Les partis politiques en Turquie Du parti unique a la démocratie - article ; n°1 ; vol.4, pg 131-155
26 pages
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Description

Revue française de science politique - Année 1954 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 131-155
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Turhan Feyzioglu
Les partis politiques en Turquie Du parti unique a la démocratie
In: Revue française de science politique, 4e année, n°1, 1954. pp. 131-155.
Citer ce document / Cite this document :
Feyzioglu Turhan. Les partis politiques en Turquie Du parti unique a la démocratie. In: Revue française de science politique, 4e
année, n°1, 1954. pp. 131-155.
doi : 10.3406/rfsp.1954.452640
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1954_num_4_1_452640Les Partis Politiques en Turquie
Du Parti Unique à la Démocratie
TURHAN FEYZÎOGLU
Ala fin de la seconde guerre mondiale, la Turquie a passé
sans heurts d'un régime autoritaire de parti unique à un
régime multipartite. Il n'est pas aisé d'expliquer cette évo-
lution, ni certains aspects particuliers de la vie politique en Turquie
sans jeter un coup d'oeil vers le passé. Une partie de cet article
sera donc consacrée, avant d'aborder l'étude de la situation actuelle,
à une esquisse historique des groupements politiques en Turquie
et à l'analyse de certains caractères spéciaux qui différenciaient
le régime de parti unique turc des principaux régimes totalitaires.
La jeune République turque est l'héritière de l'ancien Empire
ottoman. Cet empire, fondé au xivs siècle par les Turcs d'Anatoîie,
avait au début des bases solides et fut un des plus durables de
l'histoire. Mais sovs. l'influence de différents facteurs, internes et
externes, ïi devait connaître une longue oériode de recul et ce
déclin. Parmi les causes très diverses de ce déclin, quelques-unes,
par exemple l'autorité absolue des Sultans-Khaliies qui réunirent
dans leurs mains les pouvoirs temporels et spirituels, l'absence d'tm
contre-poids réel. î'irrimobilisme et la pétrification du système jur
idique résultant du -zaractère tLéocra tique de l'Ecac, l'opposition du
fanatisme r?Jiqieu" à toute sorte de progrès, méritent d'être rete
nues, car elles serviront à comprendre ïaWinde âzs principaux
partis politiques contemporains.
Les principaux groupements pcIBiques jusqu'à Sa défaite d@ 1918
Si l'on met à part les associations secrètes et révolutionnaires
créées par les minorités dans un but de séparatisme national, les
131 Turhan Feyzioglu
premiers mouvements de groupement autour d'une idée politique
naissent au sein de l'Empire ottoman à partir de 1839, date de la
promulgation de la « Charte du Tanzimat » reconnaissant aux
sujets du sultan certains droits fondamentaux. Le plus important
de ces groupements est l'Association secrète des jeunes Ottomans
(plus connue sous le nom de Jeunes Turcs) fondée en 1865. Ce
mouvement aboutit en 1876 à la Première Monarchie Constitut
ionnelle. Mais la Constitution de 1876 ayant laissé subsister la
suprématie du monarque, le sultan Abdul-Hamid dissout le Parle
ment en 1878. Il règne en souverain absolu jusqu'en 1908, date à
laquelle, grâce à l'action de l'Association d'Union et de Progrès,
la Constitution entrera de nouveau en vigueur.
L'Association d'Union et de Progrès, qui est née de la fusion
d'une quinzaine d'associations fondées clandestinement à Istanbul,
à Salonique ou à Paris dans le but de mettre fin au pouvoir absolu
du sultan, devient sous la Seconde Monarchie Constitutionnelle
un parti politique et assume le pouvoir. Il le gardera avec un court
intervalle jusqu'à la fin de la première guerre mondiale, malgré
l'apparition de nombreux partis d'opposition. On accuse le Parti
d'Union et de Progrès de vouloir substituer sa propre dictature
à celle du monarque, de négliger la cause de l'égalité des peuples
ottomans et de mener une politique nationaliste visant à consolider
la suprématie de l'élément turc au sein de l'Empire ; d'autres lui
reprochent son modernisme, son occidentalisme, sa tendance laïque.
