Lettres de Monseigneur Duchesne, directeur de l École française de Rome à Alfred Loisy (1896-1917) et à Friedrich von Hügel (1895-1920) (II) - article ; n°2 ; vol.84, pg 559-599
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Lettres de Monseigneur Duchesne, directeur de l'École française de Rome à Alfred Loisy (1896-1917) et à Friedrich von Hügel (1895-1920) (II) - article ; n°2 ; vol.84, pg 559-599

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Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes - Année 1972 - Volume 84 - Numéro 2 - Pages 559-599
41 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Bruno Neveu
Lettres de Monseigneur Duchesne, directeur de l'École
française de Rome à Alfred Loisy (1896-1917) et à Friedrich von
Hügel (1895-1920) (II)
In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 84, N°2. 1972. pp. 559-599.
Citer ce document / Cite this document :
Neveu Bruno. Lettres de Monseigneur Duchesne, directeur de l'École française de Rome à Alfred Loisy (1896-1917) et à
Friedrich von Hügel (1895-1920) (II). In: Mélanges de l'Ecole française de Rome. Moyen-Age, Temps modernes T. 84, N°2.
1972. pp. 559-599.
doi : 10.3406/mefr.1972.2276
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5110_1972_num_84_2_2276LETTRES DE MONSEIGNEUR DUCHESNE,
DIRECTEUR DE L'ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME
À ALFRED LOISY (1896-1917)
ET À FRIEDRICH VON HÜGEL (1895-1920)*
II
PAR
Bruno IsTeveu
Ancien membre de l'Ecole
Ce n'est pas tout à fait quitter Loisy que de passer à la lecture des let
tres à Friedrich von Hügel entre 1895 et 1920. Si Duchesne, avec sa souples
se d'homme d'esprit et de société qui sait accommoder ses propos et même
un peu son style à ses correspondants, épargne au baron bon nombre des
plaisanteries cléricales et des clins d'œil complices qu'il juge de mise avec
son ancien étudiant et collègue, il se montre avec lui tout aussi amer et
pessimiste, rempli chaque année davantage d'inquiétudes sur l'avenir de la
critique et sur celui du christianisme. Il faut au demeurant se souvenir
qu'entre Loisy et von Hügel, entrés en relations en 1893 seulement
mais fort proches pendant une longue et décisive période, les rapports
intellectuels et le dialogue épistolaire sont demeurés intenses jusqu'au
bout, bien plus qu'avec le directeur de l'Ecole française de Rome. Dans
l'abondante suite de lettres de von Hügel que les Mémoires de Loisy ont
livrée en partie au public, Duchesne demeure un sujet supplémentaire de
discussion entre des interlocuteurs qui suivent des voies de plus en plus
éloignées.
On ne saurait ici évoquer convenablement la figure de Friedrich von
Hügel, que de récentes études ont placé, un peu tardivement, au rang qui
lui revient dans l'histoire de la pensée religieuse x. Les données biographiques
* Voir 1ère partie dans MEFBM, 84, 1972, I, pp. 283-307.
1 Voir l'étude de Mgr Maurice Nédoncelle, La pensée religieuse de Friedrich
von Hügel (1852-1925), Paris, 1935, (pp. 209-222: Oeuvres et bibliographie),
qui a été suivie d'autres articles du même auteur (que nous remercions pour
MEFRM 1972, 2. 36 560 BRUNO NEVEU
les plus sèches suffisent pourtant à rendre compte de la position particul
ière, presqu'unique, de ce parfait européen, baron du Saint-Empire, né
à Florence le 8 mai 1852 d'un diplomate autrichien, grand voyageur et
naturaliste, et de la fille d'un général britannique, recevant une culture
aussi vaste que variée et désintéressée, et se consacrant très tôt, dans la re
traite de Hampstead puis celle de Kensington, à l'étude des sciences rel
igieuses et à la formation intellectuelle et morale de ses trois filles, Gertrud,
Hildegard, Thekla, nées de son mariage en 1873 avec Mary Catherine,
fille de Sydney, premier lord Herbert of Lea, et sœur du treizième comte
de Pembroke. Une bonne partie des hivers de cette famille exceptionnelle
se passent sur le continent, en Italie surtout, à Borne même, où Gertrud se
fixera en 1907 par son mariage avec le comte Salimei et mourra dès 1915,
assombrissant les dernières années de son père, qui s'éteindra le 27 janvier
1925 i.
