Les Kurdes et la kurdologie en Union soviétique  ; n°3 ; vol.1, pg 513-530
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Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1960 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 513-530
18 pages

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Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 39
Langue Français
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Extrait

Alexandre Bennigsen
Les Kurdes et la kurdologie en Union soviétique
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 1 N°3. Avril-juin 1960. pp. 513-530.
Citer ce document / Cite this document :
Bennigsen Alexandre. Les Kurdes et la kurdologie en Union soviétique. In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 1 N°3.
Avril-juin 1960. pp. 513-530.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1960_num_1_3_1441LES KURDES ET LA KURDOLOGIE
EN UNION SOVIÉTIQUE
En bibliographie rédigeant cette exhaustive brève des étude, ouvrages nous n'avons de Kurdologie pas la prétention publiés en de Union donner soviéune
tique, mais seulement d'indiquer les lignes générales des études entreprises en
U.R.S.S. sur le problème kurde. Notre travail doit beaucoup à l'excellent article
du professeur K. Kurdoev de Leningrad : « Le développement de la Kurdologie
soviétique » (Učenye Zapiski Instituta Vostoko vedeni j a, /. XXV, Moscou,
i960, pp. 57-68). Le professeur Kurdoev a d'ailletirs très aimablement accepté
de revoir et compléter notre manuscrit. Nous l'en remercions vivement, ainsi que
le professeur Kamuran Aali Bedir Khan, qui nous a prodigué de précieux
conseils1.
INTRODUCTION
Le peuple kurde, si intéressant pour les savants et si attachant pour tous
ceux qui ont le privilège de le connaître sur son sol, habite une région monta
gneuse du Moyen-Orient — le Kurdistan, partagé entre plusieurs pays : la
Turquie Orientale, l'Iran Occidental, l'Iraq du Nord, la Syrie et enfin la
Russie soviétique2.
1 Pour les titres en langue kurde, nous suivons partout la translitération
latine élaborée en 1919 en Syrie par l'Émir Djeladet Bedir Khan et adoptée
vers 1930 par les Kurdes de Syrie. C'est dans cet alphabet latin que furent
publiés les premiers journaux kurdes de Syrie : Roja Nû, Ronahî, etc., ainsi
que de nombreux romans et recueils de poésie. Récemment, le Congrès des
professeurs, instituteurs et intellectuels kurdes qui s'est tenu le 13 septem
bre 1959, à Shaklavé (Iraq), a décidé de l'adopter pour transcrire la langue
kurde en Iraq :e = à, ê = e, î = i, i = i dur, analogue au i dur turc, ii = u,
ç = c, c = dj,q = k vélaire (analogue au q arabe), x = kh (h fortement
aspiré) analogue au x russe, h = h légèrement aspiré, s = š, j = ž, w = ana
logue au w anglais, y = j . Cette translittération ne distingue pas les consonnes
aspirantes : p', ť, к1, ni le r roulé, ni le с doux existant dans l'alphabet
kurde cyrillique.
2 Des îlots kurdes, parfois importants, existent aussi hors des limites du
Kurdistan : le plus important se trouve dans la province iranienne du Kho-
rassan à l'est de la Mer Caspienne où les Kurdes ont été déportés au xvie et
xvne siècles par les Shahs Safavides et d'où une fraction a émigré dans le
pays Turkmène. Il est possible que d'autres îlots existent au Baluchistan
iranien, en Afghanistan et même au Pakistan (dans le Sind). Mais leur
existence n'est pas démontrée. Voir à ce sujet l'ouvrage de l'historien kurde
A. Zaki, Histoire des Kurdes et du Kurdistan, trad, arabe, Le Caire, 1936. A. BENNIGSEN 514
Le nombre total des Kurdes dans le monde est difficile à établir avec pré
cision. Le Mémorandum sur la situation des Kurdes et leurs revendications,
adressé à l'O.N.U. (Paris, 1948) fixe la population totale du Grand Kurdistan
géographique à 9 millions d'habitants, mais selon K. Kurdoev3 ce chiffre doit
comprendre 2 500 000 de non Kurdes. En revanche, les statistiques officielles
des pays orientaux ne comptent souvent comme Kurdes que les tribus
nomades et semi-nomades, assimilant la population sédentaire (urbaine et
rurale) à la nation dominante. D'autres statistiques ne font état que de ceux
qui déclarent le kurde comme leur langue maternelle.
Aussi les chiffres officiels des trois principaux pays du Moyen-Orient qui
se partagent le territoire du Kurdistan sont-ils vraisemblablement inférieurs
à la réalité. Les estimations soviétiques généralement plus élevées divergent
aussi sensiblement. Aristova* porte le nombre total des Kurdes à 7 millions,
dont 2 500 000 en Turquie, 2 500 000 en Iran (dont 300 000 au Khorassan
et au Baluchistan), 1 200 000 en Iraq, 300 000 en Syrie et 150 000 en U.R.S.S.
Bruk3 ramène ce chiffre à 5 500 000, dont 2 500 000 en Turquie, 1 800 000 en
Iran, 900 000 en Iraq et 300 000 en Syrie et Kurdoev8 à 5 300 000 (il ne
compte que 2 300 000 Kurdes en Turquie), mais le même auteur estime que
le nombre total des Kurdophones atteint 8 millions7.
De son côté, Mahmudov (Kurd Joghovurd, Erevan, 1959, en arménien)
porte le nombre total des Kurdes à 9 millions (Turquie 4 millions, Iran
3 500 000, Iraq 1 million, Syrie 250 000, U.R.S.S. 160 000).
Signalons enfin que certains spécialistes occidentaux confirment ces est
imations élevées. Ainsi C. J. Edmonds {Kurds, Turks and Arabs, Oxford,
1957, PP- 3 et 4» renvoi 2) pense que le nombre de Kurdes de Turquie peut
être « raisonnablement évalué » à 3 et même à 4 millions.
Il ne nous appartient pas ici de discuter ces différentes estimations, mais
seulement de rappeler que les Kurdes montagnards, vigoureux, dynamiques et
intelligents, malgré leur incontestable retard culturel, agités par de puissants
courants nationalistes, constituent l'un des problèmes clefs du Moyen-Orient.
La grande majorité des Kurdes appartient à l'Islam sunnite, les seules
exceptions sont les Chiites duodécimains ( Kurdes du Khorassan et du Turkmen
istan), les Chiites extrémistes (Ali Illahis) au nombre de quelques dizaines
de milliers dans le Kurdistan iranien, en Turquie et peut-être en Azerbajgan
soviétique et les Yezidis (« adorateurs du Diable ») en Iraq (Djebel Singar),
en Iran (à l'Est de Senandag) et en Arménie (au Mont Alagoz) au nombre
de 60 à 100 000.
Du point de vue linguistique le peuple kurde est divisé en deux groupes
principaux : 1) Le groupe Sord-Ouest dont le dialecte — le Kurmangi est
parlé dans le Kurdistan turc (Mardin, Bohtan, Bahdinan, Hakkari, Van,
Mus, Erzerum), dans les districts iraniens situés au Nord et à l'Ouest du lac
de Rezayèh, dans le Khorassan, en Iraq (Singar et Mossoul), en Syrie et
en U.R.S.S.
2) Le groupe Sud-Est dont le dialecte — le Sorani* est parlé au Kurdistan
* Dans Národy Perednej Azii (Les Peuples de l'Asie Antérieure), Moscou,
Ac. * « Kurdy S. de l'U.R.S.S., Irana », Kratkie 1957, chap, SoobšČenija ví : « Kurdes Instituta », p. Etnografii, 242, n. 1. t. XXI, 1954,
pp. 98-104.
* « Etničeskij sostav i razmeščenie naselenija v Perednej Azii », Peredneaziatski
Etnografičeskij Sborník, t. I, Moscou, 1958, p. 89.
* « Kurdy », chap, ví des Národy Perednej Azii, op. cit., p. 242.
7 Kurdoev, Grammatika Kurdskogo Jazyka, Moscou, 1957, p. 10.
» Cependant les Kurdes de Mahabad, de Suleymaniyeh et de Ravanduz
appellent également leur langue le Kurman&i. LES KURDES ET LA KURDOLOGIE EN UNION SOVIÉTIQUE 515
iraquien (Ravanduz, Koy-Sangaq, Suleymaniyèh) et au Kurdistan iranien
au Sud du lac de Rezayèh (Senandag, Mahabad, Kermanchah).
Hors des frontières de l'U.R.S.S., la langue kurde (dialecte soranï) est
transcrite en alphabet arabe (en Iraq et, depuis peu en Iran) et en alphabet
latin (en Syrie — alphabet élaboré par la société Khavar, utilisé aussi par les
savants kurdes en Europe), un second alphabet latin, aujourd'hui aban
donné, avait été essayé en Iraq avant 1940.
Ajoutons, pour terminer ce bref aperçu de la situation des Kurdes, que des
différences très sensibles existent entre les branches de ce peuple : tribus
nomades ou semi-nomades préservant le système clanique dans certaines
régions, et dans d'autres, communautés sédentaires et détribalisése partiell
ement ou totalement. Enfin, surtout en Iraq, existe déjà ou est en voie de
formation, une jeune intelligentsia.
En Union soviétique habite une communauté kurde, dont nous ignorons
l'importance réelle. Voici les résultats des trois derniers recensements
soviétiques :
1926 54 661 (y compris les Yezidis)
1939 45 866 dont 15 000 Yezidis
1959 59 000 (y les
Mais la plupart des kurdologues soviétiques jugent ces chiffres insuffisants.
Aristova (art. cité) les estime à 160 000 (y compris les Yezidis) et Kurdoev
(Grammatika Kurdskogo Yazyka, op. cit., p. 10) entre 100 et 120 000.
Les Kurdes de l'U.R.S.S. sont répartis entre les r

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