Les sermons de Federico Visconti comparés aux écrits de Fra Salimbene et Jacques de Voragine - article ; n°1 ; vol.108, pg 243-257
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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age - Année 1996 - Volume 108 - Numéro 1 - Pages 243-257
Pascale Bourgain, Les sermons de Federico Visconti comparés aux écrits de Fra Salimbene et Jacques de Voragine, p. 243-257. Le recueil des sermons de Frédéric Visconti (1254-1277) est la notation peu remaniée d'une prédication effective. Les sermons notés en latin mais prononcés en langue vulgaire diffèrent assez peu de ceux qu'il prononce en latin. Des termes de latin courant, en doublet des mots plus savants, permettent de repasser aisément à la langue vulgaire. Quelques traits syntaxiques rapprochent le latin de Visconti de celui de Salimbene. Stylistiquement, des constructions parallèles, isocoliques et rimées, rapprochent Visconti de prédicateurs antérieurs (Antoine de Padoue) ou presque contemporains (Jacques de Voragine), mais témoignent de l'évolution du style : les rimes ne rapprochent plus des mots de valeur grammaticale différente comme chez A. de Padoue, la période traditionnelle se fait plus (v. au verso) rare, au profit d'une phrase linéaire, longue mais coupée d'incises explicatives, caractéristique de la phrase longue et accumulative du XIVe siècle.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pascale Bourgain
Les sermons de Federico Visconti comparés aux écrits de Fra
Salimbene et Jacques de Voragine
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 108, N°1. 1996. pp. 243-257.
Résumé
Pascale Bourgain, Les sermons de Federico Visconti comparés aux écrits de Fra Salimbene et Jacques de Voragine, p. 243-257.
Le recueil des sermons de Frédéric Visconti (1254-1277) est la notation peu remaniée d'une prédication effective. Les sermons
notés en latin mais prononcés en langue vulgaire diffèrent assez peu de ceux qu'il prononce en latin. Des termes de latin
courant, en doublet des mots plus savants, permettent de repasser aisément à la langue vulgaire. Quelques traits syntaxiques
rapprochent le latin de Visconti de celui de Salimbene. Stylistiquement, des constructions parallèles, isocoliques et rimées, Visconti de prédicateurs antérieurs (Antoine de Padoue) ou presque contemporains (Jacques de Voragine), mais
témoignent de l'évolution du style : les rimes ne rapprochent plus des mots de valeur grammaticale différente comme chez A. de
Padoue, la période traditionnelle se fait plus rare, au profit d'une phrase linéaire, longue mais coupée d'incises explicatives,
caractéristique de la phrase longue et accumulative du XIVe siècle.
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Bourgain Pascale. Les sermons de Federico Visconti comparés aux écrits de Fra Salimbene et Jacques de Voragine. In:
Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 108, N°1. 1996. pp. 243-257.
doi : 10.3406/mefr.1996.3484
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_1123-9883_1996_num_108_1_3484PASCALE BOURGAIN
LES SERMONS DE FEDERICO VISCONTI
COMPARÉS AUX ÉCRITS DE FRA SALIMBENE
ET JACQUES DE VORAGINE
Dans son recueil de sermons, copie de sa collection personnelle exé
cutée sans doute sous sa direction1, une partie des sermons de Visconti,
archevêque de Pise de 1254 à 1277, sont indiqués comme prononcés en
latin, d'autres en langue vulgaire. Pour d'autres rien n'est indiqué, mais
parfois l'auditoire désigné suppose l'emploi de l'une ou l'autre langue. Mais
tous sont écrits en latin. Cet état de chose est normal pour une grande
quantité de textes, soit homilétiques, soit administratifs (documents de la
pratique traduits oralement en langue vulgaire pour les intéressés), soit li
ttéraires (les contes, recueillis en latin et prononcés en langue vulgaire) :
l'habitude de noter en latin ce que l'on est entraîné à transposer direct
ement dans une langue plus usuelle, mais de le noter dans un latin le plus
proche possible pour l'ordre des mots, le lexique et les tournures, de la
langue vulgaire qui est sortie de ce latin, est une des compétences les plus
courantes requise de n'importe quel clerc de chancellerie, laïque ou ecclé
siastique, des notaires et autres professionnels de l'écriture. Pour l'histoire
de ce latin d'usage, la fin du XIIIe siècle est un nœud, un moment privilégié
pour nous permettre d'en saisir le fonctionnement : nous allons envisager
l'élocution de Visconti sous cet aspect.
L'Italie est alors le pays où les exemples littéraires de la vitalité et de la
plasticité de ce «latin d'usage» sont le plus perceptibles, en dehors ou aux
abords de la sphère universitaire et ecclésiastique. En effet, en laissant de
côté les aspects administratifs et judiciaires, la tendance générale en
Europe, et tout d'abord en France, est plus scolaire qu'auparavant.
