Le thème comme synecdoque - article ; n°1 ; vol.78, pg 9-25
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Description

Langue française - Année 1988 - Volume 78 - Numéro 1 - Pages 9-25
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Pierre Cadiot
Le thème comme synecdoque
In: Langue française. N°78, 1988. pp. 9-25.
Citer ce document / Cite this document :
Cadiot Pierre. Le thème comme synecdoque. In: Langue française. N°78, 1988. pp. 9-25.
doi : 10.3406/lfr.1988.4741
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1988_num_78_1_4741Pierre Cadiot (Paris-VIII)
LE THÈME COMME SYNECDOQUE
1. L'activité ordinaire de parole requiert deux conditions complément
aires en termes de production, mais tendanciellement contradictoires
en termes d'interprétation :
(i) Pour parler, il faut quelque chose comme une amorce, un ancrage :
ce que le locuteur en parlant se doit de représenter comme un acquis
pour lui, tout en conjecturant peu ou prou que c'est aussi le cas de son
auditeur. Qu'il s'agisse d'un segment de discours présumé prédictible
dans la situation d'énonciation, présent à la conscience de l'auditeur ou
pas trop loin de cette même conscience, ou qu'il s'agisse d'un donné
n'ayant pas d'existence linguistique, mais présent en toile de fond dans
la situation, l'important est une propriété négative : ce n'est pas l'objet
de la négociation verbale en cours.
(ii) Pour saisir cette occasion, il faut que ce que le locuteur dit, son
propos, se distingue de ce qui est ainsi considéré comme déjà dit ou déjà
là.
Il faut à la fois donc s'ancrer dans le préalable, qui fournira en
principe la matière du thème, et s'en dégager; s'appuyer sur quelque
chose qui n'a plus à être dit pour — à cette occasion — dire du neuf.
Cette description banale permet de définir une zone relative de
possibilité pour la parole et je voudrais montrer qu'on doit s'en tenir à
un tel point de vue pour tenter de rendre compte de divers phénomènes
linguistiques apparemment hétéroclites.
Une conséquence immédiate est en effet que, si l'on admet par
hypothèse l'existence d'une coupure de type thème/rhème, il est probable
que les cas où s'observent entre les contenus référés de ces deux versants
des énoncés effectifs des recouvrements seront aussi fréquents (voire
beaucoup plus) que ceux où la complémentarité d'organisation thème/
rhème se traduit par une stricte des contenus référés.
Ainsi les cas standards (du type Pierre aime Marie, qui semblent décrits
directement par la séquence de constituants N" V") sont-ils appelés — si l'on prétend décrire les usages — à faire figure d'exceptions, artificielles
pour une bonne part (infra).
Une donnée élémentaire du français illustre ce qui précède. La
phrase canonique (1) assure une projection univoque sur l'organisation
discursive — communicationnelle (thème/rhème : Pierre aime Marié) ;
mais chacun sait que ce n'est pas comme ça que l'on parle et que les
structures à détachement sont, à l'oral surtout, les plus fréquentes.
Nécessaire là où le sujet grammatical (phrastique) ne correspond
pas au thème (discursif) (2), le détachement est aussi très fréquent là où
il n'est pas fonctionnellement nécessaire (3) :
(1) Pierre aime Marie
(2) Marie, Pierre l'aime
(3) Pierre, il aime Marie
Mon intention n'est pas de parler des détachements de ce type
(Fradin, ce numéro), mais seulement d'observer que la présence d'un
pronom de rappel doit être considérée comme une manifestation él
émentaire de la caractéristique de base de l'activité de parole dont je suis
parti. En (2)-(3), la présence dans le rhème d'un pronom en relation
d'anaphore avec le nom détaché correspond au nécessaire recouvrement
des contenus des deux versants de l'organisation discursive — communi
cationnelle. Avec les notions d'anaphore (et aussi de coréférence), on
a pris l'habitude de décrire les effets de ce principe de
sans se poser sérieusement la question des valeurs référentielles des
catégories lexicales ou grammaticales concernées. Je voudrais montrer
que ce principe peut avoir des effets moins visibles, qu'on n'aperçoit qu'à
condition de prendre en compte le potentiel référentiel des éléments
lexicaux concernés.
En général, en effet, la relation d'anaphore pronominale est conçue
sous identité. En reconnaître la présence dans un énoncé revient le plus
souvent à soutenir que c'est le même objet ou segment du monde à quoi
l'on réfère avec les deux expressions reliées. Rappelons néanmoins qu'il
existe à ceci des exceptions notables (le partitif ou encore les phénomènes
de reprise pronominale où l'anaphore porte sur un rôle, et non sur une
valeur de ce rôle, etc.).
Les exemples (2) et (3) ne remettent pas en cause ce principe : il
s'agit de discours suffisamment resserrés pour qu'on admette que le
pronom et le nom détaché ont la même référence actuelle (Milner,
1982 :10). Il est cependant nécessaire de compléter cette remarque par
une autre : le nom détaché et le pronom de rappel se distinguent en ce
qu'ils sont le terme d'un jugement différent (jugement thétique, pour le
premier, catégorique pour le second; cf. en particulier Kuroda (1973)).
La caractéristique énonciative de base des structures détachées est celle
d'un décumul fonctionnel entre les deux expressions anaphorisante et
anaphorisée. Le nom détaché sert à poser pour le discours un objet, ou
mieux à le faire émerger en qualité de butée, d'amorce pour une énon-
10 ciation (jugement thétique) et le pronom de rappel coréférentiel est l'a
rgument d'une prédication (jugement catégorique). Pour mettre en forme
ces observations, je propose les deux schémas suivants :
Pour (1) :
(a) N" (Pierre) V" (aime Marie)
Pour (3) :
(P) 3 (■-) x Pierre (x) & aimer (x, Marie)
De telles représentations relèvent de deux parties différentes de la gram
maire et il est probable que toutes deux sont pertinentes aussi bien pour
(1) que pour (3). Une représentation de type ф) semble en effet néces
sairement impliquée dans l'interprétation sémantique de (1), mais elle
n'est pas nécessairement instanciée sur les mêmes expressions (valeurs)
lexicales. C'est ce que signifie le recours à la notion de décumul pour
caractériser les détachements. J'admets d'autre part que la présence dans
(|3) du quantificateur existentiel n'est qu'une traduction de l'effet de
mobilisation d'un argument, effet caractéristique selon moi du jugement
thétique.
Le membre gauche de la représentation ф) correspond au Le schéma ((3), donc le détachement, n'est pas en cause lorsque
le sujet est un N" indéfini, un pronom personnel clitique, un pronom
quantificateur ou encore un pronom interrogatif :
(4) a. *(Un soldat + il), il aime Marie
b. *(Quelqu'un + aucun d'entre eux + personne), il aime Marie
с *Qui, il aime Marie?
Dans ces exemples, il n'y a pas (dé)cumul : il n'y a pas de sous-partie
specifiable comme correspondant à l'effectuation d'un jugement thétique
simplement parce que, prenant pour arguments des expressions qui ne
renvoient pas à un réfèrent autonome, les jugements catégoriques s'e
ffectuent directement sans avoir à se soumettre au préalable (thétique)
qui consiste à mobiliser (ou convoquer) un particulier (« référentiel »).
2.1. Il existe un premier ensemble de structures syntaxiques où la coré-
férence entre deux expressions en relation d'anaphore n'a pas lieu, comme
dans l'exemple précédent, sous identité référentielle : celles qui concernent
les parties du corps \ Dans les exemples qui suivent, les lacunes distri-
butionnelles reflètent cette évidence que les références des deux expres
sions reliées ne sont, ni dans la réalité ni conceptuellement, disjointes
et que donc l'organisation syntaxique n'est pas isomorphe des propriétés
lexicales des items concernés :
Beaucoup des exemples de ce travail sont repris de fiches-textes du TLF. Je remercie TURL 1 de
l'INALF de m 'avoir procuré ces documents.
1. Cf. en particulier Coupas (1985) et Larsson (1979).
11 a. Paul m'a tendu la (?sa + ??une) main (5)
b.a mal au dos (?

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