Les coutumes et péages de Sens, texte français inédit du commencement du XIIIe siècle.  - article ; n°1 ; vol.27, pg 265-300
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1866 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 265-300
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1866
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Albert Lecoy de La Marche
Les coutumes et péages de Sens, texte français inédit du
commencement du XIIIe siècle.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1866, tome 27. pp. 265-300.
Citer ce document / Cite this document :
Lecoy de La Marche Albert. Les coutumes et péages de Sens, texte français inédit du commencement du XIIIe siècle. In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1866, tome 27. pp. 265-300.
doi : 10.3406/bec.1866.446061
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1866_num_27_1_446061LES COUTUMES
PÉAGES DE SENS
TEXTE FRANÇAIS INÉDIT
DU COMMENCEMENT DU XIIIe SIÈCLE.
En dépouillant un des portefeuilles de la Chambre des comptes
déposés aux Archives de l'Empire *, qui contientun mélange de pièces
étrangères les unes aux autres par leur date comme par leur objet,
et que M. Huillard-Bréholles m'avait signalé devant offrir
un certain intérêt, ma main rencontra deux bandes de parchemin
composées de plusieurs fragments cousus ensemble , formant
bout à bout une longueur de près de deux mètres. Un ancien in
ventaire, daté de 1748 et placé en tête du portefeuille, en donnait
la cote suivante : « Ancien rouleau en "parchemin contenant le détail
des droits dus pour la coutume et péage de Dun-le-Jioy et Aulevi-
comte, sans datte. » La première de ces localités est en Berry ; quant
à la seconde, elle ne figure sur aucune carte ni dans aucun diction
naire, et n'a probablement existé que dans l'imagination de l'auteur
de cette cote, embarrassé par la lecture d'une ligne qu'il ne comp
renait pas. Voici, en effet, ce que porte en tête l'original :
« Ce sont les costumes et li paages de Sanz, le roi et au vilconte. »
II suffisait, pour s'assurer complètement de cette erreur grossière,
de jeter les yeux sur la suite du texte : il n'y est question que de
Sens et des localités environnantes. Les mots « Coustumes de Sens » ,
1. Série P, n°. 1189. 266
écrits au dos vers le quinzième siècle, étaient masqués par une
feuille de papier qu'avait collée sur le parchemin un réparateur
maladroit. C'est probablement à l'incertitude produite par ces ci
rconstances que le document en question doit de n'avoir pas encore
vu le jour.
Cependant son importance saute aux yeux presque à première
vue; l'écriture offre les beaux caractères droits, larges et réguliers
qui dénotent le commencement du treizième siècle, quelquefois la
fin du douzième, et la langue le pur français de la même époque ,
avec ses règles constantes, sa déclinaison, ses types de formation
première, souvent très-rapprochés du latin. La rareté de cette
classe de monuments en fait donc tout d'abord un morceau précieux
pour la philologie. Avant 1250, on le sait, les textes français peuvent
se compter : j'espère être assez heureux pour faire partager au
lecteur la conviction que celui-ci est largement antérieur à cette
date.
En second lieu, l'histoire a aussi sa part d'intérêt dans un docu
ment de cette nature, et non-seulement l'histoire particulière de la
ville et du comté de Sens, qui est, pour l'époque dont il s'agit, envelop
pée d'obscurité, mais encore l'histoire du commerce et de l'indus
trie dans le centre de la France ; car on a vu, par le savant mémoire
de M. Bourquelot sur les Foires de Champagne, quel parti l'on
pourrait tirer de semblables sources pour élucider les questions qui
s'y rattachent. Cette pièce, effectivement, n'est pas, comme le titre
mis au dos pourrait le faire croire d'abord, une coutume ; c'est un par
tage entre le roi et le vicomte de Sens des péages et des coutumes,
c'est-à-dire, suivant le sens propre du mot au moyen âge, des im-
positiotis établies par l'usage sur les denrées et les marchandises
qui étaient vendues ou fabriquées dans la ville, ou qui la traversaient.
Je ne crois pas, quoiqu'elle forme bien une espèce de nomenclature
ou de tarif, que la dénomination assez usitée de tarif de tonlieux
lui soit parfaitement applicable, car elle contient en même temps
autre chose. G'est pourquoi j'ai préféré garder le titre donné par
le texte lui-même, en le rajeunissant, et en prévenant qu'il ne
s'agissait point d'une charte de coutumes comme on l'entend gé
néralement aujourd'hui.
Telle est la double considération qui me décide à publier ce do
cument avec quelques éclaircissements, tâche que de plus habiles
auraient dû entreprendre, mais qu'ils se sont contentés de me r
ecommander comme utile. Après avoir examiné ici le gros de la te- 267
neur, je mettrai en regard du texte les notes destinées à expliquer
certains points de détail.
Avant tout , quels étaient ces vicomtes de Sens qui parta
geaient avec le roi le produit de l'impôt commercial ? Leur trace est
fort obscure, et peu d'historiens en font mention; aucun n'en donne
l'histoire ni même la série. Les ducs de Bourgogne avaient institué
au dixième siècle des comtes de Sens héréditaires, dont les démêlés
avec les archevêques de cette ville sont célèbres, et dont le fief finit
par être confisqué et réuni au domaine de la couronne, en 4035 i.
Le roi Henri I, après la mort du dernier comte, Rainard, de
meura paisible possesseur de la partie du comté qui n'apparten
ait pas à l'archevêque 2, c'est-à-dire de la plus petite. Il y pré
posa un vicomte, dit M. Quantin3. «Les rois, affirme Dupuy, esta-
blirent (à Sens) des vicomtes sous eux, dont il y a quelques mé
moires jusques en l'année 1204 4. » Telles sont les seules indications
qu'on trouve de ce fait. Dupuy ne cite aucune source: il faut croire
que le Trésor des Chartes, qu'il avait compulsé à loisir, lui avait
fourni ce renseignement; toutefois les pièces qu'il contient aujour
d'hui sont, muettes à ce sujet5. M. Quantin se fonde sur plusieurs
actes insérés dans son excellent cartulaire de l'Yonne. Il y est fait
mention de quelques vicomtes de Sens, depuis 1130 jusqu'en 1182.
Toutefois la nature de leur office et leur situation vis-à-vis du roi
sont très-vaguement indiquées daus ces documents. La chronique de
Clarius, citée par le même auteur, relate seulement la mort d'un
vicomte en 1168 6, mais ne parle pas non plus de son institution par
le roi.
Plusieurs chartes originales, conservées aux Archives de l'empire,
et qu'on trouvera également publiées ci-après, ajoutent à ces faibles
lumières quelques lueurs nouvelles. Je vais essayer de préciser la
situation du vicomte de Sens à l'aide de ces premiers éléments
1. Quantin, Cartulaire général de VYonne, t. I, p. xxix.
2. « Deinde rex. Hainricus possedit civitatem et omnia quee ipse habuerat. » (Cla
rius, Chron. de Saint- Pierre-le-Vif, dans d'Achéry, II, 744.)
3. Op. cit., t. II, p. lxxi.
4. Traité touchant les droits du roy, etc., p. 628.
5. Voir l'Inventaire du Trésor des chartes, par M. Teulet, t. I, allant jusqu'à
l'année 1223.
6. « Mortuus est Wariuus , vicecomes Senonensis , sepultusque est in capitulo
S. Pétri Vm. » (D'Achéry, II, 778.) 268
avant d'examiner les droits qui lui sont spécialement attribués par
le tarif des coutumes et péages.
De 1055, date de la suppression du comte de Sens, jusqu'à 1130,
on ne trouve la mention d'aucun vicomte : le roi put ne pas en
instituer immédiatement, et administrer directement son nouveau
domaine. Le premier qui apparaisse est Salon (Salo), qualifié vice-
comes Senonensis dans une donation faite par lui, vers 1130, à l'ab
baye de Saint- Jean-lès-Sens1. Le même personnage figure avec le
même titre dans des actes que M. Quantin place entre les année 1143
et 1168 A Cependant il ne put tenir la vicomte jusqu'à cette dernière
date : car, dès 1165, on voit son fils Guérin (Garinus), qui souscrivit
avec lui plusieurs des mêmes actes, mais sans prendre aucune qualité,
s'intituler vicomte de Sens dans une donation à l'abbaye de Sainte-
Colombe 3. La femme de celui-ci est qualifiée également viceco-
miiissa, en 1167 *. Un autre fils de Salon, Bouchard (Eucchardus ou
Bulchardus), souscrivit aussi avec son père : mais il ne paraît pas être
devenu vicomte de Sens. Guérin lui-m

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