Les développements historiques de la théorie galiléenne des marées - article ; n°2 ; vol.18, pg 193-220
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Description

Revue d'histoire des sciences et de leurs applications - Année 1965 - Volume 18 - Numéro 2 - Pages 193-220
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Serge Moscovici
Les développements historiques de la théorie galiléenne des
marées
In: Revue d'histoire des sciences et de leurs applications. 1965, Tome 18 n°2. pp. 193-220.
Citer ce document / Cite this document :
Moscovici Serge. Les développements historiques de la théorie galiléenne des marées. In: Revue d'histoire des sciences et de
leurs applications. 1965, Tome 18 n°2. pp. 193-220.
doi : 10.3406/rhs.1965.2415
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1965_num_18_2_2415Les développements historiques
de la théorie galiléenne des marées
Pour asseoir solidement le système de Copernic, Galilée a cru
devoir formuler une théorie des marées, théorie qui lui paraissait
fournir la preuve irréfutable de la vérité de ce système. Cette
théorie s'est révélée fausse et n'a pas été conservée par les savants
postérieurs à Galilée. Elle n'en a pas moins inspiré certains travaux,
dont l'intérêt historique demeure très grand. Parmi ces
une place importante revient aux tentatives de Jean-Baptiste
Baliani, destinées à compléter, sinon à sauvegarder, les principes
mis en avant par Galilée. Elles ont eu pour résultat d'établir une
théorie du système planétaire, curieuse et médite, dont les échos
se retrouvent dans un mémoire du mécanicien anglais Wallis. La
découverte d'une série de documents manuscrits (1) relatifs à ces
tentatives de J.-B. Baliani nous permet de mieux apprécier le sens
aussi bien que les limites de la théorie galiléenne des marées, et
l'importance qu'elle a eue pour les contemporains du savant
florentin.
I
Le mécanicien génois, sénateur de la République et membre
d'une famille patricienne, Jean-Baptiste Baliani commence ses
échanges épistolaires avec Galilée en 1614 et ce par l'intermédiaire
de Salviati. A l'invitation de ce dernier, le grand mathématicien
florentin écrit le premier à Baliani le 25 janvier 1614 et lui envoie
par la même occasion ses lettres sur les taches solaires :
Le Sieur Philippo, ajoute-t-il, auquel j'ai confié mes imaginations
philosophiques, m'écrit avoir trouvé une grande conformité entre vos
(1) Nous remercions Mlle M. L. Bonellide Florence et Mme Regleda Mani de Milan de
nous avoir aidé à trouver et permis de consulter ces documents.
T. XVIII. — 1965 13 194 revue d'histoire des sciences
spéculations et les miennes ; ce dont je ne me suis pas beaucoup étonné,
puisque nous étudions sur le même livre et avec les mêmes fondements (1).
Ce livre, celui de la Nature, Galilée le dit à Baliani, est écrit
en caractères géométriques. Dans sa réponse du 31 janvier 1614,
Baliani note à propos de cette affirmation et des ouvrages que
Galilée a eu l'amabilité de lui faire parvenir :
... toutes choses dans lesquelles se voient d'infinies, très belles et très
neuves opinions philosophiques, prouvées par des démonstrations géomét
riques très subtiles, sans la philosophie ne mérite pas le nom
de science mais plutôt d'opinion. Et en vérité, j'ai toujours ri de toutes
les conclusions philosophiques qui ne dépendent pas (en dehors de ce que
nous savons être vrai par la lumière de la foi) soit de démonstrations
mathématiques soit d'expériences infaillibles ; et si l'on en a trouvé
jusqu'ici peu qui soient philosophiques de cette manière, c'est peut-être
arrivé parce qu'il y a peu d'hommes qui aient une pleine connaissance
des deux sciences que j'ai dites ; les sachant raffinées en vous, je ne puis
faire moins que vous tenir en très haute estime, vous porter une grande
affection et d'autant plus grande que je sais m'être arrêté plusieurs fois
aux mêmes opinions que vous ; ce qui, comme je l'ai écrit au Sieur Filippo
et comme vous me l'écrivez, vient de ce que nous avons étudié tous deux
dans le même livre, quoique avec cette différence que vous savez mieux
У lire (2).
Cette communauté établie, Baliani essaye de satisfaire la
demande de Galilée : lui communiquer ses observations sur les
ouvrages astronomiques et lui faire part des travaux scientifiques
accomplis. Dans cette même lettre du 31 janvier 1614, Baliani
décrit une expérience qui est un pur joyau de l'esprit scientifique
et qui, refaite dans son principe au xvine siècle, a joué un grand
rôle dans la formulation de la théorie de la chaleur.
Et parce que vous me demandez de vous écrire quelque chose de mes
méditations, comme j'ai fait peu de choses bien, je vous dirai seulement
aujourd'hui que j'ai récemment trouvé une façon qui me paraît neuve de
cuire sans feu au moyen de deux fers qui se réchauffent ensemble ; et
ayant fait l'expérience (quoique très imparfaitement) elle m'a très bien
réussi. J'essaierai de la refaire mÍ3ux (3).
Malgré le ton modeste, il faut reconnaître que si Baliani dit
qu'il s'agit du résultat de ses méditations, c'est vrai. L'expérience
(1) G. Galilei, Opere, éd. naz., t. XII, p. 15. Dans tout le cours de l'article, nous
donnerons les citations de Galilée et de Baliani en traduction française, alors que les
références s'appliquent aux textes originaux en langue italienne ou latine.
(2) G. Galilei, Opere, éd. naz., t. XII, p. 19.
(3) Ibid. THÉORIE GALILÉENNE DES MARÉES 19Г) LA
confirme la théorie de la chaleur comme mouvement, théorie
que nous verrons exposée en détail dans ses remarques sur les
théories astronomiques de Galilée.
Les lettres de Galilée sur les taches du Soleil ont beaucoup plu
à Baliani. Comme nous le savons, grâce à sa lunette, Galilée a
observé des taches sur le Soleil et, partant, a voulu montrer la
corruptibilité des corps célestes, le caractère physico-mécanique
des phénomènes constatés. A ce point de vue Baliani adhère
entièrement. Son opinion diverge à propos de détails de la descrip
tion galiléenne. A cette occasion encore il fera une découverte
importante :
Bien que vous en indiquiez quelque chose à la p. 142, écrit Baliani
à Galilée, le 31 janvier 1614 (1), pourtant vous en parlez avec beaucoup
de circonspection, comme il convient de faire pour les choses qui n'ont
pas de preuve certaine. Et en vérité en dehors de ce qu'il ne paraît pas
vraisemblable qu'elles soient l'aliment de la flamme du Soleil, il y aurait
une grande difficulté à trouver comment elles naissent, si c'est de matière
élémentaire (à quoi il ne paraît pas que tous les éléments pourraient
suiïîre en quelques jours, même si tous se changeaient en vapeurs) ou de
matière céleste ; en quoi il y aurait doute comment cette matière s'obscurc
irait ou se condenserait, et en vertu de quoi elle irait vers le corps solaire,
parce qu'il ne paraît pas vraisemblable que le Soleil agisse autrement
qu'en réchauffant, par quoi la matière plutôt se raréfie et devient diaphane
qu'elle ne se condense et ne s'obscurcit, et par ladite chaleur il ne tire pas
la matière à soi mais en la raréfiant il la rend plus légère. Donc c'est qu'elle
va en haut non vers le corps solaire mais plutôt vers le zénith.
Dans ce passage de la lettre, Baliani complète plutôt qu'il ne
les critique les propositions de Galilée sur les taches solaires ; ce
faisant, il souligne la difficulté des analogies utilisées par le grand
mécanicien entre les processus de combustion observés sur la Terre
et ceux qui servent à expliquer la coloration du disque solaire.
Mais aussi bien Galilée que Baliani savaient que sur ces questions
on était réduit à des conjectures. Ceci n'empêche pas le « sénateur
génois » d'en tirer une conclusion à vrai dire très importante sur le
plan théorique aussi bien que pratique :
Mais quoi qu'il en soit, continue-t-il, on voit clairement que ces taches
empêchent en partie les rayons solaires ; donc ce ne serait peut-être pas
chose étrange de supposer qu'elles sont partiellement cause de la plus ou
moins grande chaleur dans les mêmes saisons et dans le même climat (2).
(1) G. Galilei, Opere, el. imz., t. XII, p. 19.
(2) Ibid. REVUE D'HISTOIRE DES SCIENCES 196
A la fin de la lettre, il ajo

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