Les réseaux de marrainage en Italie du Nord du XVe au XVIIe siècle : coutumes, évolution, parcours individuels - article ; n°4 ; vol.25, pg 17-44
29 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les réseaux de marrainage en Italie du Nord du XVe au XVIIe siècle : coutumes, évolution, parcours individuels - article ; n°4 ; vol.25, pg 17-44

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
29 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Histoire, économie et société - Année 2006 - Volume 25 - Numéro 4 - Pages 17-44
Résumé
Dans les sociétés européennes des siècles passés, les relations de parrainage et de compérage, qui étaient tissées sous une forme de parenté particulière (la « parenté spirituelle »), jouaient un rôle social important. Bien qu'il ait des spécificités importantes, le marrainage présente encore de nombreux aspects obscurs car il a été souvent assimilé au parrainage. Avant le Concile de Trente, les marraines avaient moins d'importance que les parrains ; elles étaient même absentes dans beaucoup de communautés italiennes. C'est justement le Concile qui, en imposant une très nette diminution du nombre des parrains, revalorisa le marrainage et favorisa la participation des femmes à des systèmes complexes de parenté spirituelle. Dans le cadre de cette évolution, l'activité des marraines se dessine comme une sorte de « carrière » qui règle et conditionne l'élaboration progressive d'un réseau de relations qui a été souvent intégré dans celui des hommes (pères ou maris).
Abstract
In European societies of the past, godparenthood ties, strengthened by a special kind of kinship (spiritual kinship) had an important social role. Godmotherhood, however, has many dark sides, because it has often been assimilated to masculine godparenthood (if not completely neglected), even if it has important specific characteristics. Before the Council of Trent, godmothers were thought to be less important than godfathers ; in many Italian communities they were usually not present at baptism. It was the Council that revalued godmothers, by imposing a scrict restriction to the acceptable number of godfathers that promoted the participation of women to complex systems of spiritual kinship. In this changing situation, the activity of godmothers is organized in a kind of career, that regulates and conditions the progressive construction of a network of ties often integrated with that built by male counterparts (fathers or husbands).
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Guido Alfani
Marie-France Merger Leandri
Les réseaux de marrainage en Italie du Nord du XVe au XVIIe
siècle : coutumes, évolution, parcours individuels
In: Histoire, économie et société. 2006, 25e année, n°4. pp. 17-44.
Résumé
Dans les sociétés européennes des siècles passés, les relations de parrainage et de compérage, qui étaient tissées sous une
forme de parenté particulière (la « parenté spirituelle »), jouaient un rôle social important. Bien qu'il ait des spécificités
importantes, le marrainage présente encore de nombreux aspects obscurs car il a été souvent assimilé au parrainage. Avant le
Concile de Trente, les marraines avaient moins d'importance que les parrains ; elles étaient même absentes dans beaucoup de
communautés italiennes. C'est justement le Concile qui, en imposant une très nette diminution du nombre des parrains,
revalorisa le marrainage et favorisa la participation des femmes à des systèmes complexes de parenté spirituelle. Dans le cadre
de cette évolution, l'activité des marraines se dessine comme une sorte de « carrière » qui règle et conditionne l'élaboration
progressive d'un réseau de relations qui a été souvent intégré dans celui des hommes (pères ou maris).
Abstract
In European societies of the past, godparenthood ties, strengthened by a special kind of kinship ("spiritual kinship") had an
important social role. "Godmotherhood", however, has many dark sides, because it has often been assimilated to masculine
godparenthood (if not completely neglected), even if it has important specific characteristics. Before the Council of Trent,
godmothers were thought to be less important than godfathers ; in many Italian communities they were usually not present at
baptism. It was the Council that revalued godmothers, by imposing a scrict restriction to the acceptable number of godfathers that
promoted the participation of women to complex systems of spiritual kinship. In this changing situation, the activity of godmothers
is organized in a kind of "career", that regulates and conditions the progressive construction of a network of ties often integrated
with that built by male counterparts (fathers or husbands).
Citer ce document / Cite this document :
Alfani Guido, Merger Leandri Marie-France. Les réseaux de marrainage en Italie du Nord du XVe au XVIIe siècle : coutumes,
évolution, parcours individuels. In: Histoire, économie et société. 2006, 25e année, n°4. pp. 17-44.
doi : 10.3406/hes.2006.2617
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2006_num_25_4_2617,
n
Les réseaux de marrainage en Italie du Nord
du XVe au XVIIe siècle : coutumes, évolution,
parcours individuels*
par Guido ALFANI
Résumé
Dans les sociétés européennes des siècles passés, les relations de parrainage et de compérage,
qui étaient tissées sous une forme de parenté particulière (la « parenté spirituelle »), jouaient un
rôle social important. Bien qu'il ait des spécificités importantes, le marrainage présente encore de
nombreux aspects obscurs car il a été souvent assimilé au parrainage. Avant le Concile de Trente,
les marraines avaient moins d'importance que les parrains ; elles étaient même absentes dans beau
coup de communautés italiennes. C'est justement le Concile qui, en imposant une très nette dimi
nution du nombre des parrains, revalorisa le marrainage et favorisa la participation des femmes à
des systèmes complexes de parenté spirituelle. Dans le cadre de cette évolution, l'activité des marr
aines se dessine comme une sorte de « carrière » qui règle et conditionne l'élaboration progressive
d'un réseau de relations qui a été souvent intégré dans celui des hommes (pères ou maris).
