Les arts libéraux du Puy et la décoration des bibliothèques à la fin du Moyen Âge - article ; n°2 ; vol.102, pg 150-170
22 pages
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1958 - Volume 102 - Numéro 2 - Pages 150-170
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1958
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur André Masson
Les arts libéraux du Puy et la décoration des bibliothèques à la
fin du Moyen Âge
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 102e année, N. 2, 1958. pp. 150-
170.
Citer ce document / Cite this document :
Masson André. Les arts libéraux du Puy et la décoration des bibliothèques à la fin du Moyen Âge. In: Comptes-rendus des
séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 102e année, N. 2, 1958. pp. 150-170.
doi : 10.3406/crai.1958.10880
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1958_num_102_2_10880150 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
les techniques rigoureuses qui s'imposaient d'autant plus qu'il s'agit
d'un gîte archéologique unique, touchant de près à nos origines
nationales.
Puisse, du moins, l'erreur commise servir de leçon pour l'avenir.
M. André Piganiol, directeur de la Circonscription archéologique,
déclare qu'il n'a été mis au courant que très tard des travaux dé
Saint-Denis et reconnaît que les fouilles ont été engagées de façon
maladroite.
M. Mario Roques estime que l'Académie devrait faire connaître
son avis à ce sujet, tant au Service des Monuments historiques qu'à
la Préfecture de la Seine. L'Académie doit en effet rappeler que les
fouilles pratiquées en France doivent être menées conjointement
par les archéologues et les architectes.
SÉANCE DU 16 MAI
PRESIDENCE DE M. LOUIS RENOU
Le Président annonce à l'Académie le décès, survenu le 4 mai
1958, de notre correspondant à Tûbingen, M. Enno Littmann.
L'éloge funèbre du défunt sera prononcé à une séance ultérieure.
L'Académie décide de fixer ainsi qu'il suit les dates pour l'élection
d'un académicien libre, non résidant, en remplacement de M^1 Au
guste Diès, décédé : exposé des titres le 20 juin, élection le 27 juin.
M. André Masson entretient l'Académie de la bibliothèque capi-
tulaire du Puy et de ses peintures murales.
COMMUNICATION
LES ARTS LIBÉRAUX DU PUY
ET LA DÉCORATION DES BIBLIOTHÈQUES A LA FIN SU MOYEN AGE*
PAR M. ANDRÉ MASSON.
La fresque des Arts libéraux, qui orne l'ancienne bibliothèque
capitulaire du Puy, doit prochainement entrer, en copie, au Musée
des Monuments français et le vénérable édifice qui la contient,
outragé au siècle dernier, retrouvera bientôt sa dignité grâce aux
soins éclairés des Monuments historiques.
Abandonnant à des spécialistes plus qualifiés les questions d'esthé
tique, je m'attacherai exclusivement à la destination de cette œuvre
qui en éclaire la signification et qui permet, peut-être, de reconstituer LES ARTS LIBÉRAUX DU PUY 151
l'ensemble d'une décoration, dont le morceau conservé aujourd'hui
ne représente qu'un fragment.
La fresque des Arts libéraux du Puy a été exécutée à la fin du
xve siècle pour orner une bibliothèque. C'est donc à des comparai
sons avec la décoration peinte de bibliothèques de la même époque
que nous devons avoir recours pour en pénétrer le sens. Ce point
de vue semble avoir échappé à la plupart de ceux qui l'ont étudiée.
D'éminents historiens d'art l'ont située dans la « Salle capitulaire ».
D'autres, tout en la plaçant, comme il convient, dans la bibliothèque,
n'ont tiré de ce fait aucune déduction particulière.
Cette fresque a été mise au jour le 23 septembre 1850, au cours
d'une tournée de Prosper Mérimée, Inspecteur général des Monuments
historiques. L'architecte chargé des restaurations de la cathédrale,
Mallay, ayant découvert quelques vestiges de peinture, lui avait
réservé le privilège de procéder lui-même au décapage de la muraille.
