« Like writing history with lighting » : film historique/vérité historique - article ; n°1 ; vol.46, pg 162-175
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Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1995 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 162-175
Like writing history with lightning: historical truth/historical films, Robert A. Rosenstone.
Historical films often leave historians perplexed. They denounce reconstitution that appeals to émotions more than to the mind and see in it a compétition harmful to their educational mission. The historical film has considerably influenced the public's understanding of the past. Historians nevertheless must therefore use this medium and reflect upon the relations between truth and veracity. Contemporary history can no longer neglect these historical films because the presence of historians on this terrain is a fundamental stake in the development of the culture of our time.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 49
Langue English
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Robert A. Rosenstone
« Like writing history with lighting » : film historique/vérité
historique
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°46, avril-juin 1995. pp. 162-175.
Abstract
Like writing history with lightning: historical truth/historical films, Robert A. Rosenstone.
Historical films often leave historians perplexed. They denounce reconstitution that appeals to émotions more than to the mind
and see in it a compétition harmful to their educational mission. The historical film has considerably influenced the public's
understanding of the past. Historians nevertheless must therefore use this medium and reflect upon the relations between truth
and veracity. Contemporary history can no longer neglect these historical films because the presence of historians on this terrain
is a fundamental stake in the development of the culture of our time.
Citer ce document / Cite this document :
Rosenstone Robert A. « Like writing history with lighting » : film historique/vérité historique. In: Vingtième Siècle. Revue
d'histoire. N°46, avril-juin 1995. pp. 162-175.
doi : 10.3406/xxs.1995.3164
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1995_num_46_1_3164ENJEUX
«LIKE WRITING HISTORY WITH LIGHTING»
FILM HISTORIQUE/VÉRITÉ HISTORIQUE
Robert A. Rosenstone
Dans cet article tonique, que certains Pourtant, la promesse n'a pas été tenue:
de nos lecteurs trouveront sans doute le cinéma est resté marginal dans la
agaçant, Robert Rosenstone lance un retranscription du passé.
défi aux historiens. S'ils refusent de La déception vis-à-vis des films histor
réfléchir aux rapports entre la vérité iques est ancienne. En 1935, Louis Gotts-
scientifique et la véracité des reconsti chalk, professeur à l'Université de Chica
tutions filmiques, ne vont-ils pas se go, suggérait dans une lettre au directeur
couper de la culture de notre temps? de MGM qu'Hollywood soit plus fidèle à
la vérité historique afin d'être digne de
l'idéal du cinéma. «Aucun film traitant La possibilité d'écrire l'histoire sous
d'un sujet ne devrait être disles projecteur.1» Telle était en 1915
tribué avant qu'un historien de renom ait la promesse du cinéma aux yeux du
pu en faire la critique et y opérer des président des États-Unis Woodrow Wilson,
changements.3» Comment considérer lors de la projection à la Maison Blanche
aujourd'hui ces revendications ? Sont-elles de Naissance d'une nation de D.W. Griff
touchantes et naïves ou correspondent- ith. Soixante-quinze ans plus tard, nous,
elles à une époque pouvant encore imahistoriens, sommes à la fois plus sages et
giner qu'Hollywood puisse avoir un «i- plus prudents. Certes, nous pouvons nous
déal»? Si l'attitude de Gottschalk peut sentir concernés lorsqu'un film traite d'un
sembler datée, sa proposition sur la sujet historique auquel nous sommes sen
manière d'améliorer les films ne l'est pas. sibles, en témoignent les polémiques
Aujourd'hui, la plupart des historiens publiées par Y American Historical Review
pourraient penser ou dire la même chose. au moment de la sortie defîKou d'autres
Ne suffirait-il pas d'offrir la possibilité à débats plus anciens autour de films
de grands historiens dç critiquer les films, comme Le chagrin et la pitié, Mississipi
voire de les modifier, pour avoir à l'écran burning et Hitler, un film d'Allemagne 2.
une histoire plus fidèle?
1. Phrase du président Wilson citée dans Lewis Jacobs, The
rise of the American ßlm, New York, Harcourt, Brace & Co.,
1939, p. 175.
2. Consulter les trois articles dans la section .Forum» consa
crée à JFK de American Historical Review (AHR), 97, 1992, question 3. Cité » dans and Peter the American Novick, That historical noble dream profession, : the New 'objectivity York, p. 487-511 et les lettres de réponses dans la section «Communi
Cambridge University Press, 1988, 194 p. cations- de la même revue.
