Les épaves grecques du VIe siècle av. J.-C. de la place Jules-Verne à Marseille - article ; n°1 ; vol.14, pg 147-154

Patrice Pomey

Description

Archaeonautica - Année 1998 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 147-154
Several ancient wrecks were discovered during the excavation carried out in 1992-1993 in Marseille, place Jules-Verne, near the present « Vieux Port», on part of the ancient shore and its harbour installations. Among these, two Greek wrecks abandonned at the end of the 6th century BC were excavated in the summer ο f 1993.
The remains of the first are homogeneous over 5 m of length and 1,50 m of width, but one of the ends have totally disappeared. Its main interest is the System of assembly entirely done with lashing, some of which are still in place. From the quality of the remains, this little wreck is a perfect example of the ancient sewn boats of the Mediterranean and of the lashing assembly technique used in archaic times. The second is preserved over a length of 14 m and a width of 4,70 m. The hull is broken in many places but nevertheless has very complete forms (whole keel, forms of the ends known, wall conserved up to the third wale). Its most remarkable characteristic is its double assembly System consisting of « tenon and mortise » οf an even earlier type for the greater part ofthe hull planking, but also by the lashing for certain other parts. The frames are directly nailed to the hull. This ship, built according to transitional techniques shows, in an excep- tional way, the passage from the ancient archaic assembly method by lashing to the new « tenon and mortise » building technique which was to predominate later ail over the ancient Mediterranean.
Once excavated, the two wrecks were removed in order to be treated for conservation before being exhibited in the Musée d'Histoire de Marseille.
8 pages

