Le pouvoir de l eau dans le Sud-Tunisien. - article ; n°1 ; vol.30, pg 101-134
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Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1980 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 101-134
The question of water is treated as constraining factor of the spatial and economic organization and as means of present transformations of the south tumsian society. In a first part is presented the traditional technic and institutional organization of oasian, mountainous and pastoral zones. In a second part are presented the material and institutional means of modern tunisian hydraulic policy, and their numerous consequences. At last the authors try to indicate how the water has become a fondamental stake in the economic struggle between groups, classes and States.
La question de l'eau est ici abordée à la fois en tant que facteur contraignant de l'aménagement spatio-économique et en tant que levier de transformations actuelles de la société sud-tunisienne. Dans une première partie, les auteurs abordent la question sociale de l'aménagement hydraulique dans la société traditionnelle, passée ou survivante, à la fois sur le plan des techniques, des institutions, de l'organisation spatiale et de la vie sociale, et ce s'agissant aussi bien des périmètres irrigués ou des zones montagneuses que des zones agropastorales. Dans une deuxième partie, les auteurs abordent la question du poids de l'eau dans la volonté actuelle de développement agricole : sont présentes les moyens matériels et institutionnels de la politique hydraulique tunisienne moderne (Protectorat et Indépendance) dont sont analysées par la suite les nombreuses conséquences socio-économiques. Enfin les auteurs essayent aussi de montrer comment l'eau est devenue un enjeu fondamental dans la lutte économique tant entre groupes que classes et états.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

A et P Baduel
Le pouvoir de l'eau dans le Sud-Tunisien.
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°30, 1980. pp. 101-134.
Abstract
The question of water is treated as constraining factor of the spatial and economic organization and as means of present
transformations of the south tumsian society. In a first part is presented the traditional technic and institutional organization of
oasian, mountainous and pastoral zones. In a second part are the material and institutional means of modern tunisian
hydraulic policy, and their numerous consequences. At last the authors try to indicate how the water has become a fondamental
stake in the economic struggle between groups, classes and States.
Résumé
La question de l'eau est ici abordée à la fois en tant que facteur contraignant de l'aménagement spatio-économique et en tant
que levier de transformations actuelles de la société sud-tunisienne. Dans une première partie, les auteurs abordent la question
sociale de l'aménagement hydraulique dans la société traditionnelle, passée ou survivante, à la fois sur le plan des techniques,
des institutions, de l'organisation spatiale et de la vie sociale, et ce s'agissant aussi bien des périmètres irrigués ou des zones
montagneuses que des zones agropastorales. Dans une deuxième partie, les auteurs abordent la question du poids de l'eau
dans la volonté actuelle de développement agricole : sont présentes les moyens matériels et institutionnels de la politique
hydraulique tunisienne moderne (Protectorat et Indépendance) dont sont analysées par la suite les nombreuses conséquences
socio-économiques. Enfin les auteurs essayent aussi de montrer comment l'eau est devenue un enjeu fondamental dans la lutte
économique tant entre groupes que classes et états.
Citer ce document / Cite this document :
Baduel A et P. Le pouvoir de l'eau dans le Sud-Tunisien. In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°30, 1980.
pp. 101-134.
doi : 10.3406/remmm.1980.1891
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1980_num_30_1_1891- \ p(oi
p
LE POUVOIR DE L'EAU DANS LE SUD-TUNISIEN
par A. et P. BADUEL •
L'eau. Les premiers philosophes en faisaient avec la terre, l'air et le feu, un
élément matriciel. Les Egyptiens ont sacralisé le Nil, les Hindous le Gange. L'Islam a
proclamé : « Au moyen de l'eau, nous avons donné la vie à toute chose ». Parmi les
six Modes de Production identifiés par K. Marx comme autant d'étapes du développe
ment de l'humanité, l'un, le Mode de Production Asiatique, est explicitement associé à
l'eau. Aujourd'hui si R. Dumont (1975) prophétise une «disette de l'eau, la plus
redoutable », J. Labasse (1971) de son côté pense que l'eau est « redevenue l'élément
fondamental du progrès économique et social ». Ainsi à travers l'histoire et dans la
conscience des hommes, l'eau joue-t-elle un rôle essentiel. A l'obtenir, la contrôler, la
répartir, les différents partenaires sociaux ou acteurs internationaux ont déployé et
déploient des stratégies plus ou moins savantes. C'est de ce « pouvoir de l'eau » que
nous voudrions traiter à partir du cas Sud-Tunisien : de son « pouvoir » d'hier, avec
son impact sur les structures sociales, à son « pouvoir » actuel, levier de transformat
ions sociales et économiques fondamentales, enjeu décisif dans l'aménagement entre
« classes » sociales et dans les rapports aux pays riverains.
1. - LE POUVOIR DE L'EAU DANS L'ANCIENNE SOCIÉTÉ RURALE
Le type de disponibilité en eau, sa plus ou moins grande accessibilité, sa
quantité, déterminaient, en zone saharienne ou aride, tel ou tel « genre de vie », tel ou
tel type de « sociabilité » iijtimà'). Selon qu'on dispose de ressources en eaux profond
es, d'eaux de surface ou simplement d'eaux de ruissellement, on aura affaire à tel
aménagement social et spatio-économique ou tel autre.
