Les corsaires protestants à La Rochelle (1570-1577) - article ; n°1 ; vol.121, pg 187-217
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1963 - Volume 121 - Numéro 1 - Pages 187-217
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marcel Delafosse
Les corsaires protestants à La Rochelle (1570-1577)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1963, tome 121. pp. 187-217.
Citer ce document / Cite this document :
Delafosse Marcel. Les corsaires protestants à La Rochelle (1570-1577). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1963, tome
121. pp. 187-217.
doi : 10.3406/bec.1963.449655
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1963_num_121_1_449655LES
CORSAIRES PROTESTANTS A LA ROCHELLE
(1570-1577)
François de La Noue, qui avait de bonnes raisons de con
naître la Rochelle, écrivait en 1587 : « Geste ci n'est pas si
grande ne si plaisante que l'autre [Orléans] ; elle a pourtant
d'autres choses qui recompensent bien ces défauts dont la
principale est sa situation maritime qui est une voye et une
porte par où toutes provisions lui vienent en abondance...
En ceste troisième guerre... elle équippa et arma quantité
de vaisseaux qui firent plusieurs riches prises dont il revint
de grands deniers à la cause générale1. » Le rôle de cette
« bonne boutique et bien fournie », d'ailleurs puissamment
fortifiée, n'a naturellement pas échappé non plus aux histo
riens des guerres de religion, surtout entre la spectaculaire
chevauchée de Condé en 1568 et l'année 1577 et ils ont même
mis en valeur, parfois non sans emphase, l'action de ses
corsaires 2.
Mais il y a un contraste frappant entre l'importance don
née aux corsaires rochelais tant par les contemporains que
par les historiens modernes et la pauvreté des renseignements
précis à leur sujet. Les correspondances officielles et privées
les évoquent fréquemment, que ce soit pour mettre en garde
contre « los malditos herejes de la Rochela » ou pour consta
ter calmement qu'ils ont guerre contre Venise, mais ils sont
toujours vus de l'extérieur ou brièvement, même dans les
travaux récents 3. Les chroniqueurs et après eux les histo-
1. Cité par E. Droz, L'imprimerie à la Rochelle, I, Genève, 1960, p. 117.
2. Lavisse, Histoire de France, t. VI, p. 135-136 ; H. Häuser, La prépondér
ance espagnole (Peuples et Civilisations), p. 96.
3. H. Lapeyre, Une famille de marchands, les Ruiz, Paris, 1955, p. 407-438.
Bonnes indications sur les corsaires vus par leurs adversaires. E. Trocmé et M. DELAFOSSE 188
riens rochelais ont été surtout sensibles à l'aspect juridique
de la course en exposant les essais de réglementation 1. Dans
son Histoire de la marine qu'on lit avec plaisir et encore avec
profit, Charles de La Roncière n'a pas ignoré la course ro-
chelaise, mais il s'attache plutôt au récit des véritables com
bats navals et ne cite que quelques corsaires, les plus f
ameux des années 1569-1570, ceux que mettait en lumière le
bon érudit poitevin Bardonnet dans la publication du seul
registre d'amirauté subsistant2. L'exploit de Jacques de
Sores capturant sur les côtes anglaises deux grandes ca-
raques vénitiennes a accaparé l'attention, à bon droit, car
les chancelleries s'en émurent longuement, mais il ne consti
tue pourtant qu'un épisode.
Pour trouver ces renseignements nouveaux il faut chan
ger de documentation. Gomme la plupart de leurs contempor
ains les corsaires allaient volontiers chez le notaire et ils y
ont laissé les traces de leur vie quotidienne : accords pour
les armements et les avitaillements, emprunts, ventes de ba
teaux et de prises, achats d'armes, procurations, etc. se
trouvent par centaines dans les minutes et sont restés presque
totalement inédits3. On a déjà fortement marqué les limites
de la documentation notariée et il est vain d'en vouloir tirer
des informations chiffrées sûres4; par exemple, je n'établi
rai pas ainsi une liste complète des armements en course,
mais les notaires offrent-ils un échantillonnage convenable
M. Delafosse, Le commerce rochelais de la fin du XVe siècle au début du XVIIe,
Paris, 1952. Quelques détails sur la course avant 1566, p. 98-99, mais les années
suivantes ont été volontairement laissées de côté.
1. Arnos Barbot, Histoire de la Rochelle, publ. par D. D'Aussy, dans Archives
historiques de la Saintonge, t. XIV, XVII et XVIII ; Arcère, Histoire de la Ro
chelle et du pays d'Aunis, La Rochelle, 1756, t. I, p. 549-554.
2. Ch. de la Roncière, Histoire de la marine -française, t. IV, p. 108-117;
A. Bardonnet, Registre de l'amirauté de Guyenne au siège de la Rochelle (1569-
1570), dans Archives historiques du Poitou, t. VII, p. 191-271.
3. Les registres des notaires rochelais utilisés ici sont tous déposés aux Ar
chives de la Charente-Maritime. Pour simplifier les références les actes seront
désignés par le nom du notaire suivi dé l'année et du quantième du mois. Ont
été vus : Bomier, 1577 ; Boutet, 1571, 1572, 1576, 1577 ; Pancereau, 1569, 1570,
1572, 1575, 1576, 1577; Salleau, 1572; Tharazon, 1570, 1571, 1574, 1575. —
M. Dietz dont la thèse est indiquée plus loin a utilisé une partie des actes des
années 1570-1572.
4. M. Mollat, Les sources de l'histoire maritime en Europe..., Paris, 1962,
p. 284-286. CORSAIRES PROTESTANTS A LA ROCHELLE 189
pour une sorte d'enquête par sondage? Nous n'en serons ja
mais sûrs, mais de toute façon il faut distinguer suivant les
années.
Les limites chronologiques de cette étude ont été ainsi
fixées à la fois par la documentation et par les recherches
déjà faites. Dès le milieu du xvie siècle, on commence à trou
ver des documents sur les corsaires rochelais, mais ce qui
nous intéresse ici c'est la course protestante. Elle se manif
este dès 1566, mais,, de façon sporadique, et il faut arriver à
la troisième guerre, 1569-1570, pour qu'on parle vraiment
des corsaires de la Rochelle ou basés à la Rochelle, car il
s'agit plutôt de l'armée navale des princes que de particul
iers. C'est la période déjà connue de mon étude, je lui em
prunterai des exemples, mais je renvoie à son sujet aux tra
vaux déjà publiés1, d'autant plus que la documentation no
tariée reste assez pauvre, l'année 1569 étant mal représentée
dans les études ; sur 20 capitaines cités par l'Amirauté comme
ayant fait des prises, 11 se retrouvent dans les minutes. Suit
une période de paix, mais aussi d'anarchie, 1570-1572, où
quelques gueux de la mer fixés en Aunis entraînent avec eux
des Rochelais. La Saint-Barthélémy donne le signal d'une
nouvelle lutte ouverte avec un essor de la course (150 actes
retrouvés à son sujet au lieu de 92 en 1571), essor bientôt
arrêté par les événements militaires et notamment le siège
de la ville pendant lequel l'accès du port est sinon imposs
ible du moins difficile. Après une paix de moins d'un an les
hostilités reprennent vers mai 1574. Alors la course se dé
chaîne : « En moins de rien il se met sur place soixante dix
navires et barques equippés en guerre qui... courent la mer
depuis Calais jusques au détroit de Gillebastard faisant un
si grand nombre de prinses... qu'il se trouvoit assez de fonds
pour l'entretien de cette guerre et ne parloit on d'autre chose
que des navires rochelois 2. » Sur ces 70 navires, nous en con
naissons 45 par les notaires en 1574, 61 dans les deux an
nées 1574-1575, proportion plus grande que pour beaucoup
de trafics marchands. D'autre part, les informations recueill
ies dans les chroniqueurs sur quelques corsaires comme La
1. Notamment La Roncière et Bardonnet, cités ci-dessus.
2. A. Barbot, op. cit., t. XVIII, p. 230. 190 M. DELAFOSSE
Popelinière, Miraut, Nicolas Varlet, le Capitaine provençal
sont vérifiées grâce à quelques-uns des nombreux contrats
conservés (295 pour l'année 1574, 373 pour 1575). Des r
emarques analogues sont à faire pour 1577 (340 actes retrou
vés sur les corsaires). Au contraire, les dépouillements des
minutes de 1580, 1583, 1589 montrent une diminution consi
dérable du nombre de ces actes, reflétant sans doute une d
iminution de la course elle-même1. Elle ne disparaît pas, mais
on ne trouve plus à son sujet que des détails et non plus ces
séries d'actes semblables dont la répétition permet de véri
fier la constance des comportements, de mieux fonder les hy
pothèses et d'apporter même quelques éléments chiffrés.
Ainsi, pour les ann

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