Les foires commerciales et le marché intérieur en Russie dans la première moitié du XIXe siècle - article ; n°3 ; vol.7, pg 414-435
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1966 - Volume 7 - Numéro 3 - Pages 414-435
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Basile Kerblay
Les foires commerciales et le marché intérieur en Russie dans
la première moitié du XIXe siècle
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 7 N°3. Juillet-Septembre 1966. pp. 414-435.
Citer ce document / Cite this document :
Kerblay Basile. Les foires commerciales et le marché intérieur en Russie dans la première moitié du XIXe siècle. In: Cahiers du
monde russe et soviétique. Vol. 7 N°3. Juillet-Septembre 1966. pp. 414-435.
doi : 10.3406/cmr.1966.1677
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1966_num_7_3_1677LES FOIRES COMMERCIALES
ET LE MARCHÉ INTÉRIEUR EN RUSSIE
DANS LA PREMIÈRE MOITIÉ
DU XIXe SIÈCLE
I. — La problématique
Le titre de cet essai rejoint les deux principales orientations de
la recherche historique sur le commerce intérieur de la Russie au début
du xixe siècle. Pendant très longtemps ceux qui ont abordé ce problème
en Russie ont été en premier lieu des hommes d'affaires préoccupés
avant tout de dresser un inventaire des foires, ainsi que des principaux
courants commerciaux existants à l'époque à l'intérieur des frontières
de l'Empire russe. Les ouvrages qu'ils nous ont laissés s'adressent géné
ralement à des négociants et précisent, comme de nos jours les Bottins
commerciaux, les jours de foires et marchés, l'importance de leurs
chiffres d'affaires, la nature des arrivages1. Cette optique d'épicier en
gros est dégagée de tout souci d'analyser la signification économique du
commerce de cette époque.
A partir de la fin du xixe siècle, au contraire, l'historiographie
russe, puis soviétique, change la portée de sa vision : elle s'intéresse
moins aux foires en elles-mêmes qu'au marché intérieur considéré
dans son ensemble. La nature, l'importance, les implications sociales
du marché intérieur russe font l'objet de débats passionnés entre
populistes et marxistes dont on retrouve les traces dans différentes
œuvres de Lénine, notamment dans son ouvrage Le développement du
capitalisme en Russie (1899) qui porte ce sous-titre caractéristique
1. N. Aksakov, Izledovanie 0 torgovli na Ukrainskih jarmarkah (Recherches
sur le commerce des foires ukrainiennes), Saint-Pétersbourg, 1858, 383 p. ;
M. Čulkov, Istoričeskie opisanie Rossijskoj kommercii pri vseli portah i granicah
ot drevnih vremen do nyne nastojaščego (Description historique du commerce de
la Russie dans ses ports et frontières depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos
jours), Moscou, 1786, t. VI ; vol. IV (Les foires), pp. 40-176.
Pour une bibliographie plus complète cf. S. Karataev, Bibliografija finansov,
promyUennosti i torgovli so vremen Petra Velikago po nastojaščee vremja (Biblio
graphie des finances, de l'industrie et du commerce depuis l'époque de Pierre le
Grand jusqu'à nos jours) iji4-i8yg, Saint-Pétersbourg, 1880, 376 p. LES FOIRES COMMERCIALES 415
Essai sur la formation du marché intérieur pour la grande industrie.
Ce livre continue d'influer sur les travaux soviétiques les plus récents
comme par exemple l'étude de В. В. Kafengauz, Essai sur le marché
intérieur de la Russie dans la première moitié du XVIIIe siècle1.
Le problème qui est toujours au centre des débats est de savoir si
avant même la Réforme de 1861, donc dans la première moitié du
xixe siècle, le marché russe était, ou non, déjà perturbé par les remous
inhérents à la naissance du capitalisme et si, dans l'affirmative, l'aboli
tion du servage en 1861 doit être considérée comme l'explosion à la
surface, l'aboutissement d'une crise économique et sociale qui couvait en
profondeur — pour reprendre l'analyse marxiste — du fait des contra
dictions entre les rapports de production de type féodal et des forces
de production grandissantes du capitalisme. Ce point de vue est souvent
contesté en Occident par les historiens qui mettent en valeur les facteurs
au premier chef politiques qui ont conduit à la Réforme de 1861 ;
selon eux l'abolition du servage marque au contraire le point de départ
de l'industrialisation, le « take off » de l'économie russe ne commence
que dans la seconde moitié du xixe siècle2.
