Les banques américaines et la baisse des taux d intérêt - article ; n°1 ; vol.48, pg 131-150
23 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les banques américaines et la baisse des taux d'intérêt - article ; n°1 ; vol.48, pg 131-150

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
23 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue de l'OFCE - Année 1994 - Volume 48 - Numéro 1 - Pages 131-150
Faut-il s'attendre à ce que la baisse des taux d'intérêt observée en Europe depuis plusieurs mois se répercute intégralement dans l'allégement du coût des crédits bancaires et stimule ainsi la croissance du crédit qui favoriserait la reprise des dépenses d'investissement des entreprises et de logement et de consommation des ménages ? Les Etats-Unis ont précédé l'Europe dans les évolutions conjoncturelles récentes et dans la baisse des taux, courts notamment, et il semble que l'on puisse tirer de l'analyse des comportements bancaires américains depuis trois ans, quelques enseignements concernant les évolutions probables de ce côté-ci de l'Atlantique. Certes les conditions initiales et l'environnement réglementaire et structurel ne sont pas les mêmes : la déréglementation et l'innovation financières ont été, aux Etats-Unis, plus précoces et plus poussées qu'ailleurs ; les structures bancaires y sont plus fragmentées et, dans une certaine mesure, plus fragiles ; enfin les phénomènes de surendettement de certaines catégories d'agents y ont été plus massifs qu'en Europe, à l'exception peut-être du Royaume-Uni. La situation des banques américaines était, en moyenne, plus dégradée au début de la présente décennie que celle des banques françaises aujourd'hui. Mais leur redressement a été très sensible, au point que le secteur bancaire affiche à présent des performances, en termes de rentabilité des actifs, qui le placent en tête des classements internationaux. Les banques américaines ont mis à profit la très forte baisse des taux d'intérêt à court terme et le rétablissement de la structure des taux en accroissant considérablement leurs marges d'intérêts et pratiquant une politique de crédit très sélective. L'encours total des crédits bancaires s'est contracté et la part des titres publics dans l'actif du secteur a été beaucoup accrue. De ce fait, si le financement du déficit public en a été facilité, la baisse des taux n'a pas donné à la croissance des crédits et des dépenses l'impulsion escomptée. Pourtant, l'assouplissement de la politique monétaire a incontestablement eu des effets bénéfiques, ne serait-ce que parce qu'en permettant aux banques de redresser leur résultat et de restructurer leur bilan, il a évité le déclenchement d'une crise bancaire et financière dont les conséquences sur l'activité réelle eussent sans doute été dramatiques.
US banks reactions to the interest rate decline Jacques Le Cacheux Is the decline in interest rates that has been observed in Europe over the last few months likely to be fully reflected in lower cost of borrowing, thus stimulating a credit expansion that would fuel the recovery of business investment spending, as well as households' residential investment and consumption ? In the current business cycle and in the reduction of — mostly short — interest rates, the US economy has been leading the way. Hence studying the US banks behavior over the last three years may yield interesting insights as to what is likely to happen on this side of the Atlantic. True, initial conditions differ, and so does the regulatory and structural environment in which financial institutions operate : financial deregulation and innovation have started earlier and have been more sweeping in the US ; the structure of the banking sector is more fragmented and many firms are probably more vulnerable ; moreover, phenomena of over-indebtedness of certain categories of non-financial agents have tended to reach more disturbing proportions than in Europe, except perhaps in the United Kingdom. At the beginning of the current decade, the financial situation of US commercial banks and Saving & Loans institutions was, on average, much worse than that of French banks today. But they have made a spectacular recovery and their performance, measured by their average asset returns, currently ranks amongst the best in international comparisons. US banks have seized the opportunity offered by the decline in short-run interest rates and the reassessment of a positively-sloped interest rate structure to widen their interest margins and pursue a highly discriminatory credit policy. The total outstanding stock of bank credits has shrunk and the share of Treasury bonds in total assets has been increased. Thus, although the federal budget deficit financing has been eased, the interest rate reduction has had no visible effect on the growth of credit and spending. It would however be wrong to conclude that the easing of monetary policy has not been beneficial : indeed, by offering banks this badly needed opportunity to improve their performance and re-structure their balance sheets, it has avoided a financial crisis that might otherwise have had very detremental effects on real economic activity.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jacques Le Cacheux
Les banques américaines et la baisse des taux d'intérêt
In: Revue de l'OFCE. N°48, 1994. pp. 131-150.
Citer ce document / Cite this document :
Le Cacheux Jacques. Les banques américaines et la baisse des taux d'intérêt. In: Revue de l'OFCE. N°48, 1994. pp. 131-150.
doi : 10.3406/ofce.1994.1356
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ofce_0751-6614_1994_num_48_1_1356Résumé
Faut-il s'attendre à ce que la baisse des taux d'intérêt observée en Europe depuis plusieurs mois se
répercute intégralement dans l'allégement du coût des crédits bancaires et stimule ainsi la croissance
du crédit qui favoriserait la reprise des dépenses d'investissement des entreprises et de logement et de
consommation des ménages ? Les Etats-Unis ont précédé l'Europe dans les évolutions conjoncturelles
récentes et dans la baisse des taux, courts notamment, et il semble que l'on puisse tirer de l'analyse
des comportements bancaires américains depuis trois ans, quelques enseignements concernant les
évolutions probables de ce côté-ci de l'Atlantique. Certes les conditions initiales et l'environnement
réglementaire et structurel ne sont pas les mêmes : la déréglementation et l'innovation financières ont
été, aux Etats-Unis, plus précoces et plus poussées qu'ailleurs ; les structures bancaires y sont plus
fragmentées et, dans une certaine mesure, plus fragiles ; enfin les phénomènes de surendettement de
certaines catégories d'agents y ont été plus massifs qu'en Europe, à l'exception peut-être du Royaume-
Uni. La situation des banques américaines était, en moyenne, plus dégradée au début de la présente
décennie que celle des françaises aujourd'hui. Mais leur redressement a été très sensible, au
point que le secteur bancaire affiche à présent des performances, en termes de rentabilité des actifs,
qui le placent en tête des classements internationaux. Les banques américaines ont mis à profit la très
forte baisse des taux d'intérêt à court terme et le rétablissement de la structure des taux en accroissant
considérablement leurs marges d'intérêts et pratiquant une politique de crédit très sélective. L'encours
total des crédits bancaires s'est contracté et la part des titres publics dans l'actif du secteur a été
beaucoup accrue. De ce fait, si le financement du déficit public en a été facilité, la baisse des taux n'a
pas donné à la croissance des crédits et des dépenses l'impulsion escomptée. Pourtant,
l'assouplissement de la politique monétaire a incontestablement eu des effets bénéfiques, ne serait-ce
que parce qu'en permettant aux banques de redresser leur résultat et de restructurer leur bilan, il a évité
le déclenchement d'une crise bancaire et financière dont les conséquences sur l'activité réelle eussent
sans doute été dramatiques.
