Notes sur l île Rennel et ses tatouages - article ; n°3 ; vol.3, pg 23-33
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1947 - Volume 3 - Numéro 3 - Pages 23-33
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1947
Nombre de lectures 21
Langue Français

Extrait

Régine Van den Broek
d'Obrenan
Notes sur l'île Rennel et ses tatouages
In: Journal de la Société des océanistes. Tome 3, 1947. pp. 23-33.
Citer ce document / Cite this document :
Van den Broek d'Obrenan Régine. Notes sur l'île Rennel et ses tatouages. In: Journal de la Société des océanistes. Tome 3,
1947. pp. 23-33.
doi : 10.3406/jso.1947.1560
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1947_num_3_3_1560SUR L'ILE RENNEL NOTES
ET SES TATOUAGES
Illustration* au trait, d'aprh des dessins aquarelles de l'auteur.
J'ai eu l'occasion de passer huit journées sur l'île Rennel, en juillet
1935, au cours du voyage autour du monde que j'ai fait à bord du yacht
« La Korrigane » entre 1934 et 1936.
J'ai pu recueillir, de la bouche même des indigènes, tous les rense
ignements que je rapporte dans cet article; j'ai pu contrôler l'exactitude
de mes observations grâce aux renseignements que les missionnaires
adventistes du septième jour, Mr Terris et Mr Broad ont bien voulu me
communiquer. Ils en étaient à leur deuxième visite dans l'île.
Située à une centaine de milles au sud de San Cristobal, limite méri
dionale de l'archipel des Salomons, protectorat anglais, Rennel est peut-
être le plus merveilleux spécimen d'atoll surélevé sur ses rochers de
base par un gigantesque bouleversement sous-marin. L'anneau de corail
a jailli de l'eau, verticalement et d'un seul bloc.
Une falaise coralienne d'une quarantaine de mètres domine la mer,
à pic sur tout le pourtour de l'île; sur le haut, là où jadis brisaient
les lames du large, une chaussée étroite tient lieu de route circulaire.
L'intérieur de l'île a la forme d'une cuvette. La vase du lagon où s'ébat
taient les poissons multicolores s'est planquée sur les parois de ce mur
de corail et a donné naissance à une épaisse végétation tropicale où
chantent des milliers d'oiseaux. Les pentes de cette cuvette verdoyante
s'abaissent doucement jusqu'aux rives d'un grand lac circulaire : tout
ce qui reste de l'ancien lagon.
Rennel est peut-être la dernière île du Pacifique où la civilisation
blanche n'a laissé aucune empreinte marquante. Elle se trouvait en
dehors de la route normale des recruteurs, des commerçants aventuriers
ou des baleiniers qui furent au xix* siècle les vrais prospecteurs de tant
de terres dédaignées.
Quelques-uns de ces marins y sont bien venus, mais n'y sont pas
retournés et n'ont pas dû conseiller aux autres d'y faire escale, car
les mouillages étaient mauvais. Pas de bois de santal, pas assez de trocas 2A SOCIÉTÉ DES OCÉ4NISTES.
ou de biche de mer sur ces côtes inhospitalières, pour tenter même les
plus aventureux; les indigènes qui surgissaient des cavernes de la côte
n'avaient rien d'amical.
Les évêques Selwin et Patterson furent, en 1856, parmi les premiers
blancs qui débarquèrent à Rennel.
En 1908, deux autres missionnaires protestants visitèrent l'île. Ils y
laissèrent trois catéchistes polynésiens, espérant pouvoir installer une
mission. Ceux-ci furent assassinés par les indigènes qui désiraient s'em
parer des barils de fer dans lesquels les missionnaires récoltaient l'eau
douce : il faut dire que l'eau potable de l'île est saumâtre, elle provient
des suintements de la falaise.
Ce n'est que tout récemment que les missionnaires de différentes sectes
protestantes sont revenus à Rennel afin de s'y établir.
Rennel a 80 milles de long sur 12 dans sa plus grande largeur.
La majeure partie en est inconnue et personne n'a pu atteindre l'extré
mité ouest qui semblerait assez peuplée si j'en crois les renseignements
qui auraient été fournis par les aviateurs militaires qui ont survolé l'île.
Les seuls renseignements contrôlés que nous connaissons sur les mœurs
et les coutumes des Rennellois ont été fournis d'abord par le Docteur
