Ni livres ni gazettes : traduction et représentation de l événement français dans les occasionnels anglais (1588-1590 et 1617) - article ; n°1 ; vol.50, pg 9-29
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Ni livres ni gazettes : traduction et représentation de l'événement français dans les occasionnels anglais (1588-1590 et 1617) - article ; n°1 ; vol.50, pg 9-29

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XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles - Année 2000 - Volume 50 - Numéro 1 - Pages 9-29
During the Elizabethan and Jacobean period, public opinion in England was kept informed of the political situation in France, by pamphlets originally published in France and translated into English. Not as regular as newsletters, nor as substantial as books, these occasional pamphlets nevertheless answered a growing need for news from abroad. The article examines the nature of these pamphlets and the role played by the translators and publishers in shaping English views of French politics. Two periods of publication are analysed and compared, centered around famous political murders: the murder of the Guise brothers, followed by the assassination of Henri III (1588-1589) and the assassination of Concini in 1617. Though chosen to respond to public demand, the pamphlets are shown to amount also to a form of surreptitious propaganda.
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Publié le 01 janvier 2000
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Langue Français
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Jean-Paul Pittion
Ni livres ni gazettes : traduction et représentation de
l'événement français dans les occasionnels anglais (1588-1590
et 1617)
In: XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°50, 2000. pp. 9-29.
Abstract
During the Elizabethan and Jacobean period, public opinion in England was kept informed of the political situation in France, by
pamphlets originally published in France and translated into English. Not as regular as newsletters, nor as substantial as books,
these occasional pamphlets nevertheless answered a growing need for news from abroad. The article examines the nature of
these pamphlets and the role played by the translators and publishers in shaping English views of French politics. Two periods of
publication are analysed and compared, centered around famous political murders: the murder of the Guise brothers, followed by
the assassination of Henri III (1588-1589) and the assassination of Concini in 1617. Though chosen to respond to public demand,
the pamphlets are shown to amount also to a form of surreptitious propaganda.
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Pittion Jean-Paul. Ni livres ni gazettes : traduction et représentation de l'événement français dans les occasionnels anglais
(1588-1590 et 1617). In: XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°50, 2000.
pp. 9-29.
doi : 10.3406/xvii.2000.1475
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xvii_0291-3798_2000_num_50_1_1475NI LIVRES NI GAZETTES :
TRADUCTION ET REPRÉSENTATION
DE L'ÉVÉNEMENT FRANÇAIS
DANS LES OCCASIONNELS ANGLAIS
(1588-1590 ET 1617)
En Angleterre, durant la seconde moitié du XVIe siècle et les premi
ères décennies du XVIIe siècle, l'information sur les événements de
l'étranger constitue un domaine dont l'accès est encore largement réservé
au pouvoir. En ce qui concerne notamment la France, le Conseil dispose
de moyens qui lui sont propres pour s'informer directement de l'évolution
de la situation française et pour juger de l'opportunité de la politique à
suivre. Les ambassadeurs en France, qu'ils soient ou non résidents, font
parvenir au Conseil des rapports sur l'état de la cour et du pays, tout au
tant que sur les négociations qu'ils sont autorisés à conduire.1 C'est depuis
longtemps le rôle d'un ambassadeur de transmettre ces informations, mais
la collecte du renseignement se fait aussi par d'autres moyens, moins offi
ciels. Walsingham, le Principal Secretary du Conseil, dispose d'un réseau
d'informateurs très efficace.2 Certains de ses agents ont une fonction offi
cielle, ainsi William Lily secrétaire de l'ambassadeur Stafford; d'autres
1. On trouvera les dépêches ou rapports envoyés au Conseil par les ambassadeurs an
glais dans les papiers d'état édités par Richard B. Wenham, Calendar of State Papers, Fo
reign Series, July-December 1588 (London: HMSO, 1936) vol. 22 [ci-après CSPF 22] et
List and Analysis of State Papers, Foreign Series, Elizabeth, vol.1, Aug. 1589 - June
1590, 2 vols. (London: HMSO, 1964) [ci-après LASP]; voir aussi les archives des Cecil,
répertoriées par la Historical Manuscripts Commission, dans le Calendar of the Mss of the
Marquess of Salisbury, Part 3 (1889). Pour le côté français, voir notamment les Mémoires
de Michel de Castelnau, publiés par Jean Godefroy, avec additions de Jean Laboureur (3
vols. [Bruxelles, 1731]), ainsi que les Mémoires et correspondance de Ph. Duplessis-
Mornay, éd. Armand-Désiré de La Fontenelle de Vaudoré, 12 vols. (Paris: Treuttel &
Wurtz, 1824).
