Les Zwawa (Igawawen) d Algérie centrale (essai onomastique et ethnographique) - article ; n°1 ; vol.26, pg 75-101
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Les Zwawa (Igawawen) d'Algérie centrale (essai onomastique et ethnographique) - article ; n°1 ; vol.26, pg 75-101

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Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1978 - Volume 26 - Numéro 1 - Pages 75-101
This paper presents the ethnographic content of the designation Zwawa in the light of Ibn Khaldun and History up to the nineteenth century, and the ethnographie content of Igawawen (a further designation) according to sociologists and contemporary writers and what the people themselves have to say, followed by a tentative ethnological definition and an etymological research on these two designations and their interrelation.
L'article présente successivement :
— les Zwawa, le nom, son contenu ethnographique selon Ibn Khaldun et son histoire jusqu'au XIXe siècle
— un autre nom : les Igawawen
— un essai de définition ethnologique
— des recherches étymologiques sur ces deux noms et leur dépendance mutuelle.
Il est suivi d'un commentaire de Salem Chaker.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 272
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jacques Lanfry
Les Zwawa (Igawawen) d'Algérie centrale (essai onomastique et
ethnographique)
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°26, 1978. pp. 75-101.
Abstract
This paper presents the ethnographic content of the designation Zwawa in the light of Ibn Khaldun and History up to the
nineteenth century, and the ethnographie of Igawawen (a further designation) according to sociologists and contemporary
writers and what the people themselves have to say, followed by a tentative ethnological definition and an etymological research
on these two designations and their interrelation.
Résumé
L'article présente successivement :
— les Zwawa, le nom, son contenu ethnographique selon Ibn Khaldun et son histoire jusqu'au XIXe siècle
— un autre nom : les Igawawen
— un essai de définition ethnologique
— des recherches étymologiques sur ces deux noms et leur dépendance mutuelle.
Il est suivi d'un commentaire de Salem Chaker.
Citer ce document / Cite this document :
Lanfry Jacques. Les Zwawa (Igawawen) d'Algérie centrale (essai onomastique et ethnographique). In: Revue de l'Occident
musulman et de la Méditerranée, N°26, 1978. pp. 75-101.
doi : 10.3406/remmm.1978.1825
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1978_num_26_1_1825Les ZWAWA (IGAWAWEN)
d'ALGERIE centrale.
Essai onomastique et ethnographique
par Jacques LANFRY
Summary,
This paper presents the ethnographic content of the designation Zwawa in the light of Ibn
Khaldun and History up to the nineteenth century, and the ethnographie content of Igawawen
(a further designation) according to sociologists and contemporary writers and what the people
themselves have to say, followed by a tentative ethnological definition and an etymological research
on these two designations and their interrelation.
Resume
L'article présente successivement :
— les Zwawa, le nom, son contenu ethnographique selon Ibn Khaldun et son histoire jusqu'au
XIXe siècle
— un autre nom : les Igawawen
— un essai de définition ethnologique
— des recherches étymologiques sur ces deux noms et leur dépendance mutuelle.
Il est suivi d'un commentaire de Salem Chaker.
De longues années vécues au contact des populations du Massif montagneux du Djurdjura
(Algérie centrale) m'ont incité à pousser patiemment une recherche à la fois linguistique et ethno
graphique sur le ou les noms par lesquels ce peuple a été désigné dans le passé, et par lesquels il se
désigne lui-même et se définit (1). L'usage qui s'est imposé, en arabe, en français, n'a pas respecté
le nom originel qui vit toujours pourtant mais qui est peu connu ; il tend même à être mal connu
sinon ignoré des intéressés. On verra que le problème est assez complexe, parfois confus. On a
essayé de le clarifier en analysant les données linguistiques et historiques, en recueillant surtout les
réponses et les réflexions des Kabyles de cette région. Mais bien des questions restent sans solution
jusqu'à présent.
I - Les ZWAWA
Le nom : morphologie. Son contenu ethnographique et sémantique, selon les
données d'Ibn Khaldoun et de l'Histoire jusqu'au XIXe s. J. LANFRY 76
1 . Les Dictionnaires
Zwâwa est, chez les auteurs arabes, et selon les arabophones contemporains,
un nom masculin pluriel : "Sj^lf* \ masculin sg. : zwàwly {crj'Jj/Jtt fém. sg. :
zwâwiya ( \>J/yJ ; substantif et adjectif : de la tribu des Zouaoua Al-Zwâwiz
&>!>/*!)/ nom propre masc.
Cette définition sommaire, empruntée au Dictionnaire arabe dialectal-français
de Beaussier, concerne le nom dans sa forme actuelle dialectale, telle qu'utilisée par
les arabophones d'Algérie.
Les écrivains arabes, géographes, historiens ou chroniqueurs anciens, écrivent le
nom Zwâwa sans précision vocalique, ou bien Zuwâwa (Ibn Hawqal, 378/988) ou
Zawawa (Ibn Khalikân, 672/127 '4). L'historien Brunschvig a adopté cette dernière
orthographe, qui est aussi la plus courante. ( <rjljr~ )
C'est un nom propre, désignant une ethnie non-arabe, berbère. Nous verrons que
le mot, de forme arabe, dans ses flexions en particulier, est considéré comme arabe
par les Berbères qu'il désigne, et qu'il n'est pas employé par eux dans leur langue.
Cette réflexion indique déjà suffisamment qu'à ce trop sec énoncé du sens du mot
Zwawa, il y a lieu d'ajouter des éléments d'information fournis par le passé et par le
présent qui éclaireront notre recherche.
2. Un historien-sociologue du XIVe s. : Ibn Khaldoun (808/1406). Ses listes tribales
concernant les Zwawa.
Grâce à Ibn Khaldoun et à son Histoire, nous disposons, en un bon texte arabe,
d'une définition développée de la population Zwâwa. Son contemporain, le grand voya
geur Ibn Battuta (757/1356) n'a fait que traverser le pays occupé par les Zwa*wa ; il les
nomme et passe. Ibn Khaldoun les situe géographiquement avec précision. Il a vécu lui-
même plusieurs années à Bijaya (Beggayet, Bougie) qui fut centre et pivot à plusieurs
reprises des événements de cette période du Moyen-Age au Maghreb. Parmi ses sources
d'information, il cite, avec une particulière estime, Ibn Hazm (456/1064) pour la qual
ité de sa critique des traditions généalogiques berbères.
Les données essentielles que nous devons à Ibn Khaldoun sur les Zwawa sont les
suivantes :
"Les Zouaoua (Zawâwa) grande tribu berbère, habitent, comme on le sait, les
montagnes et les collines escarpées qui s'étendent depuis les alentours de Bougie jusqu'à
Tedellis. Ils se partagent en plusieurs branches et occupent un territoire qui avoisine
celui des Ketama. La véritable origine des Zouaoua n'est connue que d'un petit nombre
de personnes. . . les généalogistes les plus exacts tels que Ibn Hazm, les comptent au
nombre des peuples ketamiens" (2).
Il avait écrit plus haut (3) : "La proximité du territoire des Zouaoua à celui des
Ketama ainsi que leur coopération avec cette tribu dans le but de soutenir la cause
d'Obeid Allah (le fondateur de la dynastie fatimide) sont un fort témoignage en faveur
de cette opinion". LES ZWAWA 77
Rattachés aux Ketama, ils sont, par conséquent, selon la grande classification
retenue par Ibn Khaldoun, de la descendance de Bernés (4).
Avant de poursuivre notre lecture d'Ibn Khaldoun, il est bon d'ajouter ici une pré
cision géographique : "Le territoire qui va de Bougie à Tedellis", nous dit-il. C'est la
dimension Est-Ouest. La dimension Nord-Sud est donnée par la chaîne du Djurdjura qui
enferme au sud cet ensemble ethnique : ce qu'on a appelé depuis, en français, selon une
terminologie qui n'est pas des plus heureuses à cause de son imprécision : la Grande
Kabylie. Nous verrons qu'il faudrait parfois distinguer, dans ce qu'il est convenu d'appel
er la Grande Kabylie, une Haute Kabylie et une Basse Kabylie.
Ibn Khaldoun fournit une précieuse et double liste des tribus qui appartiennent
au grand groupe des Zwâwa : il présente l'apport des traditions anciennes dans une pre
mière liste. Il donne ensuite une seconde liste des tribus qui sont connues de son temps,
dont il a sans doute entendu l'énumération de la part de Zwâwa rencontrés à Bougie. Je
répète cette enumeration, soulignant d'un trait les ethniques dont on connaît au
jourd'hui encore et le nom et la situation. De Slane signale dans sa traduction que "il
est probable que la plupart de ces noms sont altérés". La transcription en arabe d'abord,
puis leur lecture par un arabisant non-berbérisant comme était de Slane, ne rendent pas
aisée la restitution correcte des noms des tribus. Il paraît aussi, pour ce que nous savons,
que Ibn Khaldoun (comme le fera Carette, au milieu du XIXe s.) n'a pu ou su distinguer
tribus et confédérations de tribus. Mais le plus important reste que ces vieux noms
soient mis en place dès la fin du XIVe s., avec une précision suffisante.
"Selon les généalogistes berbères, les Zouaoua se partagent en plusieurs branches
telles que les Medjesta, les Melîkich, les Béni Koufi, les Mecheddala, les Béni Zerîcof, les
Béni Gouzît, les Keresfina, les Ouzeldja, les Moudja, les Zeglaoua et les Béni Merana.
Quelques personnes disent, et peut-être avec raison, que les Melikich appartiennent à la
race des Sanhadja" (5).
"De nos jours, les tribus zouaviennes les plus marquantes sont les Béni Idjer, les
Béni

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