Ian Hogbin, de Sydney, qui y a fait un court séjour, puis par un anthro
pologue qui a eu l'occasion de faire une visite rapide dans l'intérieur
de l'île au cours d'une escale du yacht Raca appartenant à un Américain,
Mr Templeton Croker.
Je sais que de mon côté, les renseignements sont loin d'être complets,
néanmoins, étant donné la difficulté qu'il y a à atteindre et surtout à
séjourner dans Rennel, je pense que chaque document scientifique con
cernant ces indigènes contribue à les mieux faire connaître.
Pendant mon séjour je me suis surtout préoccupée de faire un inven
taire aussi complet que possible des tatouages qui recouvrent les corps
des Rennellois, mais je tiens tout de même à faire part de tout ce que
j'ai pu observer durant ce court séjour.
Le tatouage, ainsi que la peinture temporaire du corps, figurent le prin
cipal effort artistique d'un grand nombre de sociétés primitives : c'est
dans un but magique que l'homme a cherché à orner son corps. Peintures
ou tatouages peuvent représenter une stylisation d'êtres animés ou i
nanimés dont la puissance sacrée peut être parmi les choses les plus
importantes dans l'ordre des faits tels qu'ils sont conçus et assimilés
par la tradition de toute communauté d'êtres primitifs. Ces représenta- L'ÎLE BENREL BT SES TATOUAGES. 25
tions stylisées peuvent être également des matérialisations du totem, c'est-
à-dire de l'ancêtre du dan, de la phratrie, de la tribu, comme ils peuvent
simplement être l'image du blason d'une famille ou un insigne d'âge ou
de grade.
Toutes ces représentations d'objets ou d'êtres sacrés ont leur impor
tance; l'emplacement qu'ils occupent sur le corps est primordial : les
membres, les articulations, les points où bat le pouls, les ouvertures
naturelles, des organes, et ïes organes génitaux sont le
plus souvent recouverts de symboles qui, aux yeux des initiés, dépassent
de beaucoup le cadre de l'art décoratif puisqu'ils sont placés là où ils
le sont pour protéger et fortifier.
Les habitants de Renne! comme ceux de Bellona et de Tikopia appar
tiennent à des communautés polynésiennes égarées en Mélanésie.
Les Rennellois ont la peau claire, ce qui leur permet d'avoir recours
au tatouage pour la décoration de leurs corps. Les peuples à peau foncée
du reste de la Mélanésie ont recours aux cicatrices obtenues par incision
ou par brûlure pour décorer l'épiderme des initiés des différentes confré
ries de leur tribu (1).
En somme les Rennellois, comme tous les Polynésiens, les Microné-
siens et certains Mélanésiens à peau claire, se couvrent de tatouages,
signes permanents des différentes classes d'âge et de caste; tandis que
la peinture temporaire du corps n'est pratiquée que dans certaines occa
sions : guerres, voyages, deuils, fêtes rituelles, etc.
Le tatouage, lui, est un ornement indélébile qui dure toute la vie.
A Rennel il diffère suivant les sexes. De plus, pour chaque sexe il sert
à indiquer l'âge et le rang social de chaque individu. Les enfants ne
sont pas tatoués; ce n'est qu'à l'époque de la puberté que les familles
confient pour la première fois l'épiderme de leurs rejetons aux instru
ments de l'artiste qui est chargé de les marquer des signes indélébiles
de leur âge et du rang social qu'ils occupent.
Garçons et filles sont marqués de dessins particuliers. Ils sont suc
cessivement initiés aux différents grades correspondant à leur âge et à
leur rang social; chaque fois un nouveau tatouage vient s'ajouter aux
précédents, un peu à la manière des insignes qui s'ajoutent aux insignes,
sur les manches d'un officier qui avance en grade.
(1) II est évident que les peuples à peau claire peuvent seuls avoir recours
au tatouage pouF la décoration de leurs corps à titre permanent. Les peuples à
peau foncée, comme les Mélanésiens, sont obligés de recourir aux décorations
en relief, l'encre du tatouage ne ressortant pas sur leur épiderme fortement
teinté. 26 80CIÉTÉ DES OGÉANISTBS.
Dos I
Fio. 1. — Tatouages masculins montrant la gradation"selon l'âge et le rang.
A. Adolescen

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