Notes éthnographiques sun diverses tribus du Sud-Est de l Indo-Chine - article ; n°1 ; vol.1, pg 291-311
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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1901 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 291-311
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1901
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

M. A. Lavallée
Notes éthnographiques sun diverses tribus du Sud-Est de l'Indo-
Chine
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 1, 1901. pp. 291-311.
Citer ce document / Cite this document :
Lavallée M. A. Notes éthnographiques sun diverses tribus du Sud-Est de l'Indo-Chine. In: Bulletin de l'Ecole française
d'Extrême-Orient. Tome 1, 1901. pp. 291-311.
doi : 10.3406/befeo.1901.1058
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1901_num_1_1_1058NOTES ETHNOGRàPHIQUES SUR DIVERSES TRIBUS
du Sud-Est de l'Indo-Chine (')
Par M. A. LAVALLÉE
Ancien attaché à Г Ecole française d'Extrême-Orient
BOLOVEN
Les Boloven constituent, par leur nombre et leur état social, la plus
importante des tribus établies entre le Mé-kong et la Sé-kong. Leur type
se rapproche beaucoup de celui des Laotiens auxquels ils ont emprunté de
nombreuses coutumes : port du sampot, coupe des cheveux, etc. La plupart
parlent couramment le laotien, conséquence de leurs relations commerciales
très suivies avec les riverains du Grand Fleuve.
Leurs traditions font venir tousles Khà (-) du pays de Vieng-Chan, emmenés
par les chic'O'ng, magiciens armés d'une épée enchantée. En. tête marchaient
les Radeh et en queue les Boloven. Ceux-ci, épuisés par la fatigue et la maladie,
ne purent dépasser la région où ils sont maintenant fixés et s'y établirent,
il est curieux de constater que cette légende se retrouve, presque trait pour
trait, chez les Niaheun et qu'il existe, chez tous les Khà occidentaux, une
vague idée d'une origine septentrionale. Il se pourrait, en effet, que cette
race ait été refoulée vers le Sud par l'expansion des Thai.
Les Boloven se nomment eux-mêmes « Djourou ». Les Laotiens donnent
comme etymologie du mot loven ou boloven l'absurde légende suivante : un chef
laotien acheta jadis d'un chef djourou le droit de suzeraineté moyennant le
don d'une bague que le Laotien reprit ensuite par artifice, d'où le nom donné
au Djourou : « il a perdu la bague )), en laotien : là ven.
Les villages ne sont pas reliés administrativement entre eux. Les chau
muong de Saravane et de Khan-thong-gnai représentent l'autorité supérieure ;
les groupements de population sont administrés, pour les affaires de municip
alité ou de simple police, par des chefs dont la hiérarchie descendante est
la suivante: Kagnong louang, Kagnong ao, Kagnong louk, Kagnong muong,
(!) Ces notes sont extraites d'un rapport adressé au Directeur de l'École française d'Extrême-
Orient par M. A. Lavallée, le l(îr août 1900. On trouvera dans le second Rapport annuel
de M. Finot des renseignements sur le voyage de notre collaborateur, dont nous publions
d'ailleurs l'itinéraire, et un aperçu de ses résultats au point de vue archéologique et linguis
tique (IV. de la /?.).
(-Í Khà, sauvage, en laotien.
K. E. F. E.-O. T. r. —18 Ian, les petits villages n'ayant que des magistrats d'ordre inférieur. Kagnong
Les dignités sont héréditaires.
Les Boloven cultivent, pour vendre aux Laotiens, du tabac, de la ramie et,
dans la région Nord, du cardamome dont le commerce enrichit le pays ; ils se
nourrissent de riz de montagne, comme presque tous les KM. Leurs rizières
sont constituées dans la forêt au moyen de « brûlés » qu'on abandonne au
bout de deux ou trois ans pour procéder ù un nouveau défrichement. L'industrie
de cette tribu est nulle; tous les tissus viennent d'Europe par l'intermédiaire
des Laotiens et des Chinois.
Les Boloven, comme tous les sauvages, n'ont qu'une vague idée de l'existence
d'un èlre supérieur ; ils ne rendent hommage qu'aux esprits malfaisants dont
ils voient l'intervention partout. Aucune maladie ne leur paraît naturelle :
elle est, d'après eux, toujours causée par l'action néfaste d'un esprit, qu'on
s'efforce d'apaiser par toutes sortes de sacrifices. Celte croyance existe d'ailleurs,
presque à un semblable degré, chez les Laotiens et même chez les Annamites.
