Louis XIV et l aristocratie : coup de majesté ou retour à la tradition? - article ; n°4 ; vol.19, pg 497-512
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Louis XIV et l'aristocratie : coup de majesté ou retour à la tradition? - article ; n°4 ; vol.19, pg 497-512

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Histoire, économie et société - Année 2000 - Volume 19 - Numéro 4 - Pages 497-512
Abstract The Sun King's accession to personal power, in 1661, is usually presented as the first moment of the aristocratic subjugation. In fact, the reign has largely restored a stability who was lossed by the greatest families during the administration of Richelieu and Mazarin. Louis XIV acted as a scrupulous regulator in distributing provincial governments and Crown offices. He consolidated, rather than demolished, the social domination and the political preeminence of the high nobility. In this way, 1661 is really a great divide, the beginning of a pacificated relationship who explains the end of serious aristocratic usprisings.
Résumé La prise du pouvoir de Louis XIV, en 1661, est habituellement considérée comme le prélude à la mise au pas de l'aristocratie. En fait, le règne a largement restauré une stabilité perdue par les grandes familles pendant l'administration de Richelieu et de Mazarin. Louis XIV s'est montré soucieux de réguler la distribution des gouvernements de provinces et des offices de la Couronne. Il a ainsi consolidé, et non anéanti, la domination sociale et la prééminence politique de la haute noblesse. C'est en ce sens que 1661 inaugure véritablement une rupture et le début de relations pacifiées qui expliquent la disparition des soulèvements aristocratiques importants.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Katia Béguin
Louis XIV et l'aristocratie : coup de majesté ou retour à la
tradition?
In: Histoire, économie et société. 2000, 19e année, n°4. pp. 497-512.
Résumé La prise du pouvoir de Louis XIV, en 1661, est habituellement considérée comme le prélude à la mise au pas de
l'aristocratie. En fait, le règne a largement restauré une stabilité perdue par les grandes familles pendant l'administration de
Richelieu et de Mazarin. Louis XIV s'est montré soucieux de réguler la distribution des gouvernements de provinces et des
offices de la Couronne. Il a ainsi consolidé, et non anéanti, la domination sociale et la prééminence politique de la haute
noblesse. C'est en ce sens que 1661 inaugure véritablement une rupture et le début de relations pacifiées qui expliquent la
disparition des soulèvements aristocratiques importants.
Abstract The Sun King's accession to personal power, in 1661, is usually presented as the first moment of the aristocratic
subjugation. In fact, the reign has largely restored a stability who was lossed by the greatest families during the administration of
Richelieu and Mazarin. Louis XIV acted as a scrupulous regulator in distributing provincial governments and Crown offices. He
consolidated, rather than demolished, the social domination and the political preeminence of the high nobility. In this way, 1661 is
really a great divide, the beginning of a pacificated relationship who explains the end of serious aristocratic usprisings.
Citer ce document / Cite this document :
Béguin Katia. Louis XIV et l'aristocratie : coup de majesté ou retour à la tradition?. In: Histoire, économie et société. 2000, 19e
année, n°4. pp. 497-512.
doi : 10.3406/hes.2000.2132
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2000_num_19_4_2132LOUIS XIV ET L'ARISTOCRATIE :
COUP DE MAJESTÉ OU RETOUR À LA TRADITION?
par Katia BÉGUIN
Résumé
La prise du pouvoir de Louis XIV, en 1661, est habituellement considérée comme le prélu
de à la mise au pas de l'aristocratie. En fait, le règne a largement restauré une stabilité perdue
par les grandes familles pendant l'administration de Richelieu et de Mazarin. Louis XIV s'est
montré soucieux de réguler la distribution des gouvernements de provinces et des offices de la
Couronne. Il a ainsi consolidé, et non anéanti, la domination sociale et la prééminence politique
de la haute noblesse. C'est en ce sens que 1661 inaugure véritablement une rupture et le début
de relations pacifiées qui expliquent la disparition des soulèvements aristocratiques importants.
Abstract
The Sun King's accession to personal power, in 1661, is usually presented as the first
moment of the aristocratic subjugation. In fact, the reign has largely restored a stability who
was lossed by the greatest families during the administration of Richelieu and Mazarin. Louis XIV
acted as a scrupulous regulator in distributing provincial governments and Crown offices. He
consolidated, rather than demolished, the social domination and the political preeminence of
the high nobility. In this way, 1661 is really a great divide, the beginning of a pacificated rela
tionship who explains the end of serious aristocratic usprisings.
L'image du système de cour a altéré la perception des relations du Roi-Soleil et de
la haute noblesse et masqué une dimension importante de l'entreprise de consolidation
de l'autorité monarchique dans la seconde moitié du XVIIe siècle. La «prise du pou
voir» de Louis XIV, associée ajuste titre à la docilité nouvelle des grands seigneurs,
a surtout attiré l'attention sur les mutations institutionnelles et politiques accomplies
au sommet de l'État. Il s'agissait d'élucider les fondements de la soudaine conversion
à l'obéissance d'une aristocratie dont la versatilité ou l'opposition de principe aux
innovations absolutistes auraient motivé les soulèvements répétés du demi-siècle pré
cédent. Ce postulat d'une soumission contrainte ou résignée n'est peut-être pas pleine
ment fondé. De surcroît, il défend de saisir dans quelle mesure le règne personnel,
dépeint avant tout comme une ère de transformations majeures - du reste indéniables,
a pu être aussi perçu comme la restauration d'un ordre politique et social mis à mal
par les méthodes de gouvernement antérieures. C'est du point de vue de ce groupe
aristocratique restreint mais influent que l'on voudrait apprécier les changements
accomplis. Le problème complexe des « convictions politiques », heurtées ou satisfaites
par l'inflexion absolutiste de la monarchie, sera écarté, pour ne prendre en considérat
ion que celui des attentes matérielles, des pouvoirs ou des honneurs espérés et sou-
HES 2000 (19e année, n° 4) Histoire Économie et Société 498
vent exigés les armes à la main par la haute noblesse jusqu'à la Fronde. Fragmentaire,
un tel angle d'observation présente aussi l'inconvénient d'épouser dans une certaine
mesure l'optique ou les imputations du pouvoir, prompt à dénoncer les mobiles parti
culiers et la cupidité de révoltés attachés au contraire à légitimer leurs combats par le
souci du «bien public» 1. Aussi l'objectif n'est-il pas de substituer une interprétation à
une autre, mais plutôt d'apporter un éclairage complémentaire sur les ressorts d'un
apaisement trop longtemps associé à une défaite historique des vaincus supposés
d'une autorité monarchique désormais sans partage. Or, tous les changements remar
qués en 1661 n'ont pas un impact égal pour l'aristocratie, qui put trouver des avan
tages à la suppression du premier ministre, avec, au premier chef, la consolidation de
son emprise sur les grandes charges et les gouvernements de provinces. Il faut en effet
reconsidérer les pratiques et le legs politique des cardinaux-ministres pour saisir les
ressorts de la stabilité retrouvée de la haute noblesse au cours du règne personnel.
Les constantes politiques de la «révolution» de 1661
L'année 1661, érigée en une sorte de ligne de partage des eaux de l'histoire poli
tique du XVIIe siècle, a inauguré des mutations décisives de l'exercice du pouvoir
monarchique. L'instauration du gouvernement direct, l'exclusion des Grands du
Conseil d'en haut et la remise en ordre des finances du royaume apparaissent comme
les clefs d'une reprise en main des prérogatives royales. Pourtant, ces mesures relè
vent d'un répertoire éprouvé, voire rituel, de la politique monarchique. F. Bayard a
rappelé la fréquence élevée des chambres de justice depuis la fin du xvp siècle et
démontré leurs fonctions véritables, « financières, politiques et démagogiques » 2. Et
D. Dessert a prouvé tout ce que la condamnation de Fouquet et l'élimination de ses
publicains féaux devaient aux menées de Colbert. La mise à l'écart des membres de la
famille royale et des Grands du Conseil, qui ne souffrit guère d'exceptions - le Dau
phin lui-même ne fut admis que fort tard dans cette assemblée restreinte - renoue
aussi avec une tradition bien établie depuis le règne d'Henri IV, vis-a-vis de laquelle
les deux régences de Marie de Médicis et d'Anne d'Autriche n'ont constitué que des
parenthèses momentanées. Elle ressortit au droit du monarque à s'entourer de
conseillers choisis, réaffirmé au terme des conflits politico-religieux de la seconde
moitié du XVIe siècle. Le même principe conduit d'ailleurs le jeune Louis XIV à récu
ser la présence «statutaire» du chancelier, accoutumé à siéger au Conseil étroit
comme premier des grands officiers de la couronne.
La décision de gouverner sans principal ministre surprit davantage, ou passa pour
une foucade. Le système politique des favoris, puis des premiers ministres - depuis
que Richelieu avait dissocié ces deux fonctions et relégué les premiers au rang de
compagnons des plaisirs royaux - s'était imposé comme un mode de gouvernement
habituel, du reste commun aux souverains espagnols et anglais. Aussi, l'attente du
remplacement de Mazarin, puis l'annonce qu'il n'aurait pas de successeur, eurent un
retentissement remarquable au sein de la haute noblesse. L'évêque de Mirepoix, un
Lévis-Ventadour, avait émis le vœu de voir le roi désigner son cousin, le Grand
Condé, pourtant tout juste

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