Il faudrait, pour approcher cette riche et complexe nature, lire ce qui
a été publié de ses lettres 2 et surtout, tâche plus ingrate parfois, étudier le
contenu de ses ouvrages et articles. Hébraïsant, historien de l'Eglise et de
la spiritualité, philosophe, il unit en lui des qualités ordinairement séparées
sinon opposées. Son œuvre apparaît aujourd'hui comme une des plus ori
ginales d'une époque sur laquelle il a su jeter un regard aussi pénétrant
que sympathique.
Tel est le correspondant auquel Duchesne adresse à partir de 1885
des lettres assez fréquentes, généralement longues, et qui ne s'interrompront
que très tard, en 1920. Le fonds Friedrich von Hügel, légué en 1926 à la
bibliothèque de l'Université de St. Andrews en Ecosse, comprend, parmi
quantité de lettres reçues de toute l'Europe, 56 pièces autographes de
Duchesne, ensemble dont on donne ici l'édition pour la partie romaine
qui débute avec la direction de l'Ecole française de Borne, et dont on
a dit qu'elle constitue à différents égards un tout homogène 3.
ses informations), et en particulier d'une notice récente dans Catholicisme,
t. V, 1962, col. 1005. Une thèse due au professeur Barmann est sous presse
à la Cambridge University Press. Voir aussi Joseph P. Whelan, The Spirituality
of Friedrich von Hügel, London, 1971.
1 Voir la notice de C.C.J. Webb, von Hügel, Friedrich (1852-1925) dans
Dictionary of National Biography (1922-1930), London, 1937, pp. 874-876, et
les biographies de Michael de la Bédoyère, The Life of baron von Hügel,
London, 1951, fondée sur des « diaries » inédits, et de Jean Steinman, Friedrich
von Hügel. 8a vie, son œuvre et ses amitiés, Paris, 1962.
2 Voir les Selected Letters, edited with a memoir by Bernard Holland,
London, 1927.
3 St. Andrews, University Library, fonds F. von Hügel, nass 2411-2466
(1885-1920), ensemble de la série. LETTRES DE MONSEIGNEUR DTICHESNE À ALFRED LOIST 561
Les deux hommes s'étaient connus dès 1884, à Paris, alors que le
baron subissait très profondément l'influence de l'abbé Huvelin et que
Duchesne, « still full of life and fire » comme le décrira plus tard son ami,
menait tambour battant dans son jeune Bulletin critique les attaques contre
la demi-science ecclésiastique. Séduit, von Hügel s'offrit comme collabora
teur pour l'Angleterre, et Duchesne, ravi, d'accepter incontinent par une
lettre du 15 mars 1885, la première que l'on possède, pleine d'ardeur:
« ...Quand même la place devrait être emportée, nous devons à notre foi
de défendre jusqu'au bout cette région [l'exégèse biblique] de son honneur.
Pour moi, c'est à cela que j'ai voué ma vie, et je marche sans hésiter,
incertain du résultat, sûr de mon devoir, sûr aussi de celui à qui j'ai cru,
quand même il serait destiné à perdre tout crédit dans les académies ».
On devine par les lettres suivantes le mouvement intellectuel qui en
Duchesne a son centre, on y assiste aux progrès de l'édition du Liber Ponti-
fioalis comme aux luttes quotidiennes pour imposer les droits de la recherche.
Voici Duchesne à Munich, au retour « d'une petite tournée en Italie »,
et c'est à Döllinger qu'il tient, significative visite, à se présenter. « Vous ne
me blâmerez pas d'avoir été faire visite au Nestor de l'histoire ecclésiasti
que. Je l'ai trouvé dans sa 90e année, plein de vigueur intellectuelle, tou
jours distingué, aimable, spirituel. J'ai serré sur mon cœur cet excommunié
[...] Nous avons beaucoup causé de questions critiques » *. C'est durant ces
années d'enthousiasme que la candidature à l'Institut avance, avec la
lenteur convenable: « Ce sera ma pourpre. Elle est verte et gallicane »,
badine Duchesne le 15 novembre 1888, » mais je la préfère à l'autre, qui
pourrait m'induire en théologie, en politique, même en inquisition. Me
voyez-vous membre de la S.C. de l'Index? ». A ces lignes, choisies entre
cent de la même encre, on juge de l'aisance et du plaisir de Duchesne à
s'entretenir avec von Hügel, lequel alliait à la profondeur de la réflexion une
bonté et une simplicité qui ont frappé tous ses contemporains. Et le baron
de son côté continua à apprécier chez son correspondant, à Borne comme à
Paris, les qualités d'esprit et de culture qu'il recherchait. Il tiendra cepen
dant à souligner, dans la notice consacrée à Duchesne en 1922, que l'i
nfluence de ce dernier fut au début et resta par la suite intellectuelle, tandis
que l'abbé Huvelin dispensait les enseignements

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