Informations

• Publié par: ARCHAEONAUTICA
• Publié le: 01 janvier 1998
• Nombre de lectures: 53
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Patrice Pomey
Les épaves grecques du VIe siècle av. J.-C. de la place Jules-
Verne à Marseille
In: Archaeonautica, 14, 1998. Construction navale maritime et fluviale. Approches archéologique, historique et
ethnologique. pp. 147-154.
Abstract
Several ancient wrecks were discovered during the excavation carried out in 1992-1993 in Marseille, place Jules-Verne, near the
present « Vieux Port», on part of the ancient shore and its harbour installations. Among these, two Greek wrecks abandonned at
the end of the 6th century BC were excavated in the summer ο f 1993.
The remains of the first are homogeneous over 5 m of length and 1,50 m of width, but one of the ends have totally disappeared.
Its main interest is the System of assembly entirely done with lashing, some of which are still in place. From the quality of the
remains, this little wreck is a perfect example of the ancient sewn boats of the Mediterranean and of the lashing assembly
technique used in archaic times. The second is preserved over a length of 14 m and a width of 4,70 m. The hull is broken in many
places but nevertheless has very complete forms (whole keel, forms of the ends known, wall conserved up to the third wale). Its
most remarkable characteristic is its double assembly System consisting of « tenon and mortise » οf an even earlier type for the
greater part ofthe hull planking, but also by the lashing for certain other parts. The frames are directly nailed to the hull. This ship,
built according to transitional techniques shows, in an excep- tional way, the passage from the ancient archaic assembly method
by lashing to the new « tenon and mortise » building technique which was to predominate later ail over the ancient
Mediterranean.
Once excavated, the two wrecks were removed in order to be treated for conservation before being exhibited in the Musée
d'Histoire de Marseille.
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Pomey Patrice. Les épaves grecques du VIe siècle av. J.-C. de la place Jules-Verne à Marseille. In: Archaeonautica, 14, 1998.
Construction navale maritime et fluviale. Approches archéologique, historique et ethnologique. pp. 147-154.
doi : 10.3406/nauti.1998.1197
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/nauti_0154-1854_1998_act_14_1_1197épaves grecques du vie siècle av. J.-C. Les
DE LA PLACE JULES-VERNE À MARSEILLE
Patrice Pomey
Abstract: Severa! ancient wrecks were discovered during the excavation carried oui in 1992-1993 in Marseilles, place Jules-Verne, near the
présent « Vieux Port», on part ofthe ancient shore and its harbour installations. Among thèse, two Greek wrecks abandonned at the end
ofthe 6th century BC were excavated in the summer ο f 1993.
The remains ofthe first are homogeneous over 5 m oflength and 1,50 m ofwidth, but one ofthe ends hâve totally disappeared. Its main
interest is the System of assembly entirely done with lashing, some of which are stili in place. From the quality of the remains, this little
wreck is a perfect example ofthe ancient sewn boats ofthe Mediterranean and ofthe lashing assembly technique used in archaic times.
The second is preserved over a length of 14 m and a width of 4,70 m. The hull is broken in many places but nevertheless has very comp
lete forms (whole keel, forms of the ends known, wall conserved up to the third wale). Its most remarkable characteristic is its double
assembly System consisting of « tenon and mortise » ο fan even earlier type for the greater part ofthe hull planking, but also by the lashing
for certain other parts. The frames are directly nailed to the hull. This ship, built according to transitional techniques shows, in an excep-
tional way, the passage from the ancient archaic assembly method by lashing to the new « tenon and mortise » building technique which
was to predominate later ail over the ancient Mediterranean.
Once excavated, the two wrecks were removed in order to be treated for conservation before being exhibited in the Musée d'Histoire de
Marseille.
La fouille conduite à Marseille de l'été 1992 à l'automne fouiller dans les meilleures conditions pour éviter leur dégra
1993 à l'emplacement de la place Jules-Verne, située au pied dation et leur dessication. Dans ce but, une tente de protec
même de la cité grecque et à proximité immédiate du « Vieux tion fut établie au-dessus des vestiges dans laquelle furent
Port» (fig. 1), a permis de mettre en évidence une partie du installés un système d'air frais puisé destiné à abaisser la tem
littoral antique avec ses aménagements portuaires grecs et pérature intérieure et un système d'arrosage permettant de
romains1. Dans ce contexte, de nombreuses épaves antiques garder les bois constamment humides. Un plancher de circu
ont été mises au jour dont l'ensemble le plus remarquable est lation fut ensuite implanté autour des vestiges, ainsi que des
constitué par deux épaves grecques archaïques de la fin du échafaudages mobiles supportant des passerelles transver
vie s. av. J.-C.2. sales qui permettaient d'intervenir sans risque sur les épaves
C'est au cours de l'été 1993 que la fouille des niveaux les (fig. 2). Enfin, les plans et les coupes furent réalisés au moyen
plus anciens des sédiments du port grec a fait apparaître les de la stéréophotogrammétrie et complétés par de nombreux
vestiges de ces épaves. Les premiers sondages ont aussitôt relevés de détail grandeur nature.
confirmé leur grand intérêt, mais aussi leur extrême fragilité. La fouille des vestiges a rapidement montré que l'on était,
Aussi, avant de les dégager entièrement, convenait-il de en fait, en présence de deux épaves gisant l'une contre l'autre
prendre un certain nombre de précautions afin de pouvoir les (épaves n° 7 et 9) qui furent abandonnées à la même époque,
vers la fin du VIe s. av. J.-C, à faible distance du rivage (fig. 3).
Compte tenu de la longévité des navires antiques, ces deux 1. A. Hesnard, Une nouvelle fouille du port de Marseille, 1994.
2. P. Pomey, Les épaves grecques et romaines, 1995. bateaux ont donc été construits et ont navigué dans le cou-
Archaeonautica, vol. 14, 1998. © CNRS ÉDITIONS, 1999 148 P. POMEY
Fig. 1: Carte de localisation de la place Jules-Verne à Marseille.
(Dessin M. Rival, CNRS-Centre Camille Jullian).
Localization map of the place Jules-Verne in Marseilles. (Drawing
M. Rival, CNRS-Centre Camille Jullian).
rant de la seconde moitié du vie s. av. J.-G, soit moins d'un
siècle après la fondation de la colonie phocéenne vers l'an
600 av. J.-C.
À l'issue de la fouille, l'intérêt exceptionnel des épaves
justifiait que soit entreprise leur dépose en vue de leur tra
itement de conservation et de leur présentation muséogra-
phique. À cet effet, les deux épaves ont été déposées par él
éments homogènes, sans démontage, au moyen de berceaux
de support réalisés au gabarit des vestiges et mis en place
progressivement sous les épaves. La plus petite des deux
épaves subit actuellement un traitement de conservation par
imprégnation et lyophilisation au laboratoire ARC-Nucléart
de Grenoble (C.E.N.G.). La plus grande, provisoirement
entreposée dans un local aménagé pour maintenir les bois Fig. 2: Vue d'ensemble des épaves grecques archaïques en cours de
sous arrosage permanent, sera en revanche, traitée par fouille (Cliché M. Derain, CNRS-Centre Camille Jullian).
General view of the greek archaic wrecks during excavation. (Photo imprégnation au polyéthylèneglycol (PEG) par ce même
M. Derain, CNRS-Centre Camille Jullian). laboratoire. Après traitement, les épaves seront présentées
au Musée d'Histoire de Marseille.
L'EMBARCATION DE PÊCHE destinée à la pêche selon les nombreux fragments de corail
(ÉPAVE JULES- VERNE 9) retrouvés imprimés dans la poix du calfatage intérieur de la
coque.
La plus petite des deux épaves est celle d'une grande La quille, de section presque carrée (haut. 7 cm; larg.
barque conservée sur 5 m de longueur et 1,40 m de largeur. 6,8 cm), est dépourvue de râblure. Vers l'extrémité
Les vestiges, homogènes et en bon état de conservation, cor conservée, elle se prolonge par une allonge, assemblée par un
respondent à une extrémité et à la zone centrale de l'embarc écart en «trait de Jupiter» avec clef verticale, qui amorce la
ation. Une seule varangue, vers le centre, a été retrouvée en remontée des fonds. Au-delà, un fragment de la pièce d'ex
place. La coque, que l'on peut restituer à environ 9 m de lon trémité (étrave ou étambot) montre que cette dernière était