Mutations sociales et spatiales dans l Ounein et le pays Id Daoud ou Ali (Haut Atlas marocain). - article ; n°1 ; vol.41, pg 249-263
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Mutations sociales et spatiales dans l'Ounein et le pays Id Daoud ou Ali (Haut Atlas marocain). - article ; n°1 ; vol.41, pg 249-263

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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1986 - Volume 41 - Numéro 1 - Pages 249-263
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christian Crépeau
Mutations sociales et spatiales dans l'Ounein et le pays Id
Daoud ou Ali (Haut Atlas marocain).
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°41-42, 1986. pp. 249-263.
Citer ce document / Cite this document :
Crépeau Christian. Mutations sociales et spatiales dans l'Ounein et le pays Id Daoud ou Ali (Haut Atlas marocain). In: Revue de
l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°41-42, 1986. pp. 249-263.
doi : 10.3406/remmm.1986.2122
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1986_num_41_1_2122Christian Crépeau
MUTATIONS SOCIALES ET SPATIALES DANS
L'OUNEIN ET LE PAYS ID DAOUD OU ALI
(HAUT-ATLAS MAROCAIN)
Cet article se propose d'exposer quelques aspects des mutations sociales et spa
tiales à l'œuvre dans deux cantons montagnards du Haut-Atlas, l'Ounein (Haut-
Atlas Occidental) et le Pays Id Daoud ou Ali (Haut-Atlas Central)1, différents par
la morphologie et par le mode d'organisation de l'espace mais semblables par la
précarité des conditions de production. Cette contribution tente, par là même, d'ident
ifier les principes de mobilité ou de permanence affectant deux sociétés agro-
pastorales d'altitude et s'insère dans le débat relatif aux zones de montagne et aux
dégradations de leur écosystème. Elle a aussi pour arrière-plan les préoccupations
des pouvoirs publics vis-à-vis du développement des régions marginales.
PAYSANS SÉDENTAIRES ET PASTEURS TRANSHUMANTS
La cuvette de l'Ounein, à environ trente kilomètres au sud-ouest du Jbel Toub-
kal (4165 m), associe une plaine centrale drainée par un affluent du Sous et où
s'étalent entre 1 100 et 1 300 m d'épais glacis tensiftiens (Dresch, 1983) à d'impos
ants reliefs bordiers d'altitude supérieure à 2 800 m. Ce petit pays étage supporte
de vigoureux gradients bioclimatiques responsables de l'hétérogénéité des milieux
et des terroirs. La dépression, en grande partie défrichée et emblavée, est irrégu
lièrement parsemée de touffes de jujubier et de doum tandis que les premières
pentes se couvrent de genévrier de Phénicie. Au-dessus s'étend un large niveau
ROMM 41-42, 1986 250 / C. Crépeau
à chêne vert, puis, au-dessus encore un étage asylvatique à xérophytes épineux.
Le système de production repose autant sur l'agriculture que sur l'élevage caprin-
ovin. Ces deux activités sont extrêmement imbriquées et interdépendantes. Les
cultures irriguées (céréales, légumineuses, fourrages), les cultures en sec (céréales
essentiellement) et l'arboriculture (oliviers, amandiers, noyers) définissent urt paysage
agraire très typé. L'habitat, en villages serrés, qui jouxte les terrasses irriguées,
se localise sur le contact plaine/montagne et le long des principaux cours d'eau.
Les paysans sédentaires de l'Ounein tirent avec l'élevage un excellent parti de leur
ceinture de forêts et de steppes supra-forestières. La relative proximité des gis
ements fourragers ne nécessite pas le recours à la transhumance et autorise des mou
vements quotidiens (dans la forêt) ou saisonniers (sur les hauts parcours) dirigés
par un berger. L'Ounein, peuplée de Berbères de langue Tachélayt, est composé
de cinq fractions (groupements ethniques et administratifs) relevant actuellement
de trois communes rurales (Talat n'Yacoub, Iouzioua-Ounein, Taflnegoult). Des
raisons historiques et politiques (Arrif, 1986) expliquent ce partage.
