Les ouvriers du livre devant l innovation technologique. Esquisse d une réflexion - article ; n°2 ; vol.5, pg 223-231
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Les ouvriers du livre devant l'innovation technologique. Esquisse d'une réflexion - article ; n°2 ; vol.5, pg 223-231

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Histoire, économie et société - Année 1986 - Volume 5 - Numéro 2 - Pages 223-231
Résumé This paper addresses itself to the problem of how the workmen in the book and printing industries reacted to the technological innovations which in the last hundred and fifty years have caused transformations and maybe a real upheaval in their work, such as mechanical printing round 1830, linotyping at the turn of the century, and complex changes in the last years. Their awareness of technological progress and a very strong group, one might even say class-consciousness, allowed them to rise to the challenge on every occasion, despite serious delays. The present crisis is by far the most painful. The French Federation of the book industry workmen, still representative despite its loss of ground, aims at a professional and entrepreneurial culture.
Résumé Cet article analyse, de façon problématique, les réactions des ouvriers du labeur et de la presse aux innovations technologiques qui ont depuis cent cinquante ans transformé, voire bouleversé leur travail : presses mécaniques vers 1830, linotype au tournant du siècle, mutations complexes des dernières années. Sensibles au progrès technologique et forts d'une conscience collective qu'on peut dire de classe, ils ont chaque fois, non sans graves retards, été capables de faire front. La crise actuelle est de loin la plus difficile. La Fédération Française des Travailleurs du livre, dont la représentativité reste solide malgré ses reculs, s'oriente vers l'élaboration d'une culture de branche professionnelle et d'entreprise.
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madeleine Reberioux
Les ouvriers du livre devant l'innovation technologique. Esquisse
d'une réflexion
In: Histoire, économie et société. 1986, 5e année, n°2. pp. 223-231.
Résumé Cet article analyse, de façon problématique, les réactions des ouvriers du labeur et de la presse aux innovations
technologiques qui ont depuis cent cinquante ans transformé, voire bouleversé leur travail : presses mécaniques vers 1830,
linotype au tournant du siècle, mutations complexes des dernières années. Sensibles au progrès technologique et forts d'une
conscience collective qu'on peut dire de classe, ils ont chaque fois, non sans graves retards, été capables de faire front. La crise
actuelle est de loin la plus difficile. La Fédération Française des Travailleurs du livre, dont la représentativité reste solide malgré
ses reculs, s'oriente vers l'élaboration d'une culture de branche professionnelle et d'entreprise.
Abstract
Résumé This paper addresses itself to the problem of how the workmen in the book and printing industries reacted to the
technological innovations which in the last hundred and fifty years have caused transformations and maybe a real upheaval in
their work, such as mechanical printing round 1830, linotyping at the turn of the century, and complex changes in the last years.
Their awareness of technological progress and a very strong group, one might even say class-consciousness, allowed them to
rise to the challenge on every occasion, despite serious delays. The present crisis is by far the most painful. The French
Federation of the book industry workmen, still representative despite its loss of ground, aims at a professional and
entrepreneurial culture.
Citer ce document / Cite this document :
Reberioux Madeleine. Les ouvriers du livre devant l'innovation technologique. Esquisse d'une réflexion. In: Histoire, économie et
société. 1986, 5e année, n°2. pp. 223-231.
doi : 10.3406/hes.1986.1425
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1986_num_5_2_1425OUVRIERS DU LIVRE DEVANT LES
L'INNOVATION TECHNOLOGIQUE
Esquisse d'une réflexion
par Madeleine REBÉRIOUX
Résumé Résumé
Cet article analyse, de façon problématique, les This paper addresses itself to the problem of how
réactions des ouvriers du labeur et de la presse aux i the workmen in the book and printing industries
nnovations technologiques qui ont depuis cent -cinquan reacted to the technological innovations which in the
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ions and maybe a real upheaval in their work, such as mécaniques vers 1830, linotype au tournant du siècle,
mutations complexes des dernières années. Sensibles mechanical printing round 1830, linotyping at the
au progrès technologique et forts d'une conscience turn of the century, and complex changes in the last
years. Their awareness of technological progress and a collective qu'on peut dire de classe, ils ont chaque
fois, non sans graves retards, été capables de faire very strong group, one might even say class-conscious
front. La crise actuelle est de loin la plus difficile. La ness, allowed them to rise to the challenge on every
occasion, despite serious delays. The present crisis is Fédération Française des Travailleurs du livre, dont la
by far the most painful. The French Federation of the représentativité reste solide malgré ses reculs, s'oriente
book industry workmen, still representative despite its vers l'élaboration d'une culture de branche profession
loss of ground, aims at a professional and entrepreneurnelle et d'entreprise.
ial culture.
L'innovation technologique est aujourd'hui l'objet de travaux nouveaux évidem
ment associés à la recherche de nouvelles rationnantes économiques et à celle des
voies par lesquelles la crise actuelle peut être dépassée. Qu'il s'agisse pour une part
d'une crise des représentations liée aux mutations culturelles des dernières décennies,
nul n'en doute. Mais il n'est pas certain que les schémas explicatifs produits en abon
dance à propos de l'attitude ouvrière — ils vont de la crainte innée du nouveau dans
un prolétariat spontanément conservateur à la quête ouvrière du progrès social associé
à celui des techniques — rendent compte de la réalité. En s'attachant à cemer à grands
traits l'évolution des réactions devant l'innovation technologique d'une branche indust
rielle sur une période de 150 ans environ, on ne prétend certes pas proposer un modèle
interprétatif nouveau. L'étude sur une longue période des spécificités professionnelles,
surtout lorsqu'il s'agit d'industries à forte cohésion humaine, permet au contraire de
progresser dans la connaissance de la diversité ouvrière et peut constituer à ce titre
une tentative de dépassement des soi-disant évidences traditionnelles.
Le cas des ouvriers du livre est particulièrement intéressant (1). Il s'agit en effet
d'une branche industrielle ancienne, fondée dès le départ sur la collaboration de plu
sieurs métiers qui au XIXe et au XXe siècles n'ont cessé de se diversifier. Dans la presse
comme dans le labeur, les ouvriers du livre qualifiés se définissent comme des « pro
fessionnels », détenteurs de diverses compétences, par opposition aux « similaires » 224 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ
et aux femmes, ceux en somme qui font semblant d'être de vrais ouvriers. Ils tirent
fierté de cette certitude. Ils en tirent aussi une culture qui leur est propre, faite de
savoir-faire, de pratiques rituelles et de productions langagières, élaborées dans la
communauté de travail, bref une culture d'atelier. Mais non d'une culture de compa
gnonnage. Les hommes du livre ont été préservés des rivalités qui ont si longtemps
et si profondément divisé par exemple les gars du bâtiment. Les formes de solidarité
qu'ils ont tôt organisées dans l'atelier, la cité — les confréries par exemple — et, avec
le viaticum jusque sur les routes du vaste monde, se sont épanouies d'abord en clubs
au temps de la Révolution française, puis en actives sociétés de secours mutuel et de
résistance, avant de déboucher, en 1881, sur la fondation de la Fédération nationale
d'industrie la plus ancienne aujourd'hui en France, la Fédération française des Tra
vailleurs du Livre. Adhérente à la C.G.T. dès la de la Confédération, s'étant
opposée quasi unanimement à la scission de Force Ouvrière, la F.F.T.L., dont la
puissance s'est longtemps accrue — quasi totale dans la presse et à Paris, après la
Libération, elle a toujours été plus faible dans le labeur et en province — reste au
jourd'hui, malgré les coups très durs qu'elle a subis ainsi que l'ensemble de la branche
professionnelle, très représentative du monde du livre : sur quelque 200 000 ouvriers
du livre en 1979, la F.F.T.L. en syndicait quelque 60 000 (2).
Ces ouvriers « pas tout à fait comme les autres », ces « travailleurs intellectuels »
dont l'ensemble du procès de travail est pourtant resté si longtemps manuel, comment
ont-ils réagi aux innovations technologiques qui ont pris pour eux le visage
des machines ? Laissant de côté l'apparition, sous le Second Empire, des rotatives
qui semble n'avoir pas fait vraiment problème — mais la chose reste à vérifier et en
tout cas à expliquer —, je m'en tiendrai, dans ce survol chronologique, à trois mo
ments : l'apparition, vers 1830, des presses mécaniques touche les pressiers ou impri
meurs ; celle, au tournant du siècle, de la linotype, la « typo de fer », qui vise les
compositeurs, les typographes au sens étroit du terme ; enfin les mutations techniques
beaucoup plus complexes qui, depuis les années 1960, affectent presque tous les
métiers de l'imprimerie.
LES PRESSES MÉCANIQUES, LA CRISE DE 1830
Dans une branche professionnelle où les traditions se transmettent avec les prati
ques de l'apprentissage à l'œuvre dans l'atelier, on doit attacher une importance parti
culière aux réactions originelles, associées à la première crise. Les attitudes devant
la machine se mettent en place dans le livre — on en fera du moins l'hypothèse —
à partir de ce qui advient alors à l'un des métiers les plus anciens, celui qui a donné
son nom à l'industrie : les imprimeurs ou pressiers

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