Les relations sino-soviétiques, de la création des communes populaires à la conférence des « 81 » (fin) - article ; n°3 ; vol.11, pg 569-608
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Les relations sino-soviétiques, de la création des communes populaires à la conférence des « 81 » (fin) - article ; n°3 ; vol.11, pg 569-608

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Description

Revue française de science politique - Année 1961 - Volume 11 - Numéro 3 - Pages 569-608
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Claude Cadart
Les relations sino-soviétiques, de la création des communes
populaires à la conférence des « 81 » (fin)
In: Revue française de science politique, 11e année, n°3, 1961. pp. 569-608.
Citer ce document / Cite this document :
Cadart Claude. Les relations sino-soviétiques, de la création des communes populaires à la conférence des « 81 » (fin). In:
Revue française de science politique, 11e année, n°3, 1961. pp. 569-608.
doi : 10.3406/rfsp.1961.392633
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1961_num_11_3_392633Relations Sino-Soviétiques * Les
de la création des communes populaires à la conférence des " 81
CLAUDE CADART
3. ha question de la guerre
La position soviétique sur la question de la guerre est trop
connue pour qu'il soit utile d'y insister. Nous nous permettrons
seulement de la schématiser de la manière suivante :
/. L'extension du communisme à l'ensemble de la planète, ou, si
l'on préfère, la liquidation totale du capitalisme, reste le grand
objectif de la politique générale du mouvement communiste inter
national et de la extérieure des pays socialistes. La lutte
des classes, dans cette perspective, est plus que jamais à l'ordre
du jour : elle l'est à l'intérieur des différents pays où la dictature
du prolétariat se fait attendre (pays capitalistes et pays du tiers
monde stabilisés); elle l'est à l'échelle mondiale, sur le plan des
relations entre pays impérialistes d'une part et pays socialistes et
pays du tiers monde en état d'instabilité d'autre part.
2. Au cas où les auraient la folie de déclencher une
guerre d'agression contre le camp socialiste, ce serait le camp
socialiste qui aurait le dernier mot: la troisième guerre mondiale
ne pourrait se solder que par l'effondrement total de l'adversaire.
Le rappel de cette « vérité première », toutefois, semble bien n'être
qu'une clause de style dans les textes publiés par Moscou. Ce qui
nous paraît en effet être le propre des « khrouchtchéviens », c'est
une conscience aiguë du caractère de catastrophe quasi irrémédiable
qu'aurait la troisième guerre mondiale, doublée d'une réelle volonté
(*) La première partie de cette étude a été publiée dans le numéro de mars
1961 de cette Revue. Elle concernait les divergences sino-soviétiques : A, Les
signes des divergences. B, La nature des (1. La question du rythme
de l'édification du socialisme en Chine; 2. La question du tiers monde).
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de faire le maximum pour éviter cette catastrophe : nous croyons
forcer à peine leur pensée en disant que, pour eux, l'apparition des
armes de destruction massive fournit un bon exemple de transfor
mation de la quantité en qualité, de bond qualitatif, sur le plan
des rapports internationaux, et que la plus lourde erreur serait de
ne pas en tenir compte dans l'élaboration de la stratégie du mou
vement communiste mondial.
3. Faut-il que, sous prétexte que la guerre est devenue « impen
sable », le mouvement communiste international et les pays socia
listes renoncent à la communisation de la planète, ainsi que le leur
suggèrent les véritables révisionnistes ? Evidemment non. Le vou
draient-ils, d'ailleurs, qu'ils ne le pourraient pas, puisque l'effo
ndrement du capitalisme fait partie des nécessités objectives de
l'évolution. La question essentielle, dès lors, est de parvenir à conc
ilier ces deux termes irréductiblement contradictoires, en appa
rence, de la situation présente : l'exigence de la lutte des classes
et l'exigence de la paix mondiale.
On y parviendra assez facilement, sur le plan théorique, au
prix d'une retouche (mieux vaut ne pas parler, ici, de « revision » )
des chapitres de la vieille doctrine marxiste-léniniste relatifs aux
formes de la lutte des classes, c'est-à-dire à la violence. On affi
rmera pour commencer qu'il ne faut pas prendre au pied de la
lettre certains écrits manifestement périmés, c'est-à-dire ceux de
Lénine sur le caractère inévitable des guerres entre Etats socia
listes et bourgeois. On expliquera, ensuite, qu'il est absurde de
penser qu'une guerre locale pourrait ne pas dégénérer très vite en
guerre générale. Enfin, sans aller jusqu'à prétendre qu'il est main
tenant nécessaire que la dictature du prolétariat s'établisse sans
guerre civile dans les pays capitalistes, on insistera avec complai
sance sur les perspectives extrêmement brillantes qui s'y sont
offertes à la « voie pacifique vers le socialisme ».
La nouvelle politique à suivre à l'égard du monde capitaliste
ira dès lors de soi. Ce sera en premier lieu une politique de coexis
tence pacifique (la coexistence, cette version « nucléaire » de la
division du monde en deux blocs) dont on s'efforcera de matérial
iser le succès et de garantir l'avenir à l'aide d'un accord de désa
rmement universel et intégral à négocier avec l'adversaire. Ce sera
en second lieu une politique de compétition pacifique (la compétit
ion, cette version « nucléaire » de la crise générale du capitalisme)
destinée à obliger l'adversaire à relever le défi au niveau de vie
le plus élevé que lui lancent de chez eux les pays socialistes et à
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démontrer qu'il en est incapable, à le contraindre à faire du com
merce en grand avec les pays socialistes, à collaborer avec eux au
développement du tiers monde et à lui offrir, du même coup, et
dans l'intérêt général, une soupape de sûreté pour ses crises éco
nomiques. Car, de même que la coexistence conditionne la comp
étition, la compétition consolide la coexistence : les deux politiques
ne cessent de se renforcer l'une l'autre.
4. Que cette théorie générale de l'euthanasie de l'adversaire
démente les passages les plus célèbres des classiques du marxisme
est à la fois incontestable et, dans la mesure où le ne
demande qu'à rester vivant, sans importance. Ce qui est import
ant, par contre, est de savoir si la théorie est applicable, c'est-à-
dire s'il est aussi aisé de surmonter dans le concret la contradiction
« lutte des classes - paix mondiale » que de la surmonter au niveau
des principes.
Oui, répondent les Soviétiques sans ambage. Car, bien que
l'impérialisme n'ait pas changé de nature, le rapport des forces en
présence dans le monde à l'heure actuelle lui est si défavorable,
les données objectives de la situation internationale lui sont dès
maintenant si contraires qu'il lui est devenu impossible de donner
libre cours à sa nature.
La puissance croissante des forces de progrès et de paix, Etats
socialistes en tête, est évidemment le facteur essentiel de cette amél
ioration. Il en est cependant un autre, que l'on aurait grand tort
de négliger : c'est le fait qu'il existe au sein même des milieux
dirigeants du monde capitaliste un noyau toujours plus important
d'hommes lucides parfaitement conscients de la faiblesse relative
de leur camp et de l'impossibilité d'y remédier par la guerre en
raison du caractère excessif des armes nouvelles.
Serait-il normal, dès lors, que le camp socialiste ne joue pas
ces hommes là pour donner une chance de succès supplémentaire
à la politique de coexistence et de compétition pacifiques ? Certai
nement pas. Et c'est la raison pour laquelle les Soviétiques insistent
fréquemment sur l'idée des concessions réciproques, dans les rela
tions Est-Ouest, pourvu qu'il ne s'agisse pas, bien sûr, de con
cessions sur les principes, de la part de l'Est, et qu'il soit bien
entendu que chaque fois que l'adversaire fera preuve d'un excès
de mauvaise volonté, en particulier dans les conversations sur le
désarmement, on ne se retiendra pas de l'irriter aux endroits sen
sibles (Berlin. Cuba, Vietnam du Sud, marché des matières pre
mières, etc.)
571 Cadart Claude
5. Mais que l'on y réfléchisse : la politique de coexistence et de
compétition pacifiques, telle que l'autorisent les retouches apport
ées aux textes traditionnels sur la question de la violence, ne per

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