Les techniques de construction à Java, du VIIIe au XIVe siècle - article ; n°1 ; vol.66, pg 13-28
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Les techniques de construction à Java, du VIIIe au XIVe siècle - article ; n°1 ; vol.66, pg 13-28

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Archipel - Année 2003 - Volume 66 - Numéro 1 - Pages 13-28
Jacques Dumarçay
Building techniques are determined by constraints due to the structure of the materials involved and independent of the architects' will. However, there is no strict borderline between the materials and some ways of assembling wood have been used with stones. On Java, wood has been the most frequently used material for a long time, but as the buildings have not survived, the relevant techniques can only be observed on their representations on the reliefs of the Borobudur (8th c.) and those of East Javanese temples (13th c. onwards). Stones used for erecting the Borobudur were collected in the surrounding rivers. Their cutting was much inspired by that of the stones used in Sri Lanka monuments. A second wave of Hinduization in the 9th c. brought about new building techniques, including that of double- facing walls. Bricks were often used during the Majapahit period. They were of bad quality, so that they had to be ground against each other in order to be closely adjusted. Inscriptions on Candi Sewu and Plaosan give an insight into the life of the worksites, in particular the retakings and the multiplication of small contractors.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques Dumarçay
Les techniques de construction à Java, du VIIIe au XIVe siècle
In: Archipel. Volume 66, 2003. pp. 13-28.
Abstract
Jacques Dumarçay
Building techniques are determined by constraints due to the structure of the materials involved and independent of the
architects' will. However, there is no strict borderline between the materials and some ways of assembling wood have been used
with stones. On Java, wood has been the most frequently used material for a long time, but as the buildings have not survived,
the relevant techniques can only be observed on their representations on the reliefs of the Borobudur (8th c.) and those of East
Javanese temples (13th c. onwards). Stones used for erecting the Borobudur were collected in the surrounding rivers. Their
cutting was much inspired by that of the stones used in Sri Lanka monuments. A second wave of Hinduization in the 9th c.
brought about new building techniques, including that of double- facing walls. Bricks were often used during the Majapahit period.
They were of bad quality, so that they had to be ground against each other in order to be closely adjusted. Inscriptions on Candi
Sewu and Plaosan give an insight into the life of the worksites, in particular the retakings and the multiplication of small
contractors.
Citer ce document / Cite this document :
Dumarçay Jacques. Les techniques de construction à Java, du VIIIe au XIVe siècle. In: Archipel. Volume 66, 2003. pp. 13-28.
doi : 10.3406/arch.2003.3781
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_2003_num_66_1_3781ARCHEOLOGIE
Jacques Dumarçay
Les techniques de construction à Java,
du Ville au XIVe siècle
Les techniques de construction sont soumises à des contraintes exté
rieures à la volonté des maîtres d'œuvre, car il y a, dans l'utilisation des
matériaux de construction, un déterminisme dû à leur nature même. Par
exemple, une poutre de bois horizontale qui reçoit une forte pression en son
centre ne se brisera pas au milieu de sa longueur ni au raccord avec les
points d'appui, mais au cinquième de sa (fig. 1, les points C). Dès
que cette contrainte fut bien assimilée, les maîtres d'œuvre l'intégrèrent dans
leurs procédés de construction, et cela suscita des formes particulières de
charpente exigeant des bois ayant une bonne résistance à la compression.
Cette contrainte a aussi imposé le choix des essences employées, tous les
bois n'ayant pas la même résistance à la compression.
Le principal inconvénient d'un bois mal choisi pour tailler un pilier est ce
que l'on appelle le «flambement», c'est-à-dire la courbure accidentelle
d'une pièce verticale (F de la fîg. 1). La forêt javanaise est riche et permet
aux charpentiers de faire des choix judicieux. Cependant, pour éviter une
trop grande verticalité des pièces, on a, dans la mesure du possible, fragment
é les pièces verticales. On conçoit que, plus la pièce est courte, moins le
flambement risque de se produire.
Lorsqu'on a employé la technique de la faîtière tendue, on a changé les
essences de bois, car les contraintes sont différentes. Il faut, pour ce type de char
pente, un bois qui résiste bien à la traction et à l'allongement des pièces. Le choix
n'a pas été toujours très bien fait, pour plusieurs motifs : d'abord, la résistance à la
traction est plus difficile à évaluer que la résistance à la compression; ensuite, on
Archipel 66, Paris, 2003, pp. 13-28 14 Jacques Dumarçay
tation de protéger l'édifice, alors que, techniquement, il est sans intérêt.
