Les comptes du duché de Bretagne en 1435-1436 - article ; n°1 ; vol.77, pg 88-110
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Les comptes du duché de Bretagne en 1435-1436 - article ; n°1 ; vol.77, pg 88-110

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1916 - Volume 77 - Numéro 1 - Pages 88-110
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1916
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

B.-A. Pocquet Du Haut-Jusse
Les comptes du duché de Bretagne en 1435-1436
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1916, tome 77. pp. 88-110.
Citer ce document / Cite this document :
Pocquet Du Haut-Jusse B.-A. Les comptes du duché de Bretagne en 1435-1436. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1916,
tome 77. pp. 88-110.
doi : 10.3406/bec.1916.451127
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1916_num_77_1_451127LES
COMPTES DU DUCHÉ DE BRETAGNE
EN 1435-1436
Les comptes tenus en Bretagne par le « trésorier et receveur
général » du duché formaient l'une des sources les plus abon
dantes et les plus précieuses de son histoire. Les derniers cha
pitres des dépenses, notamment, sous le nom de « dépenses
extraordinaires », relataient, avec prolixité, mainte ambassade,
mainte expédition militaire, des voyages, des dons, etc., enfin
reflétaient, en quelques pages, l'image exacte de la vie delà cour
et du gouvernement. Malheureusement cette admirable série a
presque entièrement disparu ; la Commission du triage est venue,
à l'époque révolutionnaire, elle a opéré des coupes sombres, et
les parchemins dédaignés sont allés ramollir dans les cuves des
ateliers de reliure. En 1859, deux érudits, Arthur de La Bor-
derie et le baron de Wismes , ont pu racheter aux soi-disant
« relieurs-archivistes » quelques débris, entre autres six feuil
lets d'un compte du duché de 1430-1433 l; c'était jusqu'aujour
d'hui tout ce qui restait, en original, des comptes du règne de
Jean V.
Par ailleurs, les plus anciens comptes du duché, conservés
intégralement, ne remontaient qu'aux dernières années du
xve siècle, sous François II. L'un de ces documents a même été
publié successivement dans trois revues différentes2.
1. Baron de Wismes, le 'Trésor de la rue des Caves à Nantes, dans la Revue
de Bretagne, t. V, 1859, l1" partie, p. 152 et 311. Le Trésor des chartes de
Bretagne subit le même sort, des débris en ont été retrouvés et versés dans des
dépôts publics. Voir Leopold Delisle, Pièces soustraites au Trésor des chartes
des ducs de Bretagne, dans la Bibliothèque de l'École des chartes, t. LIV,
1893, p. 413; t. LVIII, 1897, p. 379; t. LIX, 1898, p. 825.
2. Ant. Dupuy, les Finances de Bretagne à la fin du XV° siècle, dans la LES COMPTES DU DUCHE DE BRETAGNE EN 1435-1436. 89
On saisit dès lors quel intérêt revêt un fragment tel que
celui que nous publions : huit feuillets de parchemin, compre
nant soixante-seize articles, du compte du trésorier et receveur
général de Bretagne pour 1435-1436 ; certes ces quelques pages
ne sont qu'un résidu minime du volume que le trésorier apporta
aux gens des Comptes, puisque les feuillets sont numérotés : 336
à 343, et que la conclusion du compte manque. Mais nous avons
ici les « dépenses extraordinaires » , les seules qui touchent à la
politique. Le reste comprenait les recettes, puis les dépenses
ordinaires.
Une autre circonstance ajoute de la valeur à ce document :
les Bénédictins, qui ont étudié le fonds de la Chambre des
comptes de Nantes, alors qu'il était intact, et qui en ont publié
des extraits abondants, ne paraissent pas avoir connu celui de
1435-1436, du moins ils n'en ont rien tiré. Dans leurs Preuves,
le long règne de Jean Y (1399-1442) est représenté par une
série discontinue de onze comptes. Une lacune correspond pré
cisément aux années 1435-1436, entre le deuxième compte
d'Auffroy Guynot (août 1433-20 avril 1435) et le premier
de Jean d'Ust (1er juin 1436-1 er octobre 1437 *). Or, dans le
compte publié ici, les mandements cités par le trésorier comme
titres justificatifs de ses paiements s'échelonnent du 15 fé
vrier 1435 au 12 juin 14362. Si les dates des trois exercices
semblent chevaucher les unes sur les autres, c'est qu'un trésorier
entrant en charge pouvait exécuter des mandements rédigés dans
les derniers temps de son prédécesseur, et qu'inversement, à sa
sortie de charge, il pouvait rester en fonction quelques jours
après l'institution de son successeur.
Qui était le trésorier et receveur général de Bretagne en 1435-
1436? Il se nommait Auffroy Guynot3. Il avait succédé, en 1430,
à Jean Mauléon ; son premier compte fut conclu en août 1433 4 ;
Société académique de Brest, t. V, 1877, p. 58. — A. de La Borderie, le Budget
du duché de Bretagne au XV° siècle, dans la Revue de Bretagne, t. VIII,
1885, p. 169. — Léon Maitre, le Budget du duché de Bretagne sous le règne de
François II, dans les Annales de Bretagne, t. V, 1889-1890, p. 293.
1. Dom Morice, Histoire de Preuves, t. IT, col. 1222, 1231, 1259 et
1298. Pour les autres comptes, voir col. 730, 745, 831, 875, 1065, 1193 et 1316.
2. Ci-dessous, nos 66, 63 et 64.
3. Lettres et mandements de Jean V, publ. par René Blanchard, n° 2194..
27 mai 1435.
4. Outre les extraits des Bénédictins, il en subsiste une copie partielle de 90 LES COMPTES DU DUCHÉ DE BRETAGNE
le second s'étend jusqu'en avril 1435, le troisième est celui dont
nous publions un fragment. Il fut remplacé par Jean d'Ust,
institué le 1er juin 1436, destitué le 1er octobre 1437, qui eut
pour successeur Jean Rolland (octobre 1437-février 1438 *);
après quoi Auffroy G-uynot rentra de nouveau dans ses fonctions
qu'il exerçait en avril et juin 1438. Il était en outre conseiller du
duc et mourut avant le 23 juin 14402.
On trouve dans ces quelques feuillets les traces de la politique
si discutée de Jean V. Etait-il allié des Français ou des Anglais?
Quelles étaient ses sympathies? Sa conduite hésitante, versatile,
témoigne de plus de prudence que de hardiesse, de plus d'egoïsme
que de générosité. Ce vassal du roi de France oublia ses ser
ments, liges ou non, et tenta de maintenir son indépendance
entre les deux belligérants, non sans quelque duplicité : peu
soucieux d'embrasser la cause d'un vaincu, il avait complètement
délaissé le dauphin malheureux. Si les troupes ducales att
aquèrent les Anglais dans Pontorson et Saint- James-de-Beuvron,
cette expédition fut l'œuvre du connétable de Richemont, qui
n'obtint pas de son frère une participation plus effective à la
libération du territoire. Jean V adhéra ensuite au traité de
Troyes. Les succès de Jeanne d'Arc ne lui firent qu'une impres
sion passagère. En 1432, il s'entendait en ami avec l'Angle
terre, dont il obtint peu après une trêve de dix ans. Dès lors,
mais non pas pour toujours, il se rapproche de la France, lente
ment, sans contracter d'alliance, comme s'il avait craint le
retour des anciens revers et de compromettre sa couronne. Ces
tractations ont laissé des traces visibles dans notre compte. En
mai 1436, le comte de Montfort, fils aîné du duc, se rend à la
cour de France, il emmène en sa compagnie le sire de Ramefort
(un Rohan), le sire de Molac et un « phisicien » ou médecin du
duc3. Au mois de juin, ce sont des ambassadeurs français qui
viennent trouver Jean Y : l'éveque de Poitiers et Jean Fournier,
très actif conseiller du roi. Ils reçoivent de beaux présents qui
témoignent du talent des orfèvres rennais4. Une autre fois, c'est
29 feuillets. Bibl. nat., ms. fr. 11542. Dom Morice, ouvr. cité, t. II, col. 1226,
1231.
1. Dom Morice, Preuves, t. II, col. 1259, 1298 et 1316.
2. Blanchard, ouvr. cité, nos 2306, 2315 et 2426.
3. Ci-dessous, nos 14, 39, 53, 54 et 55.
4. Ibid., n°s 22 et 30. en 1435-1436. 91
le chancelier de Bretagne qui se rend avec son chapelain auprès
de Charles VII1, c'est un émissaire qui part pour la capitale,
porteur de lettres du duc à l'adresse du sire de Rostrenen, l'un
des meilleurs lieutenants de Richemont-.
D'autres relations paraissent plus suspectes : voyage de la
Trémo'ule3 à Nantes, conversation avec le comte d'Armagnac,
brusquement arrêtée par l'intervention du connétable4, ne
sont-ce pas là les préludes du mouvement de la Praguerie, qui
éclata peu après et dans lequel le duc joua un rôle mal eclairci?
Les gens de guerre, les routiers, les « écorcheurs » ou « estra-
deurs » venaient compliquer la question. La Basse-Normandie,
aux portes du duché, était depuis plusieurs ann

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