Les Scythes et la civilisation antique. Problèmes de contacts - article ; n°1 ; vol.8, pg 7-51
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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1982 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 7-51
45 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

A.m. Khazanov
M. Burda
Th. De Sonneville-David
Les Scythes et la civilisation antique. Problèmes de contacts
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 8, 1982. pp. 7-51.
Citer ce document / Cite this document :
Khazanov A.m., Burda M., De Sonneville-David Th. Les Scythes et la civilisation antique. Problèmes de contacts. In: Dialogues
d'histoire ancienne. Vol. 8, 1982. pp. 7-51.
doi : 10.3406/dha.1982.1576
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1982_num_8_1_1576DHA 8 1982 7 - 51
LES SCYTHES ET LA CIVILISATION ANTIQUE
PROBLEMES DES CONTACTS
Le thème des Scythes et de la civilisation antique n'est pas nouveau
dans la science. Il a intéressé des historiens et des philologues, des archéolo
gues et des historiens de l'art. Outre de nombreux travaux portant sur des
questions ponctuelles, les études capitales de E. Minns (0 et de M. Rostovcev
(2) - dont la portée demeure, même à notre époque - leur ont été consacrées.
Cependant ce thème reste ouvert à la recherche, du fait simplement que les
différents savants évaluent l'influence que la civilisation antique a exercée
sur les Scythes de diverses façons : les uns lui attribuent une très grande im
portance, d'autres, en revanche, sont enclins à la nier presqu'entiè rement. Le
thème inverse - l'influence des Scythes sur la civilisation et la société anti
ques - mérite une toute aussi grande attention. Son étude, toutefois, n'entre
pas dans le cadre du présent article.
L'approche que nous avons envisagée est celle de l'anthropologue pour
lequel les contacts entre les divers peuples et cultures sont régis par certaines
lois. Dans son essence, tout contact est un phénomène bilatéral, étant donné
que le coefficient d'influence inverse, quel que soit son degré, n'est jamais
égal à zéro. Dans une étude concrète cependant, nous pouvons faire abstrac
tion de ce lien bipolaire et considérer le contact, soit du côté de la culture de
celui qui émet, soit, en l'occurrence, du côté de la culture de celui qui reçoit.
Si on laisse de côté les cas de contacts qui entraînent la destruction
d'une des parties ou son acculturation - la période coloniale abonde en exemp
les de ce genre -, telles sont, en résumé w), les lois qui régissent l'adoption
des impulsions extérieures : la culture les accepte conformément à sa nature
spécifique qui a pour rôle, en l'occurrence, d'être l'un des sélecteurs et des
critères du choix. C'est pourquoi le sort des emprunts, à l'intérieur de la
culture réceptrice, dépend beaucoup du point auquel ils concordent avec
les tendances de son développement interne, ou, du moins, ne contredisent
pas ces dernières. L'influence extérieure est adoptée d'autant plus pleinement,
rapidement et facilement que les cultures en contact sont proches l'une de
l'autre dans leurs rapports d'évolution, de typologie, d'histoire et autres.
Il est absolument nécessaire de considérer également que la majeure
partie des cultures, excepté les cultures primitives, ne sont pas homogènes,
mais qu'elles sont représentées par différentes sous-cultures dont les porteurs
occupent des conditions sociales et professionnelles multiples à l'intérieur de
la société. Ceux-ci peuvent se comporter de façon variée vis-à-vis de l'adop
tion des impulsions extérieures et exercer également une influence diverse
sur le degré de cette dernière. Par conséquent, l'adoption des impulsions ex
térieures dépend : a) - de son point de concordance avec les tendances du
développement et du fonctionnement internes de la culture de son ensem- LU CD CC э<ш о Q- си GORODIS KOURGAf
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Illustration non autorisée à la diffusion DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 9
ble ; b) - du comportement qu'ont vis-à-vis d'elle les différentes classes,
castes, couches et groupes des porteurs de la culture réceptrice, ainsi que de
leur corrélation à l'intérieur de la société en question. De plus, les facteurs
évoqués et toute une série d'autres se manifestent non pas isolément , mais
dans leur interaction dont les particularités déterminent également l'effet
final.