Abstract
US banks reactions to the interest rate decline Jacques Le Cacheux Is the decline in interest rates that
has been observed in Europe over the last few months likely to be fully reflected in lower cost of
borrowing, thus stimulating a credit expansion that would fuel the recovery of business investment
spending, as well as households' residential investment and consumption ? In the current business
cycle and in the reduction of — mostly short — interest rates, the US economy has been leading the
way. Hence studying the US banks behavior over the last three years may yield interesting insights as
to what is likely to happen on this side of the Atlantic. True, initial conditions differ, and so does the
regulatory and structural environment in which financial institutions operate : financial deregulation and
innovation have started earlier and have been more sweeping in the US ; the structure of the banking
sector is more fragmented and many firms are probably more vulnerable ; moreover, phenomena of
over-indebtedness of certain categories of non-financial agents have tended to reach more disturbing
proportions than in Europe, except perhaps in the United Kingdom. At the beginning of the current
decade, the financial situation of US commercial banks and Saving & Loans institutions was, on
average, much worse than that of French banks today. But they have made a spectacular recovery and
their performance, measured by their average asset returns, currently ranks amongst the best in
international comparisons. US banks have seized the opportunity offered by the decline in short-run
interest rates and the reassessment of a positively-sloped interest rate structure to widen their interest
margins and pursue a highly discriminatory credit policy. The total outstanding stock of bank credits has
shrunk and the share of Treasury bonds in total assets has been increased. Thus, although the federal
budget deficit financing has been eased, the interest rate reduction has had no visible effect on the
growth of credit and spending. It would however be wrong to conclude that the easing of monetary
policy has not been beneficial : indeed, by offering banks this badly needed opportunity to improve their
performance and re-structure their balance sheets, it has avoided a financial crisis that might otherwise
have had very detremental effects on real economic activity.Les banques américaines
et la baisse des taux d'intérêt
Jacques Le Cacheux
Département des études de l'OFCE
Faut-il s'attendre à ce que la baisse des taux d'intérêt observée
en Europe depuis plusieurs mois se répercute intégralement dans
l'allégement du coût des crédits bancaires et stimule ainsi la croi
ssance du crédit qui favoriserait la reprise des dépenses d'investi
ssement des entreprises et de logement et de consommation des
ménages ? Les Etats-Unis ont précédé l'Europe dans les évolutions
conjoncturelles récentes et dans la baisse des taux, courts notam
ment, et il semble que l'on puisse tirer de l'analyse des comport
ements bancaires américains depuis trois ans, quelques ense
ignements concernant les évolutions probables de ce côté-ci de
l'Atlantique. Certes les conditions initiales et l'environnement régle
mentaire et structurel ne sont pas les mêmes : la déréglementation
et l'innovation financières ont été, aux Etats-Unis, plus précoces et
plus poussées qu'ailleurs ; les structures bancaires y sont plus
fragmentées et, dans une certaine mesure, plus fragiles ; enfin les
phénomènes de surendettement de certaines catégories d'agents y
ont été plus massifs qu'en Europe, à l'exception peut-être du
Royaume-Uni.
La situation des banques américaines était, en moyenne, plus
dégradée au début de la présente décennie que celle des banques
françaises aujourd'hui. Mais leur redressement a été très sensible,
au point que le secteur bancaire affiche à présent des perfor
mances, en termes de rentabilité des actifs, qui le placent en tête
des classements internationaux.
Les banques américaines ont mis à profit la très forte baisse
des taux d'intérêt à court terme et le rétablissement de la structure
des taux en accroissant considérablement leurs marges d'intérêts
et pratiquant une politique de crédit très sélective. L'encours total
des crédits bancaires s'est contracté et la part des titres publics
dans l'actif du secteur a été beaucoup accrue. De ce fait, si le
financement du déficit public en a été facilité, la baisse des taux
n'a pas donné à la croissance des crédits et des dépenses l'impul
sion escomptée. Pourtant, l'assouplissement de la politique monét
aire a incontestablement eu des effets bénéfiques, ne serait-ce que
parce qu'en permettant aux banques de redresser leur résultat et
de restructurer leur bilan, il a évité le déclenchement d'une crise
bancaire et financière dont les conséquences sur l'activité réelle
eussent sans doute été dramatiques.
Observations et diagnostiques économiques n°48 / Janvier 1994 131 Jacques Le Cacheux
Les niveaux élevés des taux d'intérêt en Europe au cours des der
nières années sont considérés par la plupart des analystes comme larg
ement responsables de la faiblesse de la demande — singulièrement de
l'investissement productif et de l'investissement logement — , et par là
même de l'ampleur et de la persistance de la récession européenne
actuelle. Bien qu&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents