Le vitalisme et la chimie organique pendant la première moitié du XIXème siècle. - article ; n°1 ; vol.3, pg 32-66
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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1950 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 32-66
35 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1950
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

M Jean Jacques
Le vitalisme et la chimie organique pendant la première moitié
du XIXème siècle.
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1950, Tome 3 n°1. pp. 32-66.
Citer ce document / Cite this document :
Jacques Jean. Le vitalisme et la chimie organique pendant la première moitié du XIXème siècle. In: Revue d'histoire des
sciences et de leurs applications. 1950, Tome 3 n°1. pp. 32-66.
doi : 10.3406/rhs.1950.2769
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1950_num_3_1_2769vitalisme et la chimie organique Le
pendant la première moitié du XIXe siècle
Introduction
une pensée « La question vérité humaine objective pratique. théorique peut de savoir aboutir n'est » mais si pas la à
Jean-Jacques Rousseau, assistant à un cours de chimie chez
Rouelle, disait qu'il ne croirait à l'analyse de la farine que lorsqu'il
verrait les chimistes en refaire. C'est d'un esprit semblable, quoi-
qu'avec plus de raffinements, que procède aujourd'hui la chimie
organique tout entière : dans le domaine de sa compétence, la
connaissance n'est achevée que si elle est confirmée sur le double
plan de l'analyse et de la synthèse.
Le mot synthèse possède ici son sens étymologique et désigne
l'ensemble des opérations qui aboutissent à la reconstruction d'un
tout à partir de ses éléments : la connaissance de ces éléments en
sera donc le préliminaire obligé.
« La première difficulté que Von rencontre dans le traitement des
matières organiques est l'impossibilité dans laquelle on se trouve de
distinguer si la substance que l'on veut examiner est soit une combi
naison, soit un simple mélange de deux matières organiques... (1). »
La première tâche de l'analyse est en effet l'obtention du corps
pur. Cette notion très compliquée, malgré les apparences, et qui
impose avant tout la distinction entre mélange et combinaison,
exige en particulier une définition précise de ce dernier terme. Or,
ce concept n'est apparu qu'avec Proust, dont les idées ne purent
être définitivement admises qu'après une polémique de six ans avec
Berthollet, et encore ne furent-elles pendant longtemps considérées
comme valables que pour la seule chimie minérale. C'est ainsi que
Berzélius semble croire encore vers 1835 que la loi des proportions
(1) Berzélius. Traité de Chimie. Traduction Esslinger, 1831, t. 5, p. 14. LE VITALISME ET LA CHIMIE ORGANIQUE 33
définies ne peut pas s'appliquer aux composés élaborés par la
nature vivante (1).
« La propriété de cristalliser régulièrement ou de former des combi
naisons cristallisables » et « de se volatiliser à terme fixe » (2) n'a été
utilisée que très tard pour la caractérisation d'un composé orga
nique. Ce n'est, en effet, qu'en 1832 que Liebig eut le premier l'idée
d'utiliser le point de fusion d'un corps comme critère de pureté.
On conçoit dès lors que l'analyse proprement dite ait rencontré
pendant longtemps des difficultés presque insurmontables, puis
qu'elle ne savait pas exactement l'objet auquel elle devait s'ap
pliquer.
L'analyse qualitative (qui n'établit aucun rapport pondérai
entre les composants de la substance donnée) avait su de bonne
heure serrer de près la réalité. Lavoisier croyait déjà que les combi
naisons tirées des végétaux se composent de carbone, d'hydrogène
et d'oxygène ; Berthollet avait, d'autre part, mis en évidence la
présence d'azote dans les substances d'origine animale. On reconnut
enfin assez rapidement que tous les éléments peuvent entrer dans
les matières organiques mais que le carbone n'y fait jamais défaut.
L'analyse quantitative, au contraire, était loin d'être compara
tivement aussi avancée, et bien qu'elle utilisât depuis un certain
temps déjà des méthodes approximatives, mais délicates, il faut
attendre jusqu'en 1830 pour voir Liebig donner aux procédés analy
tiques la forme qu'ils ont encore aujourd'hui.
