Note de synthèse - article ; n°1 ; vol.144, pg 105-130

Maria Drosilevasconcellos

Description

Revue française de pédagogie - Année 2003 - Volume 144 - Numéro 1 - Pages 105-130
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_PEDAGOGIE
• Publié le: 01 janvier 2003
• Nombre de lectures: 34
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Maria Drosile Vasconcellos
Note de synthèse
In: Revue française de pédagogie. Volume 144, 2003. pp. 105-130.
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Drosile Vasconcellos Maria. Note de synthèse. In: Revue française de pédagogie. Volume 144, 2003. pp. 105-130.
doi : 10.3406/rfp.2003.2976
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfp_0556-7807_2003_num_144_1_2976NOTE DE SYNTHÈSE
L'éducation, la formation
et la dynamique sociale
de l'emploi
Maria Drosile Vasconcellos
sur C'est concerne système contenus le De marché qu'elle toutes à et le l'aune des problème interroge de les programmes, de l'emploi. questions l'usage de l'organisation l'emploi des suscitées le capacités travail est à même des par la fois et les enseignants des du la problèmes plus titres système confuse décernés et d'éducation, la d'enseignement, « et rentabilité par la plus ce système, celle cruciale. » de des qui ce
Il est vrai que, depuis un demi-siècle, le travail apparaît au cœur de la vie
sociale dans une société industrielle. L'éducation, pour sa part, tient une place
prépondérante dont témoignent les débats qu'elle suscite et qui secouent régu
lièrement la société française. En France, les liens qui nouent ces deux systèmes
- éducation et travail - constituent un important champ recherche qui s'est déve
loppé depuis les années 60, avec une production de données ayant des implica
tions multiples dans l'élaboration des politiques éducatives.
Or, des changements significatifs sont constatés : dans le système d'ense
ignement, on note l'augmentation des effectifs scolaires et universitaires, la diver
sification des filières, les transformations des contenus et des programmes, de la
manière de transmettre des savoirs ainsi que la généralisation des pratiques éva-
luatives qui accompagnent l'autonomie accordée aux établissements. L'emploi
connaît, pour sa part, de profondes mutations notamment dans le travail indust
riel et par l'importance du secteur tertiaire, par l'arrivée du chômage de
« masse » et des nouvelles formes d'emploi (précaire, partiel, etc.). Il est certain
que ces divers éléments ont contribué au brouillage des relations établies entre
l'école et l'emploi, conduisant à analyser différemment les modalités d'accès aux
emplois et au déroulement des carrières ; ce qui a entraîné la variabilité des
formes de valorisation des diplômes et de l'usage des connaissances acquises
dans l'enseignement scolaire ou professionnel.
En France, cette question se pose avec beaucoup d'acuité depuis l'aggravat
ion de la crise de l'emploi, dans les années 70, soulevant des interrogations sur
les modalités de préparation des jeunes générations qui entrent sur le marché du
travail ainsi que sur la reconversion des salariés face aux transformations de la
structure technique et organisationnelle du travail. Les recherches dans ce
Revue Française de Pédagogie, n° 144, juillet-août-septembre 2003, 105-130 105 domaine sont multiples, relevant de plusieurs disciplines des sciences sociales
traitant de ce thème : la sociologie, la psychologie, l'économie, l'ergonomie ou les
sciences de l'éducation.
De fait, l'orientation de cette note de synthèse correspond moins à un décou
page du champ selon des approches théoriques ou disciplinaires qu'à une pré
sentation de thèmes, d'objets ou de problématiques qui émergent dans un
contexte social ou politique donné, à partir d'approches relevant d'une pluralité
de disciplines.
Les liens entre l'école et le travail correspondent, en France mais aussi dans
plusieurs autres pays, à un champ de recherche aux contours flous et aux conte
nus assez disparates. Néanmoins, une analyse de ces travaux pendant quatre
décennies (1960-2000) démontre l'existence d'une littérature considérable, très
