Lixus à l époque romaine - article ; n°1 ; vol.166, pg 271-287
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Description

Publications de l'École française de Rome - Année 1992 - Volume 166 - Numéro 1 - Pages 271-287
L'historiographie récente porte son attention sur les origines légendaires de Lixus ou sur la période punique de la cité, mais elle tend à minimiser l'importance de la ville pendant la période romaine. En l'absence de renseignements fournis par les sources littéraires ou épigraphiques, les incertitudes et les approximations des stratigraphies - et donc de la chronologie des vestiges - autorisent uniquement un bilan critique à partir des fouilles publiées. L'activité industrielle liée à la pêche et à la fabrication du garum a sans doute débuté sous le règne de Juba II, mais n'a pris son plein développement qu'après la création de la province. La ville se dote ensuite d'un monument original, un théâtre - amphithéâtre unique en Afrique, que l'on peut raisonnablement dater entre 70 et 120 apr. J.-C. Au cours des IIe et IIIe siècles, une riche élite locale fait bâtir de vastes demeures «à la romaine» ornées de mosaïques et pourvues de bains privés non dépourvus d'originalité architecturale. Au sommet de la colline qui domine la mer, le vaste temple «F» ne peut être antérieur au règne de Néron - s'il remonte pas à celui de Trajan. Son plan d'ensemble rappelle la structure des temples à Saturne africains, combinaison d'éléments romains et d'éléments de lointaine origine orientale; l'ensemble est cependant original et certaines parties ne sont comparables qu'à des formes architecturales attestées dans le temple de Baalshamin à Palmyre. Dès la création de la province et tout au long du IIe s., la ville fait donc preuve d'un fort dynamisme et il faut lui rendre toute sa place dans la province de Tingitane.
17 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 171
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Maurice Lenoir
Lixus à l'époque romaine
In: Lixus. Actes du colloque de Larache (8-11 novembre 1989). Rome : École Française de Rome, 1992. pp. 271-
287. (Publications de l'École française de Rome, 166)
Résumé
L'historiographie récente porte son attention sur les origines légendaires de Lixus ou sur la période punique de la cité, mais elle
tend à minimiser l'importance de la ville pendant la période romaine. En l'absence de renseignements fournis par les sources
littéraires ou épigraphiques, les incertitudes et les approximations des stratigraphies - et donc de la chronologie des vestiges -
autorisent uniquement un bilan critique à partir des fouilles publiées. L'activité industrielle liée à la pêche et à la fabrication du
garum a sans doute débuté sous le règne de Juba II, mais n'a pris son plein développement qu'après la création de la province.
La ville se dote ensuite d'un monument original, un théâtre - amphithéâtre unique en Afrique, que l'on peut raisonnablement dater
entre 70 et 120 apr. J.-C. Au cours des IIe et IIIe siècles, une riche élite locale fait bâtir de vastes demeures «à la romaine»
ornées de mosaïques et pourvues de bains privés non dépourvus d'originalité architecturale. Au sommet de la colline qui domine
la mer, le vaste temple «F» ne peut être antérieur au règne de Néron - s'il remonte pas à celui de Trajan. Son plan d'ensemble
rappelle la structure des temples à Saturne africains, combinaison d'éléments romains et d'éléments de lointaine origine
orientale; l'ensemble est cependant original et certaines parties ne sont comparables qu'à des formes architecturales attestées
dans le temple de Baalshamin à Palmyre. Dès la création de la province et tout au long du IIe s., la ville fait donc preuve d'un fort
dynamisme et il faut lui rendre toute sa place dans la province de Tingitane.
Citer ce document / Cite this document :
Lenoir Maurice. Lixus à l'époque romaine. In: Lixus. Actes du colloque de Larache (8-11 novembre 1989). Rome : École
Française de Rome, 1992. pp. 271-287. (Publications de l'École française de Rome, 166)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1992_act_166_1_4312Λ
MAURICE LENOIR
LIXUS À L'ÉPOQUE ROMAINE
Une belle endormie. Ainsi apparaît la ville mental pour les deux premières et la dernière
de Lixus à l'époque romaine aux yeux des his des quatre grandes périodes qu'il distingue
toriens modernes : sa fondation par les Phéni dans la vie de la cité : période phénicienne et
ciens - peut-être avant celle de Carthage - lui carthaginoise, période punico-maurétanienne,
confère une aura mythique qui semble se dif période romaine, période tardive ou chrétien
fuser sur toutes les périodes anciennes; la po ne2. Pendant la romaine, Lixus, bien
lémique liée à l'identification d'un bâtiment à que devenue colonie, maintient sa vitalité
nefs dans la partie haute - basilique paléo commerciale mais cesse d'être «una de las
chrétienne ou (et?) mosquée - la fait connaît mas grandes ciudades del extremo oriente»,
re des historiens de l'antiquité tardive. Rien comme elle l'était aux époques précédentes.
ne marque l'époque romaine. Le trait un peu forcé aboutit à une peinture
J. Desanges montre bien dans ce même vo très négative de la Lixus romaine où «seul le
lume que la position de la ville à l'extrême quartier industriel [. . .] semble toujours pros
Occident du monde connu des Anciens en a père dans une certaine autonomie par rap
fait dès l'Antiquité l'objet de traditions légen port au reste de la ville» et qui «présentait
daires; nul doute que les résultats des derniè l'aspect d'un oppidum [. . . alors que] la Lixus
res campagnes archéologiques après la secon punique avait été une véritable cité, avec un
de guerre mondiale jusqu'en 1967 ont contri urbanisme très particulier qui s'imposa aux
bué à renouveler ces traditions et à fausser initiatives romaines successives comme une
trame inamovible»3. Cette vision négative et - notre vision de l'histoire de la ville. En 1950
en effet, peu de temps après la reprise des disons-le d'emblée - caricaturale de la pério
travaux sur le site, M. Tarradell soulignait de romaine semble devenue une vulgate. Il est
que les découvertes archéologiques de Lixus possible cependant, avec les informations
ne confirmaient en rien l'ancienneté de la vil dont nous disposons, d'ouvrir le dossier.
le et insistait sur l'étendue considérable et Il faut, en premier lieu, s'interroger sur les
l'importance des vestiges romains alors limites à assigner à notre période. Si l'on re
connus1. Dix ans plus tard environ, tirant un vient à la périodisation de M. Tarradell, elle
bilan provisoire des travaux, il renverse com s'inscrit entre deux destructions : l'une datée
plètement sa perspective. L'apport des don des années 40, avant la création de la provin
nées fournies par l'histoire de Lixus à l'histoi ce de Tingitane, due à la guerre d'Aedemon;
la seconde dans la seconde moitié du IIIe siè- re antique du Maroc lui paraît alors
1 Tarradell 1950 e, p. 50.
21959 a, p. 21-22; 39-41.
3 Ponsich 1981, p. 3; Ponsich 1982, p. 825. 272 MAURICE LENOIR
eie lors de la «crise du IIIe siècle» en Espagne lative abondance . . . mais avec des formes
et dans le nord de l'Afrique, déjà longuement précoces». Les dernières études publiées sur
l'importation de la céramique sigillée sud- analysées par divers auteurs4. L'une et l'autre
gauloise au Maroc9 montrent d'une part que destructions ont été affirmées à plusieurs re
prises par M. Tarradell, dont l'activité dans la le répertoire des formes importées est assez
zone du protectorat espagnol, et à Lixus en pauvre, d'autre part que ces importations, si
particulier, ainsi que la probité scientifique elles ont bien débuté sous Tibère, ont vérit
ne sont plus à répéter5. ablement pris leur essor sous le règne de Clau
Il n'y aurait donc pas lieu de mettre en de, donc après la guerre d'Aedemon et la
doute ces destructions, si certaines contradict création de la province de Tingitane. Com
ions ou hésitations et les stratigraphies pu ment interpréter, en l'absence de publication
bliées ne suscitaient quelques interrogations. plus précise, la double indication d'une «rela
Ces dernières sont en effet rares et ne concer tive abondance de formes précoces» dans ce
nent qu'un seul quartier de la ville - plus pré niveau de destruction de la maison de Mars et
cisément encore le sondage dit «du carou Rhéa?
bier»; elles montrent un niveau «médiéval- Enfin, ces niveaux de destruction mention
arabe et romain impérial», et quatre niveaux nés dans des synthèses ou des aperçus rapi
«pré-romains», soit 5 niveaux numérotés de I des sur l'histoire de la ville ne le sont pas tou
à V et regroupant 25 ou 26 couches. Il n'est jours dans les descriptions détaillées des di
pas facile d'identifier sur les dessins publiés vers quartiers. Ainsi M. Tarradell signale, que
vers le milieu du IIIe siècle la «factorià de un niveau de destruction, par ailleurs som
mairement décrit, identifié au niveau II et salazon tuvo que ser momentaneamente
daté du milieu du Ier siècle avant notre ère, abandonada»10, et M. Ponsich rappelle que
correspondant donc à la première destruction «hasta mediados del sigio III [. . .] las cons-
de Tamuda6. Quelques années auparavant, trucciones parecen haber sido destruidas,
M. Tarradell attribuait au début du Ier siècle para ser reconstruidas ο remodeladas en el
ap. J.-C, et plus précisément aux alentours de sigio IV»11. Mais on ne trouve pas trace de
l'année 40, un niveau «avec des pièces . . . cette destruction ni de la reconstruction suc
détruites et incendiées» dans ce même sonda cessive dans la description détaillée des usi
ge du caroubier7. Il s'agit sans doute du nes de garum12. De plus, si l'on se fie à la
même «niveau», mais sa datation a fluctué chronologie proposée, la plupart des unités
d'un siècle environ, sans qu'aucun matériel formant l'ensemble industriel ont été fondées

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