Les fouilles d Aléria (Corse) : l acropole et ses problèmes (1962) - article ; n°1 ; vol.21, pg 77-109
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Les fouilles d'Aléria (Corse) : l'acropole et ses problèmes (1962) - article ; n°1 ; vol.21, pg 77-109

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Gallia - Année 1963 - Volume 21 - Numéro 1 - Pages 77-109
33 pages

Informations

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Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 59
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

Monsieur Jean Jehasse
Les fouilles d'Aléria (Corse) : l'acropole et ses problèmes (1962)
In: Gallia. Tome 21 fascicule 1, 1963. pp. 77-109.
Citer ce document / Cite this document :
Jehasse Jean. Les fouilles d'Aléria (Corse) : l'acropole et ses problèmes (1962). In: Gallia. Tome 21 fascicule 1, 1963. pp. 77-
109.
doi : 10.3406/galia.1963.2382
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galia_0016-4119_1963_num_21_1_2382■


LES FOUILLES D'ALÉRIA (CORSE) :
L'ACROPOLE ET SES PROBLÈMES (1962)
par Jean JEHASSE
Les fouilles d'Aléria sont exécutées dans le cadre de la Circonscription des Antiquités
historiques d'Aix-en-Provence, région sud, dirigée par M. Fernand Benoit, qui en a donné
des comptes rendus dans Gallia depuis cinq ans. Elles doivent également beaucoup à
M. Jérôme Carcopino, qui, président d'honneur de la Société archéologique corse, leur a
multiplié dans tous les domaines son efficace appui1.
Nous nous bornerons aux problèmes posés par l'Aléria romaine sur le plateau où la
colonie sullanienne a succédé à une importante ville hellénistique, et au comptoir phocéen
primitif.
Le site d'Aléria s'élève sur un plateau tabulaire de 40 à 60 mètres d'altitude (fîg. 1). Cette
table s'allonge du nord au sud-ouest sur environ 2 km. 700. Au nord, elle surplombe le Tavignano
d'un à pic rectiligne. Elle se découpe à l'ouest, au-dessus du cours du Tagnone, en trois lobes inégaux :
les plateaux du Fort d'Aléria, de Macellone et de Casabianda. Depuis le xixe siècle une route impé-
(1) Sur le site d'Aléria aux xvme et xixe siècles : de Pommereuil, Histoire Philosophique de V Isle de Corse,
Berne, 1779, in-8°, 2 vol. — J. M. Jacobi, Histoire de la Corse, Paris 1835, 2 vol. in-8°. — P. Mérimée, Notes d'un
Voyage en Corse, Paris 1840, in-8°. — A. Grassi, Aléria. Étude historique et archéologique, Paris (1850). — Galetti,
Histoire illustrée de la Corse, Paris, 1863, in-4°.
Sur les découvertes faites à Aléria : Mommsen, C.I.L., t. X, n° 8034-80. — Commentaires épigraphiques de
Renier, Lafaye, Mollard, repris et complétés par E. Espérandieu : Inscriptions antiques de la Corse, Bastia 1893,
in-16 ; — Inscriptions latines de Gaule (Narbonnaise), Paris, 1929, t. I, n° 13. — E. Espérandieu, Recueil général des
Bas-reliefs de la Gaule romaine, t. II, p. 446-48 ; t. X, p. 123. — Salomon Reinach, Rapport sur une statuette de bronze
représentant « Vénus pudique » trouvée à Aléria, Bull. Arch. Comité des Trav. hist, et scient., 1921, p. cxliv, pi. II. —
A. Ambrosi, Note sur un tombeau, Bull. Archéol., 1923, p. cxii-cxin. — Notes archéologiques. Aléria, Bull, de la Soc.
des Se. hist, et natur. de la Corse, t. XLIII, 1923. — A. Blanchet et A. Ambrosi, Forma Orbis Romani, Carte archéolo
gique de la Gaule Romaine, département de la Corse, Paris 1933. — M. C. Ascari, La Corsica nella Carte Geograflche
di Tolomeo, Archivio Storico di Corsica, Livorno, Luglio-Sett. 1938.
Sur les fouilles récemment entreprises : F. Benoit, Comptes-rendus dans Gallia, t. XVI, 1958, p. 447 ; t. XVIII,
1960, p. 324-327. — J. Carcopino, Les leçons d'Aléria, Revue de Paris, octobre 1962, et notre Communication à l'Aca
démie des Inscriptions, 1er décembre 1961. — Qu'on nous permette d'ajouter : La Céramique campanienne d'Aléria, (I),
Études corses, n° 27-28, Ajaccio 1960, et (II), Revue d'Études corses, oct.-déc. 1961 ; — L'archéologie et la connaissance his
torique de la Corse dans l'Antiquité, Revue d'Études corses, oct.-déc. 1961 ; — Les Monnaies puniques d'Aléria, ibid.,
oct.-déc. 1962.
M. et Mme Boucher, anciens élèves de l'École de Rome, ont participé à la prospection de la Côte orientale de
la Corse, et aux trois premières campagnes sur le plateau d'Aléria. JEAN JEHASSE 78
