef du Pays... Il aimait
beaucoup Chartres. Il y vécut un temps, dans la paroisse mariste construite au
milieu de quartiers neufs, une paroisse mariste très accueillante aux prêtres calé
doniens. Elle avait déjà hébergé le Père Jacob et le Père Michel. Il était passionné
par un ministère pastoral. C'était un milieu d'ouvriers. Ce milieu simple, popul
aire, correspondait peut-être davantage à ses préoccupations sociales. Il avait
accès directement avec cette population ouvrière et elle se trouvait aussi de plain-
pied avec lui. Son naturel faisait que les paroissiens rencontraient dans ce prêtre
un homme simple comme eux. Ils n'étaient, avec lui, ni gênés, ni complexés.
« Mgr Martin tenait beaucoup à ce que les prêtres calédoniens venant en France
fassent des stages dans des paroisses française

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