Mémoire sur le régime des terres dans les principautés fondées en Syrie par les Francs à la suite des croisades (premier article). - article ; n°1 ; vol.14, pg 529-545
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Mémoire sur le régime des terres dans les principautés fondées en Syrie par les Francs à la suite des croisades (premier article). - article ; n°1 ; vol.14, pg 529-545

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1853 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 529-545
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1853
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Auguste Arthur Comte Beugnot
Mémoire sur le régime des terres dans les principautés fondées
en Syrie par les Francs à la suite des croisades (premier article).
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1853, tome 14. pp. 529-545.
Citer ce document / Cite this document :
Comte Beugnot Auguste Arthur. Mémoire sur le régime des terres dans les principautés fondées en Syrie par les Francs à la
suite des croisades (premier article). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1853, tome 14. pp. 529-545.
doi : 10.3406/bec.1853.445140
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1853_num_14_1_445140? _ Oïl0 í
MÉMOIRE
SUR
LE RÉGIME DES TERRES
DANS LES PRINCIPAUTÉS
FONDÉES EN SYRIE PAR LES FRANCS
A IA SUITE DES CROISA DES.
L'histoire offre peu de sujets d'étude aussi féconds en considé
rations intéressantes et utiles que la fondation de colonies chez des
peuples soumis par la force des armes. La lutte entre les idées, les
mœurs et les institutions des vainqueurs et celles des vaincus; la
transaction qui, après une résistance réciproque plus ou moins
longue, termine d'ordinaire cette lutte; les institutions variées et
souvent singulières dans leur forme auxquelles elle donne nais
sance, fournissent à l'observation une foule d'aperçus qui jo
ignent, à l'avantage de satisfaire la curiosité historique, le mérite
plus grand de préparer de fructueux enseignements pour les
peuples que leur génie expansif ou leur destinée appelleraient à
fonder des colonies.
Si la création de ces établissements est en elle-même digne d'une
étude attentive, indépendamment du caractère des peuples qui j
ont pris part ou des événements qui l'ont accompagnée, un intérêt
particulier s'attache aux colonies qui eurent pour fondateurs des
peuples soumis au régime féodal. Ici , eu effet, se présente un
problème historique dont la solution n'est pas sans difficulté.
Les idées et les institutions de la féodalité inspiraient aux na
tions chez lesquelles elles régnaient l'habitude ou plutôt la pas-
IV. (Troisième série.) 30 530
sion de la guerre et des conquêtes ; en même temps, et par une
sorte de contradiction, elles les attachaient fortement au sol qu'el
les possédaient, puisqu'elles faisaient découler tout le pouvoir-
politique et judiciaire de la possession hiérarchique de ce sol, et
qu'elles y enchaînaient de la manière la plus tyrannique la classe
de la société sur qui pesait la tâche de le cultiver. De semblables
institutions pouvaient bien animer les chefs de l'amour des con
quêtes et du goût des expéditions aventureuses, mais elles forti
fiaient les habitudes sédentaires des populations ; et comme celles-
ci, arbitres en définitive du sentiment général qui dirige une
société, quel que soit le caractère de son gouvernement, occupaient
des territoires supérieurs par l'étendue à leurs besoins, et d'une
grande fertilité, on est conduit à penser que l'esprit de colonisa
tion et de conquêtes lointaines dut rester étranger aux peuples
qui vivaient sous le régime féodal. Cependant cette opinion est
contredite par plusieurs événements mémorables , tels que la
conquête de l'Angleterre par Guillaume le Bâtard, l'établiss
ement des Normands en Sicile et dans l'Italie méridionale, la fon
dation du royaume de Jérusalem et de l'empire latin de Cons
tantinople , à la suite des croisades, et enfin la conquête de la
Morée par une poignée de gentilshommes français sous les or
dres de Guillaume de Champlitte.
Combien de questions intéressantes soulève l'examen des causes
et des effets si variés de ces conquêtes, accomplies dans des ré
gions si différentes, par des peuples de l'Europe que ne pous
saient au loin ni l'excès de la population, ni la difficulté de se
procurer dans leur propre pays des moyens de subsistance, au
moment où le régime féodal avait atteint chez eux le plus haut
degré de développement et d'énergie !
L'histoire, la politique, la législation sont également intéres
sées à ce que ces questions soient envisagées sous tous leurs as
pects et résolues, afin que rien de ce qui se rapporte à ces grands
déplacements de mœurs et d'intérêts, dont les conséquences his
toriques sont si dignes d'attention, ne reste enveloppé d'obscur
ité.
La conquête de l'Angleterre par les Normands a trouvé en
France un historien, que l'Académie des inscriptions et belles-
lettres s'honore de compter dans ses rangs, qui a traité ce sujet
avec un talent supérieur. Désormais il ne reste plus rien à ap
prendre sur ce grand événement, ni sur la part qui doit lui être 531
attribuée dans la formation et le développement du caractère,
des institutions et de la merveilleuse puissance de la nation bri
tannique.
Une semblable faveur n'a été accordée à aucune des autres ex
péditions qui viennent d'être rappelées.
Les croisades offraient en elles-mêmes un intérêt trop vif et
trop soutenu, leur souvenir parlait trop fortement au cœur et à
l'imagination des peuples chrétiens, elles sont et elles resteront
toujours pour eux un titre de gloire trop éclatant, pour n'avoir
pas été bien des fois racontées, d'abord par des chroniqueurs
contemporains, qu'inspirait le génie même des croisades, plus
tard par de véritables historiens ; mais les uns et les autres se
sont renfermés dans le récit attrayant des faits. Les batailles, les
sièges des villes, les revers ou les succès des armées chrétiennes
les exploits et les aventures des princes et des guerriers fameux,
voilà ce qui remplit leurs récits ; à peine accordent-ils quelque at
tention aux lois et aux institutions des États fondés par les Francs
en Orient. Ils ne font aucun effort, malgré l'intérêt qui s'atta
che à de semblables recherches, pour montrer comment les idées
et les mœurs des Européens, et particulièrement celles des Franç
ais ', qui furent les soutiens de ces établissements, comme ils
en avaient été, à vrai dire, les fondateurs, et qui y firent dominer
leurs lois et leur langage, parvinrent à s'acclimater dans des con
trées où régnaient des mœurs si opposées , et quelle sorte de so
ciété naquit du mélange de races aussi profondément antipathi
ques les unes aux autres. Les institutions féodales de l'Europe
transportées tout à coup au sein de l'empire grec et de la Syrie,
et y donnant naissance à des États qui ont duré plus ou moins
de temps, non sans quelque éclat, offrent un vaste champ aux
recherches et aux méditations de ceux qui aiment à pénétrer dans
1 . Les Européens qui à la suite de la première croisade se fixèrent en Syrie et
ceux qui vinrent s'y établir plus tard , étaient désignés en Orient sous le nom de
Francs, Franci, ou même Galli (Albert d'Aix. 1. VII, с LV, apnd Bongars, Gesta
Dei per Francos, t. T, p. 310). Les musulmans les nommaient les Francs du Sahel
ou de la province maritime. Jacques de Vitry, en parlant des conquérants de la
terre sainte qui y étaient demeurés, dit : « Leurs enfants que l'on nomme mainte
nant Poulains » {Hisioria Hierosolymitana, 1. 1, c. LXXII, apud Bongars Gesta
Dei, p. 1088). Cette dénomination, dont il est difficile de découvrir l'étymolo^ie
était prise dans un sens injurieux. On voit dans une charte le royaume de Jérusalem
appelé le royaume d'Asie (Paoli, Codice diplomatico del sacro ordine Gerosolimi-
lano; Lucca, 1733, 1 vol. in-fol.; t. I, p. 200).
35. 532
la connaissance des faits pour en découvrir les causes et en expli
quer les conséquences et qui se proposent moins de peindre avec
art les principaux accidents de la vie des peuples, que d'exposer
les variations de leur génie, de leurs mœurs, de leurs lois, en un
mot de leur civilisation.
De tous les établissements fondés à la suite des croisades en
Europe ou en Orient, le plus curieux à étudier dans les détails et
les changements de son organisation politique, est, à notre avis,
le royaume latin de Jérusalem, non à cause de sa durée, qui fut
courte, ni de sa puissance, qui fut passagère, mais parce que cet <

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