riale, puis nationale, a été percée au travers des collines qui descendent à l'est vers l'étang del Salé
et la mer Tyrrhénienne. De quelque côté qu'on l'aborde, cet ensemble frappe par sa massive unité.
Au nord, à l'est, et au sud, il domine une succession d'étangs : Terrazana, Diane, Del Salé, Urbino.
Bordés de nombreux points d'eau douce, ces étangs, parfois profonds d'une dizaine de mètres, offrent
des rades admirables et sûres ; riches en poissons et en coquillages, ils sont également précieux par
les marais salants naturels qui se forment sur leurs rives. Avec son affluent le Tagnone, le Tavignano
enserre ce plateau à l'ouest et au nord. Loin d'être un torrent, c'est un véritable fleuve, d'une vingtaine
de mètres de largeur, qui, même en période de basses eaux, garde une profondeur supérieure à
deux mètres. Il s'ouvre sur la mer par un large estuaire, particulièrement propre à la pêche et à la
navigation.
Extrêmement vallonnée, terre à blé, à vigne, et à olivier, riche du filon d'argile de Vadina,
la plaine orientale se définit par rapport à la barrière des montagnes qui, selon un vaste arc de cercle
nord-sud, l'isole du reste de l'île. Cependant la vallée encaissée du Tavignano permet d'accéder
au bassin intérieur de Corté ; et d'Aléria partaient, jusqu'au xixe siècle, les deux routes principales
du centre de la Corse par les crêtes : celle de Campo Querchio (« champ de chêne )» et d'Antisanti,
au sud du Tavignano ; celle de Tallone et Bustanico, au nord. Les ressources qu'offraient plateaux
et montagnes n'étaient pas négligeables : élevage ; miel et cire ; résine et poix ; bois pour les cons
tructions navales surtout. Le plateau d'Aléria d'autre part se trouve au centre de tout un ensemble
minier : minerais de cuivre de Vezzani au sud, de Tallone au nord ; minerais de plomb argentifère
à San Paulo, à l'ouest ; fer de Pianello et de Linguizetta ; et un peu partout de l'amiante, qui put
être exploitée à époque romaine.
Située à environ 9° 31' de longitude est, et 42° 6' de latitude nord, Aléria occupe à peu près
exactement le centre de la côte orientale de la Corse, souligné par un net renflement. Cette latitude
la place à hauteur d'Ampurias, sur la côte catalane, et de Tarquinia ; par sa longitude, elle s'inscrit
à peu près sur un axe Rapallo-Bizerte ; enfin elle tient le milieu d'une ligne Marseille-Naples. Mais si
cette position fait du site un carrefour, des conditions naturelles particulièrement propices l'établissent
au cœur des communications dans la Méditerranée occidentale. Les vents d'ouest dominants sont
arrêtés par la barrière montagneuse qui constitue l'épine dorsale de la Corse. Ainsi la côte orientale,
sans haut-fond ni écueil, offre-t-elle un parcours absolument sûr, à l'abri des tempêtes. Davantage,
les vents qui y dominent, contrairement aux perturbations entraînées par l'anticyclone des Açores,
sont des vents de nord-est et surtout sud-est, qui relient directement Aléria à l'île d'Elbe et l'Étrurie,
comme à la Campanie et l'Apulie. Les courants ne jouent pas un rôle moins important. La côte,
le long du domaine de Casabianda, reçoit des épaves de toute provenance qui s'y accumulent, et
même des déchets venus d'Italie. D'une façon générale ces courants suivent un cours opposé à celui,
des vents, et permettent ainsi la navigation dans les deux sens. Un système aussi complexe rend
privilégiée la côte orientale, et singulièrement Aléria2.
Mais cette position n'a pas seulement l'avantage d'un abri sûr, ni d'un relais commercial aisé.
Sa valeur stratégique la met hors de pair, car une base quelque peu importante permet de contrôler
la Tyrrhénienne, voire de la verrouiller. Ainsi s'explique dans l'Antiquité une vocation inter-médi-
terranéenne, plus que proprement corse, d'Aléria : laissant les Corses à l'ouest de la Corsigliese, à
la lisière de la barrière montagneuse, la ville est d'abord tournée vers la mer ; et ce sont les conjonc
tures internationales qui façonnent son destin.
(2) Le site d'Aléria répond exactement à la définition des établissements grecs en Occident donnée par F. Benoit :
« placés en des sites abrités au fond des terres contre les attaques des pirates, et protégés des indig

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