■162- FILM HISTORIQUE/VÉRITÉ HISTORIQUE
Une telle approche, lourde d'hypothès un moyen de penser le passé. Afin de
es sur la pratique historique, trahit la comprendre ces travaux d'histoire filmée,
méfiance des historiens à Pencontre du les historiens doivent accepter (puisqu'ils
ne peuvent l'arrêter) la construction d'un film. Pour la plupart d'entre eux, les films
historiques falsifient et faussent notre autre type d'histoire, une histoire écrite
par des réalisateurs qui ne sont pas des compréhension des événements, ils
historiens à plein temps, mais qui pensent romancent et stéréotypent le passé. Ces
le passé sous forme d'images et utilisent arguments rationnels masquent une bles
des conventions de représentation diffésure plus profonde: le film nous a fait
rentes ou antithétiques à celles de l'hisperdre nos lecteurs. Hors de notre
toire écrite. contrôle, il prouve que le passé n'est pas
la propriété exclusive des universitaires.
O UN LIVRE ADAPTÉ A L'ÉCRAN Il symbolise le monde de l'image vers
lequel nous nous dirigeons, dans lequel Les historiens qui regardent un film his
les gens savent encore lire mais n'ouvrent torique voient un livre adapté à l'écran,
plus de livres. un travail susceptible d'être soumis aux
À côté de ces peurs, se pose une ques mêmes exigences en matière de données,
tion cruciale, rarement abordée. Lorsqu'il d'argumentation, de preuves et de logique
s'agit de sujets qui ne relèvent pas de leur que les travaux historiques écrits. Cela
domaine de compétence, combien d'his repose sur une série d'hypothèses : la pra
toriens ont comme source d'informations tique historique actuelle serait la seule
historiques le cinéma ou la télévision? possible, car l'écrit est l'unique moyen
Combien de spécialistes de l'histoire des d'appréhender sérieusement le passé; le
États-Unis connaissent la carrière du langage aurait le privilège exclusif de cap
Mahatma Gandhi grâce au film de turer le passé et l'histoire écrite serait le
David Lean? Combien de spécialistes de reflet fidèle de la réalité.
l'Europe perçoivent le passé du Japon à Aucun de ces points ne peut plus être
partir des films de samouraï d'Akira Kuro légitimement défendu. L'histoire écrite
sawa? Combien de spécialistes de l'Asie n'est qu'une convention pour parler du
extrapolent l'histoire des débuts de la sens qu'ont aujourd'hui à nos yeux les
France moderne à partir du village d'Arti- vestiges du passé, convention qui nous
gat tel qu'il est dépeint par Daniel Vigne autorise à arrêter le temps, le ralentir,
dans Le retour de Martin Guerre plutôt l'accélérer, le comprimer, le détendre,
qu'à partir du livre de Natalie Davis du l'analyser en le figeant sur le papier. Une
même nom? page écrite ne peut jamais prétendre être
Les historiens peuvent se méfier, et le simple miroir de la réalité, elle ne peut
même dénoncer, l'idée d'une histoire sur que diriger notre regard vers un monde
support visuel, mais ils doivent prendre lointain et disparu. Que le langage soit
conscience que de tels travaux ont déjà limité et que l'histoire soit une construc
considérablement influencé la manière tion n'est pas une découverte. Mais il est
dont le public et les historiens voient, pen nécessaire de le répéter. L'histoire filmée
sent et comprennent le passé. Ceux qui et l'histoire écrite rencontrent les mêmes
s'intéressent à la conscience historique de problèmes. Afin de comprendre l'appro
notre culture doivent se pencher sur le che visuelle de l'histoire, ses forces, ses
film historique et reconnaître que, malgré faiblesses et ses possibilités, il faut dépass
les nombreux inconvénients du support, er l'idée d'un conflit larvé entre histoire
les films représentent désormais un filmée et histoire écrite pour envisager
domaine du discours historique, du moins ensemble le passé et le présent auxquels
-163- ROBERT A. ROSENSTONE
comprendre leur dimension historique. les deux types d'histoire se réfèrent. Avec
Nous sommes si habitués à pénétrer dans ce point de vue, la question de la supér
l'univers représenté à l'écran que nous iorité du livre sur le récit film

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