Encadré par un plus grand nombre de professeurs de grammaire et de rhé-
1 Ms. Florence, Laurenziana, plut. 33 sin. 1. La présente réflexion a été élaborée
à l'occasion d'une journée d'études relative à l'édition en cours de ces sermons par
une équipe franco-italienne, sous la direction de Nicole Bériou et sous l'égide de
l'École française de Rome. Les références de l'article renvoient au numéro de se
rmon et au paragraphe de cette édition.
MEFRM - 108 - 1996 - 1, p. 243-257. 244 PASCALE BOURGAIN
torique qui enseignent plus et lisent moins, canalisé par un nombre incal
culable de manuels sur la façon de s'exprimer, l'enseignement de la seule
langue qui s'enseigne, le latin, arrive à une sorte de saturation. D'où une
crispation, une fixation pédante, dont il n'y a pas lieu d'analyser ici les
conséquences (artifïcialité croissante, perte de fluidité, maniérisme exa
cerbé dans le maniement des procédés rhétoriques), mais à signaler qu'elle
réduit les domaines d'utilisation du latin «courant» en littérature : les
recueils de conte sont récrits en insérant des citations d'auteurs classiques
ou en imitant les anciens, dès la fin du XIIe siècle2; les poésies latines des
milieux estudiantins sont de plus en plus guindées et savantes, avant de
disparaître. Mais, dès le début du XIIIe siècle, les enseignants italiens réa
gissent contre les tendances françaises : les professeurs de rhétorique, sous
la forme d'application pratique qu'est l'art de rédiger des lettres, le dic-
tamen, veulent simplifier la technique de composition et l'adapter à la vie
contemporaine; non pas former des savants cicéroniens, mais des tech
niciens de la communication, si l'on peut se permettre cet anachronisme.
D'où les attaques de certains professeurs italiens contre les professeurs
d'Orléans et de Paris (Boncompagno de Signa p. ex., qui proclamait s'ap
peler Boncompagnus et non Bonus cornes, et voulait libérer l'art d'écrire de
l'hégémonie cicéronienne3). Dans la même perspective les manuels de rhé
torique de Guido Faba mêlent les exemples de lettres en italien aux
modèles en latin4, presque deux siècles avant les Arts de seconde rhétorique
français. Ouverture et bon sens de l'enseignement italien, qui font qu'en ce
pays la carapace de la langue savante craque parfois, laissant par les fi
ssures entrevoir l'usage courant.
Pour des raisons évidentes, la prédication est le terrain de prédilection
du latin de communication5. L'analyse linguistique concomittante à l'édi-
2 Tel Jean de Hauteseille adaptant le recueil oriental de l'Histoire des sept sages
vers 1170 : Johannis de Alta Silva Dolopathos sive De rege et septem sapientibus, nach
den festländischen Handschriften kr. herausgegeben von A. Hilka, Heidelberg, 1913;
nouvelle édition par R.B. Gilleland : Johannes de Alta Silva, Dolopathos, New York,
1981.
3 Voir Ronald Witt, Boncompagno and the defense of rhetoric, dans The Journal
of medieval and Renaissance studies, 16, 1986, p. 1-31.
4 Dans sa Gemma purpurea, 1239-1250 notamment. Voir A. Monteverdi, Le for
mule epistolari volgari di Guido Faba, dans Saggi neolatini, Roma, 1945, p. 77-105, et
V. Pini, La Summa de virtutibus et vitiis di Guido Faba, dans Quadrivium, 1, 1956,
p. 41-152.
5 Non pas le seul : voir par exemple l'édition récente du Dialogus contra Judaeos
d'Inghetto Contardo en 1286, par Gilbert Dahan (Collection ALMA, 1993). LE SERMONS DE FEDERICO VlSCOim 245
tion en cours nécessitait de placer l'étude de la langue de Visconti en pers
pective, avec en arrière-fonds d'autres prédicateurs ou spécialistes des
genres à vaste diffusion. Le plus ancien sera Antoine de Padoue, de
Coïmbre en Portugal, qui a passé une bonne partie de sa vie en Italie. Mais,
formé au tout début du XIIIe siècle, Antoine de Padoue ne peut servir que
pour le contraste : c'est stylistiquement un homme du XIIe siècle (bien qu'il
ait vécu de 1188 à 1231), qui imite avec prédilection Saint Bernard et
Guerric d'Igny et a reçu aussi une forte empreinte de la pensée des Victo-
rins, Richard en particulier; les recueils de sermons qu'il laisse sont du
genre «écrit» : ce sont des traités sous forme de sermons, donc un genre li
ttéraire autant ou plus que le souvenir d'une prédication véritable6. L'équi
libre des phrases, les effets stylistiques, la syntaxe très correcte sont ceux
du XIIe siècle. Il nous servira donc de base de départ.
Ensuite, Jacques de Voragine. Ce Génois, spécialiste du latin à
repasser en d'autres langues pour le plaisir des foules, dans sa Légende
dorée, mais dont j'ai considéré, pour mieux jouer la règle du jeu, les ser
mons, est contemporain de Visconti, même si les sermons, écrits du temps
de son épiscopat, 1292-1298, so

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