Dans leur ensemble, l'adoption et l'adaptation des impulsions extérieur
es passent le plus souvent par quatre stades : 1 . - sélection; 2. - reproduction
ou imitation; 3. - adaptation ou modification, et enfin, 4. - intégration dans
la structure.
Le premier stade consiste à choisir certaines impulsions pour les ass
imiler ultérieurement et à en rejeter d'autres. Les critères du choix sont, en
règle générale, aussi bien les tendances du développement de la culture récep
trice que les particularités de la condition sociale, politique et économique de
ses porteurs, de même que celles des porteurs de la culture émettrice.
Le second stade reflète l'adoption initiale des éléments empruntés,
leur simple reproduction, sans aucune intégration organique ni transformation
sérieuse. A ce stade, la culture réceptrice peut facilement rejeter les éléments
empruntés, si la modification des conditions les rend inutiles.
Le troisième stade est lié au processus d'assimilation graduelle des él
éments empruntés, à leur transformation conformément à la nature spécifique
de la culture réceptrice et à la transformation correspondante de cette der
nière. Si l'on considère le noyau d'une culture comme un système de struc
ture et d'éléments réciproquement liés, on en arrive forcément à conclure que
l'élément adapté, à un certain stade de son adaptation, non seulement subit
lui-même une transformation, mais provoque une transformation corre
spondante de la culture réceptrice, d'autant plus forte que l'emprunt en ques
tion est important dans le système de structures et de liens inhérent à cette
dernière.
Le quatrième stade, celui de l'adoption finale, consiste en l'intégration
de l'emprunt dans la structure, quand ce dernier n'est plus ressenti comme
tel, mais qu'il se présente comme un trait organique de la culture considérée.
Cependant le contact ne peut nullement être réduit aux emprunts di
rects, mais il sous-entend tous les genres de relations entre les deux cultures
en rapport. Les impulsions indirectes sont souvent aussi importantes que les
impulsions directes. Bien qu'elles ne soient pas empruntées ou adaptées direc
tement, elles sont néanmoins capables de stimuler certaines tendances du
développement de la culture réceptrice et d'en freiner d'autres, c'est-à-dire
d'en arriver à ce que j'appelle la transformation stimulée (à la différence de
la transformation spontanée).
En abordant les rapports mutuels concrets de la société scythe avec
la société antique, il faut souligner d'emblée leurs différences fondamentales. A. -M. KHAZANOV 10
Au cours de son développement, la société scythe n'a pu atteindre que le
stade primitif de l'Etat, alors oue la antique se présente comme une
haute civilisation et, qui plus est, extrêmement originale. Les nomades domi
nèrent pendant longtemps la société scythe, tandis que la société antique fut
fondée sur la vie sédentaire, agricole et urbaine. C'est pourquoi les possibilités
qu'eurent les Scythes d'emprunter directement les institutions et les éléments
de la culture antique furent très limitées.
Le résultat du contact scytho-antique (scytho-grec) offrit beaucoup
plus de possibilités pour la transformation stimulée de la culture scythe.
Deux conditions lui furent particulièrement propices.
Premièrement, l'économie des sociétés nomades apparaît moins attrac
tive que l'économie des sociétés agricoles et urbaines, même traditionnelles.
Les nomades éprouyèrent toujours la nécessité de posséder des produits agri
coles et artisanaux, s'efforçant pour cela de créer à tout prix des liens com
merciaux ou politiques et militaires avec les sociétés sédentaires (4). Secon
dement, le fait que la civilisation connaissait le plus grand développement
de relations marchandes durant l'Antiquité, favorisait également

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