A partir de 1909, on voit ainsi naître le Parti libéral ottoman,
le Parti démocrate ottoman, îe Parti des Libéraux modérés, le
Parti du Peuple, le Parti socialiste ottoman et le Parti de l'Union
musulmane. Ce dernier est un parti clérical qui se dresse contre
les réformes entreprises par le Parti d'Union et de Progrès et
défend ouvertement le régime théocratique. Il disparaîtra d'ailleurs
de la scène politique à la suite d'une révolte réactionnaire qu'il
aura provoquée.
Cette poussière de petits partis ne pouvait rien contre le puis
sant bloc que constituait le Parti d'Union et de Progrès. Afin de
créer un parti capable de men»r une opposition efficace, plusieurs
d'entre eux décidèrent de s'unir sous le nom d'Entente libérale, C'est
la première manifestation de la tendance au bipartisme que nous
retrouverons plus tard et qui n'est pas étranger au système élec
toral, système majoritaire à un seul tour. La période de la Seconde
Monarchie Constitutionnelle sera marquée par la lutte entre le
Parti d'Union et de Progrès et l'Entente libérale. L'acharnement
132 Les Partis Politiques en Turquie
de cette lutte, le manque d'unité nationale 1! la réaction religieuse,
les guerres incessantes empêcheront durant toute cette période le
bon fonctionnement de l'appareil démocratique. Surtout à partir
de 1912, le régime assez libérai né de la Révolution de 1908 fera
place à la dictature du Parti d'Union et de Progrès.
La période de l'armistice et de la guerre d'indépendance
Après la défaite de 1918, le Parti d'Union et de Progrès, re
sponsable de la guerre, disparaît. Le pays se trouve en face de
problèmes extrêmement graves et complexes qui poussent les poli
ticiens à envisager des solutions diverses. Les partis politiques et
les associations pullulent à Istanbul. Mais presque tous sont
dépourvus de base réelle dans le pays. C'est un éventail qui va de
l'extrême gauche (le Parti travailliste, le Parti socialiste des Paysans
et des Ouvriers de Turquie) à l'extrême droite (l'Association pour
le relèvement de l'Islam) Pour sortir de ce chaos, des tentatives
de rassemblement ont lieu. En particulier, celle entreprise par le
Congrès national réussit à organiser des réunions périodiques entre
les représentants d'un grand nombre de partis et d'associations.
Pendant ce temps, en dehors de la capitale, en Anatolie, comme
en Thrace, se créent un peu partout des associations d'un type tout
à fait différent, naissant spontanément de l'enthousiasme popul
aire et ayant pour but la défense de l'indépendance et de l'inté
grité de la nation turque, menacées par l'occupation partielle du
pays et par les conditions d'armistice imposées au Gouvernement
d'Istanbul. En Thrace, à Edirne (Andrinopïe) et dans la région
environnante, une association dite de « Trakia et Pachaéli », à
I Est, une « Association pour la Défense des droits nationaux dans
les provinces orientales » : au Nord, à Trabzon (Trébizonde ) , une
« Association pour la Défense des droits nationaux » ; enfin à
l'Ouest, dans la région d'ïzmir (Smyrne) où les puissances alliées
ont fait débarquer l'armée hellène, une « Association de Libéra-
tien de la patrie » et de nombreuses associations dites « anti-
annexionnistes » sont fondées par des patriotes qui commencent à
1. La Chambre des députés issue des élections de 1905 comprenait 142
Turcs, 60 Arabes, 25 Albanais, 23 Grecs, 12 Arméniens, 5 Juifs, 4 Bulgares,
3 Serbes (R.G. Okamjan, Les Grandes Lignes du drci: public turc (en turc),
Istanbul, 19-13, p. 268 : cité par T. Tunaya, Les Partis politiques en Turquie
(en turc), Istanbul, 1952, p. 165) Ce dernier ouvrage est un excellent recueil
de documents, indispensable pour l'étude des groupements turcs depuis
le XIXe siècle.
133 Turhan Feyzîoghi
se rallier à une idée mûrie depuis longtemps : celle d'accepter
comme un fait la désagrégation et la disparition de l'Empire ott
oman et de concentrer tout l'effort national pour fonder un nouvel
Etat, tout à fait indépendant et coïncidant avec les frontières
ethniques de la nation turque.
Mustafa Kemal quitte Istanbul

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