Mener Paris à Londres. L utilisation du répertoire français par le Royal Italian Opera dans sa lutte pour la survie artistique - article ; n°2 ; vol.22, pg 217-238
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Mener Paris à Londres. L'utilisation du répertoire français par le Royal Italian Opera dans sa lutte pour la survie artistique - article ; n°2 ; vol.22, pg 217-238

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Histoire, économie et société - Année 2003 - Volume 22 - Numéro 2 - Pages 217-238
Abstract This article traces the artistic and economic factors that led to the establishment of the Royal Italian Opera as London's principal opera house during the mid-191'' century, a development that was crucially influenced by the company's close links with Paris. Set up in direct competition to the traditional opera house, Her Majesty's Theatre, the Royal Italian Opera was to become a bastion of French opera under its second and longest- serving manager, Frederick Gye. Through the regular acquisition of current grands operas Gye was able to mount a highly competitive programme which secured his company a certain degree of financial and artistic stability and ensured its long-term survival.
Résumé Cet article retrace les raisons artistiques et économiques qui ont fait du Royal Italian Opera le principal opéra de Londres au milieu du XIXe siècle et ses liens étroits avec Paris qui ont joué un rôle décisif. En compétition directe avec l'opéra traditionnel, Her Majesty's Theatre, le Royal Italian Opera est devenu un bastion de l'opéra français sous l'égide de son deuxième directeur - et celui qui est resté le plus longtemps en fonction - Frédéric Gye. Grâce à l'acquisition régulière des grands opéras du moment, Gye a été capable de construire un programme concurrentiel qui a assuré à sa maison un certain degré de stabilité financière et artistique et a permis sa survie à long terme.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gabriella Dideriksen
Géraldine Deriès
Mener Paris à Londres. L'utilisation du répertoire français par le
Royal Italian Opera dans sa lutte pour la survie artistique
In: Histoire, économie et société. 2003, 22e année, n°2. pp. 217-238.
Résumé Cet article retrace les raisons artistiques et économiques qui ont fait du Royal Italian Opera le principal opéra de
Londres au milieu du XIXe siècle et ses liens étroits avec Paris qui ont joué un rôle décisif. En compétition directe avec l'opéra
traditionnel, Her Majesty's Theatre, le Royal Italian Opera est devenu un bastion de l'opéra français sous l'égide de son
deuxième directeur - et celui qui est resté le plus longtemps en fonction - Frédéric Gye. Grâce à l'acquisition régulière des grands
opéras du moment, Gye a été capable de construire un programme concurrentiel qui a assuré à sa maison un certain degré de
stabilité financière et artistique et a permis sa survie à long terme.
Abstract This article traces the artistic and economic factors that led to the establishment of the Royal Italian Opera as London's
principal opera house during the mid-191'' century, a development that was crucially influenced by the company's close links with
Paris. Set up in direct competition to the traditional opera house, Her Majesty's Theatre, the Royal Italian Opera was to become a
bastion of French opera under its second and longest- serving manager, Frederick Gye. Through the regular acquisition of
current grands operas Gye was able to mount a highly competitive programme which secured his company a certain degree of
financial and artistic stability and ensured its long-term survival.
Citer ce document / Cite this document :
Dideriksen Gabriella, Deriès Géraldine. Mener Paris à Londres. L'utilisation du répertoire français par le Royal Italian Opera
dans sa lutte pour la survie artistique. In: Histoire, économie et société. 2003, 22e année, n°2. pp. 217-238.
doi : 10.3406/hes.2003.2318
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2003_num_22_2_2318MENER PARIS A LONDRES
L'utilisation du répertoire français par. le Royal Italian Opera
dans sa lutte pour la survie artistique
par Gabriella DIDERIKSEN
Résumé
Cet article retrace les raisons artistiques et économiques qui ont fait du Royal Italian Opera le
principal opéra de Londres au milieu du XIXe siècle et ses liens étroits avec Paris qui ont joué un rôle
décisif. En compétition directe avec l'opéra traditionnel, Her Majesty's Theatre, le Royal Italian
Opera est devenu un bastion de l'opéra français sous l'égide de son deuxième directeur - et celui
qui est resté le plus longtemps en fonction - Frédéric Gye. Grâce à l'acquisition régulière des grands
opéras du moment, Gye a été capable de construire un programme concurrentiel qui a assuré à sa
maison un certain degré de stabilité financière et artistique et a permis sa survie à long terme.
Abstract
This article traces the artistic and economic factors that led to the establishment of the Royal
Italian Opera as London's principal opera house during the mid-191'' century, a development that
was crucially influenced by the company's close links with Paris. Set up in direct competition to the
traditional opera house, Her Majesty's Theatre, the Royal Italian Opera was to become a bastion
of French under its second and longest- serving manager, Frederick Gye. Through the regular
acquisition of current grands operas Gye was able to mount a highly competitive programme which
secured his company a certain degree of financial and artistic stability and ensured its long-term
survival.
L'histoire de l'opéra et de ses institutions à Londres se caractérise par l'instabilité
financière et administrative. Les compagnies étaient souvent d'un haut niveau artist
ique, mais leur gestion était fréquemment chaotique: poursuivies par l'incompétence et
la malhonnêteté administratives, criblées de dettes et apparemment incapables de sur
vivre commercialement, les institutions opératiques de Londres se sont retrouvées de
nombreuses fois au bord du gouffre. Les trente ans de gestion de Frederick Gye au
Royal Italian Opera (l'Opéra royal italien) de Covent Garden (1848-1878) se disti
nguent donc non seulement par leur durée exceptionnelle mais encore et de façon plus
importante par la stabilité administrative et artistique qu'il réussit à mettre en place.
Sous la direction de Gye, un grand nombre des opéras de Verdi furent produits pour la
première fois à Londres au Royal Italian Opera; il instaura une proche collaboration
avec Meyerbeer qui conduisit à la production de tous les opéras les plus importants de
ce dernier à Londres ; Emma Albani et Adelina Patti, qui lancèrent des carrières inte
rnationales sous sa protection, vinrent rejoindre des étoiles reconnues comme Mario,
Grisi, et Viardot. Malgré de telles réussites artistiques, la gestion financière de Gye
n'eut qu'un succès limité, entre autres à cause de l'intense rivalité avec l'opéra le plus
HES 2003 (22e année, n° 2) Histoire Économie et Société 218
anciennement établi de Londres, Her Majesty's Theatre (le Théâtre de Sa Majesté). La
compétition pour les artistes et les opéras fit grimper les coûts, alors que la fidélité du
public était divisée entre les deux théâtres, si bien que Gye ne fit que rarement des
bénéfices. À sa mort en 1878, il léguait cependant une compagnie libre de dettes
excessives et solide du point de vue artistique, réussites rares dans l'histoire de l'opéra
londonien.
L'une des clés du succès de Gye se trouve dans la détermination avec laquelle il
cultiva de forts liens avec les opéras parisiens et leurs artistes. En faisant
régulièrement l'achat des grands opéras 1 du moment, Gye fut en mesure de satisfaire
la soif de nouveautés de son public - toujours un facteur important dans la demande
des amateurs londoniens - et de proposer un programme capable de rivaliser et de se
distinguer de celui de Her Majesty's Theatre. Cet article1 utilisera nombre de docu
ments originaux non encore publiés, dont les journaux de Gye, pour analyser sa ges
tion jusqu'en 1856 (lorsque le Royal Italian Opera fut détruit par un incendie) à la
lumière de ces relations avec la France2. C'est lors de ses premières années de respons
abilité administrative que Gye mit en place les éléments clés du répertoire, notam
ment l'importance des opéras français dans ce répertoire, qui devait assurer la survie
du Royal Italian Opera pendant les vingt années suivantes.
La compagnie avec laquelle Gye commença à travailler en 1848 n'avait été établie
que récemment à Covent Garden. Depuis le début du XVuT siècle l'opéra le plus import
ant de Londres était le King's Theatre (le Théâtre du Roi) (rebaptisé Her Majesty's
Theatre en 1837 lors du couronnement de la reine Victoria). De temps en temps, des
compagnies rivales avaient vu le jour, notamment le Opera of the Nobility (l'opéra de
l'Aristocratie) (1733-38) et le Pantheon Opera (l'opéra du Panthéon) (1790-92), mais
aucun n'avait pu mettre une fin définitive à l'hégémonie de la compagnie la plus
anciennement établie de la capitale. Cela n'était pas tant dû à la puissance financière
ou artistique intrinsèque du King's Theatre - bien au contraire, la faiblesse de la situa
tion financière de la compagnie constituait en général le facteur principal conduisant à
la création d'une rivale - mais plutôt à une combinaison de mauvaise ges
tion de la part des compétiteurs, de répugnance du public à reporter sa fidélité d'un
établissement sur un autre, et d'un système restrictif de licences théâtrales. Londres
avait trois compagnies théâtrales principales: les théâtres de Covent Garden et de
Drury Lane, qui fonctionnaient avec des patentes royales leur assurant le monopole de
ce qu'on appelait le répertoire dramatique légitime3; et le King's Theatre, qui proposait
des opéras en italien et des ballets sous licence renouvelable annuellement4. Ni les
patentes ni les licences détenues par ces diverses entreprises théâtrales n'étaient liées à
un financement du gouvernement ou de la Cour: toutes les compagnies anglaises
étaient des entreprise

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