2. Le fonctionnement de ['"intelligence service" élisabéthain, en ce qui concerne no
tamment la collecte de l'information, est analysé par Alan Haynes, Invisible Power: The
Elizabethan Secret Service 1 570-1 603 (Dover: Alan Sutton, 1994). JEAN-PAUL PITTION 10
renseignent à l'occasion et contre récompense;3 l'un d'entre eux, Rybot,
est secrétaire de Châteauneuf. Le caractère confidentiel et privilégié du
renseignement se reflète dans la façon dont le Conseil l'utilise pour la
conduite de sa politique envers la France. Sous Elisabeth, au plus fort de
la crise que connaît la monarchie française, c'est toujours en secret que le
gouvernement anglais cherche à infléchir la politique royale. En mars
1588, par exemple, au cours d'un entretien privé, Stafford, au nom d'Eli
sabeth, tente de persuader Henri III d'agir contre les Guises.4
Si la politique étrangère reste la prérogative du monarque et de ses
conseillers, la situation internationale constitue un domaine d'intérêt
croissant pour l'opinion publique. Dans les dernières décennies du XVIe
siècle, ce qui est considéré comme faisant partie de l'actualité inclut dé
sormais les événements de l'étranger, notamment les nouvelles sur l'évo
lution de la situation politique en France. Le phénomène est général en
Europe, étant donné la place occupée par le Royaume de France sur
l'échiquier européen. Mais en Angleterre il résulte aussi, en premier lieu,
de la répercussion qu'ont connue dans le pays les conflits religieux des
années 1560-1570: les massacres de la Saint-Barthélémy ont eu un écho
considérable dans les milieux anglais les plus favorables à la Réforme.5
L'émotion suscitée a contribué à former une opinion publique sensibilisée
aux événements français. Cet intérêt pour l'actualité française s'est affi
rmé à mesure que l'opinion prenait conscience de l'importance des enjeux
français et européens pour l'Angleterre. Les fiançailles annoncées d'El
isabeth et du duc d'Anjou, l'emprisonnement et l'exécution de Marie
Stuart, le soutien fourni par l'ennemi espagnol à la Contre-Réforme, en
France comme en Angleterre, ont apporté la preuve que la situation inte
rnationale avait une incidence directe sur les affaires d'État en Angleterre.
Tous ces facteurs ont contribué à renforcer, dans un public de plus en
plus curieux de nouvelles, le désir de se tenir au courant des événements
français.6
Le commerce de la librairie en a pris conscience et a contribué à cet
élargissement du champ et des horizons de l'actualité. Dès les débuts de
l'imprimerie, les libraires ont su tirer parti du goût du public pour les
3. Voir, par exemple, le rôle des agents recrutés par Willoughby, dans CSPF 22, 60.
4. Salisbury Mss 656.
5. Témoignent de cet intérêt les pièces de théâtre, en particulier The Massacre at Par
is de Christopher Marlowe, qui utilise les occasionnels de l'époque. Pour une vue d'en
semble, se reporter à la thèse de George Laird McAlish, "English Views of France during
the Renaissance 1400-1600?", Diss. Emory U, 1979.
6. Sur le développement des occasionnels et des périodiques en Angleterre, voir l'étu
de de Charles J. Sommerville, The News Revolution in England: Cultural Dynamics of
Daily Information (New York: Oxford UP, 1996). NI LIVRES NI GAZETTES... 11
nouvelles en publiant des occasionnels. Ce genre de publications déjà
bien établi dans la seconde moitié du XVIe siècle s'est longtemps limité
au récit d'événements sensationnels. À l'époque, crimes ou sorcières,
monstres ou merveilles, sont les sujets les plus couramment traités par
catchpennies et par les ballades.7 Publiés en grand nombre, imprimés r
apidement et à peu de frais, et immédiatement mis en devanture des bouti
ques ou revendus par des colporteurs, ces occasionnels constituent avec
les primers l'essentiel des ventes des libraires. Or vers la fin des années
1580 l'économie du livre souffre de la crise économique et pour y répon
dre les libraires mettent au point de nouvelles stratégies. L'intérêt crois
sant qu'ils décèlent pour les nouvelles en provenance de France leur four
nit le moyen d'élargir à de nouveaux lecteurs le marché de l'occasionnel.
Un domaine public de l'information naît ainsi, en dehors de celui auquel
ont seules accès les sphères du pouvoir: il est dû à la curiosité de plus en
plus grande du public pour les événements de l'étranger et au sens du
commerce qu'ont les libraires.8
Par leur aspect et par leur format, aussi bien que par leur mode de dif
fusion, les nouvelles brochures s

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