Le « totalitarisme » à l épreuve de la résistance civile (1939-1989) - article ; n°1 ; vol.39, pg 79-90
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Le « totalitarisme » à l'épreuve de la résistance civile (1939-1989) - article ; n°1 ; vol.39, pg 79-90

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Description

Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1993 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 79-90
Totalitarianism challenged by civil resistance (1939-1989), Jacques Sémelin.
Totalitarianism, anti-totalitarian revolutions, refusal of oppression, dissidence : the century's swing of the pendulum in the east in 1989 forces us to revisit these terms and concepts, from 1939 to 1980 via 1956. The author undertakes this reflection by basing his work on the notion of civil resistance of which he is the best advocate in France.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Sémelin
Le « totalitarisme » à l'épreuve de la résistance civile (1939-
1989)
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°39, juillet-septembre 1993. pp. 79-90.
Abstract
"Totalitarianism" challenged by civil resistance (1939-1989), Jacques Sémelin.
"Totalitarianism", "anti-totalitarian revolutions", refusal of oppression, dissidence : the century's swing of the pendulum in "the
east" in 1989 forces us to revisit these terms and concepts, from 1939 to 1980 via 1956. The author undertakes this reflection by
basing his work on the notion of "civil resistance" of which he is the best advocate in France.
Citer ce document / Cite this document :
Sémelin Jacques. Le « totalitarisme » à l'épreuve de la résistance civile (1939-1989). In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire.
N°39, juillet-septembre 1993. pp. 79-90.
doi : 10.3406/xxs.1993.2721
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1993_num_39_1_2721ENJEUX
LE «TOTALITARISME» À L'ÉPREUVE
DE LA RÉSISTANCE CIVILE (1939-1989)
Jacques Sémelin
« On ne saurait accepter l'idée que le cours
meurtrier de l'histoire est irrémédiable et
que l'esprit confiant en lui-même ne peut
influer sur la force la plus puissante du
monde. L'expérience des dernières géné
rations me convainc pleinement que seule
l'inflexibilité de l'esprit humain, ferme
ment dressé sur le fond mouvant des vio
lences, et prêt au sacrifice et à la mort,
en proclamant "pas un pas de plus", seule
cette inflexibilité de l'esprit assure la véri
table défense de la paix de l'individu, de
la paix de tous et de toute l'humanité. »
Alexandre Soljénitsyne
dé-fataliser le passé et de ré-ouvrir les «Totalitarisme», «révolutions anti
options qui avaient été celles des hommes totalitaires», «refus de l'oppression»,
«dissidence», « résistance civile »: autant d'autrefois» (Ricceur, 1992)*. Si 1989 est
de termes, anciens ou nouveaux, que bel et bien l'une des années-charnières
la bascule du siècle à «l'Est» en 1989 du siècle, ce travail de ré-écriture suppose
nous oblige à revisiter, de 1939 à 1980, en premier lieu l'interprétation en profon
en passant par 1956. Jacques Sémelin deur de ces modes d'opposition collective
entreprend ici cet indispensable travail pacifique qui ont précipité la chute des
de réflexion. régimes communistes de l'Europe centrale
et surpris les observateurs par leur
ampleur, leur originalité et leur étrangeté. Les événements de 1989 en Europe
François Furet a souligné le caractère centrale obligent à repenser l'histoire
énigmatique de ces révolutions qui n'ont du 20e siècle. Comme l'a noté Paul
pas fait couler de sang, si ce n'est en Rou- Ricceur, «l'historien du temps présent est
bien placé pour ré-écrire ce qui a été mal
écrit; ce qui paraît possible après 1989. • Les références entre parenthèses renvoient à la biblio
graphie, en fin d'article. À cet égard, la tâche de l'historien est de
79 ENJEUX
manie: «La sortie du communisme pro la question à revers, ne pas essayer de
mettait d'être accompagnée de terribles montrer ce qu'il y a pu avoir de commun
affrontements, et elle s'est faite dans la ou de constant dans le développement
paix civile ... La "révolution de velours" des pratiques résistantes au totalitarisme?
à Prague ou la transition démocratique à C'est l'ambition de ce propos: tenter de
Budapest ont inauguré de nouveaux penser la résistance civile contre les rég
modes de changement radical de régime» imes «totalitaires» de 1939 à 1989. Il s'agit
d'interpréter la résistance civile dans une (Furet, 1990, p. 174).
Comment comprendre la nouveauté de certaine continuité historique, démarche
d'autant plus justifiée pour les pays étutels procédés, sinon en commençant par
s'appuyer sur l'histoire pour y découvrir diés ici (Pologne, Hongrie, Tchécoslovaq
qu'ils ne sont pas si nouveaux, qu'ils par uie) que ceux-ci sont, pour ainsi dire,
ticipent d'une maturation historique qui passés d'une occupation à l'autre. Ainsi,
en révèle mieux la genèse? Il s'agit bien se seraient lentement accumulées et fo
entendu d'analyser les événements de rmées une expérience et une tradition
1989 à la lumière des grandes crises socia résistantes, appelées toutefois à évoluer
les et politiques qui ont secoué l'Europe dans leurs formes et leurs objectifs.
du centre-est depuis 1956, ces «révolu
O DÉFINITION ET COMPARAISON tions antitotalitaires », comme l'écrivait
Raymond Aron après l'insurrection hon Nous définissons la résistance civile
groise (Aron, 1957). Il peut être également comme la résistance de la société
judicieux de remonter un peu plus cette et/ou de l'État par des moyens politiques,
trajectoire historique pour prendre en juridiques, économiques ou culturels. Cet
compte certains des aspects non armés de énoncé appelle plusieurs remarques et
la résistance européenne contre le développements discutés ailleurs (Sémel
nazisme, comme j'ai tenté de l'examiner in, 1993). On se bornera ici à justifier
dans mon essai Sans armes face à Hitler l'emploi du qualificatif de «civile». Pour
(Sémelin, 1989). Ce livre propose à cette quoi parler d'une résistance dite «civile»?
fin la notion de «résistance civile», et fait Cet adjectif risque en effet d'entretenir une
l'examen comparé d'une quarantaine de ambiguïté puisque des civils peuvent être
luttes sans armes apparues au sein de impliqués dans la lutte armée, comme
l'Europe allemande. Cet article est le pro aujourd'hui dans le conflit yougoslave.
longement de cette recherche, dans la Mais d'autres termes permettent de décrire
mesure où le concept de résistance civile de tels phénomènes, qu'on les appelle
offre un outil d'interprétation fécond pour «guérilla», «combat paramilitaire» ou
comprendre la montée des oppositions au «terrorisme», etc. Par résistance civile, on
sein de l'Europe sous domination sovié désigne exclusivement les modes d'oppos
tique. ition non armée. En ce sens, le qualificatif
Or une telle analyse rétrospective des «civile» renvoie à deux significations
procédés de résistance contre les régimes complémentaires l'une de l'autre. «Civile»
dits «totalitaires» doit se faire en référence doit se comprendre comme «ce qui n'est
aux recherches qui ont porté sur ces der pas militaire», selon une distinction per
niers. Plusieurs auteurs, à commencer par tinente dans de nombreuses langues. C'est
Hannah Arendt (Arendt, 1951), ont avancé donc l'aspect pacifique de la résistance
la notion de «totalitarisme» pour interpré qui est souligné; des militaires peuvent
ter ce qui leur semblait commun aux rég donc pratiquer la résistance civile, dès lors
imes politiques de l'Allemagne nazie et de qu'ils renoncent à faire usage de leurs
l'Union Soviétique. Pourquoi, en prenant armes. «Civile» renvoie aussi à la notion
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de « citoyen » et de « citoyenneté », évoquant mènes résistants antinazis puis anticom
un engagement en faveur de la commun munistes. Par exemple, la participation
auté pour l'avènement ou la restauration des civils à la lutte armée contre l'occupant
de la démocratie. L'adjectif «civile» est allemand fut un fait marquant de la seconde
d'ailleurs encore lié à «civisme», dans le guerre mondiale. Bien que le combat anti
sens d'une lutte pour l'intérêt général, nazi ait eu une composante non armée
quitte à payer de sa personne. importante, sa finalité était d'atteindre des
Comment appliquer cette notion aux objectifs militaires ou para-militaires. Tel
formes d'opposition au nazisme et au ne fut pas le cas de la résistance des socié
communisme? De nombreux éléments tés est-européennes à l'ordre soviétique,
séparent les deux pé

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