Mais supposons la plupart des problèmes de l'analyse résolus
(ils le sont, en gros, vers 1835), notre expérience actuelle nous
prévient de toutes les difficultés qu'il nous reste encore à résoudre
avant de songer à entreprendre la reconstruction d'un corps à
partir de ses éléments. Une seconde difficulté capitale proviendra de
l'existence de la dissymétrie moléculaire. Supposons que nous ayions
trouvé une formule telle que C20 H42 0, et que par ailleurs nous
sachions que c'est un alcool, la théorie nous enseigne qu'il peut
exister 82.299.275 corps ayant cette formule, dont 82.287.516 possé
dant le pouvoir rotatoire (3).
Si l'on ajoute que la synthèse « préméditée » d'un composé
organique ne peut se faire qu'à la lumière de théories chimiques
(1) Berzélius. Théorie des proportions chimiques, 2e éd., 1835, p. 17.
(2) J.-B. Dumas. Traité de Chimie appliquée aux arts. Bechet, 1835, t. 5, liv. 8, p. 1.
(3) Delépine. « La synthèse en chimie organique. » Scieniia, 1938, p. 277.
T. III. — 1950 3 34 REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES
déjà fortement constituées, on s'expliquera facilement l'impossib
ilité devant laquelle fut longtemps la science de reproduire aucune
substance élaborée par la matière vivante.
Ce sont les répercussions de cette impuissance — qui nous
paraît aujourd'hui si naturelle — sur l'esprit des chimistes aux
débuts de la chimie organique, que nous voudrions étudier ici.
A une époque où le concept de synthèse, tel que nous le possé
dons aujourd'hui, n'avait encore qu'une signification très vague, le
problème consista d'abord pour le chimiste dans la reproduction
artificielle du composé organique. Reproduction artificielle par tous
les moyens : méthodes de synthèse proprement dites, ou de dégra
dations (par exemple, obtention de l'acide oxalique à partir des
sucres). Un progrès sur cette opération est marqué parla réalisation
de synthèses partielles, par exemple : synthèses des graisses par
Berthelot à partir de la glycérine et des acides gras. Par synthèse
totale on entendra la reconstitution à partir des éléments eux-mêmes.
C'est à cette synthèse totale, ou sous une forme un peu restreinte,
à l'augmentation du nombre de carbones d'une molécule donnée,
que se heurtèrent pendant un certain temps les chercheurs. C'est à
cet insuccès qu'on attachait une certaine importance théorique.
De vieilles habitudes théologiques et métaphysiques semblent
en effet, si nous en croyons Comte (leur « esprit fondamental
consistant essentiellement à concevoir tous les phénomènes quel
conques comme analogues à celui de la vie, le seul connu par un
sentiment immédiat ») avoir amené les chimistes à se demander à
ce propos — puisque la synthèse était réalisable en chimie minérale
et impossible en chimie organique — si les forces qui présidaient à
l'élaboration des composés organiques étaient des forces molé
culaires ordinaires, autrement dit si la nature des matériaux fournis
par les plantes et les animaux était la même que celle de la matière
inerte. Un certain nombre d'entre eux répondaient par la négative.
Certains chimistes du début du xixe siècle, gagnés par la conta
gion d'idées très communes dans le domaine de la physiologie en
étaient venus à expliquer cette impuissance en faisant appel « aux
forces vitales » parfois même confondues avec les forces d'organisa
tion des médecins de l'époque, indispensables à l'élaboration des
matériaux que l'on trouve chez les êtres vivants.
En réalité, l'unanimité vitaliste chez les chimistes d'avant 1855,
telle qu'on l'a si souvent décrite, ne doit pas être admise sans res
triction. Il existe une légende extrêmement tenace et que les LE VITALISME ET LA CHIMIE ORGANIQUE 35
manuels répètent complaisamment, suivant laquelle, au seul nom
de Berthelot, les fumées de l'obscurantisme se seraient brusquement
dissipées. Cependant dès le début du si&#

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