Prosper Mérimée, dans le rapport au Ministre qu'il rédigea sur
place, dans le feu de la découverte, raconte comment, « armé d'un
racloir en bois », après avoir « aspergé d'eau chaude la muraille »
il vit apparaître sous le badigeon boursouflé, « comme par enchan
tement, une tête de femme d'une rare beauté, mais qui n'avait
nullement l'air d'une sainte », puis d'autres personnages, et enfin
des banderoles dont le déchiffrement donna la clef du sujet.
« La première figure, à la gauche du spectateur, précise le rapport
de Mérimée, est la Grammaire (fig. 1), qui fait réciter une leçon à
deux charmants enfants debout à ses pieds (fig. 2). A sa droite et
un peu plus loin, on voit un personnage vêtu d'une longue robe rouge
fourrée de martre, la tête couverte d'un bonnet noir ; il écrit sur
un livre placé sur ses genoux. Son nom est tracé en dessous, c'est
Priscien. On lit sur une banderole à ses pieds* la légende suivante
qui est en vers léonins très richement rimes :
Quidquid agant artes, ego semper praedico partes.
« A la gauche de la Grammaire, la Logique est assise sur une chaise
curieusement sculptée dans le goût de la Renaissance, ayant à ses
pieds Aristote, en bbnnet pointu, robe de brocart doublée d'hermine,
dans l'attitude d'un homme qui argumente. La Logique tient dans
sa main droite un lézard et dans sa gauche un scorpion. Les deux
reptiles se battent à outrance, tandis que la Logique les contemple
en souriant. Je suppose que le peintre, mauvais plaisant, a prétendu
par le combat de ces deux animaux immondes symboliser les dis
putes scolastiques ou autres de son temps. La légende est d'ailleurs
fort à la louange de la Logique. Je doute que l'artiste l'ait composée :
Me Sine, dodores frustra coluere sorores.
1958 11 COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 152
« Vient ensuite la Rhétorique, un livre à la main (fig. 3), car au
xvie siècle, on ne connaissait pas encore les génies incultes et sans
art, comme on en a vu depuis. Auprès d'elle est Cicéron, assis sur
un escabeau, coiffé d'une espèce de turban rouge, et vêtu d'une
ample robe olive, doublée de vair. Il paraît méditer sur un gros
volume ouvert entre ses mains. Voici la légende qui accompagne
ce troisième groupe :
Est mihi dicenti ratio, cum flore loquendi.
« La Musique, avec Tubal, occupe le côté droit du tableau. Elle
tient un orgue sur ses genoux, tandis que Tubal est assis devant une
enclume, ayant un marteau dans chaque main. Son costume, qui se
compose d'une barrette bleue et d'une robe rouge fourrée, ouverte
aux manches, est un peu incommode pour un forgeron. La légende est :
Inuenere locum per me modulamina vocum.
Fort exact en ce qui concerne le thème iconographique, le rapport
de Mérimée est singulièrement vague et imprécis sur le lieu de la
découverte. Il parle seulement d'une « salle du xme siècle, dépendant
de la cathédrale », et d'une « grande arcade en ogive ».
C'est l'archiviste départemental, Aymard1, qui fit la lumière sur
la question si importante du local où la fresque avait été découverte.
Il cite une série de textes tout à fait concluants. Cette salle, dit-il
en substance, est celle où l'on a installé la nouvelle sacristie, préc
édemment « Chapelle des Saintes Reliques ». Or la chronique de Jac-
mon précise qu'en 16422 les reliques de l'église Notre-Dame furent
transférées dans la bibliothèque du chapitre. Une chronique plus
ancienne, celle d'Etienne de Médicis3, nous apprend qu'au mois de
mars 1502 fut enseveli dans le cloître de Notre-Dame Pierre Odin,
chanoine de la cathédrale qui « fit faire la librairie de la dite église,
la peindre et estaufîer ainsi qu'est présentement »4.
La cathédrale du Puy a conservé, mieux que la plupart de nos
cathédrales françaises, sinon la totalité, du moins la majeure partie
des bâtiments qui entouraient le cloître. La bibliothèque occupait,
contre la galerie occidentale du cloître, le rez-de-chaussée d'une
construction massive dont les parties basses remontent à l'époque
1. Annales de la Société d'Agriculture du Puy, tome XV, 2e semestre 1850, p. 561 à
600.
2. En même

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