Le rendez-vous manqué des radios locales privées : le local imaginaire - article ; n°15 ; vol.3, pg 43-89
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Description

Réseaux - Année 1985 - Volume 3 - Numéro 15 - Pages 43-89
47 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 32
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Anne-Claire Delorme
Le rendez-vous manqué des radios locales privées : le local
imaginaire
In: Réseaux, 1985, volume 3 n°15. pp. 43-89.
Citer ce document / Cite this document :
Delorme Anne-Claire. Le rendez-vous manqué des radios locales privées : le local imaginaire. In: Réseaux, 1985, volume 3
n°15. pp. 43-89.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1985_num_3_15_1196LE RENDEZ-VOUS MANQUE
DES RADIOS LOCALES PRIVÉES
(Le local imaginaire)
Anne-Claire DELORME
Anne-Claire DELORME. - - 45
Car la tendance à la massification joue également contre le local.
Appropriation collective et revitalisation de la société civile locale
apparaissent en effet intimement liés. Hormis certains cas extrêmes, celui
de radio Alice (1) par exemple, la libération de la parole n'a jamais *: té
conçue comme une fin en soi par les premières radios libres ou celles qui
comme Radio Vilaine ont repris le flambeau de la communication sociale.
Le mouvement des premières radios libres a démontré que la localisation
était le moyen de susciter l'expression des individus, condition de 1 'émer
gence du local entendu comme lieu d 'échanges sociaux, de renouvellement
démocratique.
La décentralisation des stations prévue par la loi sur les radios
locales Drivées devait permettre précisément de réaliser cet objectif. Mais
l'étude de l'insertion locale des radios locales privées rennaises qui met
en lumière l'existence de véritables stratégies de contournement du rap-
Drochement émetteur-récepteur, laisse perplexe sur les possibilités de faire
de ces media de véritables instruments de revitalisation du lieu.lQ local
autour duquel "se sont nouées de nombreuses luttes mais également de nom
breux fantasmes sur les vertus démocratiques gu aurait en soi toute forme
de décentralisation" (2) pourrait bien révéler à travers 1 'exemple des
radios locales privées sa véritable nature : celle d'un espace de redéploie
ment des stratégies industrielles.
C'est ce que révèle également un examen de l'information locale
diffusée par les stations rennaises qui, loin de constituer un approfondis
sement de la démocratie locale, contribue à ériger les radios locales
privées en instruments de transformation du local en espace marchand.
I - ETENDUE ET LIMITES DE L'INSERTION LOCALE DES RADIOS PRIVEES
"Le problème des radios locales est que nous ne pouvons brancher
les radios pour avoir des informations au sujet des radios locales qui ne
sont pas situées dans la région où nous vivons.
(1) Radio Alice, Radio libre italienne se proposait de rompre avec "la dic
tature du signifié". Des objectifs oui ont fait -du discours de la radio
un véritable manifeste surréaliste.
(2) Armand MATTELART "La communication dans la France du 10 mai" déjà cité
P AI - - 46
Voici donc une nouveauté absolue dans le domaine des communications
dans la mesure où ce medium au lieu de créer un canal d'identification et
de contact constitue un canal de division" .
Cette réflexion d'Umberto ECO (1) à propos de la situation italien
ne pourrait s'appliquer aux radios locales privées françaises auxquelles
un rayon d'émission limité (30 kms) et l'obligation de diffuser des program
mes originaux (2) sont censés conférer un caractère essentiellement local.
Or si les radios associatives revendiquent, théorisent même leur
dimension d'instrument au service de la revitalisation de la vie locale,
les radios professionnelles, en revanche, s'accomodent mal d'une situation
contraire à leurs objectifs commerciaux.
C'est la raison pour laquelle elles constituent un marché pr
ivilégié pour les marchands de programmes et la presse écrite qui créent
des réseaux dont l'existence vient limiter l'enracinement local des
stations.