L'objet de notre recherche a été d'essayer de dépasser le stade
des descriptions analytiques des grandes foires russes pour dégager
— ce qui n'a pas été suffisamment remarqué — les relations fonc
tionnelles qui existaient entre elles. Dans cette optique, le commerce
des foires peut apporter quelques éclairages nouveaux à la controverse
plus générale sur la nature et les tendances du marché intérieur russe
avant la Réforme de 1861.
II. — Les sources
L'état actuel des sources disponibles sur le commerce intérieur de
la Russie ne nous permet pas de commencer notre enquête avant 1815.
Les documents concernant la seconde moitié du xvine siècle et les
premières décennies du xixe siècle sont trop fragmentaires. Il s'agit
principalement des rapports annuels que les gouverneurs adressaient
1. B. B. Kafengauz, Očerki vnutrennego rynka Rossii pervoj poloviny
XVIII veka (po materiálům vnutrennih tamočen) (Étude du marché intérieur de la
Russie de la première moitié du XVIIe siècle d'après les matériaux des douanes),
Ak. Nauk S.S.S.R., Moscou, 1958, 354 p.
2. P. I. Ljaščenko, Istorija narodnogo hozjajstva S.S.S.R. (Histoire de
l'économie nationale de l'U.R.S.S.), Moscou, 1946, t. 1 (Le mode de production
pré-capitaliste), 663 p. - traduit en anglais sous le titre History of national
economy of Russia, Macraillan & Co - est encore à l'heure actuelle la synthèse
la plus solide sur l'évolution économique de la Russie d'un point de vue marxiste ;
voir la critique qu'en a donnée Alexander Gerschenkron in Journal of Economie
History, Spring 1952, pp. 146-159, et son interprétation propre :
backwardness in historical perspective, Frederic Praeger, 1962, pp. 5-30 et 152-197. 4l6 BASILE KERBLAY
au gouvernement central sur l'état des récoltes, le volume des céréales
commercialisées, le nombre et l'importance des foires ou marchés.
Malheureusement ces données sont difficilement comparables car les
critères retenus sont trop imprécis pour permettre une synthèse
cohérente. Depuis l'abolition des douanes intérieures, l'historien n'a
plus à sa disposition cette source inépuisable de renseignements1 que
constituent les registres de l'octroi2. Ceci explique que le commerce
russe de la première moitié du xvne siècle ait pu, grâce aux archives
de l'octroi, être beaucoup mieux étudié que celui de la période qui
a suivi3.
Il faut attendre les années trente du xixe siècle pour voir réappar
aître, grâce à l'institution d'une taxe sur les transports fluviaux
destinée à financer la construction ou la modernisation des canaux4,
un nouveau baromètre du mouvement des marchandises, tout au moins
de celles qui empruntent la voie d'eau5. A partir de 1845 paraissent
des mercuriales régulières des prix intérieurs publiées par le Journal
du Ministère de l'Intérieur, ainsi que des statistiques du Département
des manufactures et de l'industrie sur l'état du commerce. Enfin dans
les années qui précèdent la Réforme, pendant la guerre de Crimée,
l'État-Major impérial s'est livré pour des raisons stratégiques à un
inventaire systématique des ressources de chaque province dont les
quelque 29 volumes publiés fournissent des données très précises sur
la population, la production, l'infrastructure, le commerce de la Russie
vers 1855e.
Il n'en reste pas moins que notre connaissance du commerce inté-
1. Les douanes ont été abolies plus tôt en Russie qu'en France. Ceci s'explique
par la volonté de l'impératrice Elisabeth d'améliorer les approvisionnements
de sa capitale. Saint-Pétersbourg étant situé à la périphérie de l'Empire subissait
très lourdement la cascade des taxations successives qui frappaient les marchand
ises en transit d'une ville à l'autre. Cf. M. Ja. Volkov, « Tamožennaja Reforma
I753"I757 " (a La réforme des douanes »), in Istoričeskie Zapiski, n° 71, 1962,
pp. 134-158.
2. Ces registres précisaient la provenance et la des

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