Communications - Année 2006 - Volume 80 - Numéro 1 - Pages 53-63Malgré leur puissant déferlement, les mass media sont loin d’être analysés. Mais en 1966 des théoriciens réunis au CECMAS, notamment Pierre Naville, Georges Friedmann, Christian Metz, Edgar Morin et Roland Barthes, ont introduit à une sémiologie de l’image optique. Quarante ans après, l’image résiste à l’analyse. Diverses théories portent sur l’interprétation des contenus, ou même sur leur réception subjective. Pourtant, la complexité énigmatique du signe iconique nécessite l’élucidation du langage spécifique des images. Autonome et signifiante par elle-même, l’image optique est en lien direct avec l’inconscient. 11 pages Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.
« Les possibilités d’une sémiologie de l’image optique »
Un séminaire inédit du CECMAS (novembre 1966)
PRÉSENTATION
En novembre 1966, des chercheurs collaborant au CECMAS (Centre d’étude des communications de masse) lancent une réflexion sur la théorie de l’image, dans le cadre du séminaire créé par Georges Friedmann au Centre d’études sociologiques. Les propos échangés au cours de ce sémi-naire fondateur avaient été perdus, mais on en a récemment retrouvé un enregistrement sonore. Nous publions donc ici de larges extraits de la 1 communication orale introductive de Pierre Naville ainsi que des inter-ventions de Christian Metz, Edgar Morin et Roland Barthes, accompagnés de quelques commentaires. Mais avant d’entrer dans ces débats, il convient de les situer. Nous sommes en 1966. Les communications de masse font irruption dans une société qui les subit sans trop en voir les enjeux. Les images visuelles sont 2 partout, le discours à leur propos presque nulle part . Les rares tentatives de recherche théorique sur l’image, sans parler des films scientifiques autres qu’illustratifs, sont dédaigneusement écartées par l’Université. Cet état de fait, on le sait, perdurera longtemps et bloquera l’émergence d’un champ spécifique de recherche en images et sur les images. Malgré quel-ques réussites dans la réalisation de films de recherche et certains débuts prometteurs dans l’appropriation des techniques audiovisuelles, les ini-tiateurs de l’introduction de l’image dans les sciences de l’homme ont gardé le sentiment d’avoir échoué dans leurs visées. Pierre Naville, Edgar Morin, Pierre Bourdieu et tant d’autres ont fini par délaisser l’idée d’un possible développement des études et expérimentations audiovisuelles hors de l’industrie du cinéma et des médias. Cet échec tient essentiellement à la déconsidération dans laquelle la religion puis la science ont tenu l’image pendant de longs siècles. Pour le 53