Les premières radios libres avaient démontré le caractère déter
minant de l'enracinement local pour le développement de stratégies d'appro
priation collective du medium. Moyen de susciter la parole, la limitation
de l'aire de diffusion apparaissait de ce fait susosptible de contribuer
à la revitalisation de la société civile locale. C'est ce aue notent
Michel de CERTEAU et Luce GIARD (3) à propos de Lorraine Coeur d'Acier
"En fait le développement des media et des télécommunications permet
de reconnaître une autre nature au local que celle d'être le point ter
minal de réception d'un influx venu du centre et élaboré par ses soins.
L'aventure des radios libres et déjà explicite : elles ont su redonner
forme et expression à la fragmentation des terroirs, à la différenciation
des publics, à la diversité des usages et des "dialectes" .
(1) Problèmes audiovisuels n° 16 "La marmelade radiophonique" Umberto ECO.
(2) En vertu de la loi, 80 % de la durée des émissions des stations doit
être consacrée à des programmes originaux.
(3) "L'ordinaire de la communication" Rapport sur "les contenus et outils
de communication" pour le Ministère de la Culture. - - 47
Tel était l'objectif de la Fédération Bretonne des Radios locales
et de pays dont les principes mis en oeuvre par Radio Vilaine^s 'inscrivaient
dans une théorie originale de "l'objet local".
Une conception oui est loin d'être partagée par les radios
professionnelles pour lesquelles l'enracinement local, en dépit des discours,
s'analyse avant tout comme une contrainte.
1) - Çe9enser_le_local_2_le_projet_de_la_Fédération_Bretonne_des
Axé sur la nécessité de revitaliser la culture et l'expression lo
cales, le projet de la Fédération Bretonne des radios locales et de pays
pourrait être jugé, de prime abord comme quelque peu archaïque. Le "pays"
dont les limites géographiques recouvrent celles de l'arrondissement
est un concept économioue, historique dont l'ambiguité, l'imprécision
ont été accrues par l'utilisation du vocable à des fins idéologiques.
Cependant comme le remarque Nicole MATTHIEU, "Pays renvoie à territoire,
à terre et à terroir, à racine et à mémoire, à patrimoine. Il s'oppose
donc à mobilité, à réseau et à monde, à échange, à circulation et même
à capital1'. Connotations qui étaient effectivement celles du fameux
slogan "Vivre et travailler au pays". (1)
Mais le projet de la Fédération Bretonne des radios locales
et de pays ne se limite pas à une défense exacerbée du folklore local.
Il développe également une théorie de l'objet local oui; illustrée en parti-
lier par Radio Vil ai ne, rompt avec une conception dominante du local comme
espace résiduel du centre l'analysant comme un lieu traversé de conflits,
irrigué par des cultures diverses, un espace auquel il convient de conférer
une identité afin de conforter ce qui fait sa spécif ité : son existence
comme lieu du "vivre ensemble".
Créée par des associations de défense de la langue et de la
culture bretonnes (2) soucieuses de coordonner leur action, la Fédération
Bretonne des radios locales et de pays dont la charte, nous l'avons vu est
axée autour de la notion d'appropriation collective, est partie d'un constat
l'absence d'accès des zones rurales aux media.
(1) "Les riches heures de la notion de pays" Nicole MATTHIEU. "Le local dans
tous ses états" mars 1983 p 27.
(2)tion ARCOB des pays, (Atelier federation Régional de de pays. Communication DASTUM association Bretonne) de Association promotion de de Ta oromo, cul
ture orale bretonne. - - 48
Le développement de projets de radio apparaissait comme un
moyen privilégié de renverser cette situation (1). "Seules des radios
locales, véritables outils de diffusion orale peuvent être le moyen d'une
réelle revitalisation pour les "pays" concernés" . Ce projet d'expression
des langues et cultures locales a été illustré à Rennes par Radio Vilaine
dont l'association fondatrice le CRI (Collectif Rennais d'Information)
regroupait quelques organismes de promotion de la culture bretonne :
Breizh Quebec, association solidarité Occitanie Bretagne, et SKOÙ an
Emsav qui diffusait chaque semaine une émission bilingue.
Parallè

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