Lorsqu'une personne est malade, c'est-à-dire, pour les Laotiens et les sauvages,
possédée par un esprit, on fait venir
un sorcier qui exorcise le démon auquel
on offre en sacrifice un peu de viande,
des œufs (souvent vidés d'avance), des
fruits, que les Laotiens confient, sur
un petit radeau, au courant du fleuve
et que les Khà déposent simplement
sur les routes.
Une conséquence de cette attribution
à une puissance maligne de tous les
maux physiques est l'absence presque
absolue d'une médication rationnelle :
je n'ai vu employer chez les Khà, en
guise de remède, que le sang de poul
et, en frictions extérieures.
La terreur des influences malfai
santes est l'origine de ce khalam (1),
commun à toute la région sauvage et
qui y rend la vie si désagréable pour
le voyageur qui se heurte à chaque FIG. 46. — JEUNES MARIÉS BOLOVEN.
instant au réseau inextricable de ces
défenses de faire ou de passer. Lorsqu'un village ou une maison est en état de
khalam, l'entrée en est absolument interdite à tout étranger. Les causes du
khalam sont multiples : disette, guerre, cérémonie religieuse, maladie, enter-
C) К lui lam, néfaste, qui porte malheur, interdit (en laotien); c'est le labou des Océaniens. — — 293
etc. Les grands khalam, pour la disette et la guerre, durent trois rement,
lunes, pendant lesquelles les villages de la tribu restent en interdit. Les Boloven,
chez lesquels la civilisation fait de sérieux progrès, n'ont gardé l'interdit que
pour les maisons seulement, lorsque le sorcier y pratique ses incantations pour
guérir un malade.
Je n'ai pas pu obtenir de renseignements au sujet des rites usités chez les
Boloven au moment de la naissance et qui paraissent se réduire à fort peu de
chose. Les mariages se concluent de la façon suivante : le jeune homme
qui désire une jeune fille fait demander aux parents la permission de la visiter.
Si ceux-ci agréent la demande et si la fille est consentante, les jeunes gens sont
laissés complètement libres de se fréquenter, sans que personne les surveille.
Les fiançailles n'ont pas de durée fixe ; on procède généralement au mariage
lorsque le vin de riz pour les réjouissances est prêt. Le chef du village
sacrifie un poulet, puis examine les entrailles. Si l'appendice (?) est bien
dans un plan perpendiculaire à l'intestin, les présages sont bons ; s'il s'incline
à droite ou à gauche, c'est un signe néfaste et l'union n'est pas célébrée. En
cas de réussite, le mariage se trouve de fait conclu ; il ne reste plus qu'à
absorber six jarres de vin de riz et de copieuses victuailles fournies, par
moitié, par chacun des nouveaux époux. 11 ne se donne de dot d'aucun côté.
En cas d'adultère, le coupable est condamné à douze ticaux d'amende si la
personne lésée est du commun peuple, et à vingt ticaux si elle appartient à
la famille d'un chef. L'amende est la même pour la séduction d'une jeune
fille. La mari qui surprend sa femme en flagrant délit a le droit de tuer les
coupables.
Il est assez difficile d'obtenir des renseignements exacts au sujet des cérémon
ies auxquelles on procède au moment de la mort : le cadavre est immédiatement
porté hors de la maison et déposé sous une sorte de catafalque; tout le village
se réunit et l'on absorbe bruyamment force vin de riz, sans doute pour distraire
la douleur des parents. L'inhumation n'est pas, non plus, accompagnée de
cérémonies lugubres et ressemble plutôt à une fête comme, d'ailleurs, les
crémations laotiennes. Le corps n'est jamais incinéré. Les tombes, très éloignées
des lieux habités, par crainte des influences malignes, sont soigneusement
entourées et surmontées d'une légère construction en bois. Les Boloven croient
à une vie future sur la nature de laquelle ils semblent cependant peu fixés ; ils
ne paraissent pas avoir l'idée de récompenses et de peines dans l'autre monde,
comme conséquence de la conduite de l'individu.
Les Boloven sont beaucoup plus hospitaliers que les Laotiens: leurs sala
(maisons des voyageurs) sont bien entretenues, toujours pourvues d'eau et de
nattes ; l'arrivée d'un vo

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