Les toiles de l Ouest français au début de l époque moderne. Réflexions sur la configuration d un espace productif - article ; n°2 ; vol.107, pg 15-27
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Les toiles de l'Ouest français au début de l'époque moderne. Réflexions sur la configuration d'un espace productif - article ; n°2 ; vol.107, pg 15-27

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Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest - Année 2000 - Volume 107 - Numéro 2 - Pages 15-27
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Publié le 01 janvier 2000
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Jacques Bottin
Les toiles de l'Ouest français au début de l'époque moderne.
Réflexions sur la configuration d'un espace productif
In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 107, numéro 2, 2000. Les activités textiles dans l'Ouest XVIe-
XIXe siècles. pp. 15-27.
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Bottin Jacques. Les toiles de l'Ouest français au début de l'époque moderne. Réflexions sur la configuration d'un espace
productif. In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 107, numéro 2, 2000. Les activités textiles dans l'Ouest XVIe-
XIXe siècles. pp. 15-27.
doi : 10.3406/abpo.2000.4065
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0399-0826_2000_num_107_2_4065Les toiles de l'Ouest français
au début de l'époque moderne
Réflexions sur la configuration d'un espace productif
JACQUES BOTT1N
II n'est pas nécessaire, après une impressionnante batterie de travaux
parus depuis le XIXe siècle, d'insister sur le rôle des pays du grand Ouest
français dans la production textile durant l'Ancien régime. Qu'il s'agisse
de la draperie normande dès le Moyen Âge *, des toiles en Bretagne et en
Normandie à l'époque moderne ou de l'essor du coton dans l'orbite
rouennaise au XVIIIe siècle, l'importance des productions textiles dans
l'économie régionale est bien établie. Comme l'est la diffusion commerc
iale bien au-delà des frontières du royaume du drap de sceau rouennais
au Moyen Âge, des rouens, des crées et des bretagnes aux siècles suivants.
En témoigne l'affirmation de ces produits comme standards reconnus à
l'étranger ou leur domination sur des marchés aussi concurrentiels que
ceux de Séville puis de Cadix aux XVIe et XVIIe siècles 2. Les apports de
l'historiographie sont ici indiscutables.
De telles démarches, tournées tantôt vers l'analyse des conditions de
production, tantôt vers l'étude de la commercialisation, n'ont pas fini
d'enrichir notre bagage informatif sur la production et les échanges tex
tiles de l'Ouest. Ce qui ne dispense pas de s'interroger sur une possible
révision de ces approches. La production historique récente semble en
1. MOLLAT (M.). «La draperie normande», in Produzione, cotnmercio e consumo dei
panni di lana (nei secoli XII- XVIII), Atti délia seconda settimana di studio (10-16 avril
1970), éd. par Marco Spallanzani, Florence, Olschki, 1976, p. 403421.
2. Girard (A.), Les Français à Séville et Cadix à l'époque des Habsbourg. Contribution à
l'étude du commerce étranger en Espagne aux xvf et xvif siècles, Paris-Bordeaux,
1932 ; Morineau (M.), Incroyables gazettes et fabuleux métaux. Les retours des trésors
américains d'après les gazettes hollandaises (xvf-xviif siècle), Cambridge-Paris, Camb
ridge UP-Éd de la MSH, 1985.
Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, tome 107, n"2, 2000. JACQUES BOTTIN
effet s'être enfermée dans des schémas analytiques par trop répétitifs,
très largement inspirés des hypothèses de Franklin Mendels, à mon sens
popularisées sous une forme assez caricaturale3. Non sans consé
quences. L'une des plus dommageables pour une compréhension des
processus de production textile dans les campagnes touche à la percept
ion de leur antériorité. Attachés à vérifier la pertinence du modèle de
Mendels ou à la réfuter, la plupart des travaux restent en effet concentrés
sur l'analyse de la relation démographie-système productif dans la pers
pective du développement contemporain. Sans tenir compte des mises en
garde fermement apportées à ce point de vue 4, ils s'interdisent du même
coup toute observation antérieure au dernier tiers du XVIIe siècle et igno
rent en général superbement un tissu productif dont les indices commerc
iaux montrent la densité. En dépit de quelques exceptions notables 5,
une telle observation ne serait pas démentie par un examen sérieux des
travaux consacrés à la production textile bretonne - cas-type d'échec
dans le passage à l'industrie moderne - ou des études consacrées à la
Normandie 6 - non dépourvue de réussites industrielles au XIXe siècle.
Autre tendance lourde de l'historiographie consacrée à la production
textile en France qui touche principalement les industries « les plus
rurales » - les toiles de chanvre, de lin et partiellement de coton - l'inte
rrogation sur les structures de production conduit les auteurs à mener
leur enquête dans un cadre local ou au mieux micro-régional, quand il
n'est pas microscopique 7, seul compatible avec l'analyse fine de l'écono
mie domestique. Pourtant avancée dans la thèse de Franklin Mendels
comme l'un des éléments importants sinon constitutifs du fait proto-
3. Mendels (E), « Industrialization and Population pressure in Eighteenth century Flan-
ders », thèse de PhD dactylographiée, Université du Wisconsin, 1969.
4. Jeannin (P.), « La protoindustrialisation : développement ou impasse ? », Annales ESC,
1980, n° 1, p. 52-64.
5. Notamment Tanguy (J.), Quand la toile va. L'industrie toilière bretonne du XVIe au xvnP
siècle, Rennes, Éd. Apogée, 1994 (Hommes et lieux de Bretagne), qui est l'un des
rares à envisager l'histoire industrielle des toiles dès les débuts de l'Ancien Régime.
On manque, faute de sources locales, d'une étude sérieuse sur Vitré ou Laval avant
le XVIIIe siècle ; sur cette période cf. DLOUSSKY (J.), Vive la toile, Mayenne, Y. Floch,
1990, relative à l'activité de Hoisnard de Laval ; Martin (J.), Toiles de Bretagne. La
manufacture de Quintin, Uzel et Loudêac, 1670-1830, Rennes, PUR, 1998, complète
l'étude de Jean Tanguy, mais seulement sur le versant aval.
6. Bon exemple d'une étude au demeurant excellente, qui ne prend pas en compte
l'antériorité du processus productif toilier avec Cailly (C), Mutations d'un espace
proto-industriel: le Perche awcXVUf-XDP siècles, Ceton, Fédération des amis du Perche,
1993,2 vol.
7. C'est particulièrement le cas de certaines thèses américaines, cf. par exemple, GUL-
LJCKSON (G. L.), Spinners and Weavers ofAuffay. Rural industry and the sexual division
of labor in a French village, Cambridge, Cambridge UP, 1986, ou, hors de l'espace
considéré ici, Vardi (L.), The Land and the Loom. Peasants and Profit in northern
France 1680-1800, Durham-Londres, Duke UP, 1993 qui en dépit de son titre porte sur
trois villages du Cambrésis et principalement sur Montigny.
16 TOILES DE L'OUEST FRANÇAIS AU DÉBUT DE L'ÉPOQUE MODERNE... LES
La collecte nationale des toiles
/+ i Sites et zones de production toilière
♦ / prospectés par le négoce rouennais
f ô • Par les Martelli de Lyon
."."!»*. Grands axes de circulation
des toiles
>\ Mirecourt
200
industriel 8, l'influence des marchés extérieurs, abandonnée aux histo
riens de l'échange, est le plus souvent ignorée comme si l'élaboration de
produits standards tels que les rouens ou les bretagnes ne devait rien à la
demande. Ignorants des travaux étrangers qui, notamment du côté all
emand, ont précocement montré le rôle majeur des acteurs du négoce non
seulement dans la normalisation mais aussi dans l'organisation de la pro-
8. Mendels, « Industrialization and Population pressure... », op. cit., p. 13, notamment à
propos des toiles : « There is overwhelming évidence that the growth of the Euro-
pean linen industry was carried by the growth of the South and Central America mar-
kets during the eighteenth century », observation qui vaudrait tout autant pour les
siècles précédents. Il est vrai que dans ses articles postérieurs, Mendels n'évoque
plus guère cette question.
17 JACQUES BOTTIN
duction 9, la plupart des historiens de l'échange n'ont, de leur côté, pas
souvent tenté de faire le lien entre circulation, production et consommat
ion 10. Et c'est en fin de compte assez récemment que l'étude des straté
gies commerciales n et des processus de consommation a été réintro
duite dans les travaux d'histoire industrielle, plutôt dans la perspective
d'une chronologie tardive du démarrage. Du moins, l'émergence des pré
occupations relatives à la consommation a-t-elle amené les analyses

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