1.1. - Eau et société oasienne
Sources, foggaras et oueds permanents déterminaient, en zone saharienne ou
aride, le « genre de vie » sédentaire de type oasien. Des foggaras appelées localement
(*) Cet article a été écrit dans le cadre de l'activité du CRESM-CNRS d'Aix-en-Provence. A. et P. BADUEL 102
Gafsa Chott en Nouai
GOLFE DE G ABES
-34°- Chl Rhà'rsà"-: '....._• -J I — de Djerba Hazoua Tozeur
'V Nefia ^K \ \.u Chott el Djerid \N
Chenini \ I i \ \ Douirat •• /Tataouine
ALGERIE
0
i I V'Ghadamès \ \ 10»
Carte n° 1 : le Sud-Tunisien
(échelle : 1 11 000 000) ^ LE POUVOIR DE L'EAU DANS LE SUD-TUNISIEN 103
« Khriga », on en rencontrait au Sud du Chott el Djerid dans la Presqu'île de Kebili, de
Ziret Louihichi à Oum Somaa. Le principe consistait à aller capter la nappe phréatique
par un puits, puis à amener par gravitation l'eau jusqu'à l'oasis grâce au creusage de
galeries souterraines continuellement curées. Le système a vécu aujourd'hui, mais
seulement depuis moins de vingt ans.
Beaucoup plus nombreuses étaient les oasis dont l'eau provenait de sources. De
débit plutôt modeste, ces sources alimentaient un bassin dans lequel les eaux étaient
accumulées la nuit pour être ensuite restituées aux irrigants au rythme du « gadous »,
sorte de « sablier à eau » (P. Moreau, 1947) contenant 2,5 litres environ, et se vidant
22 fois par heure au moyen d'un trou pratiqué au fond; l'eau d'une « seguia » (canal)
est dirigée vers un jardin pendant autant de « gadous » qu'en comporte le droit du
propriétaire. Ce système était encore en vigueur récemment à Mansourah-Djedida
(Nefzaoua). Le débit de ces sources ne permettait pas d'exploiter des surfaces considé
rables : en 1947 la source de Ras-el-Aïn (Kebili) ne donnait que 75 litres/ seconde, celle
de Mansourah 100 litres/ seconde, Ain Taouergha 90 litres/ seconde, or un litre/
seconde permet d'irriguer à peine plus d'un hectare (0,8 litre/ seconde/ hectare).
En d'autres régions existaient de véritables oueds permanents permettant
l'exploitation de périmètres plus importants : ainsi de l'Oued El Hamma à partir
duquel est partiellement irriguée l'oasis de Bechima ; ainsi également de l'Oued Gabès
qui donne vie aux oasis de Chenini et de Gabès, et ce jusqu'à une date récente à
l'exclusion de toute autre source d'irrigation. La superficie qu'irrigue l'oued El
Hamma est d'environ 260 hectares, celle qu'irrigue l'oued Gabès est de 900 hectares.
L'irrigation de périmètres aussi vastes devait inévitablement poser des problèmes
considérables. C'est un savant homme, Ibn Chabbat, qui au XIIIe siècle proposa un
modèle d'aménagement de l'irrigation pour l'oued Tozeur qui servit de modèle pour
l'ensemble du Sud Tunisien. Le principe est le suivant : on distingue deux niveaux
dans l'aménagement. Au premier niveau, perpendiculairement au courant de l'oued,
on place un tronc de palmier horizontal (ouvrage aujourd'hui en maçonnerie), ce
tronc est creusé d'autant d'intervalles qu'on veut obtenir de divisions ; au niveau de la
distribution secondaire, on pratique d'autres subdivisions très variables en nombre (du
fait des arrangements entre les différents possesseurs des droits d'eau, à la suite des
ventes, échanges ou héritages). Etant tolérés, les transferts des droits d'eau restent
cependant assujettis à la seguia, si bien que le propriétaire ne peut céder son droit
d'eau qu'aux exploitants dont les jardins sont irrigués par la même seguia que sa
parcelle. Ainsi ne varient point les grandes divisions de l'oued jusqu'à la vingt-et-
unième partie du débit de l'oued, base même de la répartition de l'eau. Ce type
d'organisation des eaux (partage fractionnaire jusqu'au terme de la seguia) toujours en
vigueur à Tozeur, l'est encore partiellement dans l'oasis de Gabès. Ici traditionnell
ement les exploitants arrosent à tour de rôle leur parcelle restituant au barrage du
quartier suivant le surplus de leur quote-part; ces exploitants ne jouissent que d'un
droit d'utilisation sans possibilité de louer ou de faire don de leur tour d'eau à des
tiers. L'oasis est aménagée en terrasse suivant les courbes de niveaux, l'eau s'écoulant
par simple grav

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