hétérogène, ancrée dans le champ politique et soucieuse des situations et des
pratiques relevant du local, des entreprises, des secteurs d'activités et des pol
itiques éducatives et de l'emploi.
En France, dès les années 60, la constitution d'un champ spécifique de
recherche se dessine, rejaillissant sur des interventions politiques et sociales, et
plusieurs travaux dans ce domaine donnent lieu à des publications, par des
organismes de recherche rattachés à des ministères distincts (éducation, travail,
des affaires sociales, de la ville, etc.), démontrant ainsi l'importance de ce thème
dans les politiques publiques et privées relatives à la formation et à l'emploi.
Il fallait ainsi recenser, d'une part des travaux qui relèvent du champ de l'édu
cation ou de la formation sans pour autant considérer que ces termes soient
synonymes, et d'autre part ceux rattachés au champ de l'emploi ou du travail,
associés à la notion de marché à travers notamment les notions de qualification
et de compétences. Notions qui mettent au cœur des débats les liens entre les
deux systèmes - éducatif et travail - et qui traversent les modalités de traitement
de ces questions par les enquêtes sur les débouchés et l'insertion professionnelle
des jeunes ou les reconversions professionnelles des adultes.
Au regard d'une production foisonnante, notamment en France, la question du
lien entre la formation et l'emploi connaît un renouvellement depuis les années 80,
dû à l'émergence des approches et lié, en quelque sorte, aux intérêts portés à l'i
ntroduction de nouvelles technologies et aux nouvelles formes d'organisation du
travail, aux politiques de décentralisation, aux politiques sectorielles ou
d'intervention de l'État dans l'insertion des jeunes qui entrent sur le marché du tra
vail ou qui bénéficient d'aides diverses à l'emploi. Sans oublier les changements
importants intervenus dans le système d'enseignement et dus à son extension, à
sa diversification, à la création de nouvelles filières, diplômes, disciplines ayant
modifié considérablement les relations entre l'école et l'univers du travail.
Cette synthèse ne pourrait s'effectuer sans tenir compte des travaux précédents
réalisés notamment par C. Agulhon (1997); N. Askouni et A. Van Zanten (1995);
G. Balasz et J.-P. Faguer (1977 ) ; P. Bouffartigue (1989) ; J.-J. Paul (1984) ; J. Rose
(1996) ; L. Tanguy (1986, 1994) ; J. Vincens (1997) ainsi que des ouvrages qui ont
fait date dans ce domaine : l'Introuvable relation formation emploi (1 986), sous la
direction de L. Tanguy et son prolongement comparatif sur Éducation et travail (1995),
en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Italie, par A. Jobert, C. Marry et L. Tanguy.
Ces travaux, comme bien d'autres, ont favorisé le rassemblement et l'accumulation
des connaissances dans ce domaine, permettant de mieux comprendre la définition
des problématiques successives et les enquêtes qu'elles ont engendrées, permettant
aussi des interprétations cohérentes et compatibles avec les apports antérieurs.
106 Revue Française de Pédagogie, n° 144, juillet-août-septembre 2003 LA CONSTITUTION DU CHAMP DE RECHERCHE DE LA RELATION
FORMATION-EMPLOI
Le lien entre l'enseignement et le travail ne constitue pas un objet d'étude
récent puisque l'histoire de l'industrialisation et celle de l'éducation ont maintes
fois témoigné de la préoccupation concernant la formation de la main-d'œuvre
d'exécution ou celle des ingénieurs ou des dirigeants des entreprises depuis la
Révolution (Chariot, Figeât, 1985; Grêlon, 1986; Shinn, 1980). Néanmoins, ce
lien entre certains segments du système éducatif et les emplois auxquels ils pré
paraient ne soulevait pas d'interrogations particulières puisque l'éducation bénéf
iciait d'un consensus sur sa valeur et sur son rôle dans la modernisation du pays.
L'école, considérée comme garante d'une société démocratique et méritocra-
tique, participait au développement culturel et économique, favorisant le passage
d'une société agraire à une société industrielle et aux nouvelles formes de travail
et de mobilités géographiques qui l'accompagnaient. Héritage des Lumières,
l'école serait par excellence l'instrument d'int