Fig. 1 - Schéma d'une ferme de charpente à flexion
C : situation des points de cisaillement - F : flambement d'un pilier
Quand on a commencé à se servir du tuf volcanique, en ouvrant par
exemple, dès le VIIIe s.O), les grandes carrières de Ratubaka, à proximité de
Prambanan, c'est que l'on s'était aperçu que cette pierre, bien que paraissant
1' de evaporation qualité très de médiocre, l'eau de carrière. avait une Ceci surface a, bien qui sûr, durcissait un corollaire en fonction : on ne peut de
réutiliser un bloc de tuf en le retaillant, car la couche de surface protectrice
sera détruite, en un ou deux mois suivant le volume du bloc, et elle ne se
reconstituera pas puisque 1' evaporation de l'eau de carrière est achevée.
Les techniques sont donc tributaires du matériau. Certains assemblages
du bois, cependant, ont inspiré les tailleurs de pierre, et ceux-ci ont été
copiés par les maçons, utilisant les briques par exemple pour les encorbelle
ments. Les cloisonnements entre les matériaux ne sont pas toujours aussi
étanches qu'ils le paraissent.
Le bois est le matériau le plus employé à Java mais, du fait de sa fragilité,
nous ne disposons pas de structures très anciennes pour étudier les tech
niques. Nous sommes donc renvoyés à la seule architecture figurée sur les
monuments, généralement en relief et, à un moindre degré, en ronde-bosse. Il
existe une série très importante d'images sur les bas-reliefs du Borobudur,
comprenant une abondante collection de monuments figurés. Cette architectu
re a fait l'objet de plusieurs études et relevés (2), qui nous permettent d'avoir
Candi 1. C'est Sewu. avec ce tuf que l'on a construit, vers 790, le mur d'enceinte, aujourd'hui détruit du
2. En premier lieu, l'étude de Henri Parmentier, «L'Architecture interprétée dans les bas-
étude reliefs sur anciens le milieu de Java», architectural BEFEO qui VII, forme Hanoi, le 1907. chapitre Ces I représentations de J. Dumarçay, sont Histoire à la base architectu- de mon
Archipel 66, Paris, 2003 techniques de construction à Java, du VIIIe au XIVe s. 15 Les
une idée des techniques de la construction en bois au VIIIe siècle. Cependant
il y a des limites, car, du fait de l'échelle des reliefs, le détail des assemblages
n'est pas figuré. Le mode de représentation, que l'on peut ramener à une pro
jection orthogonale frontale, ne donne pas d'indications sur les rapports des
faces latérales avec l'élévation. Il y a, bien évidemment, une autre raison à ces
limites : le fait que le but de ces reliefs n'est pas la représentation architectur
ale, qui n'est que l'accessoire, le décor, des scènes représentées.
Dans ces limites, le bois paraît être le principal matériau utilisé pour les
édifices figurés. Nous avons choisi plusieurs reliefs en raison de leur intérêt
technique.
En S/3/13 (3) (fig. 2), le bâtiment repose sur un fort soubassement de
maçonnerie ; il est composé de deux registres de colonnes de section circulair
e, qui supportent une architrave et sont indépendantes de la structure inter
ne, ce qui évoque les formes de l'architecture du sud de l'Inde de la période
Pallava. Cette composition non seulement grandit artificiellement l'architec
ture, mais assure aussi une meilleure solidité puisqu'en diminuant la hauteur
des piliers, on diminue d'autant les risques de flambement. La structure
interne (indiquée hachurée sur la figure ; ces hachures sont une adjonction au
dessin du relief) est composée de piliers qui semblent de section carrée et de
nattes s 'appuyant sur la face interne de ces piliers. Une très belle porte per
met de pénétrer dans l'édifice. Le cadre d'huisserie est en saillie sur la struc
ture, ce qui laisse supposer une charpente particulière pour le porche (4), dont
malheureusement nous ne voyons rien.
Un édifice de même type, avec un seul registre de colonnes externes est
figuré en E/l/10a (fig. 3). Là, les colonnes reposent sur des lions dressés, ce
qui est une des formes les plus courantes des Pallava (par exemple les
colonnes du «Shore temple» de Mahabalipuram). Ce qui fait l'intérêt parti
culier de ce relief, ce sont les retouches qu'il a subies (en A de la figure) : de
grandes langues ont été ajoutées aux lions, ce qui représente une mise à la
mode du relief au XIIIe s., nous montrant que les maîtres d' œuvre de Java
n'avaient pas perdu le contact avec l'Inde. En effet, à cette date, les Cola ont
raie du Borobudur, EFEO, Paris, 1977. Elles ont été également étudiées par Parmono
Atmadi, Atmadi, Beberapa Patokan Perancangan Bangunan Candi, Suatu Penlitian melalui
Ungkapan Bangunan pada Relief Candi Borobudur, Pelita Borobudur Seri C. N° 2,
Yogyakarta, 1979.
3. Nous suivons la numérotation de Krom dans son Barabudur :

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