Abstract
("spiritual In European kinship") societies had of an the important past, godparenthood social role. "Godmotherhood", ties, strengthened by however, a special has kind many of kinship dark
sides, because it has often been assimilated to masculine godparenthood (if not completely
neglected), even if it has important specific characteristics. Before the Council of Trent, god
mothers were thought to be less important than godfathers ; in many Italian communities they were
usually not present at baptism. It was the Council that revalued godmothers, by imposing a scrict
restriction to the acceptable number of godfathers that promoted the participation of women to
complex systems of spiritual kinship. In this changing situation, the activity of godmothers is orga
nized in a kind of "career", that regulates and conditions the progressive construction of a
network of ties often integrated with that built by male counterparts (fathers or husbands).
Dans les sociétés européennes des siècles passés, à côté des liens de parenté natu
relle et des affinités, il existait un troisième type de parenté : la « parenté spirituelle »
engendrée par le baptême. Pour l'Église, en effet, le baptême constituait une sorte de
seconde naissance, au sein d'un groupe parental qui était différent - habituellement - de
celui des consanguins, un groupe composé par les parrains et les marraines. Entre les
* Une version préliminaire de cette étude a été présentée au colloque « Itinéraires féminins », organisé par
l'INED et par la SDH à Pans en janvier 2005.
ne 4, 2006 18 Guido Alfani
membres de la famille spirituelle d'une part, l'enfant et ses parents de l'autre, se créait
un véritable lien de parenté avec les interdictions matrimoniales que celui-ci entraînait1.
Le rôle joué par les marraines dans le « grand jeu » de la parenté spirituelle présente
encore de nombreux aspects obscurs. Bien qu'il y ait récemment les signes d'un plus
grand intérêt pour le parrainage en général 2, sa composante féminine a souvent été ass
imilée à sa composante masculine, quand elle n'a pas été complètement négligée. Il en
résulte que quelques spécificités des rapports de marrainage n'ont pas été relevées ;
elles sont essentielles cependant pour une interprétation correcte des formes de sociabil
ité qui leur sont inhérentes et de la façon dont elles contribuaient à constituer le réseau
complexe de relations au sein de chaque communauté 3.
Le but de cette étude est tout d'abord de souligner l'existence de différences entre la
composante masculine et féminine de la parenté spirituelle, des clairement
visibles à partir de l'examen des « modèles » de parrainage répandus dans l'Italie septen
trionale jusqu'à la première moitié du XVIe siècle. Avant le Concile de Trente (1545-1563),
en effet, en Europe cohabitaient des modèles locaux de parrainage profondément diffé
rents, réglés apparemment par des coutumes locales depuis la nuit des temps. Les princi
pales différences entre les modèles locaux peuvent être relevées si l'on observe le nombre
des parrains admissibles et la présence ou non des marraines.
Reprenant des dispositions normatives très anciennes, mais poussé par des motiva
tions nouvelles (dues surtout à l'exigence de répondre à la polémique protestante), le
Concile de Trente, mit fin à cette prolifération de coutumes locales, imposant une réduc
tion drastique des parents spirituels4 : déjà à la fin du XVIe siècle, dans l'Italie septentrio
nale, le modèle du couple « un parrain - une marraine » est affirmé désormais partout.
Ces transformations remirent en cause des mécanismes d'alliance sociale qui
s'étaient consolidés depuis très longtemps, comme en témoignent les nombreux signaux
de résistance de la part de populations qui comprenaient mal les raisons de la réforme,
ou qui n'avaient pas l'intention de renoncer de toute façon à leurs coutumes. Comme
nous le verrons, l'étude de ces tentatives d'opposition, qui étaient destinées à échouer
sans aucune exception, conduit à des perspectives d'analyse intéressantes sur le thème
du rôle des marraines.
Une fois que nous aurons décrit la situation avant le Concile et que nous aurons ana
lysé les mécanismes de transition au modèle de couple, nous nous proposons d'étudier
plus en détail le rôle des marraines, en tenant compte de l'exemple d'Ivrée, une petite
ville du Piémont pour laquelle nous

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents