Montpellier, ville de sûreté protestante (1598-1629) - article ; n°2 ; vol.160, pg 575-590
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Bibliothèque de l'école des chartes - Année 2002 - Volume 160 - Numéro 2 - Pages 575-590
Montpellier était l'une des plus notables des soixante-six villes de sûreté accordées aux protestants par l'édit de Nantes. Dans une province bien tenue par les hommes du roi, la cité vit ses instances politiques entièrement remises aux réformés : consulat, conseil des vingt-quatre, univer- site. Mais, après la mort d'Henri IV en 1610, la fonction militaire de la ville l'emporta alors que les occasions de conflit renaissaient : entreprises de l'évêque catholique, agitation de huguenots extrémistes (« Caterinots »), installation d'une assemblée régionale militaire (« cercle »), radicalisation du consulat. Le siège royal de 1622 et la « déclaration de paix » qui suivit, prescrivant le démantèlement des remparts, ouvrirent le dernier acte. La construction d'une citadelle royale, la reprise en main de l'université et du consulat par le parti catholique sanctionnèrent, avant même l'édit d'Alès (28 juin 1629), la fin de la domination protestante et la mort de la ville de sûreté.
Montpellier war eine der bemerkenswertesten der 66 “ Filles de süreté ”, die das Edikt von Nantes den Protestanten zugestand. In einer Provinz, die von königlichen Vertretem mit sicherer Hand geführt wurde, erlebte die Stadt die übergabe aller politischen Instanzen an die Reformierten : Konsulat, Rat der 24, Universität. Aber nach dem Tod von Henri IV. 1610 trat die militarische Rolle der Stadt neuerlich in den Vordergrund, und die Anläße für Konflikte häuften sich : Unternehmungen des katholischen Bischofs, Propaganda der extremistischen Hugenotten (Caterinots), Schaffung einer regionalen Militärversammlung (cercle), Radikalisierung des Konsulats. Die Belagerung durch königliche Truppen 1622 und die darauf folgende “ Friedenserklärung ” (déclaration de paix), die eine Schleifung der Befestigungen anordnete, eröffneten den letzten Akt : Der Bau einer königlichen Zitadelle und die übernahme der Universität sowie des Konsulats durch die katholische Partei bedeuteten noch vor dem Edikt von Alès (28. Juni 1629) das Ende der protestantischen Herrschaft und der freiheitlichen Ville de sûreté.
Montpellier was among the most important of the sixty-six “ villes de sûreté ” which the Edict of Nantes granted to the French Protestants. Whereas the province was well controlled by the king's men, the city's political institutions, i.e. the Consulate, the “ Council of Twenty-Four ”, and the University, were all handed over to the Huguenots. But after King Henry IV was murdered in 1610, the military importance of the town became predominant. At the same time, the seeds of conflict were growing between an invasive Catholic bishop, troublesome Huguenot extremists known as “ Caterinots ”, the newly established regional military assembly or “ circle ”, and the increasingly radical Consulate. The siege by the royal army in 1622, then the ensuing “ Declaration, of Peace ”, which ordered the dismantling of the city's fortifications, introduced the third act of this history. A royal citadel was built and the University and Consulate were taken over by the Catholic party : even before the Edict of Alès (28 June 1629), Protestant rule was dead and the “ ville de sûreté ” was no more.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 68
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Valérie Lafage
Montpellier, ville de sûreté protestante (1598-1629)
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 2002, tome 160, livraison 2. pp. 575-590.
Citer ce document / Cite this document :
Lafage Valérie. Montpellier, ville de sûreté protestante (1598-1629). In: Bibliothèque de l'école des chartes. 2002, tome 160,
livraison 2. pp. 575-590.
doi : 10.3406/bec.2002.451107
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_2002_num_160_2_451107Résumé
Montpellier était l'une des plus notables des soixante-six villes de sûreté accordées aux protestants par
l'édit de Nantes. Dans une province bien tenue par les hommes du roi, la cité vit ses instances
politiques entièrement remises aux réformés : consulat, conseil des vingt-quatre, univer- site. Mais,
après la mort d'Henri IV en 1610, la fonction militaire de la ville l'emporta alors que les occasions de
conflit renaissaient : entreprises de l'évêque catholique, agitation de huguenots extrémistes («
Caterinots »), installation d'une assemblée régionale militaire (« cercle »), radicalisation du consulat. Le
siège royal de 1622 et la « déclaration de paix » qui suivit, prescrivant le démantèlement des remparts,
ouvrirent le dernier acte. La construction d'une citadelle royale, la reprise en main de l'université et du
consulat par le parti catholique sanctionnèrent, avant même l'édit d'Alès (28 juin 1629), la fin de la
domination protestante et la mort de la ville de sûreté.
Zusammenfassung
Montpellier war eine der bemerkenswertesten der 66 “ Filles de süreté ”, die das Edikt von Nantes den
Protestanten zugestand. In einer Provinz, die von königlichen Vertretem mit sicherer Hand geführt
wurde, erlebte die Stadt die übergabe aller politischen Instanzen an die Reformierten : Konsulat, Rat
der 24, Universität. Aber nach dem Tod von Henri IV. 1610 trat die militarische Rolle der Stadt neuerlich
in den Vordergrund, und die Anläße für Konflikte häuften sich : Unternehmungen des katholischen
Bischofs, Propaganda der extremistischen Hugenotten (Caterinots), Schaffung einer regionalen
Militärversammlung (cercle), Radikalisierung des Konsulats. Die Belagerung durch königliche Truppen
1622 und die darauf folgende “ Friedenserklärung ” (déclaration de paix), die eine Schleifung der
Befestigungen anordnete, eröffneten den letzten Akt : Der Bau einer königlichen Zitadelle und die
übernahme der Universität sowie des Konsulats durch die katholische Partei bedeuteten noch vor dem
Edikt von Alès (28. Juni 1629) das Ende der protestantischen Herrschaft und der freiheitlichen Ville de
sûreté.
Abstract
Montpellier was among the most important of the sixty-six “ villes de sûreté ” which the Edict of Nantes
granted to the French Protestants. Whereas the province was well controlled by the king's men, the
city's political institutions, i.e. the Consulate, the “ Council of Twenty-Four ”, and the University, were all
handed over to the Huguenots. But after King Henry IV was murdered in 1610, the military importance
of the town became predominant. At the same time, the seeds of conflict were growing between an
invasive Catholic bishop, troublesome Huguenot extremists known as “ Caterinots ”, the newly
established regional military assembly or “ circle ”, and the increasingly radical Consulate. The siege by
the royal army in 1622, then the ensuing “ Declaration, of Peace ”, which ordered the dismantling of the
city's fortifications, introduced the third act of this history. A royal citadel was built and the University and
Consulate were taken over by the Catholic party : even before the Edict of Alès (28 June 1629),
Protestant rule was dead and the “ ville de sûreté ” was no more.Bibliothèque de l'Ecole des chartes, t. 160, 2002, p. 575-590.
MONTPELLIER, VILLE DE SÛRETÉ
PROTESTANTE (1598-1629)
par
Valérie LAFAGE
« Sire, Votre Majesté aura entendu de Monsieur le président de Calignon ce
qui s'est passé à l'assemblée de Vendôme (...). Ceux de la Religion voudront (...)
vingt-mille écus pour les garnisons et pour les ministres, (...) des chambres
mi-parties, (...) l'assurance d'être admis aux états, charges et honneurs du
royaume » 1. Dans la lettre qu'il adresse le 13 février 1597 à Henri IV, le comte
de Scambert expose les requêtes des chefs protestants : requêtes communes,
presque banales, et souvent réitérées au cours des tractations entre les deux
partis qui s'opposent et se déchirent en France depuis cette année 1562 qui a vu
éclater les guerres de religion.
Durant la quarantaine d'années qu'a duré le conflit, les édits de pacification
successifs ont tenté sinon d'interrompre, du moins de tempérer les guerres
civiles, tantôt par des concessions, tantôt par des mesures répressives. Dès mars
1560, l'édit d'Amboise accordait « la grâce et pardon pour tous ceux qui par
cy-devant ont mal senty de la foi ». En 1562, l'édit « de Janvier » reconnaissait
implicitement la liberté des consciences et autorisait la liberté du culte réformé
hors des villes. Le nouvel édit d'Amboise de 1563 accordait officiellement la
liberté de conscience à tous les sujets, mais restreignait la liberté de culte aux
seigneurs haut -justicier s. Surtout, l'édit de Saint-Germain de 1570 concédait
pour la première fois aux réformés quatre places de sûreté (La Rochelle,
Montauban, Cognac, La Charité), tandis qu'en 1576 l'édit de Paris permettait
sans restriction l'accès de tous aux « états, offices, dignités et charges quelcon
ques ». En 1598, l'édit de Nantes était un nouveau texte conçu selon un double
objectif : en finir avec les édits précédents et imposer la paix dans le royaume. Il
représentait l'aboutissement d'une très longue négociation entre le roi et les
protestants, au terme de laquelle l'obtention de villes de sûreté représentait l'un
des plus exorbitants avantages consentis. Il reste à prendre la mesure de ces
avantages acquis, et à voir comment, au cours des années suivantes, les huguen
ots ont su ou pu en tirer profit.
1. « Assemblées générales politiques de ceux de la R.P.R. depuis l'an 1572 jusque en l'an 1597 »,
Bibl. nat. de Fr., nouv. acq. fr. 23488, fol. 459-461v.
Valérie Lafage, P.R.A.G. en histoire moderne, Université Paul- Valéry Montpellier III, Route de
Mende, F-34000 Montpellier. VALÉRIE LAFAGE B.E. C. 2002 576
L'exemple de la ville de Montpellier est, en la matière, hautement significatif,
dans la mesure où la cité languedocienne est emblématique du sud du royaume.
Pesant du poids de ses vingt mille habitants dans les années 1600, centre
économique entre Cévennes et Méditerranée, point névralgique entre tous au
cœur du croissant huguenot de La Rochelle à Genève, la ville huguenote voyait
son avenir politique modifié en raison des droits attachés aux villes de sûreté.
De nombreuses sources servent la recherche : registres du conseil de ville,
chronique municipale, ouvrages des historiens des xvne et xvnie siècles, autant
d'écrits à exploiter, pour prendre, à travers l'exemple montpelliérain, toute la
mesure des réussites et des difficultés d'une ville de sûreté protestante au
travers de ses institutions et des situations politiques nées de son nouveau statut
dans le premier tiers du xvne siècle ; réussites et difficultés inscrites d'abord une période de victoire apparente, ensuite dans un regain des tensions,
enfin dans un inéluctable déclin.
I. L'apparente victoire (1598-1619).
1. Un éditpour une cause. — L'« édit du roi sur la pacification des troubles
de ce royaume donné à Nantes au mois d'avril 1598 » définit le nouveau statut
des protestants français, statut dérogatoire puisque la normalité reste la religion
catholique. D'ailleurs, les quatre premiers articles du texte ne concernent pas
les huguenots, mais les catholiques du royaume, rétablis dans leur situation
antérieure. Si la religion romaine est confirmée dans tous les lieux du royaume
(article 3), les lieux de culte réformés font l'objet, en revanche, de certaines
restrictions : ils sont limités à une ville par bailliage, interdits à la cour, à Paris
et aux armées notamment (article 9).
Malgré tout, l'édit de Nantes accorde des privilèges considérables à la com
munauté protestante, en particulier en lu

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