Les récits de voyage chinois comme source pour l étude du Viêtnam (Xe-XXe siècle)    - article ; n°1 ; vol.83, pg 67-87
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Les récits de voyage chinois comme source pour l'étude du Viêtnam (Xe-XXe siècle) - article ; n°1 ; vol.83, pg 67-87

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1996 - Volume 83 - Numéro 1 - Pages 67-87
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Lombard-Salmon
Trng-Hip T
Les récits de voyage chinois comme source pour l'étude du
Viêtnam (Xe-XXe siècle)
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 83, 1996. pp. 67-87.
Citer ce document / Cite this document :
Lombard-Salmon, Tạ Trọng-Hiệp. Les récits de voyage chinois comme source pour l'étude du Viêtnam (Xe-XXe siècle) . In:
Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 83, 1996. pp. 67-87.
doi : 10.3406/befeo.1996.2398
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1996_num_83_1_2398Les récits de voyage chinois comme source pour l'étude
du Vietnam (Xe-XXe siècle) i
Claudine SALMON et TA Trong Hiêp
L'importance des sources chinoises pour reconstituer l'histoire des hautes époques
d'Asie orientale a été signalée de longue date. Citons seulement ici deux relations de
voyage restées célèbres : celle du moine Xuanzang en Inde (dont le voyage dura de 629
à 645) et celle de Zhou Daguan au Cambodge (où il demeura de 1294 à 1297), dont les
traductions en langues européennes ont en quelque sorte révolutionné notre savoir sur
ces contrées. Pour le Vietnam, bien qu'on ait des annales couvrant une période de deux
millénaires, il s'en faut que celles-ci nous permettent de retracer l'histoire du pays dans
sa globalité. En ce qui concerne les premières dynasties (Le antérieurs, Lý, Trin, Ho\
soit du Xe au XVe siècle) très peu de choses concernant les institutions, la vie
économique et culturelle ont subsisté. Le Qui Don fut sans doute le premier historien
vietnamien à voir tout l'intérêt qu'on pouvait tirer des documents chinois. Dans son
Kiêh ván tiêh lue, «Choses vues et entendues» (1777) 2, il énumère cinq titres qui ont
retenu tout particulièrement son attention, en donne une brève analyse et commente :
«Ces cinq livres peuvent servir à compléter nos sources historiques». Parmi ceux-ci,
deux sont précisément des récits de voyage : le Tiannan xingji, « Récit de voyage au
Sud», (1288-89) de Xu Mingshan et V Annan jishi, «Notes impromptues sur l'Aiinam»,
(1293) de Chen Gangzhong (alias Chen Fu). Les historiens modernes ont suivi la voie
de Le Qui Don. C'est ainsi que pour reconstituer la géographie administrative des
premiers siècles de l'indépendance, H. Maspero, Hoàng Xuân Han et Dào Duy Anh, ont
tous dû utiliser le Lingwai daida, «En guise de réponse aux questions concernant les
contrées au-delà des passes» (1178)3, somme de connaissances diverses accumulées
par Zhou Qufei (?-après 1178) durant ses fonctions dans l'actuelle province chinoise du
Guangxi, et VAn Nam ChiLiîçfc, «Somme sur l'Annam», rédigée en 1339 par Le Tác 4,
un Vietnamien qui avait émigré en Chine. Toutefois, les relations de voyage n'ont pas
encore, à notre sens, bénéficié d'une attention suffisante.
1. Texte légèrement modifié d'une communication présentée lors du Colloque international
«Euroviet» : «Sources et approches du Vietnam», Aix-en-Provence, 3-5 mai 1995.
2. Chap. 4, p. 3-3b, ms HM 2174.
3. Il en existe désormais une traduction allemande : Almut Netolitzky, Das Ling-wai tai-ta von
Chou Ch'il-fei. Eine Landeskunde Siidchinas aus dem 12. Jahrhundert, Miinchener Ôstasiatische
Studien herausgegeben von Wolfgang Bauer und Herbert Franke, band 21, Wiesbaden, Franz Steiner
Verlag, 1977.
