Mémoire abolie des femmes : l exemple de l Achaïe romaine au premier siècle après J.-C - article ; n°1 ; vol.14, pg 263-280
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Mémoire abolie des femmes : l'exemple de l'Achaïe romaine au premier siècle après J.-C - article ; n°1 ; vol.14, pg 263-280

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Cahiers du Centre Gustave Glotz - Année 2003 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 263-280
Among the women of the imperial family, some sustained damnatio memoriae either because they were more or less involved in a conspiracy against the ruling imperator, or because they shared, in a way, the fate of a damned member of their family. We examine this phenomenon for the Julio-Claudian princesses in the Roman Achaea through epigraphy. Thus, we focus on the inscriptions for Agrippina the Younger, belonging to the first group, but also on the inscriptions for Octavia, Poppaea and Statilia Messalina, belonging to the second group.
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Publié le 01 janvier 2003
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Langue Français
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Extrait

Madame Christine Hoët-van
Cauwenberghe
Mémoire abolie des femmes : l'exemple de l'Achaïe romaine au
premier siècle après J.-C
In: Cahiers du Centre Gustave Glotz, 14, 2003. pp. 263-280.
Abstract
Among the women of the imperial family, some sustained damnatio memoriae either because they were more or less involved in
a conspiracy against the ruling imperator, or because they shared, in a way, the fate of a damned member of their family. We
examine this phenomenon for the Julio-Claudian princesses in the Roman Achaea through epigraphy. Thus, we focus on the
inscriptions for Agrippina the Younger, belonging to the first group, but also on the inscriptions for Octavia, Poppaea and Statilia
Messalina, belonging to the second group.
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Hoët-van Cauwenberghe Christine. Mémoire abolie des femmes : l'exemple de l'Achaïe romaine au premier siècle après J.-C.
In: Cahiers du Centre Gustave Glotz, 14, 2003. pp. 263-280.
doi : 10.3406/ccgg.2003.1592
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ccgg_1016-9008_2003_num_14_1_1592Christine Hoët-van Cauwenberghe
MÉMOIRE ABOLIE DES FEMMES :
L'EXEMPLE DE L'ACHAÏE ROMAINE
AU PREMIER SIÈCLE APRÈS J.-C*
II n'est guère facile de vouloir faire sortir de l'ombre ceux dont on a voulu
effacer la mémoire, puisque le principe même était que l'oubli les enveloppât.
Sous l'Empire, si l'on compte les personnes concernées par ce type de mesur
e radicale décidée par le Sénat, on place, bien sûr, en tête les empereurs que
le Sénat voulait sanctionner après leur mort souvent brutale pour leur com
portement de tyran ou de mauvais empereur. Mes collègues, Stéphane Benoist
et Roland Delmaire, ont déjà évoqué les pistes épigraphiques et les premières
conclusions concernant leur sort. Cependant, étant donné la multiplication des
complots et intrigues de cour - même au cours des périodes les plus calmes —,
un autre groupe se détache : il s'agit de celui des traîtres, comploteurs actifs ou
supposés, personnages devenus trop puissants et à écarter, qui constituent une
série d'individus jugés dangereux car évoluant dans les hautes sphères du pouv
oir. Or parmi ses membres, se trouvent des femmes, épouses, mères, filles,
sœurs d'empereurs, toutes de l'entourage impérial, femmes d'influence qui ont
parfois encouru le courroux impérial et la disgrâce sénatoriale au point de
subir elles aussi la damnatio memoriae. C'est à cet ensemble féminin, fort hété
roclite comme nous allons le voir, que nous avons prêté attention dans le cadre
général des premiers dépouillements de ce programme et celui plus précis de
la province d'Achaïe, à laquelle nous ajoutons pour la commodité de l'exposé
les villes libres telles qu'Athènes ou Sparte. Nous n'allons pas cependant pré
senter aujourd'hui le cas de chacune de ces princesses, mais mettre en valeur
les spécificités de nos recherches épigraphiques dans cet espace en insistant
davantage sur un certain nombre d'exemples comme celui d'Agrippine la
Jeune, épouse de Claude et mère de Néron.
Les premières constatations que nous avons pu effectuer à partir de la
comparaison des premières provinces dépouillées sont les suivantes : un fort
contraste existe entre les impériales des Bretagnes, Germanies,
Maurétanies, la province sénatoriale de Bétique et celle d'Achaïe, qui fut
* Je remercie vivement ceux qui par leur relecture, leurs conseils et leur discussion m'ont fait
l'amitié de m'éclairer sur un certain nombre de points : Ségolène Demougin, mais aussi Roland
Delmaire, Janine Desmulliez, Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier et John Scheid. Je remercie
également Werner Eck pour ses informations. Ce travail s'insère dans une collaboration d'équi
pe au sein de l'UMR 8585, dans le cadre du projet de recherche sur les «Victimes de la damn
atio memoriae » et je remercie vivement M. Bats, S. Benoist et S. Lefebvre pour leur aide.
Cahiers Glotz, XIV, 2003, p. 263-280 Christine Hoët-van Cauwenberghe 264
également sénatoriale, sauf au cours d'une brève période, de Tibère à
Claude et libre par la volonté de Néron de 66/67 au début du règne de
Vespasien. Cette différence réside dans le fait que nous ne sommes pas par
venue à trouver trace de damnatio memoriae de ces femmes dans ces pro
vinces occidentales avant les règnes des Sévères. Ce résultat était assez pré
visible pour ces provinces impériales, plus récemment intégrées à l'Empire,
où les hommages épigraphiques rendus aux impératrices commencent plus
tardivement et sont moins nombreux ou ne s'expriment peut-être pas de la
même manière ; en revanche, ce n'est pas le cas de la province de Bétique.
Toutefois, d'autres explications peuvent intervenir pour comprendre ce
phénomène. Tout d'abord, la forte implication des Claudii patriciens en
Grèce à la fin de la République, reposant en grande partie sur les relations
de patronage avec les cités grecques et leurs notables, a engendré des liens
personnels très forts avec la dynastie julio-claudienne, qui s'expriment à tra
vers un nombre plus grand d'hommages rendus aux empereurs et aux
membres de la famille impériale1. De ce fait, il y a là un potentiel plus vaste
d'inscriptions à marteler quand on est susceptible d'observer le phénomèn
e. Un autre facteur accentuant le nombre de documents épigraphiques que
l'on peut trouver en Achaïe réside dans l'abondance des hommages rel
igieux ou associés rendus aux empereurs et aux impératrices de leur vivant,
dans la partie hellénophone de l'Empire, où l'empereur est honoré comme
un dieu de son vivant sous différentes formes : statues, autels, hommages des
prêtres et prêtresses...2 Ensuite, on peut déterminer un troisième élément
explicatif dans le mode d'hommages rendus aux empereurs et aux membres
de la famille impériale : en effet, les Grecs affectionnaient particulièrement
les hommages collectifs, en associant volontiers à l'image de l'empereur les
différents membres de son entourage, outre les éléments masculins, l'épous
e, la sœur, la fille, la petite-fille. . . Ainsi, comme à Rome ou dans les grandes
cités de l'Empire, les groupes statuaires ne sont pas rares en Achaïe et l'on
n'hésite guère à ajouter sur un piédestal déjà existant une autre statue et à
compléter le texte épigraphique, quand un nouveau membre de la famille
se trouve impliqué par la cité ou les événements. Ces deux derniers facteurs
dont les traditions trouvent en grande partie leurs racines dans les usages de
la période hellénistique sont encore très forts au premier siècle de l'Empire.
1 Voir E. Albertini, « La clientèle des Claudii », MEFRA, 24, 1904, p. 247-276 ;
L. Harmand, Un aspect social et politique du monde romain : le patronat sur les collectivités publiques,
des origines au Bas-Empire, Paris, 1957, surtout p. 171 et suiv. ; E. Rawson, « The Eastern
Clientelae of Clodius and the Claudii », Historia, 22, 1973, p. 219-239 ; Ead., « More on the
Eastern Clientelae of Clodius and the Claudii », Historia, 26, 1977, p. 340-357 ;
J. Touloumakos, « Zum rômischen Gemeindepatronat im griechischen Osten », Hermes, 116,
1988, p. 304-324 ; J. Niçois, « Patrons of Greek Cities in the Early Principate », ZPE, 80,
1990, p. 81-100 ; C. Eilers, Roman Patrons of Greek Cities, Oxford, 2002.
2 Voir S. Price, « Gods and Emperors : the Language of the Roman Imperial Cult »,
JRS, 70, 1980, p. 28-43 ; Id., Rituals and Power : the Imperial Cult in Asia Minor, Cambridge,
1984. MÉMOIRE ABOLIE DES FEMMES 265
Parmi les princesses ayant subi la damnatio memoriae, on peut distinguer
deux groupes. Il y a d'abord celles qui ont participé à un complot, avéré ou
fictif, mettant en danger le pouvoir impérial avec plus ou moins de réalité :
Messaline, épouse de Claude, Agrippine la Jeune, mère de Néron, Lucilia, fille
de Marc Aurèle, compromise dans une tentative contre son frère Commode,
ou encore Fulvia Plautilla, fille du célèbre préfet du prétoire condamné, épous
e de Caracalla. Ces princesses ont subi une condamnation directe de leur
mémoire pour avoir joué un rôle actif dans une affaire d'opposition au prin
ce et à la res publica. L'ef

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