A 250 km de là vers le nord-est, non loin de Béni-Mellal, le pays des Id Daoud
ou Ali est fait d'un ensemble de plateaux calcaires culminant à 3 242 m, compre
nant trois paliers principaux, et entaillés profondément par des rivières à l'écoul
ement pérenne (Oued el Abid, Assif Melloul). Le palier inférieur, entre 1 100 et
1 500 m, traversé par l'Oued el Abid, porte des cultures de céréales en sec et des
massifs forestiers où le chêne vert et le genévrier de Phénicie dominent. L'habitat
permanent, dont la dispersion est extrême, y est localisé. Le deuxième palier, étage
de 2 000 à 2 400 m, est occupé par une forêt de thurifères, des cultures d'altitude
sur dolines et des steppes de xérophytes épineux. Le troisième palier, enfin,
supérieure à 2 600 m, entièrement asylvatique, porte une steppe xérophytique et
des prairies d'altitude. Ces deux derniers paliers sont, à la belle saison, parcourus
par de nombreux troupeaux montés à l'estive. Cette zone de parcours, où le pâtu
rage est strictement réglementé par des accords coûtumiers, abrite un habitat tem
poraire, le plus souvent sous tente. Les lignes majeures du relief ont une orienta
tion S-0 - N-E, et tout naturellement, les communautés ont organisé leur terri
toire perpendiculairement à cette direction pour tirer parti des gradients biocl
imatiques. Les déplacements pastoraux s'accompagnent de transhumance. L'éle
vage, ovin surtout, mais aussi caprin, est la première source de revenu. Les septs
fractions Id Daoud ou Ali (qui appartenaient autrefois à la confédération guer
rière des Ait Sothmane) sont réparties sur trois communes rurales (Taguelft, Larba
Ouakabli, Anergui, cette dernière comptant en outre une fraction de l'ex-tribu voisine
des Aït Abdi). Elles relèvent du groupe linguistique berbère Tamazirt.
Le bassin de l'Ounein occupe 17 760 ha. Il regroupait en 1982 (tab. 1) 870 foyers
et 5 800 personnes. Le pays Id Daoud ou Ali s'étend sur 125 300 ha. Il comptait
à la même date 3 019 foyers et 15 681 habitants. La densité brute est de 32,6 habi
tants au km2 dans l'Ounein et de 12,5 en pays Id Daoud ou Ali. La superficie
totale disponible par foyer, tous usages confondus (cultures, parcours en forêt, hors
forêt), est dans l'Ounein de 20,4 ha et en pays Id Daoud ou Ali de 41,5 ha. Les
densités et les superficies disponibles différencient nettement les modes d'occupa
tion de l'espace. UOunein et le pays Id Daoud ou Ali / 251
Tableau 1
Nombre de Population Superficie totale Densité Superficie
foyers 1982 1982 (par planimé- au km2 disponible par
trage) en ha foyer (en ha)
Ounein 870 5 800 17 760 32,6 20,4
LD.A. 3 019 15 681 125 300 12,5 41,5
INTÉGRATION SOCIO-ÉCONOMIQUE
ET FOCALISATION TERRITORIALE
Dans l'Ounein comme dans les trois communes pastorales, deux principes carac
térisent la dynamique sociale et institutionnelle : la mobilité croissante de la popul
ation et la lente progression de l'appareil étatique. Sur le plan démographique,
la mobilité interne des effectifs humains est attestée par plusieurs indicateurs. De
1936 à 1982, la population résidente a été multipliée par 2,2 dans l'Ounein et par
1,8 en pays Id Daoud ou Ali (tab.2). Le rythme de croissance apparent sur le demi-
siècle a donc été plus rapide chez les paysans sédentaires que chez les pasteurs
transhumants. Toutefois l'écart entre les rythmes de croissance est en voie de com
blement : le taux annuel d'accroissement sur la dernière période inter-censitaire
1971-1982 est, pour l'Ounein de 1,45 %, et pour le pays Id Daoud ou Ali de 1,5 %.
Même s'ils sont nettement inférieurs à ceux des plaines irriguées, ces rythmes et
ces taux sont assez forts, compte tenu du milieu et de la base de subsistance qu'il
fournit. Ils sont l'expression d'une mobilité interne importante et trahissent une
accentuation de la pression humaine sur l'espace. La structure par âge différencie
assez peu les deux sociétés à l'étude : elles comportent l'une et l'autre une forte
proportion de jeunes. On remarque néanmoins la proportion plus élevée des 0-14
ans à l'Ounein : 44,8 %, qu'en pays Id Daoud ou Ali : 41,2 %. Dans ces deux
régions, les proportions relatives des différentes classes d'âges sont caractéristiques
d'un population jeune et féconde. Il a été admis (Noin, 1970) que l'on pouvait,
dans une semblable conjoncture démographique, considérer le pourcentage de 0-14
ans comme indicateur du taux de natalité. 44,8 % et 41,2 % de 0-14 ans annon
cent des taux de natalité présumée de l'ordre de 42-44 pour mille, valeurs incon
testablement élevées.
Tableau 2
Population Coeff. Taux Structure par âge
1936 1971 1982 d'accrois. annuel
1936-1982 d'accrois. % % %
71-82 0-14 ans 15-60 ans + 60 ans
Ounein 2 626 4 955 5 800 2,2 1

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