4. Citée ci-après sous l'abréviation ANCL. Il en existe une traduction française par C. Sainson,
Ngan-nan tche-luo, Mémoire sur l'Annam, Pékin, 1896. 68 Sources sur le Viêt Nam CLAUDINE SALMON et TA TRONG HlÊP
Notre propos ici est de donner une idée de ce qu'on peut tirer de ce genre de sources
qui nous informent à la fois sur la vision que les Chinois se faisaient du Vietnam, sur
les contacts réels entre les deux pays et sur la société même. Au cours des siècles, on
trouve parmi ces voyageurs d'excellents observateurs qui n'hésitent pas à poser des
questions et à consigner les résultats de leurs enquêtes afin d'en faire profiter leurs
contemporains. Si les récits de missions étaient en principe destinés à la classe
dirigeante, ils pouvaient néanmoins faire l'objet de publications s' adressant à un plus
vaste public lettré avide de connaissance sur le monde extérieur. Et au Vietnam même,
certains historiens, comme Le Qui Don et Phan Huy Chu, étaient très friands de ces
relations chinoises bien que ce genre littéraire y ait été considérablement moins en
vogue. Pour ce faire, nous avons dressé un inventaire provisoire (que nous donnons en
appendice) et qui va nous permettre de voir comment ce genre évolue dans le temps, et
de montrer tout ce que l'historien est susceptible d'y trouver.
Bien qu'il y ait eu des voyageurs chinois au Vietnam durant les dix siècles de
colonisation chinoise, en fait, très peu de textes, sauf quelques poèmes épars des Tang,
sont parvenus jusqu'à nos jours; c'est pourquoi nous ne parlerons ici que des auteurs
dont les récits s'étalent entre le Xe et le début du XXe siècle. Une première catégorie se
trouve correspondre aux envoyés qui venaient pour conférer l'investiture, annoncer
l'avènement d'un nouvel empereur en Chine, apporter des condoléances à la mort d'un
souverain vietnamien, régler un contentieux frontalier... 5 Ils constituent la totalité des
auteurs pour la période allant du Xe au XVIe siècle. À partir du milieu du XVIIe siècle,
apparaît une deuxième catégorie constituée par des voyageurs éduqués circulant, soit
pour raison politique (loyalistes Ming fuyant les Mandchous), soit pour leur compte.
Avec la colonisation française, les ambassades à la cour vietnamienne cessent, comme
on sait, mais des fonctionnaires chinois continuent à arriver, soit qu'ils viennent en
mission spéciale, soit qu'ils fassent escale dans les grands ports avant de gagner leur
poste dans les diverses ambassades. De plus, les marchands se mettent eux aussi à
écrire. Parmi les trente-quatre titres attestés, les textes de vingt-cinq ont été conservés
jusqu'à nous (voir, en annexe, la bibliographie). Nous nous proposons de les répartir en
trois périodes.
Textes d'époque Song et Yuan (Xe-XIIIe s.)
Cette période connut un nombre de missions assez considérable, sans parler des
voyages effectués par les marchands et les loyalistes Song qui s'enfuirent à la chute de
5. Il y eut aussi sous le premier empereur Ming des missions à caractère à la fois religieux et
politique. Il s'agissait d'incorporer dans l'empire les montagnes et les fleuves des pays limitrophes tels
que la Corée et l'Annam et de leur rendre un culte ; cf. Ming shilu leizuan, vol. Shiwai shiliao, Wuhan
chubanshe, 1991, p. 554-55, où sont énumérés, pour le 12e mois de la 2e année de Hongwu (début
1370), les montagnes et les fleuves du Vietnam et où est annoncé au premier mois de l'année suivante
(1370) l'envoi d'émissaires. Il est même précisé que ceux-ci firent dresser une carte des lieux sacrés,
relever les inscriptions s'y rapportant pour les remporter en Chine et ériger des stèles dans les endroits
où ils s'étaient rendus. Les sources vietnamiennes nous apprennent par ailleurs le nom de l'envoyé
taoïste, un certain Yan Yuanfu qui, précisément en la 3e année de Hongwu (1370), alla au Vietnam
pour rendre un sacrifice au mont Tân viên (dans l'actuelle commune de Minh Quang du district de Ba
Vî, intégré au grand Hà Nôi depuis la fin 1979 (soit à une quarantaine de km du centre de la capitale)
et aux dieux des fleuves ; elles précisent en outre qu'il fit graver le texte de ses sacrifices sur des stèles
(cf. Dai Viêt sů ký toàn thii, 7, 31ab (reproduction de 1992, vol. IV, p. 240 = trad, au vol. II, p. 149).
Malheureusement on n'a pas encore trouvé de trace d'éventuels récits se rapportant à ces missions. Récits de voyage chinois au Viêt Nam 69
la dynastie 6. Pour ce qui est des missions, on peut en dresser la chronologie en
consultant les annales vietnamiennes et chinoises. Pourtant, seul un texte nous est
parvenu pour l'époque Song, contre quatre pour l'époque Yuan, ce qui laisse supposer
que plusieurs récits ont dû se perdre. En effet, Fan Chengda (